Comme le chantait le regretté Jean-Luc Le Ténia, il faut garder l’espoir. Et c’est ce que j’ai fait, me retrouvant confronté pour la nième fois à ces séquences bancales sur-jouées et trop pleines d’intention.
Jusqu’ici j’avais laissé tomber la neige, j’avais soupiré en me disant qu’il n’y avait rien à faire, que c’était ainsi, qu’il fallait faire avec. Et puis soudain, non. Soudain, l’épiphanie. On va essayer d’améliorer les choses, ai-je lancé. Et nous l’avons fait. Et je suis fier de nous.
Par les seuls pouvoirs du son, nous avons rendus meilleurs des acteurs qui en faisaient des caisses. Nous avons rendu supportables des séquences qui ne l’étaient guère, qui étaient au mieux embarrassantes. Cela grâce à la foi et à l’enthousiasme de mes stagiaires.
L’enthousiasme paye, me dis-je. Nous avons su trouver les camions de pompiers et les klaxon capables de faire avaler l’entrainement. Nous avons su englober l’auditoire dans une pluie, dans un poêle à bois, dans une chansons de rock polonais des années 70, dans des grincements de vestiaires, des conversations de douches. Nous avons su bruiter avec tact une cigarette et un briquet Zippo. Faire passer des tranches de pain trop épaisses pour être honnêtes, grâce à d’authentiques chiens aboyant aux passage d’authentiques caravanes.
Maintenant, je sais que l’on peut presque tout. Ce n’est pas trop tôt, à mon âge, me suis-je dit. Si cela peut faire gagner du temps à d’autres, tant mieux.
Il ne s’agit jamais, me disais-je, d’expliquer ni de développer. Il ne s’agit encore et toujours que de partir d’un certain point sans savoir exactement où nous mèneront nos pas. Si ce sont des pas. Tout dépend du véhicule.
Hier matin, en attendant l’heure du rendez-vous pris chez le médecin, mes pas m’avait menés à Romainville, comme j’ai eu l’occasion de l’écrire, il me semble. Mais j’avais oublié de parler de la rencontre d’un très beau travail de plasticien: celui de Vincent Mauger, à la galerie 22,48 m2, dans le cadre d’une exposition personnelle intitulée Structures et décadences. Je me dis que voilà un artiste que j’aimerais bien rencontrer et éventuellement inviter à l’école des beaux-arts de Nantes. Ses sculptures-installations à partir de briques alvéolées et de parpaings, dont les alvéoles sont – ou non – comblées par de l’enduit, ces formes curieuses, simples et hiératiques, m’ont conduit vers une impression jet d’encre sous verre représentant un fragment de papier millimétré dont les lignes du bas s’effilochent, comme d’une trame de tissu.
Ensuite j’étais allé voir quelques pièces de G.B. Jones à la galerie Air de Paris et j’avais déréglé le moniteur en voulant monter le son. Avec l’aide de plusieurs opératrices – qu’elles soient remerciées pour leur temps – nous avons pu revenir à l’image (et elles ont planqué la télécommande). À la vision de ces fragments de vidéos entre punk et camp, je me suis senti seul sur mon banc. J’ai senti cet espace seul dans l’espace. J’ai senti la solitude même de l’espace. Le FRAC île de France était fermé. Je n’ai pas tenté une visite éclair de la Fondation Fiminco, qui n’y invite guère. Deux artistes résidentes grelottaient à la terrasse en buvant des cafés froids. J’ai dirigé mes pas vers la station Bobigny. Que pouvais-je faire d’autre ?
Le médecin m’a prescrit, selon mes instructions, des antibiotiques contre la sinusite que je m’étais moi-même diagnostiquée et a renouvelé mon ordonnance chronique de Valaciclovir, la dernière – de 2023 – commençant à dater. J’étais ensuite aller manger avec Doriane Wednesday une soupe aux raviolis et une salade de concombres-cacahuètes, contenant 95% de concombre, le tout accompagné d’une Tsingtao. On papote, le temps que ferme le restaurant, puis Doriane se rend à sa répétition de piano pendant que je rentre à Jourdain m’affaler sur le canapé devant la fin de la deuxième saison de The Rehearsal.
Rosita Velasquez et une amie de longue date débarquent et constatent mon coma télévisuel. Célimène Bonaventure rentre sur ces entrefaites et prépare des crêpes aux jeunes femmes affamés, tandis que je poursuis mon affalement, bénéficiant d’une tisane détox.
Pas-Glop finit par descendre les escaliers vers 18h45. Avec Célimène, on se roule dans des plaids sur le canapé pour regarder ensemble la dernière livraison des Fantastic Four. Je n’arrive pas à me raccorder à quoi que ce soit dans le film, à part la figure tragique de Galactus, sorte de Chronos à la Marvel, qui ne peut que dévorer éternellement tout ce qui se présente. L’inextinguible faim. Une autre version du supplice de Tantale, me suis-je dit.
À 21h30 nous étions tous au lit. J’ai fini par comprendre comment régler le radiateur, qu’il fallait faire passer du mode « Programme » au mode « Basique ». Ensuite, tout allait de soi.
Je n’ose même plus compter les jours. Je manque de discipline. C’est effrayant à quel point je manque de discipline et de suite dans les idées. Dans les idées et dans les actes. C’est effrayant. C’est une honte. Bref, je n’ai pas pris la moindre note depuis presque deux semaines. Bon, j’étais à Séoul. Il se passait des trucs. J’étais occupé. Et puis, je suis rentré. J’étais fatigué. J’étais malade. Un peu malade. Je le suis toujours et d’ailleurs j’ai rendez-vous chez SOS Médecins, boulevard Mac Donald. Eh oui, je suis à Paris pour quelques jours. Une formation pour les monteurs au CIFAP. Le cycle des formations. Chaque année dans les mêmes eaux. Et le cycle des sinusites. Justement.
Cela avait été une semaine assez fatigante. Le froid était finalement venu. Il avait fallu mettre en route le chauffage. J’avais attrapé le rhume de mon petit tyrannosaure et ce rhume était lentement en train de se transformer en sinusite, après avoir emprunté la forme d’une angine, d’une trachéite, d’une bronchite, etc.
Mercredi matin, j’étais parti pour Nantes et j’avais réservé la studette n°4, mais un coup de fil d’Anouk Aimée, en flagrant délit d’oubli de ses clés, me fit reprendre la route direction la maison où je dormis la nuit de mercredi. Le séminaire son, comme d’habitude, m’avait attristé. La forte impression d’ennui et même parfois l’expression d’une certaine colère d’être là, obligé d’être là, cela pouvait se lire sur certains visages. La précipitation à se lever dès les 19h30 sonnés. Bref, j’avais envie de raccrocher. Envie de dire ok, ok, on arrête là. Plus que deux séances et j’en aurai fini. Mais peut-être que j’arrêterai avant. Je crois que j’arrêterai avant. Je crois que je vais annuler les dernières séances. Faire autre chose. Faire quelque chose de plus intéressant, de plus passionnant.
Et puis jeudi en fin de journée, j’avais trois passagers Blabla Car. Deux déposes à Niort puis Poitiers et prendre le train. Mais un camion s’était renversé sur l’autoroute A83 à la hauteur de la sortie n°9 vers Niort et nous étions restés immobilisés pendant près d’une heure et j’avais bien sûr raté mon train.
Alors j’étais retourné dormir à la maison et j’avais récupéré mon écharpe. A quelque chose malheur est bon. Et puis, réveil à quatre heures. Démarrage à 4h45 et train à 6h12. J’avais eu le temps de déposer mon gros sac chez Pas-Glop et direction le CIFAP.
Le soleil se lève tôt. À sept heures il fait déjà bien jour et c’est très bien parce que j’ai faim et qu’ensuite j’ai l’intention d’aller me promener.
Petit déjeuner à l’hôtel. Il y a un peu de tout mais justement, c’est impersonnel comme cuisine. Demain, on fera mieux. Et certainement moins cher. Ensuite, direction Bukchon, qui est une espèce de quartier modèle représentatif d’une certaine architecture classique. Ce sont des maisons construites pour la plupart dans les années 1920, selon le style traditionnel coréen transmis depuis la période des Trois Royaumes. Le quartier est un peu envahi par les touristes, mais en grimpant vers le haut de la colline c’est plus tranquille.
Il y a aussi cet arbre, un pin Napoléon de 600 ans, gardé par un unique corbeau. Curieusement la ville aménage, au sein des sites les plus fréquentés, des ilots de solitude, où l’on se sent loin de tout, comme au beau milieu d’une forêt. Et cela même au cœur des temples les plus visités. Très étrange. Un sanctuaire semble toujours à portée de main.
Je vais saluer les montagnes et je redescends par l’université SungKyunkwan, qui est une forêt en soi. Ensuite, je prends par Changyeonggung, après une visite au temple confucéen de Munmyo pour admirer les immenses gingkos jaunes. Visite au pas de course du palais de Changyeonggung puis je file vers le musée d’art contemporain Arario.
Belle collection, classique (Nam June Paik, Cindy Sherman, Sophie Calle, Douglas Gordon, Damien Hirst, etc.) avec quelques artistes coréens plus récents, que je ne connais pas. Quelques miniatures intrigantes de Dongwook Lee. Un portrait sur aluminium de Andy Warhol par Hyung Koo Kang, qui exploite de manière impressionnante l’abrasion du métal par une mèche de perceuse pour figurer les reflets argentés de la perruque. Quelques pièces mystérieuses de CI Kim, à partir de réfrigérateurs récupérés et désossés.
Un étonnant couple de cerfs naturalisés enveloppés de bulles de cristal par le japonais Kohei Nawa. Et d’autres. Le lieu est curieux. Je ne sais pas si c’est un ancien hôtel ou quoi, mais il reste des salles de bain carrelées avec encore toute la plomberie et elle servent soit de lieu d’exposition, soit de toilettes, tout simplement. Et aussi une partie des salles est occupée par un appartement privé, qui semble en réalité être (ou pas ?) une œuvre. Il y a une chambre, un bureau, une salle de bain… Tout est équipé et paraît habité mais des signes « ne pas toucher » sont disposés sur tous les sièges, les tables, le mobilier, etc.
C’est pas tout, mais j’ai faim à ce moment là et les restaurants du musée ne servent rien, ou bien c’est le restaurant français (« Le cochon » (!)) et ça ne me dit rien. Alors je retourne dans mon boui-boui d’hier et j’engloutis un festin (une soupe au bœuf et d’énormes raviolis, avec du kimchi et du riz). Tout ça pour l’équivalent d’environ dix euros. C’est la moitié du prix du petit déjeuner à l’hôtel et c’est bien meilleur.
Et puis back home. Repos. Séries. Mails et coups de fil pro.
Je n’ai pas senti le jet lag, c’est rassurant. Dans ce sens là, ça passe bien. On verra au retour. Maintenant une bonne nuit de sommeil et demain, madame la professeur de référence passe me prendre à 9 heures.
L’avion a atterri à 10h30 heure locale, c’est à dire à 2h30 du matin, heure française. Il a fallu attendre un peu au bagage claim, parce que je m’étais enregistré parmi les premiers et que c’est, comme l’on s’en doute, last in first out et first in last out.
Un chauffeur m’attendait gentiment et il m’avait prévenu qu’il serait là par What’s ap hier. Pendant que j’attendais mon bagage, il m’envoie cette photo de son panneau pour que je le repère en sortant.
Ce n’est pas que la route est très longue, de Incheon à Séoul: c’est le trafic qui est démentiel. À devenir dingue. Je remarque que toutes les vitres des voitures sont teintées, voire fumées. À l’exception de celles des bus. Les chauffeurs et les passagers des voitures tiennent à leur anonymat et à leur intimité.
Je remarque aussi de grands arbres longilignes et déplumés, qui ressemblent à de grandes fougères à pompons. Et des collines comme des tas, comme des terrils. Au milieu de n’importe quoi: de la mer, d’un quartier. Des excroissances. Comme un rappel à la géologie.
Ma réservation ne commence qu’à 15h et il faut que je zone pendant encore deux heures avant de pouvoir m’installer. Je vais aller faire un tour en état second, je pense, une fois mon thé bu. Et c’est chose faite.
L’hôtel est en centre ville. Il doit y avoir pas mal de trucs à voir tout autour. Je vais aussi repérer les petits restos, cafés et autres.
Comme il est difficile de restituer la véritable expérience de la forêt, me disais-je en regardant ces photos prises pendant notre promenade, avec C.B. Et à propos, j’en ai un tout petit peu marre des initiales. Il faudrait que je trouve, pour chaque personne, un surnom, qui ne soit pas vécu comme insultant, rabaissant, réducteur, etc. Il faudrait qu’on tombe d’accord sur une appellation au cas par cas. Mais ça va être épuisant, me dis-je. Autant commencer par donner des surnoms et corriger en cas de réclamation. Oui, faisons cela.
Ainsi, je ne dirai plus que je me promenais avec C.B. A la place, je dirais que je me promenais avec Jane Fondu Moldove et elle me corrigera si cette appellation lui disconvient. Et donc, avec Jane Fondu Moldove, nous cherchions des champignons que jamais nous ne trouvâmes, parce que, tout simplement, il n’y en avait pas. Je me suis, depuis, allégé de la somme de 12 € pour télécharger une carte des champignons dans le département, que je mettrai à l’épreuve des faits à mon retour de Séoul, en fin de semaine prochaine.
Car pour l’heure, je suis assis en salle d’embarquement K51 du terminal 2E de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle et j’attends l’avion Air France AF0264 à destination de Séoul Incheon airport. Embarquement prévu à 13h20. Décollage à 14h15.
Je relis le discutable mais passionnant « La Corée et les Coréens » écrit par un jeune diplomate italien qui tint au pied levé le poste de consul d’Italie à Séoul pendant huit mois, de novembre 1902 à juin 1903 suite au décès de l’ambassadeur, victime du typhus. Je potasse un peu l’actualité artistique coréenne, par ailleurs.
Il paraît qu’il fait froid la nuit et chaud pendant la journée. J’ai pris des chemises et des pulls. Et même un bonnet et une écharpe.
Dans le TGV de Poitiers à Roissy, une contrôleuse, apparemment en verve, recommande aux passagers assis devant moi un excellent restaurant à Lille. Je tends l’oreille. Les compagnons de la grappe, elle dit. Alors là, je me lève et je dis: oui, je confirme, c’est un très bon. Moment de communion gastronomique. Ça commence bien, me suis-je dit.
Dans le domaine bancaire, c’est moins brillant. Je jongle avec les crédits revolving et in’Li prétend m’avoir fait un virement le 4 novembre mais nous sommes le 7 et, Anne ma sœur Anne, je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie. Un appel à mon conseiller bancaire, encore et toujours en rendez vous clientèle. Je confie à la personne qui me répond, que tout va bien, qu’il ne panique pas, que de l’argent arrive en abondance, sous quinzaine. Restons zen. Je préviens, à toutes fins utiles, que je serai difficile à joindre. En Corée, pour la semaine. Ça fait sérieux, j’imagine. Ou pas. Je ne sais pas.
Appel d’Anouk Aimée qui est en pleine conférence de philo. Le téléphone sonne alors qu’un employé zélé de la sécurité aéroportuaire examine mon sac à la recherche d’éventuelles traces d’explosifs. Fort heureusement, il n’en trouve pas.
J’ai pris des bouteilles de vin pour offrir aux personnes qui m’invitent et ont gentiment organisé ce voyage. Je ne les connais pas assez encore pour leur donner des surnoms, alors je vais dire la professeur de référence et le (ou la je ne sais pas très bien) régisseur (ou régisseuse) général-e.
J’étais arrivé avec beaucoup d’avance et je vois que la salle s’est peu à peu remplie autour de moi. Il y a des poubelles-aspirateurs robots qui se baladent en essayant d’éviter les voyageurs. Certains s’en amusent et les embêtent. C’est pas gentil.
Parfois l’on est tout simplement trop fatigué, me disais-je. Parfois l’on est tout simplement trop occupé. L’on travaille trop. L’on a trop peu d’heures de repos. Trop peu de temps pour rêver. Trop peu de temps pour s’arrêter. Trop peu de temps pour écrire. Parfois on n’en a plus le courage, m’étais-je dit. Parfois on n’en peux tout simplement plus. Parfois on n’y pense tout simplement plus, avais-je pensé. Parfois, on en oublierait de vivre, m’étais-je dit. Si ce n’était pas inévitable, après tout.
Cela avait été une semaine chargée, il faut bien le dire. Bien qu’une semaine tranquille, tout compte fait. Une semaine à Paris, chez P. et C. (et famille nombreuse, mondialement dispersée en ces heures de vacances et d’études). Il y avait S.G., sœur de P.G., qui était là pour la semaine, elle aussi. Nous étions arrivés, avec S., vendredi. J’avais dû arriver plus tôt que prévu pour enregistrer des voix. Pour finalement enregistrer ces fameuses voix dont il avait été question précédemment. Et R. était venue garder S. pendant l’enregistrement, avant que je ne reprenne la garde, pour le week end, R. nous rejoignant dimanche en fin d’après-midi. Elle l’avait finalement emmené chez ma sœur, chez qui nous devions dîner, avec ma mère, présente pour l’occasion. Lorsque j’arrivai, vers 20h, R. était partie. On dîna et l’on ne rentra pas trop tard, S. manifestant des signes de fatigue. Il s’endormit ensuite sur la banquette pendant que nous buvions du vin en mangeant toutes sortes de pâtisseries avec P., C. R. (fille de C.) et S.
Samedi matin, P. et C. s’en étaient allés pas trop tôt finalement, tandis que R. partait de son côté, direction Turin. Nous avions passé la matinée à terminer le puzzle offert par ma mère à S. (et c’était un puzzle digne d’efforts). Par la même occasion, je devais apprendre que, ma mère et ma sœur s’étant disputées, ma mère était finalement repartie pour la montagne, au lieu de rester quelques jours, comme elle l’avait initialement prévu. Ensuite, nous étions allés, S. et moi, chez V. et M., parents de D. et M., pour déjeuner et fêter l’anniversaire de D., en présence de ses grand-parents maternels et de N., la belle-mère de V.,, qui avait apporté une bouteille de champagne achetée dans une brocante sur le marché d’Aligre et, on le voit au bouchon (ci-dessus), il ne restait pas de gaz dans ce vin blanc au sirop que nul n’osa toucher. V. me montra les grands volumes d’atelier au sujet desquels il nourrissait divers projets d’envergure. On rentra cependant de bonne heure, S. manifestant de nouveau des signes de fatigue.
Dimanche, on se fit des spaghetti carbonara avec S. et puis on alla se promener jusqu’à la place de la République, où étaient déployés toutes sortes de jeu et de manifestations. R. nous y rejoignit et je rentrai.
Ensuite, ce fut une semaine d’intervention auprès de stagiaires du CIFAP, chaque jour de 9h30 à 17h30, où j’animai, comme cela arrive, une formation Protools audio-visuel, de lundi à vendredi. Bien qu’agréable, l’exercice est épuisant et j’ai mis le week-end à m’en remettre.
C., la maman de R., est venue nous prêter main-forte, parce que je dois partir vendredi matin pour une semaine à Séoul et que R. doit s’absenter pour la fin de la semaine.
A l’épicerie, on donnait des coings. C. en a préparé ce soir, pour accompagner des saucisses, auxquelles je n’ai pas goûté, souhaitant reprendre mon jeûne intermittent, dont la rigueur avait été mise à mal la semaine dernière.
J’avais pensé que c’était l’excès d’alcool et de nourriture, samedi soir chez les P. Et c’est vrai que nous avions mangé et bu en abondance de bien bonnes choses. C’était pour ça, avais-je pensé. Les maux de tête, les maux de ventre, les courbatures, les rêves en boucle. Je m’étais levé plus d’une fois pour boire de l’eau. Un litre et demi. Un doliprane vers six heures du matin.
Et toujours ce même rêve. Un enfant est invité à un anniversaire. Quelques jours plus tard, il veut voir les photos qui ont été prises ce jour-là. Mais il n’apparaît sur aucune photo. Et tous les autres enfants lui disent qu’ils ne se souviennent pas de l’avoir vu. Lui se souvient, mais tous les enfants ont oublié. Un détective intervient. Il se met en planque dans les anniversaires d’enfants et finit par découvrir le pot aux roses. Un gang intervient à un moment de la fête en répandant un gaz soporifique. Tous les enfants sont ensuite endormis et on leur fait oublier, au moyen de l’hypnose, un des enfants. Toutes les photos sont truquées pour faire disparaître l’enfant oublié. Evidemment, le détective n’a pas la moindre idée de ce qui motive le gang.
Et puis finalement, j’avais 39°C de fièvre et c’était un état grippal en bonne et due forme. J’avais passé toute la journée au lit sans pouvoir bouger, ni manger, ni me lever durablement. Vers le soir, j’avais fait bouillir un poulet fermier et j’avais préparé un congee. Remède souverain. Ce matin, j’étais sur pied et je m’étais réchauffé le congee pour le petit déjeuner.
La recette est simple: faire un bouillon de poulet avec de bons légumes du marché. Hacher une échalote et un morceau de gingembre frais. Laver 150 g de riz rond (pour trois personnes, et il en reste). Laver trois fois au moins. Cinq fois, si l’on veut faire comme Marguerite Duras. Verser deux litres de bouillon sur le mélange riz-échalote-gingembre et laisser mijoter à petits bouillon pendant au moins 30 mn (mais 1h30 c’est bien aussi) en remuant fréquemment jusqu’à obtenir une bouillie onctueuse et brillante. Ajouter des effilochés de poulet, du sel et du poivre, des oignons frits, un peu de sauce soja, une goutte d’huile de sésame et tout ce que vous voulez (des légumes salés, de la coriandres, des piments, un jaune d’œuf, etc.). Moi, je n’ai rien ajouté, c’était un médicament.
Et ce matin, ça allait mieux mais ce soir petite rechute. Normal, je me dis. Le cycle grippal. On va se coucher tôt pour se lever tôt et travailler demain matin à la première heure.
Comme ça, juste parce que le dernier épisode de The Morning Show vu à l’instant s’achevait sur une reprise de cette chanson de Bruce Springsteen. Sans intention et sans relation préméditée avec ces vieilles pierres.
Il fait toujours incroyablement beau. J’avais des travaux de bureau à faire et puis pas mal de lessives, de rangements, de pliages, de vaisselles, de courses et autres mais j’ai pu trouver deux heures pour avancer un peu du côté du potager. Arracher du lierre, broyer des branches, ratisser, faire de l’ordre, rendre lisible le terrain.
Les enregistrements prévus vendredi prochain à Objectif Son sont organisés. On papote un petit moment avec Z.A. On se donne des nouvelles. Bonnes et moins bonnes. L’état du Monde. L’économie. J’appelle P.G. pour annoncer notre arrivée avec S. Mais je le réveille. Comme il est 14h je m’étonne mais c’est qu’il est à Boston. Tout s’explique. Boston. On se dit à plus et il se recouche, j’imagine.
J’ai fait des emprunts de trésorerie. Les méthodes de méditation de pleine conscience empruntées à la série Les Meurtres Zen me permettent d’éviter toute inquiétude superflue. Pas d’angoisse et je dors sur mes deux oreilles. Enfin plutôt sur l’oreille gauche. Il vaut mieux dormir sur le côté gauche. Du moins je crois. J’ai oublié pourquoi.
Il faut que je prépare un certain nombre de choses: le séminaire son de la semaine prochaine, la formation protools audiovisuel de la semaine suivante, le workshop en Corée début novembre. Mais toujours grâce aux Meurtres Zen, je ne m’en fais pas. Comme dirait Maurice Chevalier.
Après avoir déposé S. ce matin, j’étais allé au marché de Thouars, acheter de la tomme aux fleurs, de la mozarella fumée, des petits boudins, des rillons, des saucisses, un poulet fermier, une boule de pain rustique, des tomates, des cardes (des blettes), des pommes de terre et des carottes. Et puis j’étais allé chercher du curcuma et du gingembre chez Biocoop. Et j’avais fait des courses d’intérêt général chez Super-U. Et voilà.
The style is the bong digi-bong di deng di deng digi digi…
Et hier, c’était le quatorze octobre, déjà. J’avais rendez-vous à Poitiers, à la DRAC Nouvelle Aquitaine, pour discuter avec G.B. d’un projet de résidence à Piogé. Rencontre fructueuse: j’en ressors avec plein de pistes à explorer et de gens à contacter. Au boulot, donc. J’avais préparé un petit dossier, ce qui m’avait donné l’occasion de prendre des mesures un peu précises des volumes et de commencer à tirer des plans sur différentes comètes.
Je réfléchis également à l’option studio son au-dessus du garage. En montant une cabane dans les arbres avec S. la semaine dernière, avec des vieux lambris retrouvés dans les dépendances, j’ai soudain eu envie d’en fabriquer une pour moi, avec, peut-être, des plans un petit peu plus étudiés et des matériaux plus solides.
Quoi qu’il en soit, en rentrant de Poitiers, hier, j’ai pu passer prendre S. au Centre de Loisirs avant dix huit heures et faire deux ou trois courses pour le dîner. On lance la fin de Jurassic Park, au moment ou R. rentre de Loudun. On a mis le chauffage en route.Ce n’est plus un thermostat avec des réglages compliqués. Juste un bouton à tourner pour décider à quelle température on veut chauffer l’eau qui circule dans les radiateurs. J’ai opté pour quarante degrés, ramenés à trente cinq vers dix heures du soir puis à vingt ce matin, avant de partir pour Nantes. Lundi matin j’avais allumé le poêle. On y va par a-coups, comme on entre dans l’eau froide, petit à petit.
C’est curieux, quand on ne met pas de chauffage, on s’en passe très bien, avec un pull et des chaussettes et quand on en met, on enlève le pull et on se dit que c’est quand même pas mal d’avoir chaud, mais, au fond, on pourrait attendre encore un peu. C’est surtout que S. a tendance à s’enrhumer à tout bout de champ et puis j’avais remarqué que R. grelottait un peu.
Aujourd’hui, journée roborative. Les étudiants de la situation image sont toujours aussi ponctuels et présents. C’est un plaisir de les retrouver chaque semaine. On travaille bien toute la journée, en analyse de séquence ce matin (extraits de Deleuze sur le désir, du début de El de Buñuel, Du Soleil pour les gueux, de Guiraudie, Et la Vie Continue, de Kiarostami. Désir et métaphore sont les constantes de ces différents moments. Après midi rock n roll au studio avec L.G. et H.C. et soirée Arduino avec E.D.
Bon, j’ai craqué sur un paquet de graines sans sel. En ce moment, je ne sais pourquoi, j’ai plus de mal à ne pas grignoter un petit quelque chose le soir. Il faut que je retrouve un équilibre. Je pense que c’est un manque d’hydratation et un régime trop riche en sucres. La faute aux confitures, je dis. Et aux crêpes.