SE COUCHER DE BONNE HEURE

Il n’ y a pas de mystère, me disais-je. Baby T-rex lui-même s’en était rendu compte ce matin au réveil

[Je déteste les mises en pages automatiques de WordPress. Lorsqu’on commence une phrase par un tiret, il en déduit qu’on veut faire une liste. Pas moyen de faire autrement.]

-Ce matin je me suis levé plus tôt qu’hier parce que je me suis couché plus tôt hier soir…

-Exactement! Et hier tu étais de mauvais poil toute la journée parce que tu n’avais pas assez dormi…

-Oui…

Il faut donc se coucher de bonne heure. Ce qui implique qu’il faut manger de bonne heure. Ce qui implique qu’il faut prendre son bain de bonne heure et préparer la cuisine de bonne heure.

Il fait tellement chaud que l’on voit des guêpes. En plein décembre, c’est perturbant. On est allé dans la jungle chercher des ronces pour les phasmes. On a photographié des scorpions et des crotales. On s’est fait cuire des pommes de terre sautées et de la hampe. En apéro on a pratiquement assassiné le saucisson à l’ail fumé du marché. Et là, en dessert, des papillotes au chocolat au lait avec un café colombien.

Anouk n’est pas encore rentrée mais on avait faim, en l’absence d’un petit déjeuner (j’ai décidé de remplacer le jeûne du soir par le jeûne du matin en cette saison et Bubunne n’avait pas mangé, suite au chocolat du calendrier de l’Avent. Alors on a mangé et on a gardé une portion pour elle. Avec, aussi, un morceau de saucisson à l’ail et des crunchies.

SCIE CLOCHE

Pour percer un trou permettant le passage d’un tuyau à gaz dans le meuble de la cuisine, c’est ce qu’il me faut. Une scie-cloche. Alors j’en ai commandé un kit complet à l’instant et ça arrive par la poste d’ici mardi.

C’est fou tous ces trucs qui arrivent par la poste. Enfin, je dis la poste, mais ce sont généralement des sociétés privées, des transporteurs.

Parfois la poste, tout de même.

La Poste, devrais-je écrire. The Post, dear. Oh my god, la Poste ! Oh !

Hier, en fin de parcours, dans les champs, à toute berzingue dans la nuit, Bryan Ferry. As time goes by, bien sûr. C’est toujours aussi bien. Mrs Otis regrets. Ah ! Et ce matin, avec mon T-Rex furibard, Bryan, ça calme.

-« Oh, it’s a long long while from may to december… »

Snif, snif… Vibrato… Hiroshima mon amour. Goddess of Love.

Dépose école. La voiture a froid. Elle toussote dans le matin. Met du temps à chauffer. J’anticipe les grands froids. Il faudra prendre en compte le temps de chauffe.

On est à l’heure à l’école et Bubunne est tout content. À la mesure de ce qu’il était inquiet d’être en retard, il est maintenant content d’être à l’heure. Le quantuum de manquum reste invariant.

Et puis vroum vers Thouars. Récupérer le tuyau de gaz, acheter des trucs essentiels chez Action (du papier, du papier, du papier) et chez Biocoop (plein de trucs et encore des machins bio et super-bons) puis chez Leclerc de notaire (du lait et du whisky et puis des cacahuètes et autres apéritifs) et hop, au marché.

Une boule primitive, de la tomme aux fleurs, un Parthenay coulant dans sa feuille, de la hampe de bœuf, des boudins noirs, des travers de porc, du jambon blanc, du chou, des carottes, des salades rougettes, une betterave, un gros radis rose.

Ça va être la teuf, tu vas voir. Je te le dis.

Dans la nuit, poésie mathématique, passacailles et chaconnes et puis c’était Daney qui parlait de foot avec Mocky et c’était bien. Le foot, qu’ils disaient, c’est la cour de récréation, c’est l’enfance. Ils sautent de joie comme des gosses et se roulent par terre en pleurs.

BACK IN THE USSR

Note pour moi-même: ne pas oublier que les vêtements de la marque UNIQLO puent. Ce n’est pas une image, une métaphore ou une expression: ils puent littéralement. Je ne sais pas si c’est à cause de la teinture, du textile, d’un traitement. Ils puent au séchage. Sans doute une bactérie. Je viens de jeter à la poubelle un sweat-shirt à capuche noir (c’est peut-être la teinture noire qui pue) après avoir jeté un t-shirt noir l’autre jour. La marque UNIQLO est désormais proscrite.

Sinon, c’était heureusement la dernière séance de séminaire avec les étudiants de 3e année. Quelque chose de pourri au royaume du Danemark, pensais-je. On passe à autre chose. On garde le sourire. Une autre énergie. Un autre mode de fonctionnement. Mais tout de même, pensais-je. Une telle goujaterie, pensais-je. Bah. C’était fini. L’on passait à autre chose.

Cet après midi, plutôt réjouissant, les rendez-vous avec les étudiants de master et puis entretien professionnel et hop, la route, sous la pluie, la bruine, dans la nuit. Grisey, Coltrane.

Il fait un peu froid, me dis-je, pour jeûner le soir. Il faudrait peut-être déplacer au déjeuner, pensais-je. On verra demain. Les POSCA sont arrivés. Et la tondeuse de nez. C’est une belle chose que la poste, pensais-je.

PRÉCIPITEMMENT

Je n’ai jamais d’image alors je vole celle-ci mais j’en donne le négatif, puisqu’il s’agissait d’un négatif et c’est donc le positif.
J’avais une phrase dans la tête mais elle s’est perdue.
Je souffre de la mise en page dans WordPress.
Quand on va à la ligne, ça saute une ligne et je ne voudrais pas sauter une ligne. Je voudrais aller à la ligne. Simplement aller à la ligne.
Mais non, c’est trop demander. Il faut sauter une ligne.
Ou bien revenir en HTML et insérer une balise ad hoc.
C’est le moyen âge, me dis-je.
Un retour en arrière terrible, me dis-je.
L’ergonomie de toutes ces applications, depuis Photoshop jusqu’à WordPress, la souplesse d’utilisation, tout cela a énormément régressé au profit de pas grand chose, me dis-je.
La technologie, qui était passionnante, est devenue ennuyeuse, me dis-je.
Tout cela pour que l’on préfère finalement tout déléguer à des algorithmes et à des bases de données, me dis-je.
Je refuse absolument d’appeler cela des intelligences.
Fussent-elles artificielles.
Je préfère ne pas en parler.
C’est triste quand on y pense. Mais tout est triste quand on y pense alors il vaut mieux ne pas y penser, me dis-je.
Tout ça va finir en HTML, me dis-je.
Avec des bannières me dis-je. Des <br> et puis voila.
Et advienne que pourra.
Les journées sont pluvieuses et pas trop froides, mais suffisamment pour que le jardinage apparaisse comme un exploit.
Le jardinage semble hors de portée.
D’ailleurs je n’avais pas beaucoup de temps.
Hier, il fallait s’occuper de toutes sortes d’intendances et aujourd’hui, de préparer demain.
Par exemple, le séminaire de demain soir, qui sera le dernier, puisqu’après ce sont les évaluations puis les vacances de Noël.
Et puis je suis allé chez Darty acheter une plaque de cuisson.

Et voila, j’ai finalement sauté une ligne. Toutes les précédentes, ce sont des balises. Et donc ce sont des journées silencieuses, des journées solitaires, des actions fragmentées. Un peu d’impôt, un peu de DRAC, un peu de lecture, un peu de musique, un peu de séries, un peu de cuisine. Un peu, un peu, un peu. Super-ready fragmenté.

Ces moments-clés, écrivait Beckett, où l’ennui de vivre est momentanément remplacé par la douleur d’être. Profiter de ces moments-clés avant que…

Impression qu’il ne se passe rien, que rien ne se passe. Que rien se passe. Que rien.

Tout cela parait lugubre et ça l’est mais la maison est belle, me dis-je, la campagne est belle. Triste et belle. Triste parce que c’est l’hiver, bien sûr. Faire du feu dans le poêle reste une belle chose. Il est difficile de construire, de maintenir une impulsion, de maintenir un feu nourri, un objectif constant. Je suis allé cueillir des roses pour les phasmes, mais il en faut encore. Gribouille a été opéré hier. Il semble bien remis. Uranus est partie chasser dans la nuit. Elle roupille ensuite toute la journée dans l’escalier.

Un rouge-gorge a élu domicile dans le jardin, semble-t-il.

Tiens, je n’entends pas la chouette, ce soir mais les radiateurs glougloutent.

JOUR DE MARCHÉ

C’était donc un vendredi. La ville de Thouars, comme toujours, est un chantier désolant, une ruine in progress, un carnage.

Juste avant d’aller faire mon marché, nous étions arrivés en retard à l’école avec Bubunne et, trouvant la grille fermée, en panique inutile, je fis passer Bubunne par dessus la grille, m’attirant les foudres bien compréhensibles de la maîtresse. J’aurais pu avoir la présence d’esprit de me dire que c’était une mauvaise idée et essayer autre chose. Sonner par exemple. Pourquoi avais-je cédé à la panique ? D’où venait cette panique ?

Je ne sais pas trop. J’avais pensé danger de mort. J’avais pensé le tout pour le tout. Le moment où jamais. Bref, c’était hors sujet, hors propos, hors de proportion. Un bug.

Après, je m’étais imaginé convoqué à un conseil de discipline, ou au poste. Sommé de m’expliquer, de réparer le préjudice. Et puis je m’étais dit qu’il serait temps d’y penser s’il y avait une suite. Il n’y aurait pas de suite. Et je fis ensuite tranquillement mon marché.

Des huîtres, des numéro 3. Deux douzaines. Une boule de pain rustique, un poulet fermier, de la tomme aux fleurs, de la tomme de Savoie, du Morbier, du chou blanc, du chou rouge, des blettes (ils disent des cardes), des carottes, des pommes de terre (des bintjes). Un saut au Leclerc pour attraper un cubitainer d’Anjou rouge, une bouteille de Chenin Blanc, du Comté, du Parmesan, du pain complet, du café, des saucisses, des brocolis, des pommes, des conserves pour la banque alimentaire. Je donne mon sac au monsieur. Merci pour eux il dit.

Après avoir remonté et remixé un film (versions française et anglaise), j’ai tondu la pelouse. C’était mouillé, ça faisait des paquets d’herbe mouillée. Il fallait arrêter, nettoyer, redémarrer. J’ai plié du linge, rangé du linge, lavé du linge, étendu du linge. Préparé un gratin de blettes (de cardes), suis allé chercher Bubunne. Son sarcosucchus est arrivé d’Italie. J’ai ouvert les huîtres. Alphonsine (Anouk) est arrivée. On a ouvert et bu le Chenin blanc. Bubunne a revu le début de Jurassic World Rebirth. C’est moi qui ai fait le dodo.

COMME ÇA

Et là je n’avais plus d’image, donc je suis retourné en arrière. C’était il y a deux semaines, à Séoul, au musée Arario, en bas. Dans l’espace studio, où sont présentés les travaux de jeunes artistes émergents. Ici, de grandes peintures d’après photo.

J’avais utilisé ces photos (et d’autres) à titre d’exemple au cours des deux derniers jours, consacrés à des rencontres avec les étudiants de première et deuxième année. Et, contrairement aux étudiants de troisième année, dont l’apathie m’attriste, les étudiants de première et deuxième année sont enthousiasmants. Je m’attendais à des journées fatigantes, parce que denses, et elles le furent mais elles furent surtout enthousiasmantes, parce que tous ou presque avaient réellement un projet et un véritable désir de créer.

C’était donc un bon moment, malgré la toux, la sinusite (je ne crois décidément pas que ces antibiotiques soient très efficaces).

Ce matin, visio à 8h45 avec J.K. pour des studios au Rwanda, avant la reprise des rencontres, qui s’achèvent autour de 11h. Ensuite, rendez-vous mémoire avec F.D., qui médite une tragédie grecque à caractère médical, puis un bibimbap et hop, du son avec K.L. et rendez-vous avec E.C. pour préparer la projection en Corée en avril.

On pensait continuer à travailler un peu en fin d’après-midi avec K.L., mais un certain T.Z. prétend avoir réservé le studio et on reporte à la semaine prochaine, ce qui me permet de rentrer un peu plus tôt que d’habitude.

J’ai oublié de dire que j’avais vu Peter Moog hier soir, venu me parler de son projet sonore et on se dit qu’il faudrait organiser une projection de Autrement la Molussie de Nicolas Rey. Je laisse un message sur un e mail, mais l’adresse (club-internet) semble dater.

J’arrive à temps pour le dîner de Bubunne et une bonne crise de nerfs avant un dodo mérité. Anouk ronpichonne et je ne vais pas tarder.

IL FAUT TOUJOURS Y CROIRE

Comme le chantait le regretté Jean-Luc Le Ténia, il faut garder l’espoir. Et c’est ce que j’ai fait, me retrouvant confronté pour la nième fois à ces séquences bancales sur-jouées et trop pleines d’intention.

Jusqu’ici j’avais laissé tomber la neige, j’avais soupiré en me disant qu’il n’y avait rien à faire, que c’était ainsi, qu’il fallait faire avec. Et puis soudain, non. Soudain, l’épiphanie. On va essayer d’améliorer les choses, ai-je lancé. Et nous l’avons fait. Et je suis fier de nous.

Par les seuls pouvoirs du son, nous avons rendus meilleurs des acteurs qui en faisaient des caisses. Nous avons rendu supportables des séquences qui ne l’étaient guère, qui étaient au mieux embarrassantes. Cela grâce à la foi et à l’enthousiasme de mes stagiaires.

L’enthousiasme paye, me dis-je. Nous avons su trouver les camions de pompiers et les klaxon capables de faire avaler l’entrainement. Nous avons su englober l’auditoire dans une pluie, dans un poêle à bois, dans une chansons de rock polonais des années 70, dans des grincements de vestiaires, des conversations de douches. Nous avons su bruiter avec tact une cigarette et un briquet Zippo. Faire passer des tranches de pain trop épaisses pour être honnêtes, grâce à d’authentiques chiens aboyant aux passage d’authentiques caravanes.

Maintenant, je sais que l’on peut presque tout. Ce n’est pas trop tôt, à mon âge, me suis-je dit. Si cela peut faire gagner du temps à d’autres, tant mieux.

POLITICA ANIMALIS

Il ne s’agit jamais, me disais-je, d’expliquer ni de développer. Il ne s’agit encore et toujours que de partir d’un certain point sans savoir exactement où nous mèneront nos pas. Si ce sont des pas. Tout dépend du véhicule.

Hier matin, en attendant l’heure du rendez-vous pris chez le médecin, mes pas m’avait menés à Romainville, comme j’ai eu l’occasion de l’écrire, il me semble. Mais j’avais oublié de parler de la rencontre d’un très beau travail de plasticien: celui de Vincent Mauger, à la galerie 22,48 m2, dans le cadre d’une exposition personnelle intitulée Structures et décadences. Je me dis que voilà un artiste que j’aimerais bien rencontrer et éventuellement inviter à l’école des beaux-arts de Nantes. Ses sculptures-installations à partir de briques alvéolées et de parpaings, dont les alvéoles sont – ou non – comblées par de l’enduit, ces formes curieuses, simples et hiératiques, m’ont conduit vers une impression jet d’encre sous verre représentant un fragment de papier millimétré dont les lignes du bas s’effilochent, comme d’une trame de tissu.

Ensuite j’étais allé voir quelques pièces de G.B. Jones à la galerie Air de Paris et j’avais déréglé le moniteur en voulant monter le son. Avec l’aide de plusieurs opératrices – qu’elles soient remerciées pour leur temps – nous avons pu revenir à l’image (et elles ont planqué la télécommande). À la vision de ces fragments de vidéos entre punk et camp, je me suis senti seul sur mon banc. J’ai senti cet espace seul dans l’espace. J’ai senti la solitude même de l’espace. Le FRAC île de France était fermé. Je n’ai pas tenté une visite éclair de la Fondation Fiminco, qui n’y invite guère. Deux artistes résidentes grelottaient à la terrasse en buvant des cafés froids. J’ai dirigé mes pas vers la station Bobigny. Que pouvais-je faire d’autre ?

Le médecin m’a prescrit, selon mes instructions, des antibiotiques contre la sinusite que je m’étais moi-même diagnostiquée et a renouvelé mon ordonnance chronique de Valaciclovir, la dernière – de 2023 – commençant à dater. J’étais ensuite aller manger avec Doriane Wednesday une soupe aux raviolis et une salade de concombres-cacahuètes, contenant 95% de concombre, le tout accompagné d’une Tsingtao. On papote, le temps que ferme le restaurant, puis Doriane se rend à sa répétition de piano pendant que je rentre à Jourdain m’affaler sur le canapé devant la fin de la deuxième saison de The Rehearsal.

Rosita Velasquez et une amie de longue date débarquent et constatent mon coma télévisuel. Célimène Bonaventure rentre sur ces entrefaites et prépare des crêpes aux jeunes femmes affamés, tandis que je poursuis mon affalement, bénéficiant d’une tisane détox.

Pas-Glop finit par descendre les escaliers vers 18h45. Avec Célimène, on se roule dans des plaids sur le canapé pour regarder ensemble la dernière livraison des Fantastic Four. Je n’arrive pas à me raccorder à quoi que ce soit dans le film, à part la figure tragique de Galactus, sorte de Chronos à la Marvel, qui ne peut que dévorer éternellement tout ce qui se présente. L’inextinguible faim. Une autre version du supplice de Tantale, me suis-je dit.

À 21h30 nous étions tous au lit. J’ai fini par comprendre comment régler le radiateur, qu’il fallait faire passer du mode « Programme » au mode « Basique ». Ensuite, tout allait de soi.

TROP TÔT TROP TARD

Je n’ose même plus compter les jours. Je manque de discipline. C’est effrayant à quel point je manque de discipline et de suite dans les idées. Dans les idées et dans les actes. C’est effrayant. C’est une honte. Bref, je n’ai pas pris la moindre note depuis presque deux semaines. Bon, j’étais à Séoul. Il se passait des trucs. J’étais occupé. Et puis, je suis rentré. J’étais fatigué. J’étais malade. Un peu malade. Je le suis toujours et d’ailleurs j’ai rendez-vous chez SOS Médecins, boulevard Mac Donald. Eh oui, je suis à Paris pour quelques jours. Une formation pour les monteurs au CIFAP. Le cycle des formations. Chaque année dans les mêmes eaux. Et le cycle des sinusites. Justement.

Cela avait été une semaine assez fatigante. Le froid était finalement venu. Il avait fallu mettre en route le chauffage. J’avais attrapé le rhume de mon petit tyrannosaure et ce rhume était lentement en train de se transformer en sinusite, après avoir emprunté la forme d’une angine, d’une trachéite, d’une bronchite, etc.

Mercredi matin, j’étais parti pour Nantes et j’avais réservé la studette n°4, mais un coup de fil d’Anouk Aimée, en flagrant délit d’oubli de ses clés, me fit reprendre la route direction la maison où je dormis la nuit de mercredi. Le séminaire son, comme d’habitude, m’avait attristé. La forte impression d’ennui et même parfois l’expression d’une certaine colère d’être là, obligé d’être là, cela pouvait se lire sur certains visages. La précipitation à se lever dès les 19h30 sonnés. Bref, j’avais envie de raccrocher. Envie de dire ok, ok, on arrête là. Plus que deux séances et j’en aurai fini. Mais peut-être que j’arrêterai avant. Je crois que j’arrêterai avant. Je crois que je vais annuler les dernières séances. Faire autre chose. Faire quelque chose de plus intéressant, de plus passionnant.

Et puis jeudi en fin de journée, j’avais trois passagers Blabla Car. Deux déposes à Niort puis Poitiers et prendre le train. Mais un camion s’était renversé sur l’autoroute A83 à la hauteur de la sortie n°9 vers Niort et nous étions restés immobilisés pendant près d’une heure et j’avais bien sûr raté mon train.

Alors j’étais retourné dormir à la maison et j’avais récupéré mon écharpe. A quelque chose malheur est bon. Et puis, réveil à quatre heures. Démarrage à 4h45 et train à 6h12. J’avais eu le temps de déposer mon gros sac chez Pas-Glop et direction le CIFAP.

JE MARCHE SEUL

Le soleil se lève tôt. À sept heures il fait déjà bien jour et c’est très bien parce que j’ai faim et qu’ensuite j’ai l’intention d’aller me promener.

Petit déjeuner à l’hôtel.
Il y a un peu de tout mais justement, c’est impersonnel comme cuisine. Demain, on fera mieux. Et certainement moins cher.
Ensuite, direction Bukchon, qui est une espèce de quartier modèle représentatif d’une certaine architecture classique. Ce sont des maisons construites pour la plupart dans les années 1920, selon le style traditionnel coréen transmis depuis la période des Trois Royaumes.
Le quartier est un peu envahi par les touristes, mais en grimpant vers le haut de la colline c’est plus tranquille.

Il y a aussi cet arbre, un pin Napoléon de 600 ans, gardé par un unique corbeau.
Curieusement la ville aménage, au sein des sites les plus fréquentés, des ilots de solitude, où l’on se sent loin de tout, comme au beau milieu d’une forêt. Et cela même au cœur des temples les plus visités.
Très étrange.
Un sanctuaire semble toujours à portée de main.

Je vais saluer les montagnes et je redescends par l’université SungKyunkwan, qui est une forêt en soi.
Ensuite, je prends par Changyeonggung, après une visite au temple confucéen de Munmyo pour admirer les immenses gingkos jaunes.
Visite au pas de course du palais de Changyeonggung puis je file vers le musée d’art contemporain Arario.

Belle collection, classique (Nam June Paik, Cindy Sherman, Sophie Calle, Douglas Gordon, Damien Hirst, etc.) avec quelques artistes coréens plus récents, que je ne connais pas.
Quelques miniatures intrigantes de Dongwook Lee. Un portrait sur aluminium de Andy Warhol par Hyung Koo Kang, qui exploite de manière impressionnante l’abrasion du métal par une mèche de perceuse pour figurer les reflets argentés de la perruque. Quelques pièces mystérieuses de CI Kim, à partir de réfrigérateurs récupérés et désossés.

Un étonnant couple de cerfs naturalisés enveloppés de bulles de cristal par le japonais Kohei Nawa.
Et d’autres.
Le lieu est curieux. Je ne sais pas si c’est un ancien hôtel ou quoi, mais il reste des salles de bain carrelées avec encore toute la plomberie et elle servent soit de lieu d’exposition, soit de toilettes, tout simplement.
Et aussi une partie des salles est occupée par un appartement privé, qui semble en réalité être (ou pas ?) une œuvre.
Il y a une chambre, un bureau, une salle de bain…
Tout est équipé et paraît habité mais des signes « ne pas toucher » sont disposés sur tous les sièges, les tables, le mobilier, etc.

C’est pas tout, mais j’ai faim à ce moment là et les restaurants du musée ne servent rien, ou bien c’est le restaurant français (« Le cochon » (!)) et ça ne me dit rien.
Alors je retourne dans mon boui-boui d’hier et j’engloutis un festin (une soupe au bœuf et d’énormes raviolis, avec du kimchi et du riz). Tout ça pour l’équivalent d’environ dix euros. C’est la moitié du prix du petit déjeuner à l’hôtel et c’est bien meilleur.

Et puis back home. Repos. Séries. Mails et coups de fil pro.

Je n’ai pas senti le jet lag, c’est rassurant. Dans ce sens là, ça passe bien. On verra au retour. Maintenant une bonne nuit de sommeil et demain, madame la professeur de référence passe me prendre à 9 heures.