Ce sera bientôt le moment de former des vœux, me dis-je. Il sera bientôt temps de dessiner un œil au daruma et de lui assigner un souhait. C. aussi a reçu un daruma, offert par R. avec une paire de chaussettes japonaises à dix orteils. Et c’est aussi bientôt le moment de mettre en place de nouveaux rituels, me dis-je, de re-discipliner le quotidien.
J’aimerais arriver à me passer de smartphone, me dis-je. Mais alors il me faudrait une montre, un appareil photo, des carnets, des crayons, des cartes, une boussole, une clé 4G. Il me faudrait un petit sac pour mettre tout ça. Ce serait bien, tous ces objets dédiés à un usage simple et jeter ce truc totalitaire. J’aimerais ça.
Et puis, il y a, une fois réglée la question de l’endroit où nous allons vivre, régler celle de la gymnastique quotidienne, hebdomadaire.
Acidité cette nuit. Le vin. Brûlures de l’œsophage. Céphalée. Revoir le régime alimentaire. En même temps. Parallèlement.
Il y a deux éléments, deux contextes. La nuit et le jour. Le sommeil et la veille. Ce sont deux mondes qui ne raccordent pas exactement. A la lisière, l’angoisse. D’où une difficulté enfantine à passer d’un mode à l’autre. Une fois dans le bain de la nuit, ça va. Ça peut aller. Une fois installé dans le jour, c’est pareil. Il suffit d’y mettre l’énergie. Ce sont les passages de l’une à l’autre qui deviennent insupportables. Au bord du jour, au bord de la nuit, vertige et angoisse.
Effets de bord, dit-on. Et comment passer outre ? S’extraire sans peine. Glisser. La radio m’aide mais peut-être aussi que la radio ne fait qu’empirer les choses. C’est que cela devient de plus en plus difficile à supporter, le monde des hommes. C’est qu’il y en a trop, sans doute. C’est que les perspectives sont sombres. Au réveil, ça plombe. Il faut du temps pour s’organiser. Mettre la journée dans le bon angle. Placer le point de fuite.
Aujourd’hui, pas à y couper, c’était devis. Devis à tous les étages. Et même, visite du magasin La Maison en tissu à la recherche d’un coton gratté et finalement c’était autre chose et j’ai même envisagé de la toile à beurre. Déjeuné dans une cantine japonaise non loin, route de Bergues.
Novembre s’est écoulé d’un trait, le temps d’ouvrir une porte et de la refermer.
Pas vu passer. Pas vu finir. Déjà passé, déjà fini. Zou novembre, ouste novembre et c’est déjà Noël, bientôt. Noël tout seul et c’est pas plus mal. Noël vide et c’est très bien. Noël au balcon et c’est pas plus con. Il y aura des tracks à enregistrer au studio, un peu d’écriture, espère-t-on, du repos aussi et de la lecture. Et il fait toujours aussi chaud. Aussi tiède. Quinze degrés aujourd’hui à Paris et je lis qu’à Dunkerque presque autant.
Aujourd’hui, réveil vers neuf heures. C. m’appelle en Face Time depuis sa chambre pour que je puisse assister à distance à l’ouverture de la deuxième fenêtre de son calendrier de l’avent. Ensuite tout s’enchaîne. Tartines, jeux, courses rapides, cuisine, arrivée de R., tarot, déjeuner puis hop, la Villette pour le vernissage de l’exposition Microbiote, mais trop de monde, on ne reste pas et on va, à la place, à la Cité des Enfants jouer avec l’eau, les tuyaux, les paraboles.
Hier ç’avait été les expositions conjointes de H. et U. et il faut qu’on se voie très vite autour de quelques barriques nom d’un gilet jaune!
Et ce soir c’est déjà dimanche soir et demain Dunkerque.
Et voilà. C’est demain. Il est huit heures cinquante six et je me trouve dans la salle dite Théorie 1, en attente des étudiants de deuxième année.
J’ai dormi dans le train. Mon voisin travaillait, pianotait, regardait des photos. Je n’ai pas espionné, juste aperçu, entendu. Me suis laissé bercer par le cliquetis des touches. D’avoir supprimé l’application Facebook de mon téléphone c’est un peu comme de se relever d’une longue maladie nerveuse.
Penser à acheter du beurre.
Il y avait une belle porte verte au numéro 24 de la rue de la Gare, me suis-je dit en marchant vers l’école. Le train avait un peu de retard et je ne me suis pas arrêté au Monoprix pour prendre un café. Et voici la première étudiante qui arrive. Toujours ponctuelle.