Maman crapaud portant son bébé sur le dos. Hier midi, au bord du lac. C’est une véritable invasion de crapauds. Des crapauds et des petits poissons. Des bancs entiers. Un pullulement. Peu de neige. Il fait une chaleur quasi estivale.
Le gigot d’agneau est bientôt cuit. Je dois m’interrompre un instant.
Et c’est déjà la fin de la journée. J’ai d’abord déposé les ados à la patinoire de 1850, sous une neige drue, puis je suis rentré pour sortir le banana bread du four. Nous l’avons grignoté, qui en jouant auScrabble (Ca. et M.), qui en regardant « Madagascar » (S.) et moi en lisant l’autobiographie à quatre mains de David Lynch.
Puis, on s’est dit, avec S., que ce serait chouette d’allez voir la neige et de s’envoyer des boules et de marcher dans tout ce duvet blanc, sous les flocons. Alors on est remontés tous les deux à 1850 et on a passé un bon quart d’heure à gambader dans la poudreuse en bas des pistes. On se promet de revenir avec un meilleur équipement l’hiver prochain. Je me suis un peu viandé en tombant sur le dos mais rien n’est cassé.
On rentre la voiture dans le minuscule garage. Il faut replier les rétroviseurs pour passer la porte et on ne peut sortir que d’un côté.
Les ados ont dévoré le reste du banana bread en rentrant, sauf C., qui a préféré carboniser des cookies (ambiance olfactive tendance incendie). Ca. et M. sont toujours sur leur Scrabble. S. achève les dernières miettes de gâteau. Il faut qu’on prépare un peu notre excursion milanaise de demain.
Au boulot.
Je note ici qu’il faudra que je pense à raconter l’histoire de la jeune fille au bonnet, qui se promenait avec un rat caché à l’intérieur.
À chaque instant, S. est prêt à partir pour une chasse aux serpents, mais ce n’est pas la saison. Les serpents sont cachés dans des trous et attendent l’été. Les lézards sont de sortie. Il faut guetter les pierres et les murs au soleil à l’heure méridienne.
Mais en passant chez mes oncles et tantes J. et H., nous sommes mis en présence d’un énorme crapaud, tout ce qu’il y a de calme. On le photographie un peu sous toutes les coutures. On ne va tout de même pas jusqu’à le renverser sur le dos pour photographier son ventre, à la manière de Nathanael Maury, le traqueur de serpents.
On est allé à la N*** visiter le chantier de la maison, qui avance à grands pas (le chantier, pas la maison, naturellement). Il reste à installer des escaliers, une chape et des planchers et l’on pourra véritablement entrer dans la phase des finitions. On rentre à pieds avec S., toujours à la recherche de reptiles divers.
T., C. et R. sont à la ramasse et roupillent jusqu’au dîner. J’ai inversé mes phases de jeûne intermittent pour pouvoir dîner avec les enfants, mais comme ils se sont bourrés de crosets à midi, presque personne ne dîne. En fait, les ados passent leur vie à grignoter.
Il est assez difficile de trouver trois minutes de tranquillité, ne serait-ce que pour écrire cette note succincte.
-Papa, on y va ? Tu travailles sur le crapaud ? T’écris des choses sur lui ? Mais tu ne sais pas quel crapaud c’est…
On regarde. Il s’agit du Buffo-Buffo, le crapaud commun.
« Dispositifs », c’était le titre d’un projet consistant à imaginer des solutions pratiques à des problèmes hyper-spécialisés. À l’usage d’une personne unique ou d’un lieu unique ou d’une occasion unique. Un dispositif complexe, coûteux, somptuaire à usage unique et peut-être même sans usage. Je n’ai pas d’exemple sous la main. Il faudrait partir d’exemples. En réalité, c’est l’exemple qui fonde la règle et non la règle qui s’illustre par un exemple.
Par exemple, créer une adresse mail pour chaque occasion particulière. Du genre dejeuneravecmoile25avril2025@gmail.com ou sevoiretprendreunverrele17mai18haparis@gmail.com, etc. Ou encore un mail par interlocuteur, etc.
A l’instant S. revient avec une nouvelle coupe de cheveux et un gigantesque cobra en plastique. R. fait couler le bain. On part demain matin pour une semaine de vacances à la montagne, avec une escapade à Milan.
Il est bientôt temps de faire les bagages.
J’étais allé chercher C., de retour d’Irlande, à l’aéroport hier soir. Affamée. Je lui prépare une plâtrée de crosets au comté. Ce matin, je suis allé faire des courses pour préparer des travers de porc caramélisés, qu’on mange avec les enfants et R., de retour du lycée, vers 13h.
Suis allé chercher les pansements coricides et j’ai regardé encore quelques épisodes de la saison 7 de « Black mirror », mais certains épisodes je ne les regarde pas en entier. Ce n’est pas très bon. Globalement, c’est mauvais. Peut-être que l’Amérique ne sait plus raconter des histoires ? Peut-être que je généralise à l’excès ?
Et puis j’avais pris une douche et j’étais sorti faire quelques courses pour demain. Ensuite j’étais rentré pour préparer une coleslaw et une salade de cacahuètes pour pique-niquer demain, sur la route.
S. est une vraie célébrité dans le quartier, parce que, dans la rue, en rentrant, je me suis fait interpeler par une petite fille qui a dit, en me voyant passer: « Oh, regarde, c’est le papa de S.! ». Et elle avait les yeux qui brillaient comme si elle était en train de dire que j’étais l’heureux père d’une star du football ou un truc comme ça.
Et justement, l’autre jour, c’est-à-dire le 27 mars, alors que j’écoutais S.J. expliquer que nous nous trouvions immergés dans une réalité saturée d’images, je me rendais compte que, précisément, c’était, selon moi, le contraire qui était en passe d’advenir: nous étions tranquillement – et mine de rien – en train de nous diriger désormais vers une réalité dé-saturée d’images, débarrassée des images, amputée des images.
Ici, un aparté, rien à voir.J’aimerais trouver un moyen de revenir à la ligne sans sauter une ligne. J’ai une solution en passant en HTML et en insérant une balise. C’est une remarque que je fais en passant. J’avais pensé: peut-être avec le bouton de tabulation ?
Mais non ça ne marche pas et le correcteur d’orthographe (le stupide correcteur d’orthographe) ne connaît pas le mot « tabulation ». Il propose « fabulation » à la place, ce qui n’est pas mal.
Mais je reviens à notre absence d’image.
Jamais nous n’avions autant fait le vide autour de nous. Les murs de nos bureaux, de nos halls, de nos couloirs, étaient à présent blancs et nus, comme les aurait voulu Andy Warhol (qui se désolait de produire des images alors qu’il estimait qu’il n’y avait rien de plus beau qu’un espace blanc et vide).
Les salles de classes étaient à présent blanches et nues. Blanches et nues à faire peur, m’étais-je dit. Notre devenir-Ikea était avancé, décidément. Il n’y avait presque plus d’affiche publicitaires dans les rues, m’étais-je dit. Presque plus d’images, nulle part. 1 Nulle part sauf sur les écrans, les téléphones.
C’est à dire que notre relation à l’image était devenue une relation solitaire, avais-je pensé. De moi à mon téléphone, m’étais-je dit. Une relation autiste., pour tout dire, m’étais-je dit. Une relation rétinienne proprioceptrice, avais-je pensé. Bientôt les images se formeraient seulement à l’intérieur de nos cerveaux, m’étais-je dit. Nous étions en train de devenir nous-mêmes des images médiatisées par d’autres images et serions bientôt incapables de distinguer entre images et êtres, avais-je pensé.
Je m’était dit: « ça y est, nous sommes dans un film de Carpenter. »
« Invasion Los Angeles » avait précisé F.B., à juste titre.
« They Live », avais-je ajouté, pédant. Nous y sommes, avais-je pensé.
Je repense à ça à l’instant en regardant le premier épisode, anxiogène, de la septième saison de la série « Black Mirror ». Je ne sais pas si je suis capable de regarder jusqu’au bout. Je ne sais pas si j’ai envie d’être capable de regarder jusqu’au bout.
Et puis, avant, j’étais allé chez l’ostéopathe, alors que je ne suis pas du tout convaincu que l’ostéopathe puisse faire quoi que ce soit pour mon pauvre dos, qui me fait toujours aussi mal après une heure de manipulations (douces). Et j’étais ensuite allé à mon rendez-vous chez la podologue qui m’avait avoué tout de go ne rien pouvoir faire pour moi.
-Si un éclat de verre est resté planté dans votre pied, il faut attendre que votre corps l’expulse de lui-même, m’avait-elle confié.
Pour cela, elle préconise l’utilisation de pansements coricides (des pansements ronds avec un trou au centre). Les cellules de peau vont s’agréger autour du corps étranger, en un cor de peau qui, progressivement, sera expulsé hors de mon corps. Le pansement évitera d’appuyer le poids du corps sur le cor pendant la marche. Astucieux.
Je suis allé acheter des pansements et je suis rentré me préparer des choux de Shanghai sauté avec du riz. Et voilà. Il n’y avait pas de pansements coricides à la pharmacie alors j’en ai commandé. Ce sera pour demain. En attendant j’ai mis des compresses et du sparadrap. A chaque fois que je vois du sparadrap, je pense au capitaine Haddock.
J’étais en train d’abuser sans vergogne des balises HTML, pensais-je à l’instant. ↩︎
À l’aquarium de la Villette, on le sait, il y a aussi une murène. nettement plus grosse que celle du Zoo de Vincennes. Guère plus mobile. Ça bouge peu une murène. On est resté un moment à la filmer, sans beaucoup de résultat.
Projection à la Géode. T-Rex. Tout simplement. Avec M., un copain de classe de S., sa maman et son petit frère. Et ensuite, jeux, barbe à papa et churrios dans le parc.
La Géode, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. C’est embarrassant comme format. Trop grand, trop près, trop anamorphosé. Il faudrait une utilisation précise, minimale, ludique. Jouer sur la localisation d’éléments minuscules en mouvement sur la surface de projection.
Se servir davantage du son comme point de repère. Au fond – et paradoxalement – cela manque d’immersion. On est tenu à distance par la trop grande proximité de l’image au regard de son échelle. On est comme collé à l’écran.
Suite des reconstitutions du blog. J’ai terminé l’année 2017 et j’en suis au mois de mai 2016.
À partir de novembre 2016, les mois sont clairsemés. Avec même des périodes sans aucune entrée pendant un mois. Ou plus.
Je retombe sur des idées de projets auxquels peut-être donner suite. Ou pas. Je note, en tout cas.
Il y a une odeur de lardons et d’oignons grillés, là, à l’instant. C’est intenable. Il faut que j’ouvre une fenêtre et que je boive un verre d’eau.
Les plaintes de douleur au dos sont une constante. Je constate que j’ai toujours aussi mal. C’est donc normal.
J’avance lentement sur la reconstitution, le déplacement des posts anciens du blog depuis Livejournal jusqu’ici. La tentation est grande, toujours, de relire les posts. De ne pas se contenter de simplement les copier, les coller, entrer la date. Ça prend donc du temps. Aujourd’hui, en deux heures, j’ai pu m’occuper de mai et avril 2017. Je remonte le temps, toujours. Avec des hauts et des bas.
Parfois, il faut que j’aille écouter quelque-chose et puis, la plupart du temps, il me faut un temps fou avant de me souvenir de qui se cache derrière telle ou telle initiale. Parfois je n’y arrive tout simplement pas. Souvent, j’ai totalement oublié.
Journée qui commence par une alerte bancaire. C’est énervant. C’est angoissant. J’appelle la banque. La banque ne répond pas. Je décide d’y aller, carrément. Sur le chemin, j’appelle encore. On me répond que mon conseiller, M. W., est en ligne. Je dis d’accord, je prends le métro, j’arrive.
Dans le métro, il m’appelle. Me rassure, temporise. On va régler ça. Je n’y crois pas mais on n’est pas dans l’urgence. Pas encore.
Je passe chez UGC pour enfin résilier mon abonnement. Il faut appeler un numéro. Il y a un mois de préavis. Vous serez peut-être intéressé par d’autres formules ? Non. Je ne suis pas intéressé par d’autres formules. Je dis que je trouve l’offre cinématographique actuelle désolante. Il ne se présente pas en moyenne deux films par mois que j’ai envie de voir, ne serait-ce que par curiosité. Par exemple, j’examine la programmation des trente cinq salles de l’UGC sans parvenir à déceler un seul film que j’aurais envie de voir. Donc, j’en conclue que cette carte ne me sert à rien. Mélange de rage et de tristesse. Je rentre. J’ai l’impression d’avoir encore une écharde dans le pied. Un morceau de verre ? Peut-être un éclat de la bouteille d’huile de l’autre jour ?
Je ne sais pas pourquoi j’avais noté cela mercredi matin dans le Paris-Nantes, me disant que c’était un bon titre. Ce n’est pas tellement un bon titre. Ce n’est même pas un titre du tout, mais je le laisse là, comme ça. Avec les billes en mouvement du Gravitrax monté sur la table du salon samedi matin.
Première journée de vacances. Ce sont les vacances de Nantes, pas celles de Paris. Ce sont donc doublement des vacances, puisque je suis en vacances mais que personne d’autre n’est en vacances. Coup de fil de M.H., que j’avais rencontré il y a deux ans au sujet d’un local à transformer en salle de musique. Et puis le local a été transformé et maintenant il veut en faire un autre. On se retrouve sur place, on prend un café et je rentre.
Pas fait grand-chose. Quelques épisodes de différentes séries, un peu de guitare. Je n’ai presque rien mangé pour me remettre d’une semaine à incartades et d’un dimanche festif (anniversaire de C. avec champagne et gâteaux). Résultat, j’avais repris un kilo et demi ce matin. Il va falloir jeûner avec une certaine frénésie cette semaine.
J’ai profité de cette journée de vacances pour faire les corvées administratives, les mails en retard, les déclarations de TVA et autres factures. Le site des impôts, qui fonctionnait pas mal, est devenu une horreur. J’arrive tout de même à m’en tirer, mais c’était moins une. Réservé un appartement à Milan pour le 17. Nous allons faire un saut en Italie avec les enfants (C., S. et T.). C. est en Irlande et revient vendredi. J’ai aussi acheté une veste sur Le Bon Coin, que je dois aller chercher à Montreuil mercredi soir. Mal au dos persistant. Il faut que j’aille chez l’ostéo. Appelé C.G. pour le mixage du mapping de la maquette de la Basilique Saint-Denis. Nous sommes convenus de nous retrouver sur place jeudi matin.
Les aubergines façon Sichuan ne sont pas aussi bonnes sans poivre de Sichuan.
C’était en Italie. Quelle ville ? Je ne sais pas. D’abord, un camion transportant d’énormes charges avait heurté notre camion. Le choc avait provoqué la chute de l’énorme charge, causant des dégâts cataclysmiques.
La nuit.
Nous errons dans les décombres. À la recherche de quoi ? Je ne sais plus. Dans ma poche, mes lunettes sont cassées. Une des branches est réduite à presque un fil. Pourquoi ? Je crois me souvenir que j’ai mangé la branche. À force de la mordre, je l’ai brisée, mâchée et avalée. Et maintenant mes lunettes sont cassée et je ne peux plus rien voir, rien lire. Je suis pieds nus. Dans les décombres. Je ne sais pas pourquoi.
Il y a une fête. Il y a des fêtes. C’est le nouvel an. Nous sommes invités. Nous sommes invités partout. Il y a mille fêtes. Mais je ne veux pas aller à une fête. Je veux rentrer chez moi. Récupérer les affaires et filer. Comment vais-je conduire sans mes lunettes ? Je ne sais pas. Je crois me souvenir qu’il me reste une ancienne paire. Rayée. Poussiéreuse. Mais ça ira. Ça devrait aller. Partout, on me sollicite. On me dit: « viens, mangeons un morceau, parlons un peu ». Mon interlocuteur, mon hôte, c’est un homme que je ne connais pas. Il ressemble un peu à Marcello Mastroianni, un peu à Sergio Citti. Je ne répond pas favorablement. Il est vexé. Tout le monde est vexé. Je reçois des appels de dépit. Puisque je lâche tout le monde, tout le monde me lâche. Et je ne sais pas comment rentrer chez moi. J’ai oublié comment on fait. J’ai oublié où j’habite. Je parle à des téléphones silencieux.
Sinon, il fait vraiment beau. Et chaud.
Et ça devrait continuer encore toute la journée. Avec S. on va écouter un concert de Radio France à 16h, puis on ira chercher les gâteaux pour l’anniversaire de C.
S. attend avec impatience que j’ai fini pour qu’on regarde sur internet les jouets crotale d’occasion. Alors, je ne vais pas tarder.
J’avais eu une idée de titre, tout à l’heure, je ne sais plus quand. Et puis, je ne l’ai pas notée. C’est perdu. Tant pis pour moi. Bien fait pour moi. Il faut noter ces choses là, prendre des notes. Alors tant pis, tant pis.
C’était bien cette dernière journée de formation. Rondement menée.
Je m’envoie des fleurs. Je suis assez doué. Je suis assez talentueux.
En plus, ce qui ne gâte rien, je suis drôle. J’ai de l’humour. Bref, j’emporte le morceau. On peut le dire. On peut le penser. On a le droit d’y croire.
Pour me récompenser de tant de vertus, je me suis autorisé une ration de spaghettis carbonara ce soir, avec deux verres de saké chaud. J’ai bien dit deux verres. J’ai bien dit de saké. Il faut avouer, tout de même, que je peux bien m’autoriser un écart de temps à autre, pour rester de bonne humeur.
Nous avons commencé à monter le livre de S. dans Indesign, avec les dessins du Crotale, du Monstre de Gila, du Taïpan et du Cobra Royal. On a écrit des textes scientifiques à la volée, tant est profonde et étendue notre science en matière de venins, de reptiles et de crochets.
A suivre, un scorpion, une araignée et puis on verra. Rien que du venimeux.
Pour endormir S., je raconte une aventure de Croquidou et Maurice dans le désert, qui ont des hallucinations après avoir mangé du peyotl, croyant se désaltérer. Ils s’ imaginent en train de se faire assommer par des nains furieux, hilares et invisibles. Je crois que j’ai emprunté cette image à un épisode de Rahan, le fils des âges farouches, dans lequel il avait par mégarde absorbé une certaine quantité d’amanite tue-mouche.
Les hallucinations, S., ça le bidonne.
Après ça on écoute un podcast consacré (sic) au phénomène des peluches de nombril, qui touche 85% des hommes adultes.