SUCRES RAPIDES ET LENTS

Même en vacances, se lever tard nuit et donc nous avions mis le réveil à huit heures, ce qui reste humain et raisonnable.
C. est allée jouer avec L. et c’était une sorte de bénédiction ces quelques heures de calme.
J’en ai profité pour aller m’acheter des pantalons chez Muji, parce que, curieusement, ceux que j’avais achetés récemment ont mystérieusement disparu les uns après les autres.
Je constate que le réveil sonne toujours au milieu d’un rêve et que c’est donc probablement le réveil qui provoque le rêve, en tout cas ce dernier rêve dont le réveil nous arrache. Et ce réveil a bien fait de m’en arracher parce que dans mon rêve j’allais – ô horreur – fumer une cigarette et j’avais déjà acheté le paquet. 
J’en déduis qu’il faut que je me ménage. 
Il n’est pas nécessaire d’élaborer énormément tout de suite .
J’apprends en fin de journée que l’album de Life Design, « Analogue », entre en phase de production.
Dans deux semaines, test de pressage et huit semaines plus tard livraison des trois cent exemplaires du disque vinyle 33 tours.
Avec H., on trouve ça long et on se dit qu’on a le temps, dans l’intervalle, d’enregistrer un autre album.
Je regarde des annonces d’appartements. 
J’ai le choix entre un placard à Paris ou un cagibi en banlieue.
J’écarte de plus en plus l’option lilloise. 
On va faire du vélo et de la trottinette avec L. et C. 
C. n’a pas beaucoup de courage physique. Le vélo la terrifie. On recommencera demain.
Bon, il est l’heure d’aller laver les dents, au lit, lecture et dodo.
Pause.

INQUIÉTUDE

C’est un titre comme un autre. Le fait est, curieusement, que les réveils sont comme attristés ces derniers temps.
La journée n’est pas imédiatement appétissante. Il me faut passer une sorte de sas. En général faire la vaisselle aide.
Comme dirait Alexandre dans La Maman et la Putain, il y a cette sensation un peu dégoûtante d’être utile.
Et, en faisant la vaisselle, je me dis qu’il y a des hommes très riches pour lesquels le simple fait de faire la vaisselle évoque quelque chose comme l’enfer sur terre. Aux yeux de tels hommes, mon existence, par la médiocrité de ses moyens, le rationnement de l’espace imparti, la routine de ses circuits de production et de consommation, s’apparente à celle d’un zombie. Je suis, nous sommes le zombie d’un autre. Comme sont considérés comme des zombies les migrants que l’on vient de déloger de la jungle de Calais. Les zombies de l’Europe. Mais de qui l’Europe est-elle le zombie ? D’elle-même, pour commencer. Qu’est-ce que c’est être le zombie de soi-même ?
Ces lignées parallèles de zombies jusqu’à l’homme exponentiel.
Bon, je me disais ça sans plus. J’étais à la recherche de ce qui assombrissait mon réveil. Sans doute un rêve tardif.
Maintenant, je bois mon café et il me faut terminer quelques parties de Scrabble puis relire et corriger le scenario que m’a envoyé Z.L. Je vais essayer de profiter du court répit que m’offre le sommeil de C. (nous sommes rentrés tard hier et couchés vers minuit) pour avancer.
Couper tout le reste. C’est ça qui est terrible. De laisser toutes ces fenêtres ouvertes en permanence.
Alors je vais fermer les fenêtres. N’en garder qu’une ou deux à la fois.
Eviter les courants d’air.

RETOUR DANS LE PRÉSENT

C’est tout à fait par hasard, mais jamais tout à fait non plus. Bref, je me suis dit: « tiens, et s’il était temps ? ».
Et puisque personne certainement, depuis très longtemps, ne vient plus ici, alors peut-être est-ce justement le moment ?
Il y a aussi qu’à cet atelier ouvert de la Cité Internationale des Arts, à l’invitation d’E.L. nous sommes allés avec C. et que j’y rencontre, par exemple, S., qui tient un blog. Et ce mot, blog, a fait retour.
On tient encore des blogs. On peut. Eh oui, on peut.
Et alors il y a avait tout un tas de gens très chaleureux et A.D. a fait des portraits de C. et de moi et C. a fait un portrait de lui en retour et on s’est mis à avoir plein d’idées de projets d’ateliers à distance avec l’Afghanistan.
Et décidément je me suis dit que diriger une école d’art ça n’avait aucun intérêt. Que ce qui est intéressant c’est tout simplement  de filmer, de faire de la musique, d’écrire, de dessiner, de peindre. Le reste, c’est simplement déprimant et c’est une perte de temps.
Ca faisait du bien de revenir à l’essentiel.
Et je me suis dit qu’il n’était jamais trop tard.
Là, maintenant, je constate que l’interface a changé, que c’est plus simple et c’est pas plus mal.
Je constate aussi que la plupart de mes images passées ont disparu, à cause de cette saleté d’iDisk qui n’existe plus.
Tant pis. En relisant les rares derniers posts, je vérifie qu’en 2011 C. a bien eu la varicelle et on se posait la question dernièrement donc voici qui justifie, s’il était besoin, l’existence du présent journal.
On peut se passer de la liste des courses, je crois.