CONFIDENCES

Ce matin, comme je m’y étais engagé, je suis allé donner un coup de main à A., la prof de musique, pour diriger les répétitions d’un mini-opéra donné par les élèves de CE1.

Je n’avais pas compris qu’il m’incombait d’en créer la mise-en-scène.
Il y a eu comme un blanc, puis j’ai plongé.
Et c’était assez drôle, bien qu’épuisant.

Les enfants ne peuvent se concentrer plus de quelques secondes mais arrivent à mémoriser rapidement et parviennent à vous écouter tout en ayant l’air de faire tout à fait autre chose.
Et c’est un fait: ils font tout à fait autre chose et ne vous écoutent pas du tout.
Mais ils vous entendent et intègrent ce que vous avez dit.
Sans le savoir, sans le vouloir et ça passe.

Au bout de deux heures de ce traitement, j’ai un peu la cervelle en compote.

Le soleil brille et il fait froid, ce qui est toujours une bonne chose.

Je rentre préparer le rôti pour le soir, taper deux ou trois mails, passer quelques coups de fils. 

A treize heures trente, je mange un bibimpap bœuf à la terrasse du restaurant coréen de l’avenue Pasteur à Montreuil.
A. m’y rejoint. On se prend un café au Tabac des Indécis.

Ensuite, direction le studio.
M. est en train de terminer de poser le parquet.
On papote, on admire.

Ensuite, on reprend le métro et l’on va s’installer près de République à une terrasse pour travailler.
Au soleil ça tape, à l’ombre ça caille. C’est ainsi.

On cherche un logo pour le studio et des fauteuils de bar pour les clients, de manière à ce qu’ils puissent regarder les films par-dessus la tête des mixeurs et travailler sur une petite tablette servant de bar en fond de salle.

La journée est traversée par la recherche d’un écran pour le studio.
J’avais envoyé une dizaine de demandes de devis hier soir et j’obtiens trois réponses.

A la terrasse du Blanc Cassis, qui ne brille pas par la fulgurance de son réseau Wifi, je finirai par m’arrêter, après quelques coups de téléphone, sur un écran sans bords Screenline White Fashion micro perforé de trois mètres soixante de large sur deux mètre deux de haut.
J’envoie dans la soirée les fiches techniques à G.

On en cause demain matin et si tout colle j’envoie les bons de commande.

Toujours en attente des ATC.
J’harcèle tranquillou, comme dit O.
J’harcèle doucement.
Mais fermement.
Opiniâtrement.

Pensif dans le métro je me disais que certaines personnes sont ainsi faites qu’on ne peut rien faire pour elles, à part les oublier. 

Parce que leur volonté est grande, parce que leur exigence est forte, parce que leur curiosité avérée se trouve circonscrite à l’irréfragable délinéation de leur méfiance, parce que la dureté de l’ordre qu’elles s’infligent se traduit par une inaptitude à la douceur et les livre à un désordre profond qui les vide de l’intérieur, parce que la violence des règles qu’elles se prescrivent leur interdit toute joie réelle et les condamne à une cruauté sans éclat, parce que la raideur de leurs principes les dépossède de toute jouissance créatrice, pour toutes ces raisons, je ne leur dirai pas ce qu’elles ignorent d’elles-mêmes et que moi j’ai vu. Je ne leur dirai pas les beautés et les délicatesses que recèlent leurs âmes, que trahissent leurs gestes, que révèlent leurs regards. Je ne leur dirai pas parce qu’elles seraient capable de le retourner contre elles-mêmes et je ne leur veux aucun mal. Elles s’en veulent bien assez toutes seules pour que l’on n’ait pas envie d’en rajouter.

J’ai quand même un peu mal aux lombaires, me dis-je. 
Il n’y a pas toujours assez d’heures dans une journée et demain cela risque de tourner court aussi. Il faut pourtant que je trouve le temps d’aller faire un peu d’exercice.

Demain matin, Montreuil, banque, fauteuils, écran, enceintes, achats.
Same old.

C. est toute contente d’avoir récupéré le vieil iPod Touch qui traînait dans un tiroir depuis 2010. Elle écoute les Beatles en boucle dans son lit.

Bon, un épisode de Better Call Saul et au lit.

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