
Je vis depuis quelques jours, quelques semaines, avec un acouphène dans l’oreille droite, autour de seize kilo hertz.
Pour ne pas dire de bêtises, je viens de vérifier en ouvrant un oscillateur en sinusoïde dans Logic Pro.
C’est bien exactement du seize kilo hertz.
Ce matin, je me demande si le niveau n’a pas légèrement baissé.
Il peut très bien s’agir simplement d’un effet d’accoutumance.
La page Wikipédia consacrée aux acouphènes précise, comme l’on s’y attend, que l’usage d’écouteurs serait une cause probable.
Fini le HD205. Au rebut.
Dorénavant, les tutoriels de mixage seront faits au moyen des haut-parleurs.
Dommage pour mon entourage.
Hélas pour moi.
À propos, il faut que je harcèle l’Angleterre aujourd’hui.
Le huit mai, jour commémorant la capitulation de l’Allemagne en 1945, n’est pas un jour férié pour la perfide Albion.
Je vais donc, dès dix heures au méridien de Greenwich, m’enquérir de mes écoutes.
D’abord savoir s’il y en a deux ou quatre, c’est important.
Ensuite, si le prix comprend leur transport ou pas, ce qui change la teneur en sel de la note.
Enfin, avoir une idée de la durée prévisible de l’attente.
En attendant, me dis-je, regardant par la fenêtre la naissance d’un jour gris – mais cela n’a aucun rapport, pensais-je – le moins qu’on puisse dire, c’est que l’élection, hier soir, d’Emmanuel Macron ne semble pas susciter un enthousiasme populaire massif.
Un brouillard épais plane en particulier sur la capacité du nouveau président à rassembler une majorité autour de son projet, si l’on peut parler de projet à ce stade, aux législatives de juin, me dis-je.
Je suis content, mais je me sens seul, me dis-je.
Mieux vaut se concentrer sur la construction du studio, me dis-je encore.
Et la grisaille froide, bien que sans rapport, n’améliore en rien cette sensation, suis-je obligé d’ajouter, me dis-je.
Et je tousse, me dis-je. Je suis bientôt mort, me dis-je. Vite, un café, me dis-je.
Sortir faire de la gym, me dis-je.
D’abord terminer ceci et puis hop dehors la gym, me dis-je.
Hier, Z.L. était venu déjeuner.
J’avais préparé, à la volée, des linguines au figatellu, ail, tomates, basilic, relevés d’une pointe de piment d’Espelette et d’une généreuse application de parmesan fraîchement râpé.
Avant, bien sûr, nous étions allé voter, avec Y., à l’école St-Merri.
Voilà que je prends de dangereuses libertés avec les strates temporelles et la concordance des temps, me dis-je.
Dans l’isoloir, j’étais tombé sur un bulletin « Emmanuel Macron » laissé à dessein, bien en évidence sur la tablette, et je m’étais dit que c’était bien là un trait caractéristique de l’esprit Front National.
Et puis ensuite, plus tard, je m’étais encore dit qu’après tout n’importe qui n’aimant pas Emmanuel Macron et ayant décidé de voter blanc aurait pu faire le même geste.
On n’est plus sûr de rien, m’étais-je dit plus tard, me dis-je.
Puis, Y. était allé à la mairie du 4e voter par procuration pour L.B. et j’étais allé faire trois courses entre deux tutoriels consacrés à la réalisation d’un logo dans Illustrator.
Il faut préciser que la nuit de vendredi à samedi avait été partiellement occupée par la recherche d’un nom pour le studio. M’était venu, au cœur d’un non-sommeil plein de fièvre, ce nom: Digital Bonsaï.
En me réveillant samedi matin, si l’on peut parler de se réveiller d’une nuit sans sommeil, j’avais tapé ces mots dans le moteur de recherche Google et hop, évidemment, ça existe déjà. Bonzaï Digital, en réalité et il s’agit d’une société de service conseil en e-marketing récemment acquise par TF1.
Bien, m’étais-je dit.
Regardons « Digital Baobab », m’étais-je dit.
Ca existe également et, cette fois, nous sommes en présence d’un conseiller en gestion des affaires situé à Londres.
Que cela ne m’empêche pas de continuer à suivre des tutoriels consacrés à la réalisation de logos dans Illustrator, m’étais-je dit.
Laissons la recherche d’un nom pour le studio se dérouler en tâche de fond, m’étais-je dit.
J’en étais là de mes réflexions, lorsque Z.L. est arrivé.
Donc, nous avons déjeuné, pris un café et puis L. a déposé les filles et nous sommes partis pour Montreuil.
Z.L. me parle d’un projet d’enseignement du son en Chine.
Je propose à G.P. le projet de la création d’un studio à Pékin.
Le dossier est lancé.
La deuxième ossature se dessine.
En fin de journée, G. m’annonce la largeur d’écran disponible et, au vu de la distance de projection (entre quatre mètres trente et quatre mètres cinquante) et de la fiche technique du vidéo projecteur, nous avons affaire à un écran de trois mètres soixante de base et les enceintes se trouvent désormais placées à l’arrière.
Tout cela est bel et bon.
Ensuite, tout s’est enchaîné très vite.
Surtout le fromage, les charcuteries, le vin blanc et le champagne.
C’est surtout un score moins élevé qu’attendu du FN qui est célébré.
Je ne dis rien, m’étais-je dit.
On ne parle pas politique, m’étais-je dit.
Et P.G. aussi avait dit cela juste avant de parler de politique.
Comme toujours, précisément au moment où l’on s’apprête à parler de politique, on se dit qu’il faut surtout ne pas parler de politique, m’étais-je dit, me dis-je.
J’avais réactivé Facebook mais j’avais presque aussitôt été amené à désactiver, après avoir constaté que prévalaient encore et toujours les mêmes complaintes, les mêmes perceptions partielles et auto-centrées, les mêmes témoignages d’égocentrisme primaire.
Surtout, je n’y apprends rien, me dis-je, n’y constate que de fatigants exercices d’auto promotion, de naïves exhortations au partage de projets illusoires, nés d’une contemplation excessive d’hologrammes et n’en recueille qu’un pénible sentiment de consternation, me dis-je.
En moins de dix ans, les réseaux sociaux sont devenus aussi difficiles à supporter que la télé, me suis-je dit.
Et P.G. m’a fait remarquer avec justesse que TF1 était désormais moins irregardable que France 2. Et c’est vrai.
À l’instant, les résultats sont E.M. 66% et M.L.P. 34%.
C’est encore beaucoup trop de voix pour les néo-nazis.
Misère.
Je vais faire des courses pour le petit-déjeuner des enfants.
Des crêpes Waouh.
ACHATS

Et voici ce dont mon dos avait besoin.
Un fauteuil Herman Miller Aeron, trouvé d’occasion sur le Bon Coin.
Je vais le chercher en début d’après-midi à la Porte de Bagnolet et le ramène à la maison en métro.
Avant cela, j’étais allé faire une demi-heure de cardio, le circuit spécial-dos et un quart d’heure de gainage, j’étais rentré manger un steak dans l’onglet et avais progressé dans le tutoriel consacré à Illustrator.
M.S. m’aide à trouver un nom pour le studio.
ADS, c’est à dire Adansonia Digitata Studio, Andansonia Digitata étant le nom scientifique du baobab.
Je travaille cinq minutes à la maison pour essayer le fauteuil.
Dommage de ne pas pouvoir le garder aussi pour la maison.
J’en prendrais bien un autre.
Vers 16h30, je pars pour Montreuil.
Il y a une manif à République. La station est fermée.
Je prends par Nation.
M. et G. ont commencé à poser le plancher et le bafflage est défini.
On trace les limites de l’écran et la ligne de projection.
Il va falloir que j’aille voir le banquier pour financer l’écran.
Demain.