UN JOUR D’ÉTÉ À DUNKERQUE

Vingt-trois degrés en fin d’après-midi, ce n’est pas si fréquent pour un trente mars à Dunkerque.
Et demain, me disent les algorithmes, il devrait pleuvoir.

C’était une bonne journée et, si tous les étudiants n’étaient pas effectivement présents ce matin (certain participaient à des émeutes, d’autres effectuaient des stages), ceux qui l’étaient -et moi même- avons bien travaillé et nous sommes utilement promenés à travers l’école, avec une enregistreur numérique, pour nourrir une banque d’ambiances, de sons seuls, d’effets et de voix.

J’entends la guitare et ça fait du bien.

Ensuite, tout s’enchaîne. Rendez-vous, projets. D’abord C.L., qui fait de gros progrès conceptuels et dont j’attends maintenant les conséquences formelles, puis D.J., qui ne pleure plus et me présente d’excellents projets de vidéo qu’il ne reste plus qu’à tourner avec davantage de rigueur et elle en est capable. Je suis content.

Et il fait beau.
E.B. et sa fille G. passent me prendre.
Depuis le temps que l’on échange sur Facebook, on ne s’était jamais rencontrés alors qu’elle habite juste à côté de la plage, une grande maison rose. Nous sommes allé prendre un verre au bord de la mer. C’était délicieusement estival.
Echanges politiques badins et considérations territoriales. 
Perrier pour E., Karmeliet pour moi.
On se croirait sur la croisette.
Dunkerque et ses starlettes.
D’où sortent tous ces gens ? Où rentrent-ils ?

Ensuite, j’attrape un Dk vélo, direction l’Épicerie du Grand Large, où j’achète une portion de udons aux piments, une bouteille d’eau et du coca zéro que je bois sur le trajet du retour, en empruntant la passerelle du FRAC. Des moustiques volent au-dessus du canal.

Maintenant, il me reste un ou deux épisodes de Braindead. J’hésite entre un repos bien mérité et une call girl bien excitée.

RETOUR EN 210

Quatre jours à Dunkerque cette semaine et donc trois nuits.
J’avais pris soin de réserver à l’avance et l’on m’avait gardé la 210.
Très bien, la 210.
Il y a du réseau et une belle vue.

Aujourd’hui et hier, DNAP blanc à Dunkerque avec J-C. M. et M.C.
C’est agréable de découvrir tous les travaux des étudiants dont je ne connais pratiquement que les exercices de vidéo. Hier soir, on va dîner au Roi de la Moule, sur la plage, au soleil couchant.

Ce soir, j’ai fait des courses au Monoprix et je mange dans la chambre en regardant l’unique saison de Braindead

Demain et vendredi, ce sont les cours qui reprennent.

Exercices d’étirement du dos le matin. Les douleurs reviennent en fin de journée mais me laissent tranquille pendant la journée.

Et je n’avais pas fermé l’œil, ou a peine.
J’avais mis le réveil à sept heures et l’avais spontanément consulté à six heures cinquante neuf.
Ruminé de sombres pensées.
Pas dormi, ou très peu.
Les voix radiophoniques incapables de me bercer, de m’apaiser.
Sombres pensées.

Il faut que je quitte cette chaise.

DURE LIMITE

Je me suis dit que quand c’était blanc, il n’y avait pas de raison d’y mettre de la couleur.
Et que quand c’était blanc, c’était gris, c’était noir.
Bref, c’était pareil.
Blanc égale gris égale noir.
Même chose.
Et je me suis dit voilà ce que j’ai envie de voir, de photographier, de regarder.
Du blanc.
N’importe quelle tonalité de blanc.
N’importe quelles tonalités de blanc.
Alors voilà.

Et sinon, j’étais un peu occupé à avoir mal au dos, à être fatigué, à m’occuper d’autre chose, à laisser filer le temps, à faire je ne sais quoi et j’ai laissé passer un jour, deux jours sans rien écrire et c’est comme ça. Voilà.

Mais ça y est, je reprend le fil et donc, j’ai toujours mal au dos. Au milieu.
J’ai beau aller faire du sport tous les jours, faire des exercices d’assouplissement.
C’est l’âge, c’est l’âge, je me dis. À partir de maintenant, avoir mal, c’est normal.
Il faut faire avec la douleur.
Faire quelque chose de la douleur. 
Faire que la douleur ré-ordonne les choses, impose sa discipline (pour reprendre P.G.).
N’empêche que bon.

Rapidement, samedi matin je m’étais occupé de C.
Nous étions allé acheter des stylos, des crayons, du papier et tout un tas de fournitures de bureau chez Office Dépôt, avant d’aller passer un moment dans le parc près des Arts & Métiers. J’avais voulu faire un saut à la Gaîté Lyrique mais c’est fermé le matin.

Ensuite, nous avions rejoint M. et son père pour déjeuner au restaurant de hamburgers face à la maison. D. et A. nous avaient rejoints mais D. n’était pas restée, ne tenant pas plus que ça à manger des hamburgers (moi non plus mais je suis resté quand même). Je les avait ensuite laissés sur le chemin de la place des Vosges et était allé faire un peu de gym, pour brûler ce hamburger, avant de rejoindre P. au 104 pour picoler et reprendre des calories.

La vie c’est ça. Avaler des calories, brûler des calories.
J’ai remarqué qu’il y avait une certaine inertie entre l’ingestion et la formation de graisse.
Par exemple, samedi matin la balance indique 74kg. Je mange et je bois comme un ours et le lendemain elle indique 73,5kg. Je me dis: incroyable. Du coup, je mange léger, je vais faire de la gym et ce matin: 75 kg. Bam. Mais probablement demain matin ce sera 73 kg de nouveau.
Bref.

Dimanche, je ne sais plus. C’est vaporeux.
Ah, oui, on change d’heure.
Gym le matin, déjeuner léger puis projection du film de I.I. sur la péniche « Antipode » à 15h.
J’aime le regard d’I. sur les gens qu’elle filme.
Ca me rappelle les moments passés chez J-M., le gardien de la FEMIS, quand on était encore au Palais de Tokyo. Camembert et pastis. Le même regard.

Et puis le soir, ma sœur et ses enfants viennent dîner.
Et voilà.

Aujourd’hui, réveil difficile. On sent le décalage horaire.
Galette au son d’avoine, gym.
Mal au dos.
Payé la cantine, passage éclair à Montreuil, emmené C. au piano, courses diverses.
Mal au dos.
Je m’allonge sur un rouleau à pâtisserie, placé sous mon dos perpendiculairement à la colonne vertébrale, un coussin sous la tête et je reste comme ça de longues minutes.

Il est l’heure pour la petite fille d’aller se coucher. 
Elle vient justement me dire: « tu ne peux pas écrire la petite fille gna gna gna ? »
Alors voilà.
Et elle précise: « moi je m’en fiche d’aller me coucher ».
Mais il faut!

Je reviens.
J’avais oublié de raconter la discussion dans les vestiaires du club de gym ce matin.
Il faut dire qu’à mon club de gym la moyenne d’âge doit être de soixante-cinq ans.
Pour dire, je suis un petit jeune là-bas.
C’est ça que j’aime, parce que c’est calme, tranquille, mais passons.
Et donc nous étions trois vieux nus dans le vestiaire.
Moi, le plus jeune.
Et la discussion portait sur les maladies nerveuses dégénérescentes. Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques, épilepsie. Et justement, l’un de nous trois est épileptique et nous raconte comment il a dû cacher sa maladie quand il est rentré au CNRS.
– Vous n’allez pas en parler, je peux vous faire confiance ? 
– Bien sûr.
L’autre, dont le père est mort avec un Alzheimer à 95 ans, commence à flipper.
Moi je me dis que ce serait chouette d’avoir une pilule qu’on peut avaler un soir et on ne se réveille pas.

PRANAYAMA

Ceux qui avaient aimé le jeudi après-midi vont adorer le samedi matin.
En terme de fréquentation c’est encore plus radical.
J’ai pris le temps de méditer, ce matin et j’ai mis le réveil à 8h.

Il y avait un peu de vent, mais pas au point de faire tomber les vélos par-terre, alors je suis monté sur un DK Vélo et je suis allé boire un grand café et manger un croissant à la cafétéria du Monoprix.
Avec les deux croissants du petit-déjeuner à l’Escale, cela fait trois.
Il faut bien manger pour affronter le froid et la solitude.

Dès l’entrée, à 9h28, S., qui est à l’accueil, me dit: « Le vendredi matin, c’est le pire. J’ai vu trois personnes jusqu’ici. »

En haut A. confirme et plus loin F. ne dément pas.

On se dit qu’après tout il ne reste que quelques heures avant le déjeuner.
Autant en tirer parti.

Et, au lieu de travailler à mon article, bêtement, je fais un truc que je ne fais jamais: parler de politique sur Facebook.

Par exemple:

Christine Angot incarne une colère collective face à la tartufferie de l’ex premier ministre. Cela permet de lâcher de la vapeur mais met mal-à-l’aise parce que l’on a ainsi l’impression de tirer sur une ambulance. Le type est plus bas que terre. Ses soutiens s’enterreront avec lui. Il n’y a rien à faire. L’autre problème est la posture judicatrice adoptée par C.A. (ce que ne manque pas de lui faire observer, avec raison, F.F.) et l’espèce de bénéfice, en terme d’image, qu’elle semble espérer en tirer en montrant qu’elle se sent meilleure que lui. Elle n’est pas meilleure que lui. Aucun être humain n’est meilleur qu’un autre. 

(commentaire posté sur un post initial de M.-D.C. et re-posté – la flemme, ou l’orgueil d’avoir su former huit phrases – en réponse à E.N. (ou A.U.) – ailleurs)

Ou encore:

Si l’on fait bien les comptes, la somme des personnes qui pensent qu’il existe une gauche (électeurs de Mélenchon + Hamon) et celle de ceux qui pensent qu’il existe une droite (électeurs de Fillon) aboutit à un total inférieur à 45% de l’électorat. 55% des électeurs prennent acte du fait que cette dichotomie, cette nomenclature, les appareils politiques et les lignes historiques qui les portent sont obsolètes. Une bonne partie adopte une conduite inquiétante en se tournant vers l’extrême droite. Que reste-t-il de viable ?

(Plus dangereux, posté sur ma page, ouh la la)

Bref, le genre de geste qui devrait logiquement me conduire à désactiver mon compte Facebook assez rapidement. Je crois que c’est de l’auto-provocation.

Et dire que maintenant j’ai en plus un compte Instagram… Misère.

Non, me dis-je, désactiver est puéril. Il serait préférable de structurer.
Hum…
Se donner des règles, des horaires, des rituels.
Tout ce qui est répétitif finit par devenir vertigineux et fascinant.

Un geste, c’est un geste. Le même geste répété cent fois c’est de l’art.
Se donner des lignes.

ET LES GRÉEMENTS SIFFLAIENT

Chaque semaine c’est un petit peu plus déprimant, si l’on se laisse aller à déprimer et on se laisse aller dix minutes après quoi l’on trouve à s’occuper.

Donc aujourd’hui, deux étudiantes à 9h.
L’une a avancé sur son morceau. On écoute, on fait trois corrections. C’est bien. Elle enchaîne.
L’autre n’a rien fait. C’est pas grave, on a du temps. On va essayer. On écrit quatre phrases. L’idée est de faire une berceuse.
Mais blocage.
Une pause, on réessaye.
Blocage.
Bon. Je propose de faire autre chose.
Blocage. Larmes.
Alors ça, les larmes, non, no way. Stop.
Hop, je mets fin au calvaire à 10h35.
À 10h40, une étudiante arrive comme une fleur avec 1h30 de retard. 
Je dis: trop tard.

J’écris à tous que je les attends à l’heure, la semaine prochaine.
Un peu plus tard, il me sera répondu que travailler sur des chansons ne les motive pas, les pauvres chéris.
Bon. Pas grave. Je suis prêt à faire autre chose, s’il est possible d’être confronté à un rien d’énergie et de projet. Finalement, parfois, mieux vaut rien que cette présence diffuse d’amorphes avachis en attente du temps; qu’il passe.

Alors je travaille mon solfège et les modulations. Et puis j’ai un article à écrire, auquel j’ai travaillé dans le train déjà.

Déjeuner. Sashimis saumon. 
Un rendez-vous cet après-midi puis ennui et lecture jusque vers 17h où je me dis que ça va bien.

À tout prendre, je préfèrerais enchaîner les cours magistraux. Au moins, il s’y passe quelque chose. Ces ateliers vides et ces heures de couloirs déserts, vraiment… En l’état, j’ai l’impression d’un terrible gâchis d’argent public, en plus de mon temps qui, lui, est payé. 

Bref, sinon, belle lumière mais du vent et le grincement des gréements, les larsens des mâts métalliques. Je vais chercher ma bouteille d’eau à l’épicerie du Grand Large.
Le Bar à Papa est fermé. À vendre.
Pas grand monde sur la plage. L’Iguane est désert.
Je rentre par la plage et le pont qui enjambe le canal en direction du FRAC.
Un type de 2m20 dribble tout seul sur le terrain devant l’auberge de jeunesse.
Nous prenons l’ascenseur ensemble. 
Il est vraiment gigantesque. 
C’est drôle, j’ai l’impression de mesurer 1m20.

EN CHANTIER

Y. ayant des rendez-vous tout l’après-midi, je suis de garde pour aller chercher C., la nourrir, jouer avec elle, l’emmener au conservatoire et aller la rechercher, acheter une crêpe, deux nouvelles paires de lunettes (de vue et de soleil).

Du coup, je n’ai pas eu la possibilité de suivre le chantier aujourd’hui mais le frigoriste m’envoie une photo de l’installation qu’il est en train de faire pour la climatisation. Il faut encore percer un trou lundi et rajouter une pompe pour rapatrier l’eau qui se condense lorsque l’on utilise la climatisation en mode réversible, c’est-à-dire pour chauffer.

Et la semaine prochaine, c’est la boîte dans la boîte qui va être construite. Hâte de voir ça.

Ce matin, après avoir déposé C., suis allé faire de la gym. Quinze minutes de cardio et trente minutes d’atelier « body fit », un hammam et retour à la maison.

Journée légère.

Au réveil, bacon maigre, deux œufs au plat, piment d’espelette.
Je viens de lire que, pour éviter le liseré brun autour du blanc et optimiser la cuisson, il est possible de rajouter un tout petit peu d’eau dans la poêle et de séparer le blanc des jaunes pour le faire cuire avant. 

Un éclair à la vanille pour C.

Au déjeuner, de l’onglet au gril, des pousses de luzerne et de roquette, du fromage blanc 0%, du persil, du piment, une goutte d’huile d’olive, du vinaigre balsamique. 

Un chirashi saumon pour C.

Au goûter, du fromage blanc 3%, du faux sucre, trois biscuits au son d’avoine.

Une crêpe au sucre pour C.

Toujours mal au dos.
Je vais investir dans un bon fauteuil.
Herman Miller Aeron, c’est ce qu’il me faut.

En rentrant, je règle les problèmes de comptabilité avec J., ma comptable en ligne, et S., qui s’occupe de la comptabilité d’Escalenta

C’est agréable d’être à jour, de ne pas envisager toutes ces paperasses comme une menace permanente, une ombre sous le tapis, une épine dans le pied, etc. 

DÉCONNECTER

Ca y est, les carottages sont faits.
Demain, la climatisation sera posée. J’irai faire un saut sur le chantier.

Ensuite, ce sera la boîte dans la boîte. 
On attend les portes.

Aujourd’hui, la pluie avait rendu le début de journée un peu morne.
J’étais coincé par des rendez-vous: l’un à la banque, à 11h30, l’autre à la maison, avec R. à 16h et donc pas moyen de se lancer dans quelque-chose. 
Coincé à la maison.
Mal au dos.
Assis trop longtemps.
Demain, je bouge. Il faut.

J’ai fait comme si j’avais de l’argent et composé une dream-list de matériel pour le studio.
Il va falloir faire entrer des affaires pour se payer tout ça. Hum, hum…

Je vais devoir prospecter.

Hier, C. s’était fait piquer son blouson mais aujourd’hui elle l’a retrouvé, planqué sous un meuble où se trouvaient également pleins d’affaires « perdues » par d’autres enfants.

Tout est bien.

Y. râle beaucoup parce que son montage lui donne du fil à retordre. Ca me met de mauvaise humeur. Demain, il faut que je sorte, que je bouge, que j’aille faire du sport, au cinéma, je ne sais pas.

Un peu avancé sur l’article pour Trafic. Cela s’écrit lentement, dès qu’il s’agit d’être analytique. 

Reçu par SMS quelques vieilles photos de F., envoyées par A. Avec ses bombes de peintures et son sourire en coin. Moi qui lui trouvait un visage en lame de couteau à l’époque, il a presque l’air poupin, à côté du visage des dernières photos. 

J’ai fait du risotto aux asperges ce soir.

Déconnecter.

Hier, passé une partie de la soirée à regarder le débat des candidats à la présidentielle et à mettre des commentaires ici et là. Perte de temps. 

Déconnecter.

À L’INSTANT C’EST LE PRINTEMPS

Mais oui, me dis-je, c’est inespéré !

J’avais cette seule photo, prise dans le parc Anne Frank cet après-midi et je me disais: tiens, c’est le printemps.

Il y avait un anniversaire, dans le parc Anne Frank. L’anniversaire de S. et C. était invitée. 
S. a reçu une guitare et nous avions tous participé au cadeau.
Une guitare, ou n’importe quel instrument de musique, c’est toujours le meilleur cadeau qu’on puisse faire. Une guimbarde, un kazoo, un shaker, ce qu’on voudra. 
Et donc, l’on était amené à se dire, en se promenant dans le parc, qu’il faisait doux, que c’était décidément bientôt le printemps.

Mais justement, oui, c’est le printemps, me dis-je. 
Là tout de suite, il est minuit passé.
Nous sommes le vingt mars et c’est le printemps.

Il y a des œufs de Pâques à vingt millions de dollars dans la vitrine de « La Mère de Famille » et ils ne sont probablement pas bons.
L’autre jour, C. m’a fait acheter un paquet de guimauve à 7€ dans cette boutique et la guimauve était insipide et sèche. On a dû la jeter. Je me suis promis de ne plus rien acheter dans cette boutique. 
Mais on ne peut pas leur retirer qu’ils possèdent l’art de faire de jolies vitrines, me disais-je, en regardant les œufs, les poules, les poissons et même les homards en chocolat.

C’est un peu comme les dates de péremption sur les emballages, me dis-je, repensant au printemps et à la date du jour.
Tout à fait la même chose, me dis-je encore.

Tout à coup, c’est périmé et tout à coup ce n’est plus la même saison.
Le marqueur fixe d’une transition lente et diffuse.
C’est curieux, me dis-je.
Mais c’est comme un anniversaire, me dis-je encore.

Et c’est un anniversaire, donc tout va bien.

Il y avait des pétales roses dans l’air.
Et une pluie se retenait de tomber.
Je n’avais pas brillé par mon endurance ce matin à la gym, me dis-je.
Trente minutes de cardio et puis voilà.

Il serait souhaitable de faire mieux demain.
Mais je m’étais levé tôt.
C. nous avait réveillé à 7h.
Nous n’avions pas fait la grasse matinée.

Demain, il y a école et c’est le printemps.

Je ne sais pas pourquoi, ce soir, je me suis soudain mis en tête de faire une poule au pot.
Enfin, un poulet au pot.
C’est trop lourd, me dis-je maintenant. J’ai trop mangé, me dis-je.
Demain, demain, il faudra une journée légère.
Une journée roborative.

Demain, me dis-je, il faudra écrire, il faudra anticiper.

Mais pour l’heure, c’est le printemps. Au lit.

THE COAL BLACK SEA WAITS FOR EVER

Coup sur coup, j’apprends le décès de deux amis.
Un ami récent, P., de Bordeaux, hier, et un ami d’adolescence, F., aujourd’hui.
Je me dis que ça y est, il faut que je m’habitue.

J’ai envie de me mettre au Kung Fu.
Ce matin, avec C., on regarde les vingt-quatre mouvements essentiels du Tai-chi avant de partir pour l’école. Séparer la crinière du cheval, brosser le genou, etc.
Besoin d’une discipline corporelle.
Besoin de me recentrer.

Après, petite séance de gym.
Je paye la poule au pot, c’est évident.
Soixante quatorze kilos.
Et ce soir, j’avais prévu la diète mais finalement je termine la bouteille de vin et on se fait des hot dogs avec C.
Tant pis, la diète ce sera demain.
Et on prépare un gâteau à la banane pour l’école (ce sont les goûters gourmands en ce moment).

Fini Iron Fist. Ce truc de culpabilité est usant, mais ce qui est marrant, c’est l’immortalité des méchants. 

T. vient chercher son contrat, avant que j’aille chercher C. à l’école pour l’emmener au conservatoire. Avant j’ai regardé des tas de références de matériels pour le studio.

Vanné.

LE POING DE FER

J’avais pensé aller au cinéma, mais finalement l’organisation de l’après-midi, le fait qu’il fallait aller chercher C. chez B. vers six heures, la nécessité d’acheter des sacs pour l’aspirateur, la pause de quarante cinq minutes pour une sieste en début d’après-midi, tout cela combiné m’a conduit à regarder plutôt les cinq ou six premiers épisodes de Iron Fist.

Curieux, ce choix des studios Marvel de créer une sorte d’univers cohérent transversal entre toutes les séries Netflix (Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist). Comme les frères sœurs et cousins d’une même famille. Et c’est finalement toujours de famille, de filiation, qu’il est question. À l’origine d’un super-héros, il y a généralement la mort violente et précoce des parents. Les parents morts qui reviennent comme chez Hamlet. De mauvais parents qui essayent de prendre la place des bons parents. De bons parents de substitution, etc.

Avant ça, j’étais allé faire une séance haute intensité à la gym et je compte recommencer demain matin. D’où le besoin d’une sieste après le déjeuner. En écoutant le podcast des Chemins de la philosophie consacré à « La Vie est Belle » de Frank Capra. On y pleure toujours, même en n’écoutant que la bande son. Je pleurais en soulevant mes haltères, c’était drôle.

72,5 kg sur la balance après la gym. En début de semaine c’était 73,5. C’est bien.
Ça n’a absolument aucune espèce d’importance, mais c’est bien. C’est satisfaisant même si ça ne change rien.

Du coup, j’ai préparé des pâtes au figatellu à midi et ce soir du lapin à la moutarde sans rien, pour moi (mais des pommes de terre pour Y. et C.). J’alterne protéines pures et protéines-féculents en évitant le blé le plus possible (pas plus de deux fois des pâtes chaque semaine). Des légumes et des fruits en tant que de besoin et un verre de vin de temps en temps.

L’autre jour, j’ai perdu mon alliance au jardin des Tuileries. J’ai, depuis, la sensation qu’il me manque quelque chose. Il faut que j’en trouve une autre. C’est dommage, je l’aimais bien. Elle était simple et élégante. Bref.

Souvent, je me dis qu’il serait bon d’être plus obsessionnel, de donner plus de détails, pour que ce blog soit plus utile, documente mieux, serve mieux de mémoire.

Par exemple, noter, je suis arrivé, dans le train hier soir, au 12e niveau du jeu « Café serré » et au 14e niveau du jeu « Trains en stations », qui sont les niveaux ultimes de ces deux jeux de la catégorie « attention » de la gamme « Lumosity ». Je suis une espèce de roi de l’attention. En revanche, j’ai une grosse marge de progression en « mémoire », « résolution de problèmes » et « rapidité ».

Il est 1h28. Je vais me coucher. Avant ça, j’ai fait de la tisane (verveine) et mangé du fromage blanc 3% avec du faux sucre (très bien imité, on dirait du vrai). Après toutes ces semaines à 0%, un fromage blanc à 3% c’est presque une fête.

En ce moment, je me réveille sans courage. Ou plutôt découragé. triste, comme si l’on m’avait dit des horreurs pendant toute la durée de mon sommeil et il me faut environ quarante cinq minutes pour sortir de cet état de tristesse, de désespoir, de découragement. Après, ça va très bien et j’oublie absolument. Mais j’aimerais comprendre quel est le processus. Comment tout cela s’enclenche. Je vais essayer de dormir moins. De me lever plus tôt. Beaucoup plus tôt. Quitte à faire de longues siestes. Ou de courtes siestes mais fréquentes.

Il est 1h33. Je vais me coucher. J’ai eu mal au dos ces derniers jours. j’ai regardé des exercices d’assouplissement, je les ai faits et ça m’a soulagé mais cela fait maintenant plusieurs heures que je suis assis sur le très mauvais fauteuil qui fait face à ce qu’on peut appeler mon bureau, à la maison – mais ce n’est pas du tout un bureau: c’est une table de bistrot avec une traverse en métal très mal pratique – et j’ai de nouveau le dos tout raide. Je rêve d’un bon fauteuil. Et d’un vrai bureau. J’achèterai un bon fauteuil à la première occasion pour le studio, ainsi qu’un vrai bureau, mais je n’ai pas le droit d’avoir un bon fauteuil à la maison parce qu’Y. n’aime que les meubles qui ont au moins soixante quinze ans et sont complètement démolis, sinon elle trouve cela vulgaire. Donc tous les meubles sont cassés et raides. C’est pour cela qu’on a toujours mal au dos, mais ce n’est pas la peine d’essayer d’expliquer cela à Y. Elle ne me croit pas.

Il est 1h38 et – décidément – il est temps d’aller se coucher. J’ai mis une photo de la soupe miso du restaurant « Tokyo » de Dunkerque, qui n’est pas bonne, mais toujours meilleure que leur riz qui est, lui, infect, parce que je n’ai pas d’autre photo sur moi. Je n’ai pas pris d’autre photo depuis, à part un détail de l’aspirateur, pour avoir la référence exacte afin de trouver les sacs ad hoc chez Darty. Mais le détail de l’aspirateur ne me dit rien.

1h41.Je ne dis plus rien. Je n’écris plus rien. 

OUI, TROP CALME…

Un rien déprimant, bien sûr, de s’asseoir dans une classe vide et d’attendre que viennent à leur tour s’asseoir, au compte-goutte, un, deux, trois, quatre étudiants sans projets, vite fatigués. On se résout à échanger sur le mode de la commande et de l’exercice alors que l’on espérait se trouver en présence de projets personnels et autonomes. Ou, à tout le moins, d’une énergie vitale désirante, agissante…

Mais que cela soit déprimant n’est pas très grave. L’on trouve à s’occuper.

Le problème est que si la boîte est vide, elle se fragilise et finit par ne plus servir à rien.
Et encore, les cours c’est une chose. Il finit par y avoir quelques étudiants et l’on finit par entreprendre quelque chose, fut-ce quelque chose d’extrêmement modeste et d’ailleurs cela n’a pas d’importance, du moment que l’on peut échanger quelques mots, quelques idées.

Non, le plus embêtant ce sont les heures dites de « rendez-vous » où ne se présente personne, parce que la boîte est vide. Ce sont ces longues heures passées à arpenter les couloirs déserts, à adresser, depuis l’encadrement de la porte ou au travers des baies vitrées, des signes de têtes et des sourires figés aux rares présents, que l’on croise d’autant plus souvent que l’on ne peut pas éviter de les remarquer et de se faire remarquer d’eux. 

Et puis, vient le moment où l’on arrête d’arpenter, où l’on va s’asseoir dans une salle et où l’on attend en écrivant, en lisant, en regardant un film, etc.

Et puis, vient le moment où l’on se lève et où l’on s’en va, en se disant que tout ceci est absurde, occuper une cellule à l’auberge de jeunesse.

Et puis, vient le moment où l’on constate, pour la nième fois, qu’il n’y a pas de réseau dans la 101.

Et puis, vient le moment où l’on s’aperçoit que la chasse d’eau ne se remplira jamais et que l’eau coule en continu derrière le mur. Alors on descend à l’accueil et quelqu’un monte réparer mais cela se reproduit à chaque fois que l’on tire la chasse d’eau. Alors on cesse de tirer la chasse d’eau et l’on se dit que, finalement, il n’est peut-être pas nécessaire de tirer la chasse d’eau si fréquemment.

Et puis, vient le moment où l’on se cogne à la chaise et au lit en essayant de faire des exercices d’assouplissement.

Et puis, vient le moment où quelqu’un tape à votre porte à 6h du matin parce qu’il s’est trompé.

Et puis, vient le moment où le réveil sonne et où l’on se demande pourquoi l’on a si mal dormi et que l’on se souvient aussi que la veille il avait fallu se lever à 5h du matin pour venir s’asseoir dans cette classe vide après 1h40 de train. Mais l’on se dit immédiatement que l’on n’est pas le seul à s’être levé à 5h et que l’on n’est pas en droit de se plaindre.

Et puis, vient le moment où la météo annonce de la pluie.

Et puis, vient le moment où l’on se souvient pourquoi on ne peut plus supporter le petit-déjeuner à l’auberge de jeunesse. Mais on le mange quand-même parce que l’on a faim.

Et puis, vient le moment où l’on regrette de n’avoir pas emporté son bonnet.

Et puis, vient le moment où l’on regrette d’avoir pris une valise, plutôt qu’un simple sac-à-dos, ce qui nous aurait permis d’emprunter un vélo. Mais l’on se souvient que l’on avait choisi la valise pour éviter les douleurs consécutives au transport prolongé de lourdes charges sur le dos.