ARRACHAGE DE DENTS

Il en va des hommes comme des états, me disais-je, ni plus ni moins. Comme eux, nous sommes bordés, constitués, peuplés et gouvernés. Et ce que sont, à l’échelle d’une personne, un peuple et un gouvernement, voilà qui serait intéressant à décrire, me disais-je, ne parvenant pas à dormir dans la perspective d’un arrachage de dents ce matin à 10h30.

 Chacun est pour soi-même et pour autrui comme un état vis à vis de lui-même ou d’autres états, me disais-je encore. Et, en réalité, cette pensée avait mûri pendant les premières heures de la nuit, tournant comme tournent les phrases qui cherchent à placer exactement l’accent, le verbe et le temps. 

Pensée issue d’une assez longue méditation quant à la nature des relations entre personnes, me dis-je à présent. Issue, me dis-je à présent, de réflexions échangées sur l’amitié. Réflexion intervenue, dois-je préciser, au cours d’une série d’échanges dominicaux autour de questions d’ordre diplomatique ou géopolitique provoqués par l’actualité (Syrienne). Longtemps après ces échanges – dont je me demande à chaque fois s’il est bien utile de les avoir tant ils prennent de temps et semblent de peu d’effet (mais de si peu d’effet qu’ils soient, me dis-je, ils sont tout de même d’un effet suffisant pour se justifier néanmoins d’être, me dis-je)- longtemps après, donc, disais-je et dis-je maintenant j’avais commencé par penser: certaines personnes sont pour elles-mêmes et pour autrui comme des états. Je m’étais dit cela comme s’il s’agissait d’un fait exceptionnel qu’existassent de telles personnes. Comme si de telles personnes – des personnes-états pour ainsi dire – constituaient précisément une exception à une règle instituant ce que sont généralement les personnes, à savoir, généralement, pas semblables à des états.

Et puis je m’étais demandé pourquoi, au lieu de « certaines personnes », ne pas dire, tout simplement, « les hommes » ? Je m’étais dit, finalement, qu’il n’était pas du tout impensable de généraliser cet être-comme-un-état à l’ensemble des personnes. L’on verrait bien ensuite s’il y avait lieu de distinguer.

Une phrase de ma contradictrice – car j’avais eu une contradictrice au cours de ces échanges – une phrase surtout concernait, selon elle l’impossibilité qu’il y avait pour des pays (donc, j’imagine, selon mon acception présente, pour des états (mais aussi, comme nous le verrons peut-être, sans doute, certainement, pour des nations et il faudrait également examiner cela)) à entretenir entre eux réellement des relations d’amitié.

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