
Et voilà. C’est la dernière fois qu’on les verra.
Demain, elles seront obturées, cachées derrière trois couches de plâtre et de la laine végétale. Il n’en restera qu’une, en vue, celle de gauche. Avec un verre dépoli.
Lumière du jour, certes, mais lumière seule. Et trois feuillages de verre.
Ensuite, ça va commencer à devenir mystérieux et il va être urgent de savoir ce qu’on veut installer en terme d’écoutes.
Ca sent le brainstorming la semaine prochaine.
Le plancher sera l’affaire d’un résilient (plaques de gomme noire) et d’un plancher de chêne en mosaïques. L’on complètera par des carrés de moquette amovibles.
Ce matin, A. et moi, nous nous étions donné rendez-vous à 10h45 à la Mairie des Lilas.
De là nous avions pris le 129 jusqu’à la Mairie de Romainville et étions passés récupérer les cartons que j’avais entreposés chez L.
Celle-ci nous prête sa voiture et nous commençons par un premier dépôt à Montreuil avant de repartir pour Rambuteau, prendre quelques cartons contenant des vinyles de Life Design.
Comme il est tard et que nous avons faim, nous faisons une pause près de l’hôpital Bichat – le détail a son importance comme on le verra – et allons manger un bo-bun au Petit Cambodge situé non-loin.
De retour, la voiture ne démarre plus.
Le patron du bistrot en face nous conseille d’aller dans le parking de l’hôpital demander un booster de batterie.
Une sorte de défibrillateur pour voiture.
Ce que nous faisons.
Le gardien du parking fait d’abord mine de refuser, mais, devant nous suppliques, finit par céder.
Je laisse ma carte d’identité en otage.
On branche. Rien.
On va demander de l’aide au patron du bar, qui a l’air de s’y connaître.
Il fait démarrer la voiture.
On l’embrasse. On rend le booster. On s’en va.
On roule un moment, joyeux. La vie est belle.
Et pof, au milieu de la rue Belgrand, on cale.
Et là plus rien. Et nos téléphones sont à plat aussi.
On marche jusqu’au tabac « Le Havane ». le patron me prête des câbles à pinces crocodile.
Le premier automobiliste à qui l’on s’adresse accepte bien gentiment de nous donner du jus.
Peine perdue, la batterie est morte.
Je mets en charge mon téléphone sous le bar de R. (le patron du « Havane »).
On boit des bières, un café, le temps que le téléphone se charge.
Puis j’appelle L. Elle appelle son assurance. Une dépanneuse.
On rapatrie les cartons au « Havane ». R. se propose de nous les garder.
Je lui offre un disque, bien sûr, mais on se dit qu’on va y aller en taxi, tant pis.
Et là, coup de théâtre, L. et les enfants finissent par débarquer dans la voiture de E., qui les dépose et nous prend en charge. Et donc, ouf, on pourra finalement transporter nos cartons. Et tout cela n’aura été qu’une aimable digression de quatre heures où nous avons fait la rencontre d’êtres remarquablement gentils, généreux et serviables.
Et le soleil est sorti.
On rentre contents.
On fait une bonne équipe.
Alors que je suis au bar, R. me souffle, désignant A.: « C’est ton fils ? ».
-« Non, que je fais, c’est mon assistant, on travaille ensemble… »
-« T’es sûr que c’est pas ton fils? Il te ressemble… »
Ca fait beaucoup rigoler A.