
Il y avait encore un tsunami cette nuit.
Au loin, des vagues gigantesques, hautes comme des immeubles. Elles ne venaient pas jusqu’à la plage. Elles menaçaient simplement, au loin. Un présage encore, pas déjà la catastrophe. Un avertissement. Il fallait préparer ses affaires et partir. Mais peu nombreux ceux qui se le tenaient pour dit.
Je me réveille et je me dis: « je veux vivre ». Je me dis que ne veux pas attendre l’arrivée du tsunami sans rien faire, comme toute cette foule sur la plage, qui ne bouge pas.
Je me dis qu’on est trop nombreux, beaucoup trop nombreux.
L’ennemi c’est le nombre et le temps.
En ce moment, je me réveille et je reste un moment avant de savoir si j’ai vraiment envie de me lever, besoin de me lever.
Rien d’urgent ne m’appelle hors du lit et cela me déprime tellement que je n’ai pas envie de me lever. Mais alors je me dis que si je ne me lève pas maintenant, là, tout de suite, ça va être encore pire. Il faut que je me lève pour m’inventer de nouvelles raisons de me lever.
Généralement, il y a de bonnes raisons de se lever, mais dernièrement les périodes de vacances se succèdent où il m’est possible de traîner.
Heureusement, il faut amener C. à l’école et donc finalement se lever tout de même un peu.
Et puis, il n’y a pas que des vacances.
Non, le problème n’est pas de se lever ou pas, il est d’être engagé dans un projet.
J’ai perdu dix ans. J’ai gagné dix ans.
Et puis je n’ai plus de studio. Il me faut un studio. Demain, je vais visiter des appartements.
Ca devient urgent. Impossible de travailler à la maison.
Voilà l’urgence.
Et aussi, j’ai envie de partir. D’aller travailler à l’étranger. J’ai fait acte de candidature auprès du ministère des affaires étrangères mais on ne m’a pas appelé.
Il faudrait que je monte une affaire.
Ca fait beaucoup de choses un peu lointaines.
Et il y a le disque qui arrive et qui n’arrive pas. Qui devrait être arrivé mais n’a toujours pas été livré (alors qu’il est parti en début de semaine). C’est inquiétant.
Beaucoup de choses lointaines, de gestes à entreprendre, de démarches à déployer.
Tous les jours, je commence.
Je recommence.
Je vais recommencer.