LAISSEZ ÇA SUR LA TABLE

C’est un film qui s’appelle « La maison vide ».
Il est construit par tranches d’approches et d’éloignements de lieux. Un tiers, deux tiers, trois tiers. La même chose à l’envers et puis plus rien.
Superpositions.
On y entend des gens en train de travailler.
Il y a aussi ceux et celles qui déposent des cartons d’invitation pour des projections, des expositions.
La galerie « Bonjour en forêt » ou bien « Bonjour la vie », toujours « Bonjour » quelque-chose… 
Dans un grand entrepôt. Ou une série d’entrepôts reliés entre eux.
On se déplace.
Il y a là des maquettes, des sculptures, des machines sculptures. On ne sait plus si c’est de l’outil ou du monument.
Quelques silhouettes. Des preneurs de sons avec leurs casques.
Toujours des conversations.
Des gens au téléphone se plaignent.
D’autres surveillent l’exposition depuis le poste de contrôle.
Il y a JMS qui dit qu’il ne veut pas apparaître. Mais lorsque je lui demande si, dans l’hypothèse où j’aurais besoin d’une présence dont sa personne serait l’incarnation, il accepterait, il dit oui. 
On décide des costumes d’un acteur.
Il enlève une couche, je lui demande: « la chemise, tu la gardes ? ». Oui, ça je la veux. Et le pull? On ne sait pas trop. Il l’enlève. Curieusement la doublure du manteau vient d’un autre manteau. En fait c’est le deuxième manteau qui est une doublure du premier. Ça fait bien rigoler tout le monde. Et l’on s’aperçoit que les deux gros yeux qui forment l’avant du manteau, de la cape, ne sont plus symétriques.
A un moment, pour des raisons historiques, il faut faire venir un nouveau personnage au milieu d’un nouveau décor.
Une route ? Une clairière ? La question se pose.
Une scène violente. Un contrôle de police. Cela se passe dans l’antiquité. A Rome. L’accent tonique n’est pas le bon. 
Une jeune fille de la galerie « Bonjour… » arrive avec un prospectus.
– Posez ça sur la table, mademoiselle…
Mais elle me le tend. Je répète, avec un peu d’humeur.
Elle fait une grimace et pose son prospectus. On sent qu’elle n’est pas contente.
L’idée de la scène, c’est qu’on voit quelqu’un de nouveau, dans un lieu nouveau et qu’on se dit: « ah, on va passer un moment ensemble » et puis pof, instantanément c’est fini, c’est mort, il n’est plus là, plus rien. C’était juste une transition, un flash forward d’un bon millénaire.