Depuis que tout le monde se ballade avec une ou plusieurs caméras dans la poche, je n’arrive plus à filmer. Je n’ai plus envie. Je veux dire plus envie de filmer, comme ça sans but précis, ce qui m’entoure à tout bout de champ. Tout est comme démagnétisé. Et tout le monde est aux aguets, sur ses gardes. Dès qu’on sort un téléphone, les nuques se raidissent, les poings se serrent, les mâchoires se crispent, les poils se hérissent. Même les objets sont déchargés.
Tout est déchargé. Il faudrait reconstruire, mettre en scène, fabriquer, écrire.
On ne peut plus faire grand chose de ce soi-disant réel. Attendre que ça passe.
Mais pour mettre en scène, etc, il faut des moyens.
Il n’y a pas de moyens.
Alors je fais de la musique.
Seule joie, actuellement. Je veux dire, seule joie dans le travail, en ce moment, parce qu’autrement il y a des joies dans la vie mais je n’en parle même pas, c’est l’évidence.
Et tellement de trucs administratifs sans intérêt. Tellement de temps perdu.
Le mot « réunion », je l’oublie même. Je n’arrivais plus à le prononcer, hier au téléphone avec O. J’avais le mot sur le bout de la langue mais je l’avais oublié.
– J’ai plein de… de …
– De ?
– Tu sais bien, des…
– Des quoi ?
– Ah merde, je perds mes mots…des réunions, voilà !
– Ah oui, le truc qu’on fait au lieu de travailler ?
– Exactement.
Et donc demain justement une réunion. Mais heureusement, aussi, une répétition le soir avec Sofitel.
Sofitel, c’est le nom de mon groupe de rock, vous ne saviez pas ?
He ben voilà, vous savez.
Il faut quand même essayer de chercher un peu de financements, même pour un groupe: par exemple pour payer les frais de déplacement des musiciens, l’achat de matériel, la location de studios, etc.
Et prendre le plus vite possible de nouvelles dates de concert.
Donc là aujourd’hui, passer quelques coups de fils, préparer la répétition (et la réunion) de demain.
Curieux rêve de concert cette nuit. Un concert sans fin. Interrompu et repris. Sans cesse interrompu et sans cesse repris. On ne sait jamais vraiment qui joue et qui écoute.
Pas vu grand monde, pas fait grand chose, été nulle part, rien vu, rien lu, rien entendu, rien senti, rien touché, pas pensé grand chose, pas dit grand chose. Il a fait chaud, il a fait froid, c’était l’été. Paraît-il. Et maintenant quoi ?
Où ? Quand ? Qui ? Quoi ?
Pfff…
Quelqu’un avait commandé tous les croissants au café ce matin. Du coup, je m’en suis passé. J’y ai vu un signe divin. Dieu ne veut pas que je prenne du poids. Dieu veut que je maigrisse. Ou bien est-ce le Diable ? Pourquoi faudrait-il maigrir, là soudain ? Pourquoi dieu ? Pourquoi diable ? Pour qui diable ?
Y. trouve peu de différence entre le thé Marynin de la boutique du 18ème et celui de « Mariage frères ». Il vaut donc mieux le prendre dans le 18ème où il est moins cher. Moi, je dis bien sûr.
Il y a de la varicelle à la crèche ! Ciel ! On croyait à tort que C. était vaccinée mais non: c’est contre la rougeole, les oreillons et la rubéole qu’elle est vaccinée, pas contre la varicelle. Je ne sais même pas s’il existe un vaccin contre la varicelle.
Comme Google existe, je viens de vérifier et, oui, il y a un vaccin.
On se demande toujours s’il faut vérifier. Si les gens qui vous entourent ne vont pas trouver malpoli de votre part le fait d’aller sur le champ vérifier chez M. Google. C’est assez mal vu de faire ça à tout bout de champ,. Assez mal vu. Curieux, non ?
Bon, j’ai des trucs ultra-méga urgents à faire, comme d’aller faire mon bilan au club de sport.
Bonne journée. Il va sans doute pleuvoir.
Café: 1,20 €