TIME FLIES

Invraisemblable, comme il file, le temps.

Donc presque deux mois plus tard et dix à douze kilos en moins, mais là n’est pas l’essentiel. Phase trois. Consolidation. Il y a des fruits maintenant. Et du pain complet. Et du fromage. Et des féculents. Et des repas de gala. C’est moins austère. C’est plus dangereux. Ca dure cent jours. C’est coupé en deux. 

On laisse la chambre à C. et on emménage dans le salon. Y. a installé les bureaux dans l’entrée et c’est beaucoup mieux. En tout cas, j’aime mieux. Le meuble que je ne peux souffrir est à présent presque invisible, dans mon dos. Il ne nuit plus. 

Ce sont de drôles de journées d’automne, solitaires – tout le monde est parti mais il y a une foule compacte dans les rues – à écrire des courriers, mettre en forme, préparer des projets.
Les séries sont anxiogènes. Il plane sur l’Amérique comme la menace d’un crime fédéral. L’État y est curieusement envisagé comme l’ennemi fondamental. Le dragon ne dort que d’un œil. 
De l’autre côté, c’est Moscou-Damas et l’Europe si faible. Si dérisoire dans ses convulsions internes. Admirable de naïveté, inouïe de candeur. Pauvre vieille Europe.
Le maire d’Alep, aussi, sur France-Cul il y a deux ou trois jours, terrible.
Ne pouvant fortifier la justice l’on entreprit de justifier la force.
Et bientôt, Shanghai et nous verrons un peu de quel bois la Chine se chauffe. 

Je rencontre des architectes, des fournisseurs, techniciens et artisans du bâtiment, des acousticiens. Le dessin du studio son se précise, la conception de la VMC, les matériaux, l’aménagement de l’espace, le traitement acoustique, etc. Je continue à absorber de la documentation, mais cela prend forme. Cela va bientôt pouvoir commencer à se construire.
Perspective d’un projet Abduction pour Life Design à Tanger en février. 

Il y a eu un premier lancement de « Analogue » à la Malterie début octobre et la sortie numérique est programmée pour le 2 décembre. Faire un point avec J.F. mardi matin.
Dîner avec les B. le soir.

Se trouver devant des embranchements, des possibilités également désirables et exclusives les unes des autres. C’est difficile-amusant. 
Suspens, attente. Des dates clés sont posées. Des vecteurs simultanés.
J’attends de prendre les ordres du destin et, dans cette attente, j’essaye de me fortifier.

Je soigne mes dents. La 27 est fêlée, fendue en deux à la racine. Il faut l’extraire et insérer un implant de titane. En profiter pour faire sauter la 28 – de sagesse – qui n’est certainement pas innocente. Bel abcès, tête de hamster l’autre jour, alors que je m’étais rendu à Bordeaux pour une visite professionnelle. Ibuprofène, paracétamol, puis très vite morphine et anti-biotiques à doses massives. Jusqu’à ce qu’après dé-vitalisation la fêlure apparaisse par empreinte dans le pansement. Palimpseste. 

Aujourd’hui bilan corporel. Volume respiratoire 4,2 L. Indice de masse graisseuse 19%. Et d’autres valeurs que j’ai oubliées. Programme in progress.

Je vais essayer de lire un peu la correspondance de Tocqueville mais il m’est difficile de conserver longtemps la concentration nécessaire. Trop d’objets se présentent à la rêverie.