LE MONDE DU SILENCE

Et tout à coup il se dit qu’il n’avait rien posté depuis quatre jours.
Cela commençait à faire beaucoup, s’était-il dit.
C’était sans importance, mais cela commençait à faire beaucoup.
Et donc il se demanda pourquoi.
Il se demanda comment.
Comment se fait-il que ?
Pourquoi ce ?

Bref, il fallait rétablir le fil du récit, combler les manques, boucher les trous.
On pourrait commencer en partant de là où l’on se trouve et revenir en arrière de proche en proche.
Tout en écrivant cela, il pensait à la bouteille de Chardonnay qu’il venait de mettre au freezer quelques minutes plus tôt.
Attendre suffisamment pour que le vin soit frais mais ne pas l’oublier là.
Il avait reçu la poignée de remplacement commandée sur le site d’Electrolux-Arthur Martin le matin même, en conduisant sa fille à l’école.

Il aimait l’idée qu’un autre que lui, qui était le même pourtant, parlât de lui à la troisième personne du singulier.
Il trouvait ça chic et choc.
La bouteille, se dit-il.
Et, se levant pour l’aller quérir, s’apprêtant à se lever, quittant le clavier, il se dit que cette phrase pouvait bien s’arrêter là.

Et hop, tchin tchin. Ce n’est pas frais frais mais c’est tout de même bien agréable.

Bon, pas de chichi, que je me dis, assez de salamalecs.

Donc, cette journée avait commencé par une poignée de frigo suivie d’une séance modique de gymnastique, de la rédaction d’une lettre à l’intention du Président de la République, d’un aller-retour à Montreuil pour aller admirer le ouatage des murs et installer la Livebox, d’un certain nombre de coups de fils, e mails, envois postaux et virements bancaires, d’une dépose de C. au Conservatoire à 15h30, d’un retour pour l’aller chercher à 16h45, en compagnie de L., où nous retrouvons I. et A. pour aller au parc, s’étant arrêtés pour des glaces aux bonbecs.

Tiens, me dis-je, E.N. avait dit mercredi et puis plus de nouvelles.
E.N. était constante dans son absence, me dis-je.
E.N. était absente par définition, ajoutai-je.
Il fallait envisager E.N. en tant qu’absente, complétai-je.

Mais, que ce soit E., V., M., A. ou autre, je ne constatais finalement qu’absence autour de moi. Solitude et absence. Alors, me dis-je, oublions tout ça.
Oublions même le soleil, même les fleurs, même les promenades.
Concentrons nous sur le travail, me dis-je.
Rien d’autre, me dis-je.
Vivre et tout ça, c’est pour les couillons, me dis-je.
Travailler, me dis-je.
Et c’est tout, me dis-je encore.
C’était pour ça, me dis-je.
Pour ça, ce silence.
Silence de bon sens.

Et avant, il y avait eu mardi. 
Tourcoing, l’assemblée générale, comité de salut public d’où la lettre à E.M.
Content de recroiser I. et de repartir au quart de tour, comme en quarante.
Une double Grimbergen à la gare avec O.
Le train. Ecrire dans le train. Ecrire sur du vent.

Et avant, il y avait eu des jours.
Des jours vides remplis de projets.
Des heures à lire et à apprendre.
A regarder le plafond.
A se dire que bon ça suffit. 
Qu’il faudrait s’y mettre enfin.
Le dos, la fatigue mais ça va mieux.
L. m’a prêté un coussin de massage.
J’ai fait mon circuit dos.

Ca va mieux.
Ca va bien.
Et merde.

ALWAYS THE SUN

C’est samedi mais l’on se réveille néanmoins à sept heures, quoi qu’il arrive.
On tombe du lit.
Le lit nous tombe dessus.
Ca bouge dans la rue, depuis une plombe ou deux.
Il y a du soleil, alors on bouge aussi. C’est animal.
C’est naturel.
C’est humain.
J’ai mal au dos.

De la poitrine fumée, des œufs, vite.
Du café.
Message de F. qui, elle aussi, s’est levée tôt.
On prend le café à distance.
C. est déjà en train de regarder des bêtises.
On joue aux cartes puis aux échecs.

Je somnole de dix à dix trente, avec une petite fille qui vient jouer les gremlins.

A onze heure moins quelque chose, E. revient avec un disque dur.
Elle reprend aussi le blouson qu’elle avait oublié.

On descend avec elle, pour aller faire des courses.
On la laisse devant Leroy Merlin et l’on poursuit jusqu’au Forum.

Plus de sandales en 30 chez Muji.
On en trouve chez H&M
Dorées, pour aller en boîte.
Puis, chez Okaïdi, un t-shirt blanc à rayures bleues, sur lequel se détache un perroquet en paillettes, et des sandales plus sportives.

Je voudrais que C. arrête de vouloir toujours acheter des choses.
Je lui dis que ça m’énerve, que c’est insupportable, qu’elle va finir dans une poubelle, comme Veruca Salt.
Elle ne me croît pas.
Elle devrait…

On achète des tomates anciennes, des amandes, des noisettes, des olives, de la ricotta, de la noix de coco fraîche et l’on rentre déjeuner.
Ensuite, une ou deux parties d’échecs en prenant le café, mais C. n’est plus concentrée (alors que ce matin j’ai dû coucher mon roi) et je lui bouffe toutes ses pièces.

On part pour Montreuil.
On achète des cerises sur le chemin.
On les mange avec G. sur la terrasse devant le local associatif.

Il termine de remplir les bass-traps de laine végétale, avant de vernir le sol et de passer les peintures.
On fait un tour sur la terrasse.
Les roses sont magnifiques.

On rentre, non sans passer chercher des glaces chez Picard.
La poignée de la porte du freezer me reste dans la main.
J’en commande une nouvelle sur le site d’Arthur Martin – Electrolux.
37,50 € avec les frais de port.

C. regarde La belle au bois dormant.
Avec l’aide de C.C., j’essaye d’arbitrer avec justice le débat Schiappa / Finkielkraut mais comme d’habitude personne n’a tort et personne n’a raison. Ne pas rentrer dans ce genre de débat. Quel imbécile je fais.
Je vais supprimer tout ça, très vite.
Ouste.

Là-dessus, c’est C. qui n’a plus de réseau.
Pff…

Tout ça n’est pas très intéressant.
Tout cela est sans intérêt.

Ca y est c’est supprimé.
Ne pas entrer dans des querelles futiles et sans enjeu réel.
Il y a déjà suffisamment d’emmerdements comme ça.

Heureusement que l’on trouve des fauteuils massants chez Nature & Découvertes.
Nous y avons passé un bon quart d’heure avec C. ce matin et ça fait vraiment du bien.

C’est ça qu’il me faut pour le studio.

Le Herman Miller Aeron c’est joli et tout mais pour le dos, ce n’est vraiment pas la panacée.

Donc des coussins massants ASAP.

CHEWING GUM

Et donc hier soir T. est venue manger et dormir à la maison.
J’ai eu la faiblesse de laisser les filles jouer dans le salon pendant que j’essayais de bricoler des logos pour le studio.
Résultat: elles ont fait des ribambelles de chewing-gum et les ont collées un peu partout sur les murs, les meubles, le sol, les tapis, etc.
L’horreur à nettoyer.
On en découvre de nouvelles traces à chaque instant.
Il y a des claques qui se perdent.

Ce matin, j’entend les petites souris grabotter dès sept heures du matin mais je prends mon temps. Petit-déjeuner, encore un peu de crobardage. O. me donne un cours de graphisme accéléré et m’envoie des liens utiles. Vers midi, je décolle. 
J’arrive un peu avant G.
Il a commencé à installer les linges pour le baflage et c’est beau.
On fait un point sur le planning pour cette dernière semaine.
D’ici la fin de la semaine prochaine, tout doit être terminé.
Tissu, plaques de chêne, portes, meuble, tablette, peinture, vernis, électricité.
Dernière ligne droite.

Dans la cour en regardant dans le soleil, on voit des myriades de micro-particules.
Ce sont des résidus cotonneux.
Des pollens d’arbres, sans doute.
Ou de la ouate.
G. pense que les avions à réaction n’y sont pas pour rien.
J’ai vu trente-six chandelles.
Les acouphènes sont aigus aujourd’hui.
Sur des plages de fréquences étendues.
Fatigue et les voix stridentes des enfants n’aident pas.

Je rentre épuisé.
Je fais des courses, épuisé.
Je souffle, je peste.
Je dors dix minutes.
On sonne. L. et H. viennent prendre un verre.
Puis c’est E., pour de la maintenance informatique mais les disques durs ne montent plus.
Je suis sans force.
Mon oreille droite siffle.
J’arrive à peine à tenir debout.
E. reviendra samedi.
Elle oublie sa veste.
On boit un verre puis L. et H. s’en vont. Au cinéma.
J’emmène les filles au parc.
Trente-six chandelles tournent devant mes yeux.
Sur un banc, j’appelle F. pendant que les filles jouent.
On reste un bon moment.
Je me repose un peu.
Toujours des étincelles, quand je me lève.
On passe prendre des pizzas avant de rentrer.
Après le repas, les filles prennent un bain.

Quelques verres de Chardonnay et ça va mieux.
J’achète un abonnement chez un hébergeur internet pour construire un site WordPress.
Je fais mon virement.
J’attends.

L’ATTENTE L’OUBLI

Ce n’est pas parce qu’un ciel bas et lourd pèse sur l’esprit gémissant qu’il faut renoncer à aller faire un peu de gym.
Dont acte.

Je dépose C. en vitesse – il faut que je rapporte la trottinette – et je repars aussi sec.

Passage à la banque pour déplafonner la Master card.
Paypal attend de pied ferme une somme importante.

Quinze minutes de cardio, un peu moins de trente minutes de musculation du haut du corps, quelques assouplissements, hammam, douche et l’on est quitte.
Tout cela en écoutant Les chemins de la philosophie.
Un beau texte de Tocqueville. 
Sujet du bac corrigé: « La politique est-elle affaire de spécialiste ? ».

Il fait gris, il fait beau.
Il fait frais, il fait chaud.

Dans le vestiaire, affluence des grands jours.
Pourquoi ? Mystère.

Mon camarade épileptique – il faudra qu’un jour l’on se livre à une présentation en bonne et due forme, mes camarades de gymnastique et moi – me parle de ses séances au hammam de la Mosquée.
Le temps qu’il faut prendre pour le rituel des bains, la manipulation, le récurage des peaux mortes, l’allongement et la rêverie.
Le temps qu’il faut pouvoir s’accorder.
Mais déjà passer deux heures au club de gym c’est du temps.
Sur le retour, je pose le sac à la maison et vais chercher poupette.

Pas le temps d’aller manger un sushi.
Je file à Montreuil pour réceptionner la livraison.
On ne va pas laisser un Neumann U87, fut-il AI, traîner dans les couloirs.
Alors j’attends la livraison dans la salle associative.
Tutoriel Illustrator puis Protools.

G. arrive vers 13h45.
Se change.
On cause.
Il va couper du bois. J’attends.
Vers 15h30, j’en ai marre d’attendre. M’apprête à aller boire un café.
Discussion avec G.
Devis prévisionnels pour les travaux supplémentaires: le caisson pour le vidéo-projecteur, l’insertion des enceintes, la tablette murale, le meuble sur mesure, le rideau de velour. 
Tout ça qu’il faut maintenant prendre en compte.
Et la main d’œuvre.
Ah…

Sur ces entrefaites, la livraison se présente.
C’est un long carton.
Il y a, entre autres, cinq pieds de micro à l’intérieur, il faut dire.
Je quitte Montreuil.
Une tartelette amandine aux poires sur le chemin, pour me remettre de mon anxiété arithmétique. 
Calculs mentaux dans le métro.
On va s’en sortir.
Rentré, j’appelle G. pour lui demander de mettre le carton en lieu sûr cette nuit.
– CNC, qu’il me dit.
– CNC ?
– CNC.
Alors, bon, CNC. Je regarde. J’écris. À suivre…

Puis je prends rendez-vous avec un technicien d’Orange pour l’installation de la ligne ADSL.
La box doit arriver lundi.
Le technicien mercredi.
Les enceintes partent aujourd’hui.
Le rack de monitoring arrive vendredi.
J’y suis.

EN MÊME TEMPS

C’est un vrai émerveillement de voir les choses se mettre en place.
Les finitions sont engagées.
La climatisation fonctionne et elle est totalement insonore.
La chicane permettant de rafraîchir le vidéo-projecteur remplit son rôle.
L’air circule.

À l’instant, je viens de faire un gros virement en direction du Royaume Uni.
Les enceintes ne vont pas tarder à prendre le bateau ou l’avion.
G. est en train de leur construire de jolis berceaux, à l’instant où j’écris cette phrase.

Il est l’heure d’aller chercher poupette.
Je m’interrompt brièvement, le temps de ce faire.
Un brin de causette avec M., devant l’école.
C. sort. Nous rentrons.
Je ressors faire une course.
Gnocchis, tomates cerises, champignons de Paris, mélange de graines salées, Chardonnay 2009, tapenade, crackers bio aux graines de courges.
Je rentre pour faire cuire des haricots verts à la vapeur, tout en prenant l’apéro.

A midi, après la livraison du meuble technique fabriqué en Roumanie et expédié depuis l’Allemagne, nous étions allés déjeuner au Café Salé.
Environ une demi heure d’attente pour qu’un garçon s’intéresse à nous et encore une heure pour être servi.
Et ils se sont trompés sur la commande de G.
À éviter à l’avenir.
Même si, heureusement, la compagnie était bonne et la conversation nourrie.
Je ne comprends pas très bien comment on pourrait aller plus avant dans l’humiliation.
J’ai du mal à saisir quel comportement est attendu, exactement, de la part d’un client d’une brasserie parisienne, ou assimilée (nous sommes à Montreuil).
C’est un peu comme les services de livraison.
Y a comme du mou.

Avec A., on a fait passer les fils dans les passages techniques.
Tout est prêt pour le 5.1 quand les enceintes seront là.
En attendant, l’on s’émerveillera en stéréo.

FINITIONS

Eh ouais, pour une fois c’est une photo verticale.
Ca arrive.
Tout arrive.
Même ça.

Or donc, ce matin, après avoir déposé C. à l’école, je rentre.
Y. doit sortir, a rendez-vous.
Je passe à la banque. 
Ma carte bleue était bloquée, je ne pouvais plus faire de virement.
Et puis, comme par miracle, tout se débloque.
Un bug du week-end, je dis.
On va faire des courses, avec A., chez Leroy Merlin.
Appliques.
On prend un café au tabac, devant le parc Anne Frank.
On fait quelques crobards pour le logo.

On se sépare: A. va Porte de Champerret pour des roulements de skate board et je vais rue de Rome pour des partitions (pour le cours de piano de C. cet après-midi).
Allez-retour en Vélib’.
Mon sport du jour.
Deux steaks dans l’onglet, de la salade puis tutoriel Illustrator jusque vers 16h.

Je file à Montreuil.
Dans l’avenue Pasteur, je tombe sur O.S. qui, évidemment, habite juste à côté.
A. me rejoint au studio.
Point avec G.
Finitions. Il faut tout dégager.
Je dépose deux cartons chez N.
Demain matin, livraison du meuble, qu’il faudra momentanément entreposer dans le local associatif et mercredi, de nouveaux cartons.

Une petite fille aux dents fraîchement brossées vient lire par-dessus mon épaule.
Charles Trenet, en arrière plan, chante « Je Chante ».
La petite fille chante avec lui.
– Je chante mais la faim qui me poursuit tourmente mon appétit. 
Elle porte un casque qui n’est même pas branché.
Pauvre enfant.
– Allez, va te coucher chérie…
– Non, non, non! Jamais !

Donc, on repasse chez Leroy Merlin en fin de journée pour acheter un seuil de porte et un support de tablette murale. 
Ensuite, je chope des chips et je vais finir la bouteille de Chardonnay en passant mes ordres de virement.

On mange des coquillettes avec C. et on joue à Panic Cafard.
Il est temps d’aller coucher une certaine petite fille.

Demain, demain.

ON PEUT AUSSI POSTER TÔT

Ce que j’ai fait de mieux, je l’ai fait sans réfléchir, me disais-je ce matin en préparant le café.
Je laisse chacun apprécier en quoi consiste ce que j’ai fait de mieux.
Pour moi, j’ai mon idée mais je n’en fais pas état.
Et puis, tant que je suis en vie, cela reste en cours.
In progress.
On laisse.

Ce qui ne veut pas dire qu’en tout temps il vaille mieux agir avant de réfléchir, complétais-je immédiatement.
Et, en toute chose, me disais-je, il n’y a pas de vérité générale, pensais-je.

Il y a que le genre de nature qui est la mienne, me disais-je, s’exprime plus directement, plus complètement sans le filtre inhibiteur du raisonnement, pensais-je.
Mal dit, me disais-je.
À creuser, pensais-je.

Mais justement non, à laisser creuser, à laisser se creuser.
Laisser des processus s’engager, se poursuivre, se développer.
Ne pas absolument chercher à maîtriser.

Ce que je retiens de cette délibération matinale, c’est une confiance primordiale accordée à l’instinct, me dis-je.

Maintenant, il faut se préparer. C’est ma journée de ménage à Montreuil. Rendez-vous à onze heure. Je vais y aller en vélo, me dis-je.

D’abord, lecture du journal en prenant le petit-déjeuner.
Y. se réveille et se rendort.
Hier soir nous étions allés voir M.-A.T. à Ivry, au Théâtre Antoine Vitez et n’étions pas rentrés tard. 
L’on s’était endormis à une heure raisonnable, me semble-t-il, sans avoir cependant vérifié.
C. a dormi chez son amie L.
Vaisselle.
Tout en frottant, faisant mousser, rinçant, séchant, rangeant, j’écoute de vieilles tracklists dans Spotify. Et par exemple à l’instant même un truc qui s’appelle Sigur Rós, un groupe islandais.

Et me viennent des pensées effrayantes, des pensées machiavéliques.
Par exemple: si tu veux briser ton ennemi, ne t’en prends pas à lui mais à ses enfants.
Terrible, me dis-je.
Terrible de penser cela, me dis-je.
Voilà à quoi peut conduire la froide réflexion, me dis-je.
Voilà, par exemple, peut-être, pourquoi parfois ne pas réfléchir…
Etc.

CEUX QUI M’AIMENT LIRONT MON BLOG

Et donc c’était mon premier tour de ménage aujourd’hui.
D’abord, j’avais écopé le sol du local associatif, qui était inondé, probablement suite au premier essai de machine à laver.
Ensuite, j’avais nettoyé le sol du rez-de-chaussée pendant que A. et A. passaient l’aspirateur dans les escaliers et dans l’ascenseur.
Pas de nouvelle de G.
A. dort probablement.
Je n’ai pas les clefs.
Je suis enfermé dehors.

P. et R. m’invitent à déjeuner.
On mange sur la terrasse.
Des tas de trucs délicieux.
Des pâtes de la Sarthe, du saumon fumé, des tomates mozzarella, des lentilles en salade, du Saint Nectaire, un petit Côtes de Bourg, du poulet froid, du saucisson sec, etc.

Avec P. on échange nos points de vue, convergents, sur Les gardiens de la galaxie 2.
On boit du café.
Z. arrive.
P. prend une douche.
Des amies entrent et sortent.
Préparatifs de fête.
Il y a l’anniversaire du fils d’une amie de R. dans le local.

On boit le champagne dans la cour avec P.
Puis on monte sur le toit pour tondre le gazon.
G. et M. arrivent, pour finir le plancher et vernir.
On fait un point.
Rendez-vous demain.

Je rentre. 
C. veut que l’on fasse un saut au BHV.
Alors on y va.
On achète un jeu de société. « Cafard » quelque chose.
De retour.
J’ouvre une bouteille de Chardonnay, des crackers bio et je me mets à la cool.

Je repense au 23 avril.

JE REPRENDS

Allez, me dis-je. 
Allons, me dis-je.
On ne peut pas mollir. Il faut continuer. Aller de l’avant. En marche. Marchons.
Et pour commencer, aujourd’hui c’est samedi.
Le soleil se fait sentir à travers les stores.
Mais je ne veux d’abord pas me lever.
Je reste comme prisonnier de la géométrie d’un rêve dont je ne connais plus les bords.
Il y a des mouvements, des tensions et une logique mais je n’en ressens que les conséquences indirectes. Elles se traduisent par une sorte d’inquiétude vague et de torpeur musculaire.
Tout cela me mène à huit heures cinquante trois.
A ce moment là je prends conscience du fait que cela fait bien une heure que je rumine la même phrase: « À gauche, des imbéciles et des hypocrites; à droite, des psychopathes et des ordures. »
Et d’ailleurs ce n’est même pas une phrase.
Je titube vers un café.

C. est déjà levée et regarde des dessins animés sur l’iMac.
Je lui fais remarquer que ses cheveux sont gras et qu’il faudra les laver avant de partir pour l’anniversaire de L.

A propos d’anniversaire, me dis-je, il faut acheter un cadeau pour L.

Et puis je me prépare des oeufs sur le plat avec de la poitrine fumée et du piment d’Espelette.
Après le café, zou, nous partons avec C. chercher un cadeau pour L.
Direction le petit magasin de jeux de la rue Saint-Martin.
Le patron est là mais il n’est pas ouvert qu’il nous dit.

Mais comme la porte du magasin est ouverte, C. est déjà entrée et farfouille.
Alors le patron dit que si on trouve notre bonheur, après tout, hein…
Alors on trouve notre bonheur.
Et notre bonheur est une boule en plastique transparent.
Et notre bonheur coûte trente euros.
Bon, qu’il dit.
OK, qu’il dit.
Et clic-clac, le tiroir-caisse.
Et on retourne dans le soleil et la fraîcheur.

Là-dessus, on repasse chez Leroy Merlin, pour une nouvelle poignée de porte.
On en profite pour essayer les cabines de douche.

Retour maison.
Lavage de cheveux.
Empaquetage.

On sort manger des chirashi et je dépose C. chez sa copine J., avec qui elle se rendra à l’anniversaire.

Ensuite, je fonce à la gym.

Quarante cinq minutes de cardio, circuit dos, quinze minutes de jambes, quinze minutes de gainage, stretching, sauna, douche, back home.
J’arrive vers quinze heures.

G.P. appelle.
Il est en retard.
– Pas la peine de passer aujourd’hui.
– J’irai demain, je dis.
– Parfait, il dit.
– Super, je dis.
– Tope-là, il fait.
– Si fait, je réponds…
Etc.

Bon, des courses.
Ensuite, théâtre à Ivry.
Tapenade et crackers.

Hier, me dis-je, hier.
J’ai oublié de parler de hier, me dis-je.
Je parle toujours d’hier, me dis-je, pensais-je.
Hier, c’était vendredi comme tout le monde a oublié.

Le truc le plus significatif c’est qu’E.B., me lisant, pense que je suis tristoune et qu’il sied de m’inviter à déjeuner.
Si j’avais su que l’on obtenait de tels résultats en se plaignant publiquement, je ne me serais pas gêné.
Et je ne m’étais guère plaint, cependant.
Je ne me sentais pas triste.
Simplement un peu esseulé, un peu abandonné.
Mais c’était le Nord, c’était la fin de l’année, c’était une école d’art mal dotée, qui a vécu sans se retourner.
En tout cas, merci E.B. et merci la belette et merci le castor (je ne sais pas quel petit nom on donne à A. mais le castor et la belette ça va bien ensemble).
Avant et après, il y avait eu un peu de montage son et de mixage avec K.K. puis le train Dunkerque-Paris. Tutoriel Protools sous légère somnolence.
Paris était frais et encore humide.
Un soleil promettait quelque chose pour dans pas longtemps.
La vie était encore belle.
Il y avait encore des espaces à conquérir et des châteaux à prendre.
Des princesses et des dragons.
Des forêts enchantées.
Une place au coin du feu.
Un regard, un sourire, une voix.
On pouvait encore.
Pour combien de temps ?
On verrait, me dis-je, pensais-je.

YOUTH HOSTEL THURSDAY BLUES

Cette fois-ci, encore, j’avais pris le train de 7h46 et j’ai bien fait.
Prendre le 6h46, pour arriver à 8h30 est désormais sans objet.
Il est acquis que personne ne se présentera jamais à 9h au cours du jeudi matin.
9h30 est un minimum et le 7h46 me permet d’arriver à 9h30.
Donc ce sera désormais le 7h46.

Ce qui ne change rien au fait que, hier encore, je suis arrivé à 9h30 pour m’asseoir dans une salle vide, où je suis resté jusqu’à 10h40, m’assurant que, décidément, personne ne serait présent. Je suis alors monté en vidéo et ai travaillé jusqu’à midi.

Suis sorti déjeuner.
Menu 9 au Tokyo.
Journée protéines.
De retour à 12h40.
Je m’installe de nouveau en salle vidéo et travaille.

A 14h j’ai rendez-vous avec C.L.
On peut dire que j’ai du temps à lui consacrer, puisqu’on passe presque deux heures trente à réfléchir à la présentation de ses travaux au DNSEP.
Après quoi, il est temps de rentrer à l’Escale.

Chambre 326.
Il y a des remontées méphitiques (ou putrides) dans la douche.
La porte d’entrée ne ferme pas correctement. 
Il faut insérer la carte pour la fermer et pour l’ouvrir.
Bon.
Deux lits.
Il y a du réseau.

Lecture des mails.
Les livreurs de Chronopost et de GLS se sont cru autorisés de déposer mes colis sur la voie publique et de repartir.
Heureusement, des voisins attentionnés les ont recueillis.
Merci N. ! Merci P. ! Merci L. !
Je passe la fin de l’après-midi au téléphone avec le SAV de Woodbrass.
C’est un peu dingue, quand tu commandes pour huit mille euros de matériel, d’apprendre que les mecs ont tout bonnement posé les paquets, qui sur la boîte aux lettres, qui sur la coursive du quatrième étage (!) et se sont tranquillement dit que leur boulot était fait.

Ce matin, A. va récupérer le colis de la coursive, pour voir ce qu’il y a dedans, qu’on rigole.

Ensuite, courses à l’épicerie du Grand Large.
Il y a du vent et pas mal de joggers.
Je prends des udons pimentés, du jambon, du fromage, de l’eau et du coca zéro.
De retour dans la 326, soirée Netflix avec la deuxième saison de Fargo.
Puis j’écoute Aimé Césaire en m’endormant.
Je me réveille, je remets la radio.
C’est JLG, à Cannes. Il y a longtemps.

Quand la radio s’arrête de nouveau, je ne dors toujours pas mais je ne relance pas.

Ce matin, des ribambelles de jeunes anglais dans le réfectoire et les couloirs de l’auberge.
De quoi remplir à ras bord les deux cars qui attendent devant.
J’avale le petit déjeuner et zou vers l’école vide.
J’y suis.
On s’habitue au vide.

Au boulot.

L’ENNUI DES IMMORTELS

Encore un avant-goût d’été aujourd’hui.
On ne s’en plaindra pas.
Je suis réveillé à sept heures par les appels de C.: « Papa! Papa! », hurlés depuis sa chambre.
À la fois ça m’énerve et ça m’enchante.

D’autant que je titube hors d’un rêve dans lequel, à la suite de je ne sais quel progrès technologique, l’espèce humaine était devenue virtuellement immortelle. C’est-à-dire que, si aucun accident ne s’opposait au calme cours des choses, nul vieillissement et nulle maladie n’étaient plus à craindre.
Très vite, les immortels s’ennuyèrent et se mirent à jouer à des jeux dangereux.
Par exemple à se faire perforer les os par des serpents venimeux qui, parfois, crachaient d’un coup leur venin mortel (y compris pour les immortels).
Les os perforés ressemblaient à des flûtes et étaient fièrement exhibés.
Le fin du fin était de partager un serpent entre deux corps et de mourir d’un coup ensemble si d’aventure le venin se mettait à couler.
Tout cela dans un grand rire liquide.
Dans un souffle clair vibrant à travers les tubes creux et percés.

Donc, je me réveille de ça.
Et je titube, naturellement pendant que C. m’appelle: « papa! ».
Et ça m’enchante.
Et ça m’énerve.

Café, tartine rôties à la poêle.
Beurre. Morbier.
Une crapette et il est l’heure d’y aller.

Semaine à thème à l’école cette semaine.
Comme je suis un mauvais parent, je ne sais même pas quel est le thème. Chut…

Ensuite, un peu de travail à la maison puis rendez-vous banque pour négocier un découvert et un petit emprunt supplémentaire pour l’achat du matériel.

Ensuite, je file au studio.

J’y retrouve G., M. et son frère.
Le tableau électrique est installé.
Les douilles sont en place.
Les prises en chemin.
Tout roule.

On parle meuble.
J’ai passé toutes mes commandes de matériel.
A. se pointe sur ces entrefaites. 
Look banzaï.
Genre karaté.
Un genre comme ça.

J’appelle Londres, pour les enceintes.
Londres se veut rassurant.
Je suis juste un peu dépendant de l’agenda des Pink Floyds.
Bon.
On va manger au restau coréen.
On cherche un nom.
On se dit Sonar Mix.
C’est bien ça, Sonar Mix.

Sonar Mix, auditorium de mixage et de mastering pour la musique, le cinéma, la télévision, l’audio-visuel et le multimédia.

Et on se met à gribouiller des logos dans le métro.
Il faut aussi une solution simple et élégante pour le site.
À République, on splite.
Je prends la 3, direction Gallieni.
Descente à Porte de Bagnolet.
Je récupère un Herman Miller Aeron Posture Fit, que je rentre monter sur le fauteuil, après être allé rendre une paire de poignées de portes chez Leroy Merlin (les serrures ne correspondaient pas au modèle de cylindre).

Ensuite, suis allé chercher C. au conservatoire.
On est allé s’acheter des glaces et nous sommes rentrés.
Et maintenant, je me dis que c’est un peu l’heure de l’apéro.
Hop.
Un petit Chardonnay et des cacahuètes.