
Et tout à coup il se dit qu’il n’avait rien posté depuis quatre jours.
Cela commençait à faire beaucoup, s’était-il dit.
C’était sans importance, mais cela commençait à faire beaucoup.
Et donc il se demanda pourquoi.
Il se demanda comment.
Comment se fait-il que ?
Pourquoi ce ?
Bref, il fallait rétablir le fil du récit, combler les manques, boucher les trous.
On pourrait commencer en partant de là où l’on se trouve et revenir en arrière de proche en proche.
Tout en écrivant cela, il pensait à la bouteille de Chardonnay qu’il venait de mettre au freezer quelques minutes plus tôt.
Attendre suffisamment pour que le vin soit frais mais ne pas l’oublier là.
Il avait reçu la poignée de remplacement commandée sur le site d’Electrolux-Arthur Martin le matin même, en conduisant sa fille à l’école.
Il aimait l’idée qu’un autre que lui, qui était le même pourtant, parlât de lui à la troisième personne du singulier.
Il trouvait ça chic et choc.
La bouteille, se dit-il.
Et, se levant pour l’aller quérir, s’apprêtant à se lever, quittant le clavier, il se dit que cette phrase pouvait bien s’arrêter là.
Et hop, tchin tchin. Ce n’est pas frais frais mais c’est tout de même bien agréable.
Bon, pas de chichi, que je me dis, assez de salamalecs.
Donc, cette journée avait commencé par une poignée de frigo suivie d’une séance modique de gymnastique, de la rédaction d’une lettre à l’intention du Président de la République, d’un aller-retour à Montreuil pour aller admirer le ouatage des murs et installer la Livebox, d’un certain nombre de coups de fils, e mails, envois postaux et virements bancaires, d’une dépose de C. au Conservatoire à 15h30, d’un retour pour l’aller chercher à 16h45, en compagnie de L., où nous retrouvons I. et A. pour aller au parc, s’étant arrêtés pour des glaces aux bonbecs.
Tiens, me dis-je, E.N. avait dit mercredi et puis plus de nouvelles.
E.N. était constante dans son absence, me dis-je.
E.N. était absente par définition, ajoutai-je.
Il fallait envisager E.N. en tant qu’absente, complétai-je.
Mais, que ce soit E., V., M., A. ou autre, je ne constatais finalement qu’absence autour de moi. Solitude et absence. Alors, me dis-je, oublions tout ça.
Oublions même le soleil, même les fleurs, même les promenades.
Concentrons nous sur le travail, me dis-je.
Rien d’autre, me dis-je.
Vivre et tout ça, c’est pour les couillons, me dis-je.
Travailler, me dis-je.
Et c’est tout, me dis-je encore.
C’était pour ça, me dis-je.
Pour ça, ce silence.
Silence de bon sens.
Et avant, il y avait eu mardi.
Tourcoing, l’assemblée générale, comité de salut public d’où la lettre à E.M.
Content de recroiser I. et de repartir au quart de tour, comme en quarante.
Une double Grimbergen à la gare avec O.
Le train. Ecrire dans le train. Ecrire sur du vent.
Et avant, il y avait eu des jours.
Des jours vides remplis de projets.
Des heures à lire et à apprendre.
A regarder le plafond.
A se dire que bon ça suffit.
Qu’il faudrait s’y mettre enfin.
Le dos, la fatigue mais ça va mieux.
L. m’a prêté un coussin de massage.
J’ai fait mon circuit dos.
Ca va mieux.
Ca va bien.
Et merde.