ONCE UPON A TIME

C’est le printemps, il n’y a pas de doute, même si dès jeudi on perd dix degrés et qu’il se remet à nous pleuvoir sur la gueule.
C’est le printemps et même c’est l’été, allez!
Le soleil est là et les jolies filles sont de sortie.
On gazouille comme des moineaux dans le contre-jour.
Les touristes sortent en meute.
C’est le printemps et c’est Paris. 
Paris au printemps et voilà.

Je dépose C. à l’école et j’y retourne pour apporter son cahier de maths et son cahier de liaison, qu’elle avait oubliés.
Oui mais je tombe sur un exercice d’évacuation.
Toute l’école est dans la rue.
La classe de C. est dans la rue de la Verrerie.
Je repère A., la maîtresse, puis C.
Je tends les cahiers et poursuis ma route.

Direction, le club du gym.
Cardio et puis trente minutes de musculation.
Hammam et back home.

J’étais passé chez Dyptique reprendre un flacon de l’Autre.

il faut que je pense à un diffuseur d’essences naturelles pour le studio et puis à un bonsaï.

Steaks, haricots verts.
Tableaux Excel, mails à la banque, deal divers.
Prises de rendez vous pour aller demain chercher une surface de contrôle à Boulogne Billancourt et un renforcement lombaire pour le fauteuil à Pelleport.
Je passe à la banque demander qu’on me renvoie le code de la Business Card.
Passe prendre C. à l’école à 16h30 pour le cours de piano au Conservatoire.
Il faut que j’aille acheter Micro Jazz Absolute Beginners Vol 2.
Demain.
Demain, j’en ai des courses à faire.
Et aussi un verre blanc de 15mm d’épaisseur pour la vidéo projection.

On attend la nomination du premier ministre.
Et puis voilà, c’est le poulain de Juppé.
On s’y attendait.
On espère que c’est la bonne stratégie.
Que les jeunes de droite vont vouloir rejoindre et que les vieux seront forcés d’emboîter le pas. Que les jeunes de gauche feront pareil, puisqu’il n’y a plus de gauche.
Et que le reste s’effondrera, puisqu’il s’est déjà effondré.
On espère. On ne peut pas faire grand-chose.
On se concentre sur autre chose.

En rentrant du conservatoire, avec S. et L., on tombe sur E., A. et Z.
On va boire un verre (Gerwurtztraminer pour moi). Les enfants prennent de la grenadine.
Ensuit, on achète de l’ail, des cerises et une bouteille d’eau et on rentre se préparer des gnocchis.

En fin de soirée, P. vient chercher une perceuse.
On va boire des coups près du parc Anne Frank.
Chardonnay pour moi Heinneken pour P.
C. appelle pour me demander de rentrer pas trop tard et de venir l’embrasser en rentrant.
Oedipe à mort.

Échanges avec V. Acouphènes in et out. A droite, en continu, à gauche de temps en temps. Toujours 16000 hz.

Les oiseaux gazouillent sur la terrasse. 
Je rentre vers 22h.
Un épisode de la deuxième saison de Fargo.
Dodo, bientôt.

C’EST POUR LE KALÉIDOSCOPE OU POUR L’ÉNIGME ?

Pour commencer, j’étais allé faire de la gym, mon emploi du temps chargé cette semaine m’ayant empêché d’être aussi assidu que je l’aurais souhaité.
Cardio, circuit dos, jambes et gainage.
Et ça va tout de suite mieux.
Demain, la suite.
Rentré vers midi trente à la maison.
deux trois courses pour remplir le frigo.
Onglet-courgette.
Un verre de blanc et deux rondelles de saucisson.
Après le déjeuner, on part avec C. faire un saut au studio.

C’est beau.
Le plancher est posé, l’ossature interne a bien avancé. M. a commencé à poser les laines de roche. G. a fabriqué un caisson pour le vidéo-projecteur. Y. a prévu les aérations.
G. a posé des plaques de bois pour recevoir les lampes, les prises, etc.

Ca se dessine vraiment.
Ca devient réel.

On reste juste un moment puis on va s’acheter des petits gâteaux que l’on va manger au bar des Indécis. Ensuite, on rentre à la maison avant de repartir une heure plus tard pour la place d’Italie. C. voulait voir ses cousins, alors je la dépose puis je rejoins P. à Crimée, c’est à dire à l’autre bout de la ligne 7. 

Quand je raconte à ma sœur mon idée pour le nom du studio (Adansonia Digitata Studio), elle me rappelle que l’été dernier j’avais fait un rêve dans lequel j’appartenais à un groupe qui avait un nom super mais elle ne s’en souvient plus et moi non plus. Damn.

On va manger des trucs délicieux dans un restaurant au bord du canal. On boit du blanc et je suis vite pompette. P. aussi. On marche le long du canal jusqu’à Stalingrad et retour jusqu’à chez P. Je dois pisser toutes les quinze minutes. L’effet diurétique du thé vert bu dans l’après midi, plus le vin, plus l’âge sans doute. Misère.

Je raccompagne P. chez lui. Dernier pissou puis je trace jusqu’à Gare de l’Est où je choppe un vélib direction maison. Pendant tout ce temps, échanges agréables avec V. On trinque à distance. Rentré. Un peu d’ordi et dodo.

UNE NUIT AILLEURS

Comme cela arrive de temps en temps, j’avais tardé à réserver une chambre à l’Escale et l’auberge de jeunesse était complète.
J’avais donc essayé quelque-chose de nouveau et ce n’était pas très cher.
30 euros pour une nuit dans cette maison d’hôte, située au centre de Dunkerque.
L’ambiance est familiale.
Beaucoup de migrants qui ont ici une chambre à la semaine ou au mois.
On parle toutes les langues.
Chacun fait sa popote.
On se partage la salle de bain.
Stratège, je suis allé prendre ma douche à six heures du mat et me suis recouché.

Hier soir, grand raout culturel, d’un musée l’autre. 
De cocktails en pince-fesses.
Je ne me souviens de rien sauf d’avoir mangé trop de pain-surprise et bu trop de champagne.
Rentré en DK vélo et somnolé en écoutant la radio.

Ce matin, travail avec M. autour de son mémoire, dont il faudrait commencer par trouver le sujet. Ensuite un peu de montage avec L., avant de rejoindre A. pour déjeuner au Cachemire, prêt de la tour de Reuze. Un café puis retour à l’école pour un après-midi tranquille, ponctué de rendez-vous intermittents.

Il est l’heure de rentrer tôt, bientôt.

LUCY IN THE SKY

On dira ce qu’on voudra, mais les installations vidéo interactives de Peter Campus c’est du nanan pour les enfants. Avec C., on s’amuse un moment à passer, repasser, valser, se superposer.
Aujourd’hui, c’est l’été.
17°C. 

D’abord un peu de gym ce matin vers 10h. Puis rendez-vous chez Jeannette avec A. pour discuter de la promo vidéo de son concept rouge baiser. On tombe en pleine campagne Macron.
Il fait beau, c’est joyeux.
Oeufs Benedict, café à gogo, fromage blanc, salade de fruits.
On papote joyeusement. De tout et de rien.
A côté, un couple de belges. On parle des avantages et désavantages comparés de la monarchie et de la république. 
Il est convenu de se revoir début avril, pour tournage deuxième quinzaine, je l’espère après les travaux.

A. m’accompagne un bout de chemin avant de rentrer voir les derniers épisodes de la série Braindead tandis que je vais chercher C., son vélo et un Vélib, direction la Galerie du Jeu de Paume. 

En sortant, on rejoint D. et A. pour un tour de grande roue, des barbes-à-papa et on rentre bien épuisés. Un petit passage chez Chacun ses goûts pour un petit yoghourt glacé reconstituant et hop, un bain chaud pour C., une carte postale pour M., trois courses chez Franprix puis il est temps de faire à dîner.

SHOPPING

C’était l’été, tout à coup. 
Il faisait beau, même s’il faisait frais.
J’avais déposé C. à l’école et filé direct à Montreuil.
Un café allongé au Café Salé, pour le soleil, mais je préfère Les indécis, pour le personnel.
Lecture du Monde.
Le vieux monde se déchire, E.M. a toutes ses chances. C’est bien.
Le pauvre E.V. fait pitié. On lui souhaite de savoir se reconvertir.

Passage au studio. G. et M. sont en train de faire des calculs.
J’en profite pour appeler mon banquier.
Il est euphorique:
– Vous avez besoin de trésorerie ? Allez-y, je vous fais une autorisation de découvert.
– Good, je dis.
Alors je commence à acheter des trucs: un écran de cinéma, un Mac Pro, un meuble de studio.

On fait un point avec G. sur le mobilier, l’éclairage, les couleurs, les portes, les poignées.
L’électricien doit passer dans la journée.
M. va commencer à installer les laines dans les murs.

Je passe chercher C. à l’école. 
On va déjeuner au restau japonais en face de la maison, comme tous les mercredis.
Comme tous les mercredis, il y a la même dame avec sa petite fille, qui déjeune dans le même restaurant à la même heure.
Cette fois on se parle.
La petite fille, N., qui a sept ans, voudrait faire du piano.
Je prends les coordonnées de la maman pour lui envoyer celle de V.
Et je parle à la dame du projet du studio.
Il se trouve qu’elle est la sœur de G.M.-V.
Dingue.
On se reverra mercredi prochain.

On rentre, un café.
Je passe mes commandes.

A. appelle. 
Il vient et m’attend au bar à l’angle Rambuteau et Beaubourg.
On le rejoint avec C., pour faire du repérage d’appliques lumineuses, de dalles de moquette et de poignées de portes chez Leroy Merlin.

Ensuite, on dépose C. au conservatoire et on va repérer des tabourets de bar et des fauteuils d’appoint chez Conforama.

On passe chez Habitat.
C’est cher et il n’y a rien de bien.
On nous offre un café imbuvable. Amer et sans goût.

On va en boire un vrai, le temps de faire le point avant d’aller chercher C.
I. et son papa sont là.
On va ensemble s’acheter des glaces et on rentre tous à la maison.

I. et C. jouent pendant qu’on cause musique et son avec A en buvant du thé vert rapporté de Chine par L.
Sur le conseil d’A., j’écoute en ce moment Colin Stetson, au saxophone appareillé.
Je pense à John Hassell. A. me dit Evan Parker.
Je note.

M.T. m’a écrit.
Les ATC sont revenues de révision. 
J’ai les photos des cartons.
J’attends des nouvelles du centre et du caisson de basse.
– Don’t worry, let me handle this…
– I’m very interested in the sub and the center. This is a film mix configuration…
– You’re going to own the very best sounding studio in France…

Yes, indeed.
Fuck yes.

CONFIDENCES

Ce matin, comme je m’y étais engagé, je suis allé donner un coup de main à A., la prof de musique, pour diriger les répétitions d’un mini-opéra donné par les élèves de CE1.

Je n’avais pas compris qu’il m’incombait d’en créer la mise-en-scène.
Il y a eu comme un blanc, puis j’ai plongé.
Et c’était assez drôle, bien qu’épuisant.

Les enfants ne peuvent se concentrer plus de quelques secondes mais arrivent à mémoriser rapidement et parviennent à vous écouter tout en ayant l’air de faire tout à fait autre chose.
Et c’est un fait: ils font tout à fait autre chose et ne vous écoutent pas du tout.
Mais ils vous entendent et intègrent ce que vous avez dit.
Sans le savoir, sans le vouloir et ça passe.

Au bout de deux heures de ce traitement, j’ai un peu la cervelle en compote.

Le soleil brille et il fait froid, ce qui est toujours une bonne chose.

Je rentre préparer le rôti pour le soir, taper deux ou trois mails, passer quelques coups de fils. 

A treize heures trente, je mange un bibimpap bœuf à la terrasse du restaurant coréen de l’avenue Pasteur à Montreuil.
A. m’y rejoint. On se prend un café au Tabac des Indécis.

Ensuite, direction le studio.
M. est en train de terminer de poser le parquet.
On papote, on admire.

Ensuite, on reprend le métro et l’on va s’installer près de République à une terrasse pour travailler.
Au soleil ça tape, à l’ombre ça caille. C’est ainsi.

On cherche un logo pour le studio et des fauteuils de bar pour les clients, de manière à ce qu’ils puissent regarder les films par-dessus la tête des mixeurs et travailler sur une petite tablette servant de bar en fond de salle.

La journée est traversée par la recherche d’un écran pour le studio.
J’avais envoyé une dizaine de demandes de devis hier soir et j’obtiens trois réponses.

A la terrasse du Blanc Cassis, qui ne brille pas par la fulgurance de son réseau Wifi, je finirai par m’arrêter, après quelques coups de téléphone, sur un écran sans bords Screenline White Fashion micro perforé de trois mètres soixante de large sur deux mètre deux de haut.
J’envoie dans la soirée les fiches techniques à G.

On en cause demain matin et si tout colle j’envoie les bons de commande.

Toujours en attente des ATC.
J’harcèle tranquillou, comme dit O.
J’harcèle doucement.
Mais fermement.
Opiniâtrement.

Pensif dans le métro je me disais que certaines personnes sont ainsi faites qu’on ne peut rien faire pour elles, à part les oublier. 

Parce que leur volonté est grande, parce que leur exigence est forte, parce que leur curiosité avérée se trouve circonscrite à l’irréfragable délinéation de leur méfiance, parce que la dureté de l’ordre qu’elles s’infligent se traduit par une inaptitude à la douceur et les livre à un désordre profond qui les vide de l’intérieur, parce que la violence des règles qu’elles se prescrivent leur interdit toute joie réelle et les condamne à une cruauté sans éclat, parce que la raideur de leurs principes les dépossède de toute jouissance créatrice, pour toutes ces raisons, je ne leur dirai pas ce qu’elles ignorent d’elles-mêmes et que moi j’ai vu. Je ne leur dirai pas les beautés et les délicatesses que recèlent leurs âmes, que trahissent leurs gestes, que révèlent leurs regards. Je ne leur dirai pas parce qu’elles seraient capable de le retourner contre elles-mêmes et je ne leur veux aucun mal. Elles s’en veulent bien assez toutes seules pour que l’on n’ait pas envie d’en rajouter.

J’ai quand même un peu mal aux lombaires, me dis-je. 
Il n’y a pas toujours assez d’heures dans une journée et demain cela risque de tourner court aussi. Il faut pourtant que je trouve le temps d’aller faire un peu d’exercice.

Demain matin, Montreuil, banque, fauteuils, écran, enceintes, achats.
Same old.

C. est toute contente d’avoir récupéré le vieil iPod Touch qui traînait dans un tiroir depuis 2010. Elle écoute les Beatles en boucle dans son lit.

Bon, un épisode de Better Call Saul et au lit.

QUEEN MUM STYLE

Je vis depuis quelques jours, quelques semaines, avec un acouphène dans l’oreille droite, autour de seize kilo hertz. 

Pour ne pas dire de bêtises, je viens de vérifier en ouvrant un oscillateur en sinusoïde dans Logic Pro
C’est bien exactement du seize kilo hertz.
Ce matin, je me demande si le niveau n’a pas légèrement baissé. 
Il peut très bien s’agir simplement d’un effet d’accoutumance.

La page Wikipédia consacrée aux acouphènes précise, comme l’on s’y attend, que l’usage d’écouteurs serait une cause probable.

Fini le HD205. Au rebut.

Dorénavant, les tutoriels de mixage seront faits au moyen des haut-parleurs.
Dommage pour mon entourage.
Hélas pour moi.

À propos, il faut que je harcèle l’Angleterre aujourd’hui.
Le huit mai, jour commémorant la capitulation de l’Allemagne en 1945, n’est pas un jour férié pour la perfide Albion. 
Je vais donc, dès dix heures au méridien de Greenwich, m’enquérir de mes écoutes.
D’abord savoir s’il y en a deux ou quatre, c’est important.
Ensuite, si le prix comprend leur transport ou pas, ce qui change la teneur en sel de la note.
Enfin, avoir une idée de la durée prévisible de l’attente.

En attendant, me dis-je, regardant par la fenêtre la naissance d’un jour gris – mais cela n’a aucun rapport, pensais-je – le moins qu’on puisse dire, c’est que l’élection, hier soir, d’Emmanuel Macron ne semble pas susciter un enthousiasme populaire massif.

Un brouillard épais plane en particulier sur la capacité du nouveau président à rassembler une majorité autour de son projet, si l’on peut parler de projet à ce stade, aux législatives de juin, me dis-je.

Je suis content, mais je me sens seul, me dis-je.
Mieux vaut se concentrer sur la construction du studio, me dis-je encore.

Et la grisaille froide, bien que sans rapport, n’améliore en rien cette sensation, suis-je obligé d’ajouter, me dis-je.

Et je tousse, me dis-je. Je suis bientôt mort, me dis-je. Vite, un café, me dis-je.
Sortir faire de la gym, me dis-je.

D’abord terminer ceci et puis hop dehors la gym, me dis-je.

Hier, Z.L. était venu déjeuner.
J’avais préparé, à la volée, des linguines au figatellu, ail, tomates, basilic, relevés d’une pointe de piment d’Espelette et d’une généreuse application de parmesan fraîchement râpé.

Avant, bien sûr, nous étions allé voter, avec Y., à l’école St-Merri.

Voilà que je prends de dangereuses libertés avec les strates temporelles et la concordance des temps, me dis-je.

Dans l’isoloir, j’étais tombé sur un bulletin « Emmanuel Macron » laissé à dessein, bien en évidence sur la tablette, et je m’étais dit que c’était bien là un trait caractéristique de l’esprit Front National.

Et puis ensuite, plus tard, je m’étais encore dit qu’après tout n’importe qui n’aimant pas Emmanuel Macron et ayant décidé de voter blanc aurait pu faire le même geste.

On n’est plus sûr de rien, m’étais-je dit plus tard, me dis-je.

Puis, Y. était allé à la mairie du 4e voter par procuration pour L.B. et j’étais allé faire trois courses entre deux tutoriels consacrés à la réalisation d’un logo dans Illustrator.

Il faut préciser que la nuit de vendredi à samedi avait été partiellement occupée par la recherche d’un nom pour le studio. M’était venu, au cœur d’un non-sommeil plein de fièvre, ce nom: Digital Bonsaï.

En me réveillant samedi matin, si l’on peut parler de se réveiller d’une nuit sans sommeil, j’avais tapé ces mots dans le moteur de recherche Google et hop, évidemment, ça existe déjà. Bonzaï Digital, en réalité et il s’agit d’une société de service conseil en e-marketing récemment acquise par TF1.

Bien, m’étais-je dit.

Regardons « Digital Baobab », m’étais-je dit.
Ca existe également et, cette fois, nous sommes en présence d’un conseiller en gestion des affaires situé à Londres.

Que cela ne m’empêche pas de continuer à suivre des tutoriels consacrés à la réalisation de logos dans Illustrator, m’étais-je dit.
Laissons la recherche d’un nom pour le studio se dérouler en tâche de fond, m’étais-je dit.

J’en étais là de mes réflexions, lorsque Z.L. est arrivé.
Donc, nous avons déjeuné, pris un café et puis L. a déposé les filles et nous sommes partis pour Montreuil.
Z.L. me parle d’un projet d’enseignement du son en Chine.
Je propose à G.P. le projet de la création d’un studio à Pékin.
Le dossier est lancé.
La deuxième ossature se dessine. 

En fin de journée, G. m’annonce la largeur d’écran disponible et, au vu de la distance de projection (entre quatre mètres trente et quatre mètres cinquante) et de la fiche technique du vidéo projecteur, nous avons affaire à un écran de trois mètres soixante de base et les enceintes se trouvent désormais placées à l’arrière.

Tout cela est bel et bon.

Ensuite, tout s’est enchaîné très vite.
Surtout le fromage, les charcuteries, le vin blanc et le champagne.

C’est surtout un score moins élevé qu’attendu du FN qui est célébré.
Je ne dis rien, m’étais-je dit.
On ne parle pas politique, m’étais-je dit.
Et P.G. aussi avait dit cela juste avant de parler de politique.

Comme toujours, précisément au moment où l’on s’apprête à parler de politique, on se dit qu’il faut surtout ne pas parler de politique, m’étais-je dit, me dis-je.

J’avais réactivé Facebook mais j’avais presque aussitôt été amené à désactiver, après avoir constaté que prévalaient encore et toujours les mêmes complaintes, les mêmes perceptions partielles et auto-centrées, les mêmes témoignages d’égocentrisme primaire.

Surtout, je n’y apprends rien, me dis-je, n’y constate que de fatigants exercices d’auto promotion, de naïves exhortations au partage de projets illusoires, nés d’une contemplation excessive d’hologrammes et n’en recueille qu’un pénible sentiment de consternation, me dis-je.

En moins de dix ans, les réseaux sociaux sont devenus aussi difficiles à supporter que la télé, me suis-je dit.

Et P.G. m’a fait remarquer avec justesse que TF1 était désormais moins irregardable que France 2. Et c’est vrai.

À l’instant, les résultats sont E.M. 66% et M.L.P. 34%.
C’est encore beaucoup trop de voix pour les néo-nazis.
Misère.

Je vais faire des courses pour le petit-déjeuner des enfants.
Des crêpes Waouh.

ACHATS

Et voici ce dont mon dos avait besoin.
Un fauteuil Herman Miller Aeron, trouvé d’occasion sur le Bon Coin.
Je vais le chercher en début d’après-midi à la Porte de Bagnolet et le ramène à la maison en métro.

Avant cela, j’étais allé faire une demi-heure de cardio, le circuit spécial-dos et un quart d’heure de gainage, j’étais rentré manger un steak dans l’onglet et avais progressé dans le tutoriel consacré à Illustrator.

M.S. m’aide à trouver un nom pour le studio.
ADS, c’est à dire Adansonia Digitata Studio, Andansonia Digitata étant le nom scientifique du baobab.

Je travaille cinq minutes à la maison pour essayer le fauteuil. 
Dommage de ne pas pouvoir le garder aussi pour la maison.
J’en prendrais bien un autre.
Vers 16h30, je pars pour Montreuil.
Il y a une manif à République. La station est fermée.
Je prends par Nation.

M. et G. ont commencé à poser le plancher et le bafflage est défini.
On trace les limites de l’écran et la ligne de projection.
Il va falloir que j’aille voir le banquier pour financer l’écran.
Demain.

HACKING SOCIAL

Au niveau des yeux qui piquent, de la gorge qui brûle, des muscles qui tirent, du dos qui soupire, des mâchoires qui grincent, de la tête qui bourdonne, c’est pas la joie, c’est pas la joie.

Attrapé la crève à Dunkerque. Il faisait froid, en plus du reste et, par mesure d’économie, on ne chauffe pas en mai. 
Heureusement, vendredi était plus vivant que jeudi. Le cours de troisième année est toujours une bénédiction pour l’âme désolée.
Je dois aussi avouer une certaine immodération à l’apéritif hier soir, en compagnie de P.G. à la Chaufferie, où nous nous retrouvons vers 19h. 
C.M. finit par arriver à 20h20 mais je dois partir très rapidement, pour passer chercher C., qui est chez sa copine B.
Moyennant quoi, ce matin, c’est paracétamol et ibuprofène. 

Pas de nouvelles d’Angleterre. J’attends lundi pour harceler téléphoniquement comme il se doit.

Je passerai en début d’après-midi à Montreuil pour faire un point avec G. sur la conception et les mesures de l’écran de projection et aider à vider ce qui est entreposé dans la salle associative de manière à la libérer pour A., qui organise une fête.

Bon, maintenant rasage rapide et quelques courses.
Hop.

HAUTE SOLITUDE

Ca se radicalise.
Une seule élève hier matin au rendez vous avec V.C. et P.D. chez Fructôse, sur le môle 1.
Il fait froid. Je crois que j’ai attrapé un début d’angine.
Dans le bâtiment IV.4, il y a la concurrence de la répétition d’un spectacle de rue.
Le groupe s’apprête à partir en promenade et je rejoins l’école où, bien sûr, je ne croise personne.
J’y travaille seul un moment jusqu’à l’heure du déjeuner.

Au petit restaurant japonais, je fais la rencontre de A., qui est venue chercher des plats à emporter. On discute un moment. Elle est en stage à la direction de la jeunesse et des sports et travaille sur un projet culturel.
On convient de déjeuner le lendemain.

Ensuite, retour à l’école.
De minimal à presque rien, jusqu’à l’heure d’aller prendre le train pour Lille.
Rendez-vous avec M.S. pour parler de projets communs au studio.
Puis je rejoins O. et M. et on part dîner chez L., qui vit dans une maison incroyable, pas très loin de la porte d’Arras.

On boit un peu trop et je me réveille chiffonné.
Je loupe le train de 8h50 et je dois prendre celui de 9h, qui s’arrête à Hazebroucq et prendre une correspondance.
De toute façon, je ne verrai quasiment personne à l’école.
C’est un peu inquiétant ce rendez vous hebdomadaire avec le vide.

Heureusement, j’ai des trucs à faire, des mails à envoyer, des opérations bancaires, des coups de fil, des listes de matériel.

Mais tout de même, ce vide.
C’est inquiétant.

EN MARCHE…

Beaucoup marché aujourd’hui.
Parce qu’il faisait beau, pour commencer, et que j’avais rendez-vous à Alfortville chez ma dentiste (merci F.), pour un panoramique hyper-rapide, m’entendre dire que j’ai probablement assez d’os pour recevoir un implant, prévoir un rendez-vous en octobre et payer vingt trois euros. Cinq minutes en tout. Peut-être dix.

Je décide de faire un grand tour dans Maisons-Alfort.

Promenade d’abord jusqu’au parc où nous allions jouer.
Les balançoires ne sont plus là. Toute l’implantation a changé. 
On dirait un labyrinthe avec d’étranges carrés de bancs.

La végétation envahit tout. On se demande si les enfants ont encore le droit de jouer.
Le magasin de jouets à disparu, remplacé par un cabinet dentaire.
Le boucher non plus n’est plus là.
Maintenant c’est une boutique qui vend des téléphones portables.
Le marché est toujours à sa place, mais fermé, puisque nous sommes mardi.
Le tabac est toujours là, aussi.

Je remonte jusqu’à notre ancienne maison, debout au même endroit et en meilleur état que la dernière fois que je l’ai vue. Je prends des photos.
Ensuite, je passe devant l’ancienne résidence de ma grand-mère.

Je vois arriver une vieille dame que je connais et qui était déjà vieille il y a vingt ans.
Une ancienne amie de ma grand-mère.
Je ne l’interpelle pas.
J’essaye de me souvenir de son nom.
Elle m’avait toujours fait penser à Claude Gensac.
Elle me fait toujours penser à Claude Gensac.
À moins que ce ne soit Claude Gensac qui me fait penser à elle ?
Mais comment s’appelle-t-elle, déjà ?
Une fois qu’elle a disparu sous le porche, je passe vite.

Je traverse le pont, longe la station d’épuration des eaux, en travaux, la cité Henri Barbusse où je photographie un sac en plastique blanc.

Je passe devant mon ancien lycée, mon ancien collège.
Le Riaume, le bar où nous séchions les cours, est toujours là, alors que P., son propriétaire, est mort depuis des années. 
Mon premier ami proche mort du sida, vers 1987.
On ne savait même pas ce que c’était.
Il disait « un cancer ».
En trois mois, il était mort.
Le Riaume, c’était le nom de son village, en Auvergne.
Incroyable que le bar soit toujours là.
Génial.

Plein d’autres bars ont fermé (la Croix Souris est toujours en activité mais je n’ai pas vérifié si c’était toujours le même taulier).
Ni si M. était toujours là avec sa veste en daim et son chapeau de cowboy.

Je reconnais tout.
Les rues, la lumière, les boutiques.
Même les corps, les attitudes.

Et puis je prends le RER à St-Maur Créteil.
Une heure et demie de marche.
On ne change pas.

J’ai l’impression d’attendre toujours le même RER depuis 30 ans.
j’ai toujours dix-sept ans.
Je m’attends à croiser quelqu’un que je connais.
On se croirait chez Modiano.
Mais rien, personne.
Enfin si, plein de gens.
J’imagine leur vie.
Ils portent des valises, des cartons, des sacs.
Il fait beau. Tout est comme transfiguré.

Pendant ce temps, j’ai oublié que je devais emmener les enfants de l’école à leur répétition et heureusement O.R. a l’idée de m’appeler pour vérifier. Confus, je me rattraperai la semaine prochaine en prenant deux tours de garde.

A midi, je suis de retour.
Je prépare du riz mais je n’ai pas le temps de le manger: A. arrive pour faire le ménage et je vais, vite fait, avaler un hamburger en face, avant de déposer C. à l’école (elle était restée à la maison, soi-disant malade ce matin). Ensuite, j’essaye quelques compresseurs dans Pro Tools et puis je file à Montreuil.

M., l’électricien n’est pas là. Je prends quelques photos du chantier et je vais au cinéma voir Les gardiens de la Galaxie Vol 2. J’aime toujours autant la grande fille verte.
A 20h20, je sors de la salle pour arriver le premier à la réunion des habitants du CUB.
On discute jusque vers 22h30 pour décider s’il faut mettre des planches ou des pierres japonaises dans la cour, s’il faut repeindre les murs et de quelle couleur, mettre des LED ou une guirlande, faire un carré de potager pour les enfants, une tonnelle ou un parasol tournant, etc. Je m’inscris pour faire le ménage et sortir les poubelles en mai et je rentre pour arriver à la maison avant onze heures.

Dans le métro, les passagers de dix heures trente ont un air las, tranquille, qui leur va bien et les rend aimable.

SÉCHERESSE

Rouge sur blanc, c’est bien parti.
Pinot noir sur Menetou-Salon, pour être précis.
Qui ne tente rien n’a rien et puisqu’il y en a qui ont trop peur de reproduire de vieux schémas, eh bien, moi, je bois, je bois. 
Sinon, c’était pluvieux aujourd’hui et il paraît que ce n’est pas trop tôt puisque nous traversons la pire sécheresse qu’aura connu ce jeune siècle.
Je fais un saut à Montreuil vers dix heures, mais il n’y a personne sur le chantier.
G. est en plein devoirs administratifs et M. a fait passer tous ses câbles pour la journée.

Une petite fille vient me gonfler au lieu d’aller faire ses devoirs.
– Tu fais ton carnet de santé ? – Elle demande.
Une claque.
Ca la fait rire.
Misère.
– Encore !
– Ca suffit!
– Non…

Voyant que les poubelles n’avaient pas été vidées ce matin, j’avais pensé que nous les avions sorties trop tard et je les ai rentrées mais ensuite j’ai reçu un mail de P., précisant que les éboueurs passent le matin, alors je les ai ressorties et tant mieux parce qu’il paraît qu’ils sont passés juste après (mais je n’étais plus là).

A midi, je vais chercher C. à l’école et nous allons manger des sashimis avant de rentrer.
On travaille un moment à la maison avant de ressortir pour la chorale du conservatoire.
Pendant que C. chante, je vais acheter du câble HDMI (10 m) près de République.

Il pleut des cordes.
Je suis trempé, mais content d’être dans l’action constructive.

Et aussi, j’achète un meuble de rack d’occasion.

J’attends avec fébrilité des nouvelles de mes enceintes ATC SMC 100.

Je reçois des nouvelles encourageantes de mon comptable, qui m’indique que, selon toute vraisemblance, je pourrai faire une nouvelle demande de remboursement de crédit de TVA en juillet. C’est cool de chez cool.

Je vais chercher C. et je rencontre T. qui est venue chercher K.
Elle revient des USA et veut retourner y vivre.
On y est mieux payé, la vie y est plus agréable, etc.
Bon.

J’ai placé une enchère eBay sur un poste à souder Weller. La vente se termine bientôt.

Je n’ai pas envie de regarder le débat parce que je trouve qu’il ne faut pas débattre avec Marine Le Pen. Ou bien avec une batte de base-ball.