GLISSER DANS LA PISCINE

J’ai un jour de décalage parce que je veux me souvenir que le temps est une substance plastique et toujours me situer dans le cadre de la relativité générale. J’écris depuis hier vers un autre temps. Et ce serait miracle si j’arrivais à rétro-écrire.

Or donc, la journée était fraîche mais ensoleillée.
Nous nous étions levés tard, ayant beaucoup bu la veille.
J’avais laissé le récit sur la fin de la matinée.

Ensuite, avec C., nous étions partis vers Montreuil.
Nous arrivons au moment ou G. et M. finissent de poser l’ossature du plafond.
Nous ne restons pas longtemps, juste le temps de faire un point de chantier, puis on fait un crochet par l’île de Robinson, qui est un espace de jeux pour les enfants.
Pendant que C. joue, je dessine des chaises et des tables en buvant un café à la terrasse.
Ensuite, il est temps de courir à notre rendez-vous chez le médecin.
C. n’a pas grand-chose. Une petite rhino-pharyngite. D’origine virale. Peut-être aussi un peu d’allergie (on prescrit un anti-histaminique). Taille 1m21 poids 21,2 Kg. Elle est pile dans sa courbe de croissance et a pris 8 cm depuis l’année dernière.
On va manger des pâtisserie à la boulangerie avant de rentrer.
Le soir, linguines et figatellu à l’ail et à la tomate.
Blinis saumon fumé pour C., qui est une princesse au petit pois.

Après le dîner, je vais voir « Félicité » d’Alain Gomis. Film troublant mais qui me met physiquement mal-à-l’aise, en raison des caméras portées en longue focale. Effet mal-de-mer garanti. Mais, lorsque la caméra se calme un peu, ce qui arrive tout de même par moments, je suis sensible à cet urbanisme fracassé, à cet univers de corruption et de bricolages, à ces hiérarchies sociales qui rappellent la Comédie Humaine, à cette vitalité désespérée qui se heurte à l’absence de perspectives, aux étendues de poussière qu’il faut traverser pour aller d’un point à l’autre, aux anfractuosités des rues, à l’égale proportion d’honnêteté et filouterie rencontrée chez tout-un-chacun, à l’égale proportion de pitié et d’indifférence, de foi et de désespoir, etc… Mais c’est surtout la musique qui touche. Et particulièrement ce dialogue constant entre la formation orchestrale qui, quelque part, joue (et que l’on voit jouer, diriger et chanter, dans un ailleurs non-justifié, hors du récit) et la musique populaire, le chant qu’habite et qui habite Félicité, comme une force primordiale au devenir-idéal.

Je rêve que l’on se moque de moi sur Facebook.

DÉMOCRATIE

Elle est morte, la petite coccinelle. 
Elle n’a pas supporté la captivité, même une captivité aimante et ce matin C. est en larmes.
Même la crapette ne parvient pas à la faire sourire.
Encore un prétexte pour me faire porter son cartable.
Un peu la gueule de bois.
On n’a pas bu que de la tisane, hier, il faut dire.
Il ne m’a tout de même pas échappé que le discours de E.M. était nul. Ce garçon a besoin de bonnes plumes et d’un entourage compétent.
Mais ne parlons pas de choses futiles.

Nous nous étions dit, avec Y.: « On se lève tôt et on va voter, première chose ».
Alors c’est ce qu’on a fait.
Et puisque nous nous étions levés, que nous étions frais, j’étais allé ensuite faire un peu de gym. J’étais rentré à midi, le temps de préparer – encore – un risotto aux asperges, de le manger et hop, dehors. Il faut prendre l’air, se détendre, penser à autre chose.

Pour se détendre, hier après-midi, on est allé tondre le gazon sur la terrasse à Montreuil, avec M.A.O., N.C., P., N., P., etc., ça fait trop d’initiales et qu’il suffise de dire que l’on était quelques-uns. Quelques bières, aussi. Ce qu’il faut de soleil et d’air.
On y reste tard avant de rentrer prendre des nouvelles électorales du pays.
P.G. arrive à 19h30, avec D. et B.
On regarde les résultats sur le portable, vu que la télé de chez Freebox ne fonctionne jamais.
Ils sont déçus, les jeunes.
En pinçaient pour J-LM.
Que ce type a beaucoup menti. Qu’il a beaucoup déçu. Mais, bref, ne parlons pas de ces choses tristes.

Après il faut encore discuter, s’engueuler, rompre, s’embrasser, se réchauffer, échanger, sourire, s’énerver jusqu’à abattement des paupières.

Ce matin ce sont les oiseaux et les travailleurs de la première heure qui me réveillent aux alentours de beaucoup trop tôt mais je me lève quand même pour boire beaucoup d’eau et me préparer ma petite galette au son d’avoine.

Voilà.
C’est lundi.
Il faut mettre de l’ordre dans mes factures et faire un mail urgent pour le service des impôts des entreprises. Ensuite, déposer C. à l’école et m’occuper du studio.
Au boulot.

VIVE LE TRAVAIL

Une vieille tristesse qui ne s’en va pas.
Une angoisse sourde et lourde, le froid malgré le soleil.
C’est comme ça les jours fériés.
C’est triste un premier mai.
C’est triste et c’est gai.
Et on s’en fout.

Il faisait froid, froid, ce matin.
C. et S. étaient parties faire du vélo et j’étais allé faire un peu de gym.
Mais vraiment très peu.
Très vite épuisé. 
Et puis, il y avait trop de monde.
J’écoute La fabrique de l’Histoire. L’angoisse ne me quitte pas.
Une angoisse historique, hystérique.
Je sors vite.
Du muguet, deux brins.
Hop, dans un verre.
Des pommes de terre, des rillettes.
Du café.
Des emplettes.
Un fauteuil, du câble, un microphone.
On est un peu malades.
Il fait froid.

Il y a des moments comme ça.
On tousse, on se dit: « Ah tiens, la mort pourrait venir juste comme ça… ».
On tousse et on se dit: « Ca vient… C’est là. »
Ou pas.

Ou pas.