
Oh, mon dieu, que n’ai-je écrit ?
Que n’ai-je pas écrit ?
Vingt jours et plus déjà. Déjà plus de vingt jours et rien ici.
Rien ici, rien ici.
Oh mon dieu.
Il a fallu casser un lit.
Briser son épine dorsale.
Détruire un sommier à lattes.
Et vite, vite, une voiture, IKEA, IKEA.
Drivy, hier. Drivy, aujourd’hui.
Je ne vis plus.
J’ouvre des portes, je me couche, je vois des images.
Il fait jour, il fait nuit.
Je bois un gin tonic.
Du cheddar au piment, de la viande des grisons, des crackers au son d’avoine.
Un autre gin tonic.
Tout seul, toujours.
Sauf quand la petite fille vient regarder des dessins animés et peupler le silence de rires et de cris, de masques et de super-héros, de bains moussants et de cordons bleus.
Tout seul sinon.
J’ouvre la porte, je me couche, je ferme la porte.
Je ne sais plus si c’est moi.
Je ne sais plus que c’est moi.
Je démissionne.
Je m’en vais.
J’y vais.
Je voudrais être loin, ailleurs.
J’y vais.
Oh mon dieu, j’y vais.
Tout seul, pour l’instant.
Tout seul, je ne pourrai pas longtemps.
Il va me falloir de la compagnie.
Une compagne.
Une compagnie.
Sinon, c’est bon.
Sinon hop.
Sinon plouf.
Sinon rien.
Un gin tonic, des glaçons.
La radio de loin en loin.
J’y vais.
Il est l’heure. J’ai rendez-vous.
Le travail n’attend pas.
Le travail me tient debout.
Ca tient.
Ca vous tient.
Ca vous retient.
Sinon plouf.
Sinon hop.
Sinon rien.
J’y vais.