LA BONNE NOUVELLE

La bonne nouvelle c’est que la Ford Fiesta n’est pas concernée par les rappels d’airbags, de marque Takata. Ça, vraiment, c’est une très bonne nouvelle. J’ai été soulagé de l’apprendre à l’instant. Il faut dire que je venais d’assister à une scène d’accident de voiture dans une très mauvaise série, dont je tairai le nom par charité. Tout à coup cela m’avait fait repenser à toutes ces alertes aux airbags défectueux. Je m’étais ressouvenu que, cet après-midi encore, alors que nous roulions vers la forêt de Chizé, j’étais tombé sur une de ces alertes angoissantes et que je m’étais représenté soudain l’accident d’airbag, la mort. et qu’ensuite j’avais réduit mon allure et taché d’éviter les occasion de freiner brutalement, en priant le seigneur très haut et très grand de ne pas être la victime malchanceuse d’un de ces airbags mortels. Et j’ai été exaucé ! Ça c’est une nouvelle du tonnerre, non ?

Sinon, la bonne nouvelle, c’est qu’il fait beau et que l’herbe repousse. C’est une bonne nouvelle.

Mais la bonne nouvelle, c’est qu’après un réveil difficile et des poussées de fièvre, S. semble aller mieux et que nous pourrons en principe respecter le planning, c’est à dire que nous irons en principe passer le week-end à Royan pour visiter en principe tout un tas de crotales, de cobras et autres mambas noirs et verts. Ça c’est encore et toujours une bonne nouvelle.

Et aussi, la bonne nouvelle, à propos de serpents (mais beaucoup de choses sont à propos de serpents dans cette maison) c’est que nous avons découvert aujourd’hui que la forêt de Chizé, près de Niort, est un sanctuaire pour les serpents, sous la haute protection d’un complexe d’étude biologique du CNRS. Nous sommes allés y faire un saut, comme ça, à brûle pourpoint, avec S., qui était malade. Et la bonne nouvelle c’est que ce centre de recherche organise une journée immersive le 29 octobre.

ACTIVITÉS DU MERCREDI

Comme le dimanche, les enfants s’ennuient le mercredi, c’est bien connu. Il faut leur trouver des activités. Moi, je propose à S. le conservatoire de musique. Il faut encore étoffer parce que le conservatoire ça n’est qu’à 17h et il y a des heures et des heures à occuper avant.

Ce matin, R. est partie aux aurores. J’ai réveillé S. à 7h30, fait des crêpes et on s’est préparés doucement pour être au Centre de Loisirs vers 8h30. Allez, peut-être 8h45 plutôt. De retour à la maison, musique et jardinage, jusque vers 13h15, heure à laquelle je retourne chercher S.

On regarde Jurassic Park, le premier puis on se met au jardin. Dinosaures et arrachages de lierre.

J’ai reçu la télécommande universelle en 30,875 Mhz pour le portail et, miracle, elle fonctionne.

En fin d’après-midi, suis allé chercher le vélo que j’avais fait retaper.

Puis linguines carbonara pour S. et R., pendant que je bois du vin. C’est R. qui s’occupe du coucher. On intervertit les chambres pour que ce soit moi qui accueille S. la nuit, en cas de réveil intempestif.

CHOP CHOP

Revenir aux fondamentaux, me disais-je, en débitant dans de grands sacs verts les branches de rosiers, de lauriers et de lierre que j’avais taillés ce matin. Et donc dire que la guerre au lierre est déclarée. Opération destruction, éradication, dispersion, désintégration.

Au départ, ça semble presque impossible mais, en avançant, on progresse visiblement.

Il vaut mieux être délicat. Le lierre finit par tenir les murs qu’il a colonisé. On doit le retirer sans provoquer l’effondrement, sans détruire les toits. Il faudra bientôt du ciment, des joints, des enduits.

Et puis j’ai ratissé, dégagé, créé un entassement de déchets végétaux pour y déverser les tombereaux d’herbe en voie de décomposition, de recomposition. Que vienne le broyeur, commandé hier. Nous sommes prêts à l’emploi.

Comme par un fait exprès, la pluie commence à tomber au moment où je me dis que ça suffit pour aujourd’hui et qu’il est temps de manger quelque chose. Je me prépare des tomates mozzarella basilic, un reste de coleslaw, du poulet froid, un yaourt grec à la confiture de mûre et ça va bien comme ça.

Vers 14h, je file à Thouars faire quelques courses, je rentre travailler un peu et puis je vais chercher S. au centre de loisirs. Je le retrouve en train de jouer avec A. et C. A. me demande quand ils vont venir manger à la maison. Je dis que je vais appeler ses parents pour organiser ça. Et à l’instant, je me dis que zut j’ai oublié. Pas grave. Demain.

On rentre. Le temps de regarder un documentaire sur les tardigrades, un autre sur les tortues et il est l’heure du bain. R. fait des galettes aux courgettes. Ça râle, mais la technique de ne pas prendre au sérieux les postures dramatiques fonctionne. Les galettes sont avalées, ainsi qu’une glace à l’eau. Les dents brossées, l’histoire lue, S. roupille à 21h. Mission accomplie.

Je réserve un appartement près de Royan pour samedi soir, en prévision de notre escapade à Planet Exotica, où S. veut retourner voir cobras, crotales et pythons réticulés.

GIBOULÉES

Cet insecte, c’était en juillet – chlorophorus glabromaculatus, pour être pédant. Il était tombé dans mon assiette, sous le tilleul, en pleine canicule. Tout jaune couvert comme d’un duvet. D’une poudre. D’un velours.

Et aujourd’hui, premier septembre, il faisait frais et il pleuvait par intermittence. Il faisait franchement soleil et puis tout à coup il pleuvait. Et puis, il se mettait à faire carrément gris et à pleuvoir des cordes. Mais alors, il se mettait à faire soleil de nouveau, comme si de rien n’était. Et cinq minutes plus tard, c’était gris et bruine. Toutes les ambiances y passaient.

C’était à n’y plus rien comprendre. C’était à n’y pas croire. Alors, je commençais à entreprendre quelques travaux de jardin et, surpris par la pluie, je m’arrêtais pour aller faire des courses. Et là, grand beau temps. Et de retour, pluie de nouveau.

On avait déposé S. à l’école pour sa première journée de CP.

L’appel avait mal commencé. Le premier appelé, c’était I.
Son ennemi juré, son ennemi d’enfance, le butor, le bully.
Oui, mais après, tous ses copains et copines avaient été appelés les uns après les autres. Sourire montant en progrès constant.

En fin de journée, S. nous apprend que I. s’est apparemment beaucoup calmé. En tout cas, il n’a frappé personne. C’est heureux.

Je suis passé au Conservatoire de Thouars pour y inscrire S. et suis allé faire aussi quelques emplettes chez Action.
Un sac à dos, une agrafeuse, des sacs poubelle, que sais-je encore ?
Avant, j’étais allé chercher mon passeport au Granit de Saint-Loup.
La journée avait filé comme un éclair. Nous n’avions pas déjeuné.
J’étais passé au bureau de Poste d ‘Airvault, pour y poster la télécommande universelle non compatible, avant d’aller chercher S. à 16h30.
Il est affamé et avale deux pains aux chocolats avec un grand verre de coca.
À la maison, contrecoup de la journée, il est dans un état de nerfs intenable.

Ca ira mieux demain.

Je regarde des débuts de films, des débuts de série, mais ne parviens à m’intéresser à aucun, à aucune. Je vais éteindre et mettre la radio.

DES LIEUX ASSOCIATIFS POUR LES JEUNES

D’abord, bien sûr, c’est à écouter ici:

https://cobra06130.bandcamp.com/track/des-lieux-associatifs-pour-les-jeunes

J’étais aller chercher ce vieux titre, dont je pense qu’il m’avait initialement été transmis, il y a bien une quinzaine d’années, par O.C. Je n’en suis pas tout à fait sûr, mais j’imagine assez O.C. jubilant à l’écoute de cette petite perle de nihilisme fun. J’étais allé le chercher à cause du mot-clef « cobra », utilisé pour composer une playlist « snakes » à l’intention de S.

J’avais utilisé d’autres mots-clés, bien entendu: « rattlesnake » (très beau titre de King Gizzard and the Lizard Wizard), « anaconda », « crotale », etc. Et c’est incroyable le nombre de titres qui contiennent le mot « rattlesnake ». C’est tout simplement inépuisable. On n’en vient pas à bout.

Mais je reviens aux lieux associatifs. Et donc, en réécoutant, je sens monter une irrésistible compulsion à partager ce titre avec la terre entière. À cause de la pure joie qu’il procure.

C’est très curieux. Cela commence par un malaise. On se demande comment se positionne la voix (hurlée) vis à vis des problèmes et des solutions qu’elle scande. Et, pour commencer, de quoi est fait ce hurlement ? De rage ? De colère ? De transe ? De joie ? Un tremblement de joie ? Comme chez Pasolini ? J’ai tué mon père, j’ai mangé de la chair humaine et je tremble de joie ? Ce serait prendre au sérieux la posture sataniste ? Mais est-ce bien sérieux ? Y a-t-il quoi que ce soit de sérieux ? L’ironie est palpable. Mais l’ironie ne s’exerce-t-elle pas au dépends de l’ironie elle-même ?

Échange avec H.:

-Plutôt cool ! Ça sonne familier 😉 et ce solo qui change de mode ! j’en ai écouté 2-3 autres, pas aussi fortes…

-Non, c’est la meilleure. Je crois que ça tient au vertige d’ambiguïté quant au positionnement de la voix vis à vis du « problème » et de la « solution ». Emboîtements de postures ironiques aboutissant à une incertitude…

-Je pourrais pas mieux dire…je me demandais au début si c’était du lard ou du cochon, en fait c’était du punk 🙂

-Oui, le nihilisme s’abîme joyeusement mais inéluctablement dans la farce et l’on ne sait trop que faire de cette joie un peu embarrassante. Alors on la partage avec ceux qu’on aime…Et finalement sa vertu apparaît dans ce partage, qui est justement dans la dernière phrase chantée: « des lieux pour partager ». Certes, ces lieux sont dérisoires mais ils ne sont pas totalement nuls parce qu’ils sont associatifs (comme la pensée) et nous maintiennent connectés à ce qu’il y a de jeune, d’irrémediablement jeune, d’irreductiblement jeune en nous.

Et sinon, c’est dimanche. Et demain, c’est lundi. C’est la rentrée de S. et des autres écoliers. Et, comme par hasard, il pleut. Coïncidence ? Je ne crois pas. J’hésite entre faire un peu de musique en profitant de l’absence de R. et S., partis au cinéma à Bressuire, et faire un peu de jardinage entre les gouttes. Cela dit, je peux faire les deux. Pas en même temps, mais alternativement.

VENDREDI, JOUR DU MARCHÉ

C’est une photo prise par S. chez le poissonnier ce matin, à Thouars. R. fait sa pré-rentrée. On s’est tous levés tôt et on est allé au marché, S. et moi.

En roulant vers Thouars, l’autonomie de la voiture tombe en flêche. On étais partis avec un optimiste 63 km d’autonomie et, cinq kilomètres plus loin, on n’était déjà plus qu’à 28, puis 27, puis 26. On perd un km tous les deux cents mètres. Je commence à me demander si on va réussir à éviter la panne sèche. K. appelle à ce moment et on discute en roulant vers la station service du Super-U. Le voyant est au rouge. Ca grimpe, ça grimpe. La station est en vue. Ouf, on y est arrivés.

La pluie est de retour, mais pas massivement. Elle alterne avec de belles éclaircies et même cohabite avec elles. On cherche l’arc-en-ciel sans le trouver. Achats de bonnes choses: de la tomme aux fleurs, de la tomme fumée, du Morbier, du Chabichou, un poulet fermier, une raie, des gambas, des tomates ananas et noires de Crimée, de la coriandre.

Il faut que je renvoie la télécommande universelle, qui n’est pas compatible avec la nôtre, de fréquence basse (30,875 Mhz). J’en commande une autre, en croisant les doigts, en touchant du bois, et toute cette sorte de choses. Le Monstre de Gila n’est pas encore arrivé. Apparemment le courrier ne fonctionne plus correctement entre les États-Unis et le reste du Monde, en raison des taxes mises en place par Ubu. Il faut donc éviter tout commerce avec l’empire. On évitera.

On repasse par la maison, le temps de mettre nos bonnes choses au frais, puis nous filons à Bressuire. Déjeuner chez Mc Do puis Cabane de Mario pour S., tandis que je prends des cafés en faisant mes mails. S. veut absolument revoir (c’est à dire voir pour la troisième fois) le dernier opus de la saga Jurassic World. Mais c’est à 17h15 et il n’est que 14h11. Va-t-il encore tenir 3h à jouer dans les structures de la cabane de Mario ?

BIOPARC

Quand on se dit qu’on tient un post formidable, c’est là qu’il faut se méfier, me disais-je en mangeant des cacahuètes, ce qui, en soi, n’était pas une bonne nouvelle. En principe, je jeûne le soir et ce soir – il y a des soirs régressifs – c’était cacahuètes, un peu de gaspacho, une fin de terrine et pas mal de verres de vin. Chenin blanc, Anjou rouge. Et s’il était resté une goutte de Glenlivet je ne jure pas que je ne m’en serais pas servi un petit verre on the rocks. Soirée régressive, donc. Avant l’ascèse, cela va sans dire.

L’ascèse, dès demain, me disais-je en grignotant mes cacahuètes. Et hop, un autre verre de vin, en prévision de l’ascèse. Toujours ça de pris, me disais-je. Un dernier verre et l’ascèse, me dis-je. L’ascèse tout droit, tout bonnement.

Nous étions allé passer quelques heures avec l’anaconda vert du zoo Bioparc de Doué-la-Fontaine. On ne s’entoure jamais suffisamment de reptiles, m’étais-je dit. Les reptiles sont des compagnons formidables, avais-je pensé. Et nous avions filmé cet anaconda – pas très grand, à peine trois mètres et quelques – inhabituellement mobile et alerte, sans doute parce qu’en fin de mue.

Nous allions de l’anaconda aux crocodiles nains, des crocodiles nains aux pythons royaux, mâles et femelles, avec leurs petits, puis à l’anaconda de nouveau. S. étalait un peu sa science; m’étais-je dit. C’en était embarrassant. Je m’étais éloigné. J’étais sorti du vivarium. En bordure d’Okapi. Okapi curieusement invisible aujourd’hui. Manifestement absent.

R. a installé un panneau dans la cuisine avec un planning général et un emploi du temps détaillé sur deux semaines. Si on arrive à tenir ce truc, me dis-je, on sera des dieux de la logistique. On ne manquera plus une livraison de fioul, plus un rendez-vous chez le vétérinaire, plus un passage Chronopost. Ce sera comme… Je ne sais pas. Comme une sorte de perfection faite planning.

Il faut que je réponde à Ci, qui m’a répondu. J’hésite entre spontanéité, au risque du malentendu, ou diplomatie, au risque de l’ennui.

Spontanéité, me dis-je. Au risque du malentendu, me dis-je. Le malentendu, c’est formidable, me dis-je.

Et, en répondant, je repense à Mi, qui m’appelle toujours quand elle va mal, quand elle est au bord du gouffre, pour se plaindre. En général le soir. Toujours le soir. Certainement après quelques whiskies. C’est une plainte qui ne souffre aucun commentaire, finalement. Une plainte qu’il faut prendre ou laisser en tant que telle. Qu’il faut accompagner. Encourager.

Moi, je n’ai pas la patience en général. J’essaye d’argumenter, de temporiser, de tempérer. Ca l’énerve, la fout en boule, la désespère, l’enfonce au fond du fond du trou. Elle me dit alors qu’elle n’aurait pas dû appeler. Je lui dit que ça ira mieux demain. Demain, elle dit. Demain, elle fulmine et elle raccroche, courroucée.

Le lendemain, je rappelle. Ca va mieux, bien sûr, mais il y a un truc qui ne va pas: ce bruit sur ma ligne. Toujours ce bruit sur ma ligne. Je ne sais pas ce que c’est. D’où ça vient. Il faut que tu changes d’endroit, de téléphone, de fournisseur.

Un bruit insupportable sur ma ligne. Des voix qui résonnent. Des sons qui résonnent. Il n’y a qu’avec moi que ça fait ça, elle me dit. Ca doit être mon téléphone, elle me dit. Je ne comprends rien à ce que tu dis, elle me dit. A cause de ce bruit insupportable, elle me dit. Mais je ne dis rien, je lui dis. Je l’écoute, je lui dis. Ce bruit, ce bruit; elle me dit. Il faut interrompre la conversation, elle me dit. Mettre fin. Ce bruit est insupportable. Qu’est ce que c’est que ce bruit ? – elle me demande D’où ça peut venir ? Personne ne t’en a parlé de ce bruit ? Il n’y a que moi qui l’entende, ce bruit ?

PRÉPARATIFS

Je ne savais plus rien. J’avais tout oublié. La date de la rentrée. La date des réunions, s’il devait y avoir des réunions. Bref, je ne savais plus rien. J’avais tout oublié. Alors j’ai regardé les papiers qui trainaient là, sans secours. J’ai regardé et j’ai trié. J’ai séparé le bon grain de l’ivraie et j’ai su, je me suis souvenu. La rentrée, enfin la pré-rentrée, c’est le 8 septembre et ensuite tout s’enchaîne, comme on dit. J’ai réservé des studettes pour tout le mois de septembre et pour tout le mois d’octobre. Je n’ai pas besoin de réserver des billets de train puisque j’irai en voiture, mais si j’avais eu besoin de réserver des billets de train, j’aurais réservé des billets de train. J’étais dans cette sorte d’humeur, dans cette sorte de dynamique.

Et puis, après avoir reçu de R. les identifiants permettant d’accéder aux comparatifs de « Que Choisir? », je me suis documenté sur les fours encastrables et sur les voitures électriques et je me suis dit qu’il n’était pas temps de songer à tout cela. Alors j’ai préparé des coulis de tomates avec les tomates du jardin de mon père, qui était venu passer une journée ici cette semaine.

Je ne sais pas pourquoi j’entends encore des moustiques, alors que j’ai changé l’anti-moustiques il n’y a pas si longtemps. Mais, peut-être que cela fait déjà trop longtemps ? Plus de vingt jours ? Cela m’étonnerait mais c’est possible.

Dans le plus grand désordre, tout cela. C’est épouvantable ce désordre, me dis-je. Désolant, me dis-je. J’avais oublié de parler des heures passées à nettoyer le jardin, à faire des allers-retours à la déchetterie pour me débarrasser des déchets végétaux. C’est là que R. m’avait envoyé, avec les fameux identifiants, un lien vers le comparatif consacré aux broyeurs de végétaux et je sais maintenant qu’il nous faut un Bosch AXT 25 TC. Il n’y a pas à tortiller, c’est celui qu’il nous faut.

J’appelle ma sœur et on en vient à parler de broyeurs de végétaux. On en vient toujours rapidement à parler de végétaux et de broyeurs, lorsqu’on discute à bâtons rompus avec ma sœur. Et là, bien sûr, elle me dit: « il faut que je te dise le quel acheter ». Alors je lui réponds du tac-au-tac: « c’est le Bosch AXT 25 TC qu’il faut acheter » et elle me répond « bingo! ». C’est comme ça, quand on parle au téléphone avec ma sœur.

TOUJOURS À L’OMBRE

Cette nuit, aller-retour Nantes-Piogé, pour déposer les parents de R. à l’aéroport. Départ 2h00 du matin, retour 5h00. Un petit renard très joli traverse dans mes phares au niveau du Grand-Moiré. Quelques regards interceptés dans la nuit. Tapidum lucidum, comme diraît Nathanael Maury.

S. vient faire la grasse matinée vers 7h00. On ronpichonne jusqu’à 10h puis R. part faire des courses pour leur périple de trois jours. Pendant ce temps, je fais des crêpes pour S. et moi. On a des stocks importants de confiture de mûres et de quetsches maintenant. Il s’agit de se donner des occasions d’en consommer en abondance.

R. croît avoir perdu sa carte bleue et fait des allers-retours avant de la trouver sous son siège dans la voiture. S. ne veut rien manger à midi. Les préparatifs prennent quelques temps mais enfin ils sont prêts à partir. Je trouve qu’ils ont bien du courage, par trente cinq degrés à l’ombre.

Je fais un saut à Thouars pour acheter du curcuma, du gingembre, des myrtilles, des yaourts et un cubi d’Anjou rouge. Je cherche en vain un professionnel capable de dupliquer la télécommande du portail, dont R. a perdu le deuxième exemplaire en juillet. Tiens, je vais regarder sur le Bon Coin, sait-on jamais.

J’ai fermé tous les volets portes et rideaux. Il fait frais dans la maison. On n’imaginerait pas la fournaise extérieure. Les chats indolents se prélassent sur les carrelages et même dans le bidet de la salle-de-bains.

À L’OMBRE

Alors déjà Avatar, le premier, c’était une épreuve. Après avoir regardé ça, on a envie de voir disparaître l’espèce humaine en un bon claquement de doigts définitif. Mais Avatar, la voie de l’eau, dès la quinzième minute je dis: « sans moi ». C’est tout de suite l’arsenal nucléaire, la dévastation, les flammes, la mort. Non, sans moi, je ne veux pas voir ça. Je préfère lire Chalamov et ses Souvenirs de la Kolyma. Et puis je vais me refaire un thé.

En ce moment, à peu près tout ce que je regarde me décourage. Depuis que j’ai terminé The Americans, rien ne trouve grâce à mes pauvres petits yeux épuisés par tant de misère inhumaine. Il faudrait que je revoie de vieux Ford, des Mizoguchi., des Ozu, des Dreyer, des Murnau, des Von Stroheim. Revenir à l’essentiel, me dis-je.

Je pense aux deux affreux en Alaska et je me dis qu’ils sont du même tonneau que les horribles fachos avides et destructeurs d’Avatar. C’est le seul truc réjouissant avec la possibilité d’une extinction prochaine: en finir avec cette sale engeance. C’est parfois difficile de garder foi en l’humanité. Ca devient un travail à plein temps de se lever le matin. D’ailleurs, s’agit-il de foi ? A-t-on le choix ? Vite, Chalamov, Chalamov. M’enfin, bon, la Kolyma ce n’est pas réjouissant non plus, il faut bien avouer.

En tout cas, pas question de sortir un orteil dehors. Il fait 38°C. On est tout de suite écrasé de chaleur. R. et S., pleins d’audace, sont partis à la piscine. Moi, non. Même la piscine, de ce temps…

J’ai reçu des stands pour les guitares, et puis des housses et des câbles dignes de ce nom.

Musique, me dis-je.