POST REALITUM ANIMA TRISTE

Malgré toutes sortes d’armistices, ç’avait été une journée mobile somme toute. Une journée à 15286 pas, si j’en crois le podomètre intégré.
Pourtant tout avait commencé par une matinée casanière, à regarder des documentaires animaliers apocalyptiques avec S., pendant que R. était sortie corriger des copies au café.
Vers midi, j’avais préparé une omelette et des pommes de terre sautées pour S., frichti auquel j’ai, tout de même, un peu goûté, malgré mon serment de jeûne intermittent, puisque ce soir je dinais avec C.

J’ai l’impression d’être Don Patillo dans une publicité pour Panzani.

Et ensuite, nous étions partis vers le Jardin des Plantes et plus précisément vers la ménagerie. Et plus précisément vers le vivarium. Et plus précisément vers la cage du Monstre de Gila, qu’on attendit en vain. Il se terrait au fond de son trou, ne laissant voir qu’une sombre silhouette de soixante centimètres de long.

L’on admira le panda roux et ses voisins velus dont j’oublie le nom. L’on salua sangliers et porc-épics. L’on chercha en vain les grenouille dans les divers bassins mais l’on ne pu trouver que carpes et têtards. L’on bailla aux corneilles et les corneilles nous croassèrent aux oreilles. A un certain moment, je perdis de vue R. et S. et me dirigeai vers la sortie.

Je marchai jusqu’à la rue Rambuteau, en prenant par le quai St Bernard.
Là, c’est étrange, des alcôves en demi-cirques sont aménagés face à la Seine, tout le long du quai.
Dans chaque alcôve est diffusé de la musique et des gens dansent ou jouent des percussions. Curieusement, l’on passe d’une bande son à l’autre sans empiètement. Chaque alcôve semble comme isolée des autres.
J’étais d’abord épuisé, écrasé de fatigue, surtout avec mon sac à dos, puis, à force de marcher et d’avancer, j’étais de moins en moins épuisé. Mais, bon, j’étais tout de même un peu fatigué en arrivant sur la rue de Rivoli et je fis une pause pour une verre de Viognier à La Tartine.
Je repensai, bien sûr, à toutes ces tartines de crottin de chèvre sur pain de Poilâne, accompagnées d’un verre de Sancerre blanc, que l’on mangeait les dimanches midi avec C.S. et ses parents, dans les années 80. Aux délices aux raisins, que l’on allait chercher dans la boulangerie à l’arrière, devenue maintenant un kebab.

Et j’étais ensuite aller boire un verre de Sancerre, justement, au café La Station Rambuteau, en attendant C. puis nous étions allé manger des hamburgers au Ruisseau.
Nous étions ensuite allé chercher pour elle un milk-shake caramel un peu plus loin, qu’elle avait bu en marchant, tandis que nous faisions un petit tour du quartier.
Puis, voyant qu’il était 20h15, je m’étais dit qu’il était encore temps d’attraper une séance de The Thunderbolts au Ciné Cité les Halles et, oui, il était encore temps et c’est donc ce que je fis, ayant quitté C. au croisement Rambuteau – Beaubourg.

Et donc je me disais, en quittant la salle, que c’était bien là un film de la post-réalité, comme je lisais justement qu’un pape américain venait d’être désigné par le conclave. Ce pape américain, c’est un peu, pour Donald Trump, ce que les Thunderbolts sont pour Valentina de Fontaine, m’étais-je dit en montant dans le métro. Et c’était plutôt une bonne nouvelle, avais-je pensé.

SOUDAIN IL EST TEMPS DE RENTRER

Comme à Séoul les matins, l’après-midi fut calme, après une matinée animée. Animée mais pas laborieuse. Voir quatre étudiants de première année de Master, ce n’est pas une épreuve insurmontable.

Ensuite, petite réunion dans la cuisine. C’est G.N. qui nous régale d’une salade lentille-riz sauvage, gaspacho et œufs sur le plat. On déjeune avec M.D. et C.R. Après avoir longuement discuté des événements de la matinée, on s’entretient des différentes problématiques pédagogiques et/ou administratives et l’on se dit que ce serait une bonne idée de préparer un peu les réunions de fin d’année, par exemple en soumettant quelques points à l’ordre du jour.

Il y a des cochons dans cette école: de la vaisselle sale et des contenus moisis semblent traîner ici depuis des semaines. Peut-être des mois ? C’est assez répugnant. Trop sale pour être simplement agrégé à notre vaisselle.

Ensuite, café chez Askip, puis rendez-vous vidéo avec S.B. et lapin de W.M. Un peu d’assistance son à des étudiantes de L3 puis zou, on va boire un verre avec M.G. et C.M.

SON NOM DE LA NIEVRE DANS HIROSHIMA DÉSOLÉ

Tout de même, me dis-je, ça tient sacrément la route Hiroshima mon amour. Ça passe les portes. Ça passe toutes les portes, me dis-je. Et donc je regardais la fin du film, encore à l’instant dans cette chambre louée en Airbnb, à proximité de la gare de Nantes, côté sud, parce qu’il n’y avait plus de place dans les studettes. Il n’y avait plus de studettes libres cette semaine et il n’y en aurait pas plus la semaine prochaine et déjà, en arrivant, j’avais réservé également la chambre pour la semaine suivante.

Il n’y avait pas de place dans les studettes parce que tout le monde était venu cette semaine pour les évaluations des étudiants de premier cycle et il n’y aurait pas plus de place la semaine prochaine parce que tout le monde était convoqué pour le concours d’entrée.

Aujourd’hui il faisait froid à Paris et à Nantes. J’avais heureusement mis un pull. Et les pollens étaient de sortie. Les yeux se mettaient à piquer et les nez se mettaient à couler. À midi, j’avais eu faim, m’étant levé à cinq heures, et j’avais opté plutôt pour un hamburger, après avoir envisagé un menu végétarien light chez Dubble. Après le évaluations, nous avions travaillé avec A.C. au mixage de la bande son de son passage de diplôme, qui doit avoir lieu le 18 juin.

J’avais également reçu un message de E.B. avec des plans alternatifs pour le studio à la Martinique et un autre message, de K.S., concernant un nouveau projet dans le 7e arrondissement de Paris. Il y a du pain sur la planche, on dirait.

Et maintenant, il se faisait tard et je venais de terminer Hiroshima, après avoir aussi revu la fin de a History of Violence de Cronenberg, qui est décidément un film entonnoir, pensais-je, un film tout en accélération, pensais-je, sans pour autant être un film rapide, pensais-je.

Et donc, j’étais en train de me dire bon qu’est-ce que je regarde maintenant ? Ou bien, peut-être qu’il n’est plus guère l’heure de regarder quelque chose et qu’il serait temps de plutôt éteindre et d’écouter la radio ? Ou peut-être que je pourrais tout de même essayer de regarder quelque chose.

Le temps de chargement du site est effroyablement long, m’étais-je dit, tout à l’heure à l’école et encore ici maintenant. J’espère que c’est passager.

C’EST PAS GAGNÉ

Le candidat d’extrême-droite a fait plus de 40% au premier de tour de l’élection roumaine. Ça va être serré. Chaque jour, les actualités sont plus une souffrance qu’une joie. Réveil presque impossible. Me rendors. Me relève. Me rendors. Trop mangé et bu hier soir, ce qui n’arrive pas souvent, heureusement.

C. était venue dîner. R. avait annulé, comme je l’avais prédit. R. annule toujours. D’ailleurs, lorsqu’on me dit que R. va venir dîner, je fais comme si elle n’allait pas venir et, effectivement, elle ne vient pas. J’avais préparé de la raie au beurre noisette, pour Ro, qui ne mange pas de viande. Mais Ro s’était gavée d’omelette et de frites dans l’après-midi et elle n’a pas touché au poisson. D’ailleurs, il en reste dans le frigo. Avec de bonnes pommes de terre nouvelles du marché, me dis-je.

Et puis Ro avait préparé deux banana breads au chocolat et nous nous sommes repus de banana bread au chocolat, que Ro nous a regardé ingurgiter. Et puis j’avais pris d’excellentes fraises au marché, que nous avons aussi assassinées. Et pas mal de vin blanc. Donc, diète, diète, diète.

Un peu de rapatriement d’anciens post. Février 2008. Et là, les jours ne sont plus les mêmes parce que l’année 2008 était bissextile, contrairement à l’année 2025. C’était le petit suspens de la journée.

Hier, nous étions allés à Thoiry avec S. et je me demande pourquoi on n’avait pas fait ça plus tôt, parce que l’endroit est parfait pour les enfants et beaucoup plus marrant que le zoo de Vincennes. Mais justement parce que c’est plus marrant on ne fait pas autant de films, me dis-je. Le zoo de Vincennes a donc du bon, me dis-je.

SOURIS, LE MATIN

Par chance, j’avais constitué une réserve de photos hier soir en attendant S., qui était à son rendez-vous bimensuel chez N. Ces photos, me dis-je, c’est une sorte de sauf-conduit. Elles donnent le droit, elles ouvrent les droits. Mais le droit, les droits de quoi ?

– D’écrire un texte au-dessous, voyons…
– Un texte, c’est beaucoup dire, non ?
– Un texte c’est un texte et c’est tout
– Si c’était tout cela ne serait pas grand-chose
– Cela n’est pas grand-chose, mais c’est tout.

Et je m’étais réveillé épuisé encore, avec mal à la tête, encore et mal au ventre, c’est nouveau. Je m’étais demandé si nous n’étions pas tous victimes d’un empoisonnement. Je commençai à échafauder des hypothèses quant à l’identité de la personne qui aurait eu intérêt à nous empoisonner et à étudier des moyens de la confondre.

Le fait est que nous avions dormi bien plus longtemps que prévu. Un réveil à dix heures, je ne suis pas coutumier du fait.

Je rate les pancakes.
Enfin, je rate la pâte des pancakes parce que je ne suis tout de même pas allé jusqu’à les cuire, pas folle la guêpe.
J’avais mis environ deux fois trop de farine.
Je découvre ensuite que la balance était installée en équilibre au bord du plan de travail, deux pieds par-dessus bord, d’où une mesure erronée.
Cela, en raison de mon éveil imparfait. Je vais me recoucher brièvement mais ce n’est pas une solution.
Alors je mets du linge à sécher et je bois un café, accompagné d’une tartine de jambon-beurre-tome fumée et d’une assiette de coleslaw. Un yoghourt vanille plus tard, ça commence à aller mieux.

R. m’apprend que Gabriel Attal veut interdire l’accès aux écrans aux moins de 15 ans. C’est intéressant. C’est dans le Figaro, me dit-elle, mais l’accès est restreint au chapô pour les non-abonnés. On ne va pas s’abonner au Figaro pour autant, me dis-je.

S. veut absolument montrer le traqueur de serpents et sa recherche des varans de Komodo à Ro. C’est le leitmotiv du petit-déjeuner. Alors même que j’écris ceci, ils sont en train de regarder l’épisode en question, que nous avions déjà revu hier soir, je glisse cette information en passant, l’air de rien.

Ro nous a de nouveau inondés de cadeaux: thés, savons, livres, argile, chapeaux, que sais-je encore ?

Ce matin les deux cousines doivent aller voter et tenter de faire barrage au candidat russe à l’élection présidentielle roumaine.

SANS IMAGES

D’une part je me disais, ayant rapatrié encore pas mal de posts de l’année 2008 dont les images manquent (elles existent certainement quelque part et pourraient être reconstituées), que les images n’étaient après tout pas vraiment nécessaires, qu’elles n’ajoutaient pas grand-chose et même qu’elles gênaient plutôt.

J’en étais à me demander que faire de ces images. Cela interroge, pour le moins, mon rapport à l’image d’une manière plus générale, me dis-je, pensais-je.

D’autre part, il y avait autre chose, ah oui, c’est totalement anodin, mais j’ai remarqué que les jours de 2008 et ceux de 2025 étaient les mêmes. Par exemple, si le 3 mai 2025 tombe un samedi, alors le 3 mai 2008 est également un samedi.

Ça n’a évidemment aucun intérêt mais c’était assez remarquable pour être remarqué.

Et aussi, je eme suis mis à répondre à des commentaires de 2008 et 2009. Je commence à recevoir des réponses. Et je m’étais dit qu’il y avait comme ça des périodes pivot, qui servaient au réexamen et à la restructuration.

POUR MOI-MÊME

Juste une note en passant.
Je suis en train de rapatrier les posts de l’année 2009 (et justement j’en suis au mois de mai).
J’avais remarqué toute une suite de posts aux titres anaphoriques: « pour que tu ne sois pas triste’, « pour que tu n’aies pas tout oublié », « pour ne pas stagner », etc.
J’étais en train de me demander à qui ces titres s’adressaient, qui était cette deuxième personne, avant de me rendre compte de l’évidence: je m’étais adressé à moi-même dans le futur, c’est-à-dire à moi-même maintenant, tout bêtement.

J’avais un autre truc profond à dire mais c’est tellement profond que j’ai totalement oublié ce que c’était.

SAUVER L’ÉQUIPAGE (GAMBADE)

Le titre est en forme de private joke. Il ne sera donc pas expliqué, comme souvent d’ailleurs. Il est possible, je le dis tout de même, d’y déceler un discret hommage à M.B. (1924-2004). Si jamais je devais avoir des nouvelles de ce mystère, j’en serais le plus étonné.

Visite de R., aujourd’hui.
R. est la cousine de R. et j’avoue que c’est bien pratique ces initiales pour perdre tout le monde, à commencer par moi même.
Alors j’écrirai Ro. pour parler de la cousine de R.
Et donc ainsi, Ro est de passage, disais-je.
Elle arrive, comme d’habitude, les bras chargés de cadeaux et j’ai, pour ma part, le plaisir de recevoir un t-shirt XL de couleur vert prasin, à l’effigie du chien Snoopy, portant un chapeau tyrolien à plume. Je ne sais quel message caché je dois y lire. Certainement aucun. C’est curieux de porter un t-shirt de couleur aussi vive. Je n’ai pas l’habitude. Je me sens un peu comme un sapin de Noël.

J’ai préparé de la coleslaw, de la salade de cachuètes chinoise, des choux de Shanghai sautés et du riz et on a bu du Kombucha au gingembre.
Ro avait aussi apporté des œufs en chocolats dont on s’est gavés au dessert.
Les deux cousines partent se promener au soleil, S. va jouer chez son copain T., pendant que je relis et amende quelques textes.

J’en ai envoyé un certain nombre à J-F.M. et il y en a un qui semble lui plaire.
Il fait partie d’un paquet de courtes nouvelles écrites en 2015, dans le cadre d’un projet avec R.P. (dit E.T.), avant qu’on ne se parle plus, et qui consistait à adapter en textes l’ensemble des chansons de l’album Revolver des Beatles. E.T. en prenant la moitié et moi l’autre. Une chanson sur deux.
Le texte en question, c’est Yellow Submarine (pourtant une chanson que je n’aime pas beaucoup) mais à vrai dire il n’y a pas beaucoup de rapports entre le texte et la chanson.

J’ai essayé de regarder un film du fils Cronenberg (Brandon) mais c’est un peu trop gore et je n’accroche pas.
J’ai revu les courts-métrages de Lynch. Très inspirés par Bacon. Je n’adore pas. Sur Lynch, mon jugement ne change pas avec les années: il y a toujours des scènes formidables et l’ensemble ne tient pas.
Aucun des films ne tient.
Ce qu’il y a de mieux, c’est la série Twin Peaks. Sauf les épisodes qu’il réalise, qui sont grandiloquents.
Là où il est au meilleur de lui-même, me semble-t-il, c’est en tant que producteur et directeur artistique.

Toujours mal au dos. Ça ne s’améliore pas du tout. Sous l’emprise de l’angoisse, j’ai pris la pointe de mon sternum pour un nodule étrange, jusqu’à ce que R. me rassure sur ce point.

Ro a offert à S. un serpent rouge en plastique qui clignote et se déplace à toute allure dans l’appartement en faisant un bruit épouvantable.
L’ennui c’est que de la poussière, des cheveux et des poils de chat s’accumulent entre les rouages et qu’il se met fréquemment à patiner. D’une part, il n’avance plus, d’autre part le bruit devient encore plus atroce.

R. et Ro sont reparties se balader juste avant le dîner.
Héroïque, j’ai préparé des spaghetti à la carbonara pour S. dont je n’ai pas touché un gramme. Nous avons ensuite regardé des crotales avant d’aller au lit.
Demain, il y a école. Ce n’est pas tous les jours le premier mai, tout de même.

ALLER-RETOUR

Voici le mois de mai où les fleurs volent au vent. Et, coup de bol cette année, le 1er mai, le 8 mai et le 29 mai tombent sur des jeudis. Donc, aujourd’hui, j’ai fait un aller-retour Paris-Nantes-Paris.

À l’aller, j’ai revu Eraserhead, qu’il fallait que je revoie parce que j’étais justement en train de lire la période de la biographie de Lynch qui couvre son tournage, son montage et sa diffusion.
Ce matin, je n’arrivais pas vraiment à me réveiller. Je ne sais pas si c’est le contrecoup de la séance d’ostéopathie de lundi, si je couve quelque chose ou si j’avais tout simplement mal dormi. Bref, j’étais à plat et je suis resté semi-comateux toute la journée. Heureusement, j’avais pris une paire de lunettes de soleil.

On a travaillé avec E.H. sur la bande-son de son film, en montant les sons de cymbales, de toms, de guitare et de flûte chinoise que nous avions enregistrés la semaine dernière.

L’après-midi, il ne s’est pas passé grand-chose.
Les étudiants de la situation image ne se sont particulièrement manifestés.
J’étais en autonomie, ce qui ne m’a pas empêchés d’être presque en retard pour le train.
J’appelle être en retard le fait de n’arriver qu’avec dix minutes d’avance.
Pour me sentir détendu, j’ai besoin d’au moins vingt cinq minutes.
J’ai tout de même pris le temps d’acheter une grande bouteille d’eau, que j’ai bue en revoyant Maps to the stars de Cronenberg, que j’avais un peu oublié.
Je profite d’une chute radicale du réseau pour retravailler un texte à envoyer à J-F.M., dont j’ai reçu un gentil mail de relance.

Dans le métro, je poursuis la lecture de la bio de Lynch. R. et S. sont en train de regarder un épisode du Traqueur de serpents. Celui qui se passe en Afrique du Sud, avec le mamba noir. Je termine le Cronenberg, interrompu par la chute de réseau et maintenant, il est temps de se coucher. J’espère récupérer, enfin et aussi que ce mal de dos s’estompe.

LE PARADIGME DE LA SÉQUENCE

Aujourd’hui, après avoir déposé S. à l’école je me suis occupé de la déclaration d’impôts. C’était assez rapide. Les années fiscales se suivent et se ressemblent un peu.

Sur le chemin de l’école, S. n’était pas content parce que je portais des chaussettes dans mes sandales, alors que lui se trouvait pieds-nus.
Alors j’ai retiré mes chaussettes et on s’est retrouvés tous les deux en sandales et pieds nus. C’était drôle.
Après, on s’est imaginés que S. avait six orteils à l’un de ses pieds et que cet orteil supplémentaire était doué d’une conscience autonome et capable de lire dans les pensées d’autrui.
L’orteil parlait à S. et lui révélait ce qui était en train de se passer dans la tête de ses interlocuteurs.
On a beaucoup rigolé et puis on est arrivés à l’école et S. est allé s’asseoir.

La maman d’un des copains, pour qui j’étais allé chercher un sandwich, des chips et une bouteille d’eau hier, parce que c’était sortie au parc de la Courneuve et qu’on avait totalement oublié bien sûr, m’a remercié d’avoir ravitaillé son fils.

Ayant expédié les affaires fiscales, j’étais allé chez Auchan faire des courses générales, puis j’étais rentré pour préparer du riz et des choux de Shanghai sautés.
Pour le dessert, j’avais rapporté des fraises et de la chantilly, puis R., qui corrigeait toujours des copies, m’avait donné un calisson géant qu’elle avait réussit à garder de côté pour moi.
Après j’avais regardé le chapitre 3 de John Wick et je m’étais fait la réflexion qu’il s’agissait d’un film de zombies où il n’y avait plus que des zombies. Des zombies tirant sur des zombies et abattus par d’autres zombies. John Wick aussi était un zombie. Le seigneur des zombies. Et le monde était un zombie du monde, etc. L’important était de tirer une bonne dizaine de coups de feu dans la tête de chaque zombie, pour être bien certain qu’il cesserait définitivement de bouger ensuite.
Et encore, certains zombies portaient des casques et il fallait alors des balles spéciales.

Et puis j’avais trouvé que les cheveux longs, ça allait bien comme ça et je m’étais mis en quête d’un coiffeur. J’en avait trouvé un très bien du côté de la Mairie. J’avais attendu patiemment mon tour en lisant la bio de Lynch. Et là, j’étais donc tombé sur le fameux paradigme de la séquence. En gros, pour écrire un scénario – prétend cette théorie (de Frank Daniel) – il faut élaborer soixante-dix éléments relatifs à des scènes précises, noter chacun d’eux sur une fiche, puis organiser ces fiches en une séquence cohérente. Voilà.

Et puis je m’étais fait couper les cheveux et ça allait tout de suite mieux. Mais comme la ville me rend nerveux, j’ai tendance à faire des écarts dans mon régime et je stagne entre 81 kg et 82 kg depuis quelques jours alors il va falloir mettre le holà.