
Sur cette photo de Thelma et Swann-Louise, dans le jardin de P.M. chez qui nous faisions halte, avec C. au début de nos vacances-éclair (du 11 au 22 juillet).
Séjour exquis, plein d’amitié, de chaleur et de bonnes choses à manger et à boire.
Trop court, parce qu’on doit ensuite passer chez C.M. à Change et que C. est impatiente de « gagner la Nouva », comme elle dit, et de n’en plus bouger, sauf pour aller au lac.
Au réveil il faut vite se rassembler.
Et il y a cette envie de se laisser dégouliner.
Mais il faut se rassembler.
Ne pas se répandre.
Ne pas de déprendre.
Ne pas laisser s’en aller, disparaître les rêves.
Les mots, les images. Les vrais. Les premiers. Les primordiaux.
Retenir, réunir, rassembler.
Dans le creux des mains.
Se concentrer.
Bénéficier du silence.
Passer sur la fatigue, la paresse, l’envie de replonger.
On oublie comme c’est épuisant, la famille.
Passer ces quelques jours à la montagne, entre mère, tante, sœur, cousins, neveux, ça vide l’esprit et on s’emplit le corps de nourriture, d’alcool et de soleil en attendant que ça passe. D’où un long silence.
Mais les enfants sont contents d’être ensemble et c’est tout ce qui compte.
Et c’est l’occasion de relire au hasard des petits bouts de « Liaisons dangereuses », de « Princesse de Clèves » ou de « Lettres Persanes » au bord du lac de Carouge, à Saint Pierre d’Albigny, dont les abords évoquent furieusement les paysages impressionnistes des bords de Marne au XIXe siècle.
Seule ombre au tableau: pas de pédalos cette année. Le prestataire a démonté sa baraque. C’est moins drôle, moins paradisiaque, mais c’est toujours bien.

Ces livres qui restent dans les bibliothèques des maisons et qu’on n’ouvrirait jamais sans cette torpeur. On les emporte trois fois dans le panier sans y toucher et puis d’un hop on plonge et on ne lâche plus.
Sinon je découvre, en pratiquant les tests futiles qui émaillent Facebook, qu’il y a une manière particulière de conjuguer l’obstination et la désinvolture qui pourrait bien me servir de stratégie. Je garde ça en tâche de fond.
Journées agréables à Paris avec C. Inscription SACEM, visite du Palais de Tokyo, les films de Mika Rottenberg, manger des glaces, aller voir des dessins animés, se balader en trottinette, en rollers.
Visite du local de Montreuil avec Y. qui fait un esclandre: « tu fais une connerie, tu ne vas pas acheter un truc pareil… ». Je suis furieux et je vais voir « Pires voisins n°2 » pour me remettre. C’est assez efficace, quoique plutôt effrayant s’agissant des évolutions en cours dans la société américaine. Ensuite j’ignore tous les appels et je pars picoler toute la soirée au bord du quai de Seine avec P.G. avant de rentrer méditer le reste de la nuit sur le canapé du salon, dans la fournaise estivale et les clameurs de ce samedi de juillet.
Le promoteur m’a écrit très inquiet, je lui réponds que j’ai toujours l’intention d’acheter et qu’il ne faut pas tenir compte de la réaction désagréable de Y. Obstination, désinvolture. Ce qui me soutient c’est que C. voit tout de suite le côté joyeux, positif, créatif, du projet. Un atelier, un local partagé, des lopins de terre, une terrasse sur le toit, un hamac bientôt, des instruments de musique et de quoi enregistrer.