REPRISE

J’avais pris une place dans le train de 6h58 lundi matin, mais j’ai finalement dû attraper celui de 7h28, parce qu’il m’a fallu renouveler mon abonnement Fréquence.
Rendez vous rapide à la Gare Lille Europe pour rendre sa troisième boîte à outils à O., puis métro jusqu’à Tourcoing où je dois accueillir les élèves de 1ère année.
On visite l’école. A cinquante, c’est du sport.
C’est chose faite vers midi.
Une carbonnade flamande et une bière plus tard, premier cours avec les deuxième année. Cartographie, territoires.
Visite de P.H., venu repérer pour son workshop à venir.
Nous allons boire une bière à Lille.
Je rejoins O. au Monoprix pour acheter des côtes de porc, du Beaumes de Venise et des bières flamandes pour en étudier la typographie des étiquettes.
On se couche tôt et on s’endort vite.
Le réveil à 6h30, du coup, est plutôt facile, mais crachin et froid sont les couleurs de la journée. 
Rafistolage de l’atelier son. Je vire la table Berhinger, comme l’avait intelligemment suggéré O. et c’est tout de suite beaucoup mieux.
Cours avec les 1ère années. On filme et on monte.
Un rien poussif, mais c’est un début, il fait froid, etc…
Interception involontaire d’un mail du Tartuffe des algecos. Poubelle.

Déjeuner à Lille. Il faut attendre 15h pour avoir un train.
J’ai mis de la mousse au chocolat sur mon costume et sur ma chemise.
Ou bien est-ce du café ?
Lecture de la presse et demi-sieste pendant le voyage.
Il fait déjà froid à mettre un manteau.
Des travaux partout à Tourcoing. C’est assez beau.
Peut-être l’opportunité d’une collaboration avec quelques élèves ingénieurs sur le développement de la table lumineuse, si le cousin de O. arrive à vendre l’idée à ses coreligionnaires ?
Pas de nouvelles de New York.
Ni de Pékin.
Tiens, à ce propos, écrire divers mails chinois et reprendre les cours ASAP.
– J’arrive pas à l’avoir, j’arrive pas à l’avoir, j’arrive pas à l’avoir celui-là !
(ce morceau de Bach, au piano) 
Mais on s’est gondolés dans la baignoire en lisant le premier chapitre des Ingratitudes de l’amour de Barbara Pym grâce à la nouvelle tablette de lecture spécial bain.

Ensuite, des courgettes, des pommes de terre, de l’alfalfa et un magret de canard.
Et puis un peu d’étude.

Commentaire reçu ce jour là:

Après la visite TRAM, Jacqueline trouvait que la séquence que vous aviez montrée fonctionne bien comme « mémoire du quartier ». Je pense encore que le montage images est très réussi car très fluide (vous raccordez bien à l’aide des mouvements des passants, des voitures…) mais que l’absence de correspondance avec les textes pose problème ; en aucun cas cela ne fonctionne comme construction d’archives rapportées à des situations ou lieux documentés par les images. C’est la question de la « dialectique », posée par exemple dans les films des Straub, entre le passé et le présent d’une collectivité – comme Fitoussi, je crois, en disait quelque chose d’assez réussi dans un article de la Lettre du Cinéma (d’autres aussi l’avaient écrit). Votre séquence fonctionne plus comme une suite de plans de coupe antonioniens sur la ville (des plans qui accompagneraient la dérive urbaine de Jeanne Moreau au départ de son appartement, le jour, à mi-parcours de « La Notte », mais qui seraient tous filmés en plan large) – des plans de coupe pour lesquels vous auriez créé une continuité au montage, fabricant un film « inédit » sur la ville. C’est très beau en un sens, mais ce n’est pas votre intention (vous me répondiez, il est vrai, ne pas vouloir raccorder de façon immédiate les textes et les images). Vous êtes pour l’instant en deçà du travail de documentation sur les rapports de force économiques et historiques que vous avez très bien expliqués oralement. Disons que ce montage résulte de votre position, de l’empêchement qui vous est fait, aujourd’hui, de continuer à filmer les habitants. Vous êtes contraint d’inventer autre chose – à suivre. Ce qui est intéressant aussi, c’est de voir dans cette séquence les Africains bord cadre ou en amorce, hors des parcelles des chantiers et des habitats collectifs – quand on sait la situation qui leur est faite dans ces lieux, la situation des travailleurs sans-papiers des entreprises du bâtiment. 

Philippe Larollière