S’ORGANISER

Je ne peux plus continuer comme ça. Il va falloir que je me donne un cadre, que je me fasse un planning, un agenda, un emploi du temps.
Par exemple, pour apprendre la batterie, j’ai besoin de m’exercer un certain nombre de minutes par jour mais pas plus, sinon c’est trop et ensuite j’oublie pendant plusieurs jours. 
Pareil pour la gym, l’écriture et tout le reste.
C’est un agenda papier qu’il me faut. 
Et aussi, réguler le temps passé devant les écrans. Le limiter.
Réguler le temps passé à marcher, le temps passé dehors.
Mettre en coupes réglées. 
Question de vie.
Donc, je dois.
Vite, trouver le support. Demain ou lundi.
Me passer des commandes.
Me passer commande.

LE NIVEAU BAISSE

Le niveau baisse-t-il ?
De quel niveau parle-t-on ?
Comment se mesure le niveau ? Qui mesure le niveau ?
S’il baisse, à partir de quand a-t-il commencé à baisser ? De quel niveau nominal partons nous dans un mouvement baissier ? Y a-t-il baisse constante ou alternance de baisse et hausse ? Les phases de baisse sont elles globalement plus longues ou plus courtes que les phases de hausse ? L’amplitude des périodes de baisse est-elle plus importante que celle des périodes de hausse ? A-t-on une perception juste des rapports respectifs de la baisse et de la hausse ? N’a-t-on pas tendance à surestimer les signes de baisse et inversement à sous-estimer les signes de hausse ? Tous les niveaux baissent-ils simultanément ou certains niveaux montent-ils pendant que d’autres baissent ?

HERE IS NOT HERE

On s’est tous couchés et réveillés tôt, parce que L. devait partir en classe de sport, que Sa. avait tout simplement école et que Se. est venu les chercher vers 7h15. On s’est dit au-revoir mais finalement on s’est croisés (sauf L. évidemment) de nouveau à 17h15, alors que nous partions à la gare.
Cette nuit, je ne sais plus ce qui m’a occupé. Parce qu’alors que j’étais en train d’essayer de m’en souvenir, C. n’arrêtait pas de me dire: « J’ai faim. Quand est-ce qu’on se lève ? » et bref, je ne me souviens plus de rien.
Ensuite, on a longuement traîné, N. n’avait pas de rendez-vous avant 11 heures. 
On est sorti, juste pour faire un tour du pâté de maisons, quelques courses, puis on est rentrés faire la cuisine.
Un risotto aux cèpes.
Ensuite, glandouille tranquille jusque 17 heures.
Rien de très définissable.
Lectures, visionnages, parties de 1000 bornes et de Stratego.
Puis le métro, Bruxelles Midi. La station est fermée de toutes parts. Il n’y a plus qu’une entrée. Il faut faire le tour du bâtiment pour la localiser.
On est rentrés en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf.
Aller à Bruxelles, finalement, c’est à peine plus long que d’aller à Cergy.

Se pose, en déjeunant la question suivante: si j’ai un projet, sachant les difficultés, les obstacles inévitables, les mille raisons de renoncer, le fait de me dire que tout n’est que jeu, que rien n’est réel, que tout n’est fondamentalement qu’illusion, va-t-il plutôt dans le sens de me faire renoncer par manque d’enjeu ou plutôt dans le sens de me pousser à persévérer – ce qui apparaît comme des obstacles et des difficultés n’étant pas moins illusoire que le reste ?

Y. a préparé des pommes de terre sautées. Ca sent bon, j’en mangerais bien mais il faut absolument que je perde cinq kilos donc rien. Une tisane.

LE PREMIER ÉTAGE EST AU SOUS-SOL

C’est ce qui est paradoxal avec l’ascenseur de ma cousine. On descend et on est finalement au premier étage quand même, parce que l’immeuble est bâti à flanc de colline. C’est la partie de Bruxelles qui évoque à la fois les Champs Elysées et le Seizième arrondissement. On est venu passer le week end avec C., Y. restant à la maison pour travailler. On repart lundi en fin de journée. N. avait prévu un emploi du temps si serré qu’en en réalisant 10% on est déjà sur les genoux.
Hier visite des Musées Royaux. Sublimes objets amazoniens. Têtes réduites, robes de plumes.
On se balade et on va jouer à « Small World » chez S., chez qui l’on dîne et papote en descendant des bouteilles jusqu’à minuit. 
On dort dans le salon avec C. Chacun a son canapé.
Toute la nuit j’entends craquer une lame de plancher et il faut absolument que je sache d’où ça vient.
Je finis donc par me lever et arpenter la pièce, en tendant l’oreille. Ca vient du côté du radiateur. Je palpe le plancher en dessous. Légèrement humide. Il y a dû y avoir une fuite. Ca a été mouillé, ca sèche et en sèchant ça craque. Voilà.
Une fois cette explication rationnelle en poche, je me rendors.
Je rêve qu’il y a un film à tourner pour par cher dans un magasin, que l’on j’avais récupéré suite à un incendie qui en avait réduit le prix à une bouchée de pain. On était donc en train de préparer ce film et le seul travail, vraiment, c’était d’en écrire les dialogues et pour faire cela je me donnais un an. En me réveillant je me dis que c’est beaucoup trop long. Que cinq jours devraient suffire.
J’alterne rhume – nez bouché – saignements. Avec des phases asymptomatiques quand j’ai beaucoup bu (l’alcool déshydrate).
Aujourd’hui, après une matinée glande et jeux de sociétés, musée royal des sciences naturelles. Beaucoup d’installations dynamiques d’animaux empaillés qui rappellent celles de Guo Quiang Cai. Il m’intéresserait d’ailleurs de savoir si elles en sont la conséquence ou la cause. S’agissant d’une exposition temporaire et récente, j’aurais tendance à penser qu’elles s’en inspirent mais peut-être s’agit-il d’un type de scénographie répandu depuis des années, allez savoir.
La galerie de l’homme. On y rencontre nos lointains australopithèques d’ancêtres. C’est émouvant, ces petits hommes-singes. On se sent pris dans l’évolution soudain. Je fais tous les tests physiques et cognitifs.
J’en tire la conclusion que je vais très mal. Physiquement et intellectuellement, je suis au plancher en ce moment.
Une grande phase de réanimation doit commencer.
Je dois reprendre les exercices cognitifs, la musculation, un régime de fond et me mettre à un art martial.
Reprendre aussi sérieusement la thèse sur Hong Sang soo. Trouver un titre. Aller consulter les fonds universitaires. Bref, il faut que je me bouge le cul, comme on dit.
C’est un chouette endroit pour faire un check-up, la galerie de l’homme et puis après passer par la plus grande collection d’iguanodons, saluer le T-rex et le stegosaure avant de rentrer pour se préparer une bonne salade de lentilles.
Je suis content de récupérer très bientôt du temps et de l’espace.

Se déprendre des outils statistiques, du retour, de la reconnaissance factice, de la vérification d’amour, de la chaleur éphémère. Aller vers le dehors, l’ailleurs, prendre le frais.
Ne pas oublier de mettre un pull et une écharpe.

Et aussi je me disais que ce n’était pas sain de laisser comme ça dérouler les mêmes sempiternels re-postages d’informations recyclées, pas sain de s’exposer ainsi. On n’est pas immunisé. On n’est pas indemne. L’on se retient beaucoup de polémiquer, parce que c’est tellement fatigant de vouloir avoir raison, tellement vain. L’on se retient beaucoup de ne pas exprimer sa sidération, son indignation, sa stupéfaction, son hilarité, son mépris, sa colère. L’on se retient beaucoup mais toujours l’on ne se retient pas assez. Changer de dispositif. Inverser le dispositif. Organiser la disparition

SIMON EVANS

J’ai mis le nom en titre, parce que je ne voudrais pas oublier cet artiste, dont vu une exposition hier au Palais de Tokyo. Très beaux tressages de papiers et collages. Et cette femme à la robe idéalement adaptée, c’était trop beau.
On se prépare avec C. à partir pour Bruxelles passer le week-end avec la cousine N., ses enfants et son ami S.
Soleil et fraicheur.
Envoyé ma démission et c’est bon, c’est bon. Retrouvé ma liberté d’expression. Enfin bientôt.
Dîner avec P.G. mardi soir, après un petit tour place de la République, pour jeter une oreille à la nuit assise avec les mains qui font font font les petites marionnettes. On est encore pas au Speaker’s Corner mais c’est bien sympathique.
Ensuite, direction « La Fresque » et les serveuses nous font tourner bourrique de table en table mais c’est drôle et avoir un bon copain c’est chouette.
Cette nuit, je m’installais dans un appartement gigantesque à Lille, sans avoir les moyens de l’acheter ou de le louer. C’était un peu inconséquent de ma part.

AU MILIEU DE L’OCÉAN

Il faudrait voir à ne pas mollir, s’astreindre donc à une discipline quotidienne.
Reconquérir l’organisation de son temps. Cesser de se laisser totalement phagocyter par les interfaces, les dispositifs.
S’octroyer des instants de sécheresse et de solitude, d’errance et de divagation.
Je sors d’une période d’anxiété.
Il faut dire que j’avais reçu une facture téléphonique de 22000 euros. Ca n’est jamais très agréable.
Heureusement, grâce à l’intervention de l’ami A.F., cette facture a pu être ramenée à une somme – certes très excessive – plus humainement supportable. Mais j’ai vécu ces semaines d’angoisse comme une sorte d’épreuve, d’invitation à un retour sur moi-même et sur ces pratiques pathologiques de communication, de consommation contemporaines.
De là à dire que j’ai changé si peu que ce soit serait exagéré.
Mais les lignes ont bougé.
La reconquête est en route.
Et sinon, donc, j’étais – cette nuit – en fuite, après avoir tué (des innoncents, morts pour avoir été là où il ne fallait pas au moment où il ne fallait pas). Coupé de mes complices (que je ne parvenais plus à joindre par téléphone), j’errai, après une course compliquée et de nombreux épisodes oubliés, sur une barque, une coquille de noix, tournant autour d’un gigantesque siphon. M’éloignant, me rapprochant sans cesse, à grand coups de rames.
Nous étions nombreux à tourner ainsi.
La saison 3 de Hannibal, ce n’est plus que le décorum et le grand guignol chrétien. La fascination pour la vieille europe et la superstition. Ca ne bouge plus. C’est Mme Tussaud à tous les étages. 
Aujourd’hui, c’était l’anniversaire de sept ans de C.
T.M. est passée, comme ça par hasard. On a mangé de la pizza d’anniversaire.
Je suis allé cherché une batterie électronique et hier j’étais allé acheter une trotinette. 
C. a été gâtée.
demain, c’est gâteau avec les cousins.