LE PREMIER ÉTAGE EST AU SOUS-SOL

C’est ce qui est paradoxal avec l’ascenseur de ma cousine. On descend et on est finalement au premier étage quand même, parce que l’immeuble est bâti à flanc de colline. C’est la partie de Bruxelles qui évoque à la fois les Champs Elysées et le Seizième arrondissement. On est venu passer le week end avec C., Y. restant à la maison pour travailler. On repart lundi en fin de journée. N. avait prévu un emploi du temps si serré qu’en en réalisant 10% on est déjà sur les genoux.
Hier visite des Musées Royaux. Sublimes objets amazoniens. Têtes réduites, robes de plumes.
On se balade et on va jouer à « Small World » chez S., chez qui l’on dîne et papote en descendant des bouteilles jusqu’à minuit. 
On dort dans le salon avec C. Chacun a son canapé.
Toute la nuit j’entends craquer une lame de plancher et il faut absolument que je sache d’où ça vient.
Je finis donc par me lever et arpenter la pièce, en tendant l’oreille. Ca vient du côté du radiateur. Je palpe le plancher en dessous. Légèrement humide. Il y a dû y avoir une fuite. Ca a été mouillé, ca sèche et en sèchant ça craque. Voilà.
Une fois cette explication rationnelle en poche, je me rendors.
Je rêve qu’il y a un film à tourner pour par cher dans un magasin, que l’on j’avais récupéré suite à un incendie qui en avait réduit le prix à une bouchée de pain. On était donc en train de préparer ce film et le seul travail, vraiment, c’était d’en écrire les dialogues et pour faire cela je me donnais un an. En me réveillant je me dis que c’est beaucoup trop long. Que cinq jours devraient suffire.
J’alterne rhume – nez bouché – saignements. Avec des phases asymptomatiques quand j’ai beaucoup bu (l’alcool déshydrate).
Aujourd’hui, après une matinée glande et jeux de sociétés, musée royal des sciences naturelles. Beaucoup d’installations dynamiques d’animaux empaillés qui rappellent celles de Guo Quiang Cai. Il m’intéresserait d’ailleurs de savoir si elles en sont la conséquence ou la cause. S’agissant d’une exposition temporaire et récente, j’aurais tendance à penser qu’elles s’en inspirent mais peut-être s’agit-il d’un type de scénographie répandu depuis des années, allez savoir.
La galerie de l’homme. On y rencontre nos lointains australopithèques d’ancêtres. C’est émouvant, ces petits hommes-singes. On se sent pris dans l’évolution soudain. Je fais tous les tests physiques et cognitifs.
J’en tire la conclusion que je vais très mal. Physiquement et intellectuellement, je suis au plancher en ce moment.
Une grande phase de réanimation doit commencer.
Je dois reprendre les exercices cognitifs, la musculation, un régime de fond et me mettre à un art martial.
Reprendre aussi sérieusement la thèse sur Hong Sang soo. Trouver un titre. Aller consulter les fonds universitaires. Bref, il faut que je me bouge le cul, comme on dit.
C’est un chouette endroit pour faire un check-up, la galerie de l’homme et puis après passer par la plus grande collection d’iguanodons, saluer le T-rex et le stegosaure avant de rentrer pour se préparer une bonne salade de lentilles.
Je suis content de récupérer très bientôt du temps et de l’espace.

Se déprendre des outils statistiques, du retour, de la reconnaissance factice, de la vérification d’amour, de la chaleur éphémère. Aller vers le dehors, l’ailleurs, prendre le frais.
Ne pas oublier de mettre un pull et une écharpe.

Et aussi je me disais que ce n’était pas sain de laisser comme ça dérouler les mêmes sempiternels re-postages d’informations recyclées, pas sain de s’exposer ainsi. On n’est pas immunisé. On n’est pas indemne. L’on se retient beaucoup de polémiquer, parce que c’est tellement fatigant de vouloir avoir raison, tellement vain. L’on se retient beaucoup de ne pas exprimer sa sidération, son indignation, sa stupéfaction, son hilarité, son mépris, sa colère. L’on se retient beaucoup mais toujours l’on ne se retient pas assez. Changer de dispositif. Inverser le dispositif. Organiser la disparition