TOUJOURS EN ÉTÉ

Encore une journée à 26°C. 
Ça s’est rafraîchi. C’était parfait. C’était un jour parfait.
Un jour parfait avec R.B.

Nous nous étions réveillés entre huit et neuf heures et c’était parfait.
Il y avait du café frais, du jus de pommes, de carottes et de gingembre frais et c’était parfait.
Des tartines de fromage de brebis à l’huile d’olive parfumée au basilic et c’était parfait.
De la confiture de R., au rhum, avec de l’orange confite et c’était parfait.
Une lumière dans laquelle tout baignait parfaitement.
Un incendie à l’horizon et c’était le seul détail inquiétant. Heureusement, il ne dura pas.
Et l’on partit dans le soleil.

P. annula le pique-nique.
Nous regardâmes la fin du film interrompu par le sommeil et partîmes pour une longue promenade.
Palais de Tokyo puis marche jusqu’à Saint Germain des Prés en passant par l’École Militaire, les Invalides et en consultant les devantures des agences immobilières à la recherche d’un petit cinq pièces de charme dans le 7e arrondissement.

Vers dix huit heures, spritz et pizzas au Vesuvio, puis nous nous séparons et je vais rejoindre R.B. (ne pas confondre avec R.B.) pour deux heures de maintenance-formation informatique.

Puis back-home.
Demain est une autre semaine.
Demain matin, c’est le début de la deuxième semaine de vacances pour C.
Il va falloir inventer quelque chose.
On va faire un plan.
Des plans.

BUFFALO SOLDIER

C’était au temps où le soleil se lève et puis plus tard c’était au temps où le soleil se couche.
C’était une traversée.

C’est traversant.
C’est de part en part.
C’est de part et d’autre.

L’ascenseur était encore en panne. On avait appelé E., qui avait promis, mais ce soir encore: en panne, hélas, en panne encore.
Et j’avais beau m’être levé avec R. à six heures trente, pas moyen d’être au travail avant onze heures. 
Il y a toujours mille petites choses à faire avec mille petites choses dans chacune des mille petites choses et encore mille petites choses dans les milles petites choses des mille petites choses.
Tout cela prenait un temps fou et l’on n’en avait jamais fini.

J’avais descendu les trois poubelles.
Il y avait eu un tram, aujourd’hui. Puis un bus. Porte des Lilas, le cent quinze.
Chocolat, cagé et speculoos.

Je resynchronise le film de P.C.
Dix minutes aujourd’hui. Il faudra aller plus vite demain.
Mais c’est long.
Je fais du café.

Je ne veux plus discutailler.
Ne veux plus justifier, prouver, convaincre, démontrer.
Me retire des réseaux ou ça se castagne.
Me désabonne des listes de distribution où ça vomit.
Au calme, avec un bon bouquin, c’est mieux.

Ne plus discutailler.
Laisser en paix les idéologues et s’en garder comme de la varicelle.
Tranquille.

Dans le métro, il y a un couple de mongoliens qui se font des chatouilles.
Elle rigole à tout rompre. 
Il la chatouille entre le coude et l’épaule. Ils sont comme entrelacés.
Puis elle fait une pause pour appeler sa mère, à qui elle adresse de gros bisous.
Elle sort et il lui écrit un mot d’amour qu’il lit à haute voix.
Ensuite, il se congratule et gagne à un jeu vidéo.

Il y a la vieille dame qui a faim.
J’ai faim, j’ai très faim. Si vous pouviez m’aider. J’ai très très faim. J’ai faim, j’ai faim.

Plus tard, on fait des courses avec C. puis on mange une glace en attendant R. qui nous rejoint.
Puis, plus tard encore, le métro, puis la maison.

C. doit écrire une histoire.
Taper son histoire sur l’ordinateur.
Ca prend des heures.
Le temps d’un lave-vaisselle.

On dîne avant d’envoyer au professeur.
Puis tisane, les dents et au lit.

THE FUNDAMENTAL THINGS APPLY

L’essentiel dans un journal intime, me dis-je, c’est de ne rien livrer qui soit de nature privée.
On n’est pas chez Voici, tout de même, on n’est pas chez Gala. On n’est même pas chez Télé 7 jours et encore moins sur Facebook.
Ceux qui veulent de mes nouvelles en prendront.
Ceux à qui je souhaite en donner en recevront.
Ce n’est pas l’objet.
Mais alors quel est l’objet ?

Quel est l’objet ?