
Paradoxalement, me dis-je, pour quelqu’un qui essaye de poster quelque chose presque tous les jours – au moins un jour sur deux, mais idéalement tous les jours – je prends peu de photographies. Pour ne pas dire que je n’en prends aucune, me dis-je.
D’où vient cette répugnance, cette méfiance ? Je ne sais. Tout ce que je sais c’est que je n’éprouve pas le besoin de documenter, d’indexer, d’illustrer. Plus l’image est éloignée de ce que je raconte et mieux je me porte, pensais-je. Il faudrait voir avec le temps, pensais-je encore. Il n’y a pas d’intention cachée, me dis-je.
Et donc, nous étions partis vers 16h30-17h et nous étions arrivés comme une fleur. Comme trois fleurs. Comme quatre fleurs, en comptant le chat Uranus. Comme quatre fleurs, donc, à 21h10. Le temps de réchauffer une quiche lorraine pour le dîner de S. et il était bientôt au lit. On avait auparavant regardé le film de la libération des têtards. Leur retour au bassin originel. Avec les pelures de pommes de terre cuites en prime. La nourriture des dieux. On voit S. relâcher triomphalement les têtards, d’un air très professionnel, l’air de rien.
I., notre hôte, est arrivé hier après-midi. Blond comme les champs de blés tout autour de nous, il vient de Slovaquie. On le dirait sorti d’un film de Dovjenko. Ou plutôt, il évoque un héros souriant de Boris Barnet. Oui, oui. Boris Barnet. Penser à revoir au plus vite La Jeune Fille au carton à chapeau et La Maison de la rue Troubnaïa. Il travaille à la cimenterie de A*** et sera des nôtres jusqu’à début juillet et puis l’on verra , de part et d’autre, si il y a lieu de prolonger..
J’ai fait beaucoup de coupes dans le bas des oliviers et l’on voit reparaître la forme des arbres. R. a fait de même pour les rosiers et le prunier. Le jardin reprend forme. J’ai aussi bien dégagé autour du cerisier et l’on s’est gavés de cerises. C’était la semaine. J’ai dit à I. de ne pas hésiter à monter dans l’arbre.
Le nez coulait. Je suis resté beaucoup à l’ombre. S. pourchassait les lézards.
Reçu une proposition pour participer, par le son, à un projet de recherche universitaire à Nantes, sur les sonorités urbaines. C’est intriguant. Je ne sais pas comment mon nom est apparu aux yeux (ou aux oreilles) de cette équipe de recherche. À suivre.