
Chaque semaine c’est un petit peu plus déprimant, si l’on se laisse aller à déprimer et on se laisse aller dix minutes après quoi l’on trouve à s’occuper.
Donc aujourd’hui, deux étudiantes à 9h.
L’une a avancé sur son morceau. On écoute, on fait trois corrections. C’est bien. Elle enchaîne.
L’autre n’a rien fait. C’est pas grave, on a du temps. On va essayer. On écrit quatre phrases. L’idée est de faire une berceuse.
Mais blocage.
Une pause, on réessaye.
Blocage.
Bon. Je propose de faire autre chose.
Blocage. Larmes.
Alors ça, les larmes, non, no way. Stop.
Hop, je mets fin au calvaire à 10h35.
À 10h40, une étudiante arrive comme une fleur avec 1h30 de retard.
Je dis: trop tard.
J’écris à tous que je les attends à l’heure, la semaine prochaine.
Un peu plus tard, il me sera répondu que travailler sur des chansons ne les motive pas, les pauvres chéris.
Bon. Pas grave. Je suis prêt à faire autre chose, s’il est possible d’être confronté à un rien d’énergie et de projet. Finalement, parfois, mieux vaut rien que cette présence diffuse d’amorphes avachis en attente du temps; qu’il passe.
Alors je travaille mon solfège et les modulations. Et puis j’ai un article à écrire, auquel j’ai travaillé dans le train déjà.
Déjeuner. Sashimis saumon.
Un rendez-vous cet après-midi puis ennui et lecture jusque vers 17h où je me dis que ça va bien.
À tout prendre, je préfèrerais enchaîner les cours magistraux. Au moins, il s’y passe quelque chose. Ces ateliers vides et ces heures de couloirs déserts, vraiment… En l’état, j’ai l’impression d’un terrible gâchis d’argent public, en plus de mon temps qui, lui, est payé.
Bref, sinon, belle lumière mais du vent et le grincement des gréements, les larsens des mâts métalliques. Je vais chercher ma bouteille d’eau à l’épicerie du Grand Large.
Le Bar à Papa est fermé. À vendre.
Pas grand monde sur la plage. L’Iguane est désert.
Je rentre par la plage et le pont qui enjambe le canal en direction du FRAC.
Un type de 2m20 dribble tout seul sur le terrain devant l’auberge de jeunesse.
Nous prenons l’ascenseur ensemble.
Il est vraiment gigantesque.
C’est drôle, j’ai l’impression de mesurer 1m20.