
On a beau faire, il y aura toujours un fil électrique ou un bout de toit dans le champ.
Ce n’est pas grave, c’est même beaucoup plus beau parce que ça n’a rien de parfait.
Et il y a un point chaud.
Heureusement, aussi, il y a les étudiants de troisième année. Je les aime de plus en plus, ceux-là, et leurs vidéos – même ratées, faites par-dessus la jambe parfois – font toujours penser, donnent toujours à penser, à discuter, à associer, à tirer des fils.
Heureusement qu’ils sont là, sinon, je me sentirais bien seul dans cette école déserte.
On dirait un film de Duras.
C’est à faire peur.
Promenade dans le silence vide, sur lequel le soleil jette parfois un rayon.
D’un café l’autre, dans les couloirs vite.
Evidemment, les rares présents bénéficient d’une écoute particulière.
J’écourte le cours, parce que lorsque l’on est quatre, quatre heures c’est long.
Il faisait moins froid, c’était déjà ça.
A midi, j’étais aller manger un mafé à La Calebasse. Avec un jus de gingembre, comme il se doit. Ca m’avait réchauffé. J’avais lu le journal.
Je suis content d’être – de nouveau – absent de Facebook.
C’est triste comme une solitude peut être triste mais c’est beau comme une solitude peut être belle. Et notre bêtise collective m’attriste tout autant et plus.
Par ma seule existence, par mon statut-même d’artiste parisien, enseignant fonctionnaire territorial, papa, monsieur, bourgeois, propriétaire, je constitue une violence au regard de qui n’a rien, ne se sent rien, ne décèle pas de perspective, n’a plus rien à perdre, veut tout casser, désire le chaos et à celui là je ne peux rien dire, ne peux plus parler parce que par ma seule existence je suis violence à ses yeux, je suis obstacle à sa colère, je suis retard sur sa route vers le chaos. Alors, il ne me reste qu’à souhaiter qu’il ne soit pas majoritaire et qu’un peu d’apaisement puisse résulter d’une détente provisoire.
D’une manière générale, je ne veux plus rien dire. Ce n’est ni le lieu ni le moment.
Je ne dis jamais rien, de toute façon, c’est évident et c’est la moindre des choses.
En revanche, j’attends avec impatience la fin des travaux. Echanges enthousiasmants hier avec M.S. et A.A.
C.C. me confirme que les enceintes sont réservées. Je suis content. Hyper content.
Je veux être un bon artisan.
JE N’AIME PAS LES ANNIVERSAIRES

Personne n’aime ça, les anniversaires.
C’est justement pour ça qu’on les fête. Pour conjurer le sort.
C. ne fait pas exception.
Dès que les copines sont parties, elle s’est mise à pleurer et à se répandre en imprécations pour maudire le ciel et la terre. Pas Athéna, quand même. On ne touche pas à Athéna dans cette maison.
Je l’ai envoyée se coucher vite fait et elle est revenue dans de meilleures dispositions.
Ca fatigue, les bonbecs.
Neuf filles dans un petit appartement parisien, ça fait du bruit faut dire.
Genre apocalypse.
Il y a eu du déchirement d’ailes.
On a tenu bon.
On s’est gavés de gâteau au chocolat.
Surtout moi. Demain, gym dès le matin.
Puis il faudra, à un moment, aller à Montreuil déplacer du matos pour dégager la salle associative, que C. doit utiliser pour fêter son anniversaire (encore un).
En allant faire les courses ce matin, alors que je passe au conservatoire pour réinscrire C., je tombe sur A., le papa d’I. et L.B., qui est avec sa fille. L. me raconte une histoire qui me fait bien rire:
C’est une hôtesse de l’air qui pousse son charriot et propose deux possibilités de plateaux repas: le premier c’est une assiette de poulet et l’autre c’est un étron puant.
– Il est préparé comment ce poulet ? – demande le passager.
Exactement comme ces gens qui tordent le nez pour aller voter.