LA SINGULARITÉ DES SENTIMENTS

Ce n’est pas tous les jours facile, me dis-je. C’est le plus souvent laborieux, pénible, rebutant, ennuyeux, me dis-je. C’est le plus souvent un pensum, une corvée, un devoir, une sinécure, me dis-je. Mais enfin, il faut, je me dois, je me dois bien ça. On se doit bien ça, me dis-je, pensais-je.

Et donc, plutôt que de poursuivre tout simplement, plutôt que d’enchaîner les épisodes de cette re-vision de la 3e saison de Twin Peaks, après avoir -enfin- réussit à obtenir de S. qu’il s’endorme (au chapitre XVIII du Petit Prince, ou quelque chose comme ça. J’avais laissé tourner le podcast, j’avais dit: « je vais me laver les dents et je reviens ». Je m’étais lavé les dents, j’avais fait la vaisselle, préparé mes affaires pour demain et puis j’étais allé chercher mon téléphone qui continuait à diffuser le podcast dans la nuit d’un petit garçon qui ronflait doucement. Ouf, me suis-je dit. Enfin !

Lundi, donc. C’avait été un lundi, encore. Un de ces lundis où je me recouche un peu entre 7h45 et 8h00, après le petit déjeuner et avant de commencer vraiment la journée, R. ayant déposé S. à l’école. Ensuite, je n’étais pas très pressé. Juste un rendez-vous à 11h à Objectif Son pour enregistrer une voix.

On s’était dit « il y en a pour une heure à peine » et en fait c’est plus long. C’est plus long parce que c’est institutionnel et que l’institutionnel, si on n’a pas ça dans le sang, il faut chercher l’articulation des concepts. C’est la langue de bois dans la pensée agile et parfois c’est la langue agile dans la pensée de bois. S. revient de Corée, encore toute jet-laguée mais cela lui donne une espèce de sur-régime un peu exalté. L. et S. veulent à tout prix faire les liaisons, toutes les liaisons. Moi, je prétends que toutes les liaisons ne sont pas bonnes à dire. On y passe un temps certain, mais ce n’est pas déplaisant.

Vers 13h30, je rentre après une course à l’épicerie chinoise en bas. Tandis que R. s’en va donner ses cours, je me prépare des pâtes chinoises aux choux de Shanghai et à la poitrine séchée. Un yaourt grec au miel et au sarrasin. Une bière japonaise. Je regarde la fin de Blue Velvet, qui me plais davantage que la dernière fois que je l’ai vu, surtout parce que j’y cherche les détails décris dans la biographie. De fil en aiguille, je télécharge donc cette dernière saison de Twin Peaks, pas revue depuis 2017 et le premier épisode possède un certain nombre d’atouts.

J’ai aussi fait opposition à ma carte Business, pour signaler une opération frauduleuse et, je l’espère, me faire rembourser. J’ai également interrogé le support technique de mon hébergeur quant à la possibilité d’installer le module PHP Imagick et il m’a été répondu que, pour qu’une telle chose se produise, il faudrait pour le moins que je passe à l’abonnement supérieur (« performance plus » je crois, où quelque chose du genre), alors, pour voir, je leur ai demandé combien il m’en coûterait et j’attends leur réponse, comme j’attends d’ailleurs les propositions de toutes ces sociétés qui me proposent sans trêve des rachats de crédits et me laissent en plan quand il s’agit de passer aux choses sérieuses.

Et puis, vous savez quoi ? Il se fait tard et demain, réveil à 4h00 du matin pour attraper le train de 6h30, donc rideau.