RUNAWAYS, RAMONES, ETC.

C’était jeudi dernier, à la galerie Paradise de Nantes, une partie des travaux des étudiants diplômés des beaux-arts en 2025. Et donc, je me dis, ça fait une semaine sans rien noter. Pas terrible ça, pas rigoureux. Au moins noter quelque chose. Ne fut-ce que les noms des groupes qui comptent pour Buzz Osborne, Dale Clover et Steven Mac Donald, à savoir, donc, les fameuses Runaways, les non-moins fameux Ramones, sans parler des Rolling Stones, qu’on ne présente pas ou de Miles Davis, qui se passe de commentaires.

Mais oui, donc, me dis-je, il faut noter des trucs. Peu importe quoi. Peu importe combien. C’est la fatigue, me dis-je. C’est la flemme.

Il faut aussi préciser qu’il y avait eu vingt personnes à la maison ces derniers jours. Ça m’avait d’abord angoissé et puis c’était devenu joyeux en advenant. Même si l’entropie me terrifie et que je passe mon temps à ranger et à faire la vaisselle dès que quelqu’un quitte une pièce ou pose son verre ou renverse quelque chose ou bouge une chaise ou ouvre une porte ou une fenêtre ou dit quelque chose ou tourne la tête.

J’avais loué une sono et préparé une playlist. J’avais préparé ma playlist soigneusement, écoutant chaque transition et prenant des notes pour les perfectionner, pour repositionner les morceaux au quart de poil près. J’avais pris des notes pour décrire ce qu’il se passait à chaque transition d’un morceau à l’autre. J’avais noté les associations, les contrastes, les continuités, les ruptures. C’était du travail d’orfèvre.

Et, pour finir, je n’ai pas joué cette playlist. Personne n’avait envie d’écouter cette playlist. Tout le monde voulait écouter sa propre playlist, improvisée sur place et c’est comme ça. Et puis c’était l’anniversaire de R., pas celui de ma playlist. Donc j’ai remballé ma playlist et, probablement, personne ne l’écoutera jamais. Et d’ailleurs, elle est probablement très mauvaise, probablement inaudible, trop pleine d’intentions, trop faite sur mesure, trop pensée, trop voulue, trop convenue. Pas fâché de ne pas l’entendre, cette playlist. Pas fâché de ne plus en entendre parler.

J’écrirais bien encore d’autres trucs. Je noterais bien encore d’autres souvenirs, remarques ou pense-bêtes mais j’ai mal à l’épaule et à l’avant bras parce que j’écris au lit et qu’il est tard et que ça suffit comme ça, nom de dieu.