
Façades vierges, abri-bus vierges, absence de panneaux publicitaires. La ville est nue. Les images se sont absentées. Fini les écrans géants, les néons, les bill-boards. Il reste encore quelques rares graffitis. Des affiches, encore, dans le métro. Pour combien de temps ? Même les flancs des trams sont nus.
La ville est nue, les images se sont évaporées.
Elles ont été, peu à peu, entièrement absorbées et régurgitées par les écrans célibataires, dans le circuit de soi-à-soi de parcours somnambules. Interfaces insomniaques et hypnotiques. Images désormais solitaires, sans partage, sans regards, sans analyse dans un déroulement sans fin. Images en circuit court, en circuit fermé.
Je me suis dit qu’il faudrait documenter cela. Il suffirait, m’étais-je dit, de photographier la ville. N’importe quelle photo de n’importe quelle ville pourrait servir à documenter cette disparition progressive des images de l’espace public. Mais aussi, il faudrait voir ce que font apparaître les corps, les postures, les silhouettes, les rares regards interceptés.
J’ai pensé que ce pourrait être un projet uniquement photographique. Ou un film. Je me suis dit qu’il fallait commencer. Alors j’ai commencé. C’était après une journée à recevoir des candidats pour le concours d’entrée en première année de l’école des beaux arts de Nantes et justement, aujourd’hui (mais hier aussi), nous avions reçus d’excellents candidats. Tellement, que c’en était une joie et que me voila joyeux, dans la lumière de l’été, malgré ma vieille fatigue de la veille.
Je n’avais pour ainsi dire rien fait d’autre de la journée, à part manger un sandwich bacon-œuf mimosa au petit déjeuner et du poulet caramélisé croustillant coréen au déjeuner. Rien d’autre à part un trajet en vélo, boire quelques cafés, échanger quelques mots avec I. dans le studio son, pour lui dire qu’il fallait qu’elle ait davantage confiance en elle et en ses projets. Rien d’autre ensuite, à part un trajet en tram et maintenant en train.
Et c’était très bien.