J’avais totalement oublié la présence de ce porte-clés sur mon trousseau. Il faut dire qu’avec la restitution de l’appartement d’Aubervilliers, ce trousseau a considérablement fondu. C’était un trousseau comme on en voit souvent, de nos jours, fait de plusieurs trousseaux agglomérés. Petit à petit, cela redevient un simple trousseau. Et puis, à la campagne, fermer les portes à clefs n’est pas une obligation. On le fait par habitude, par superstition. Ce porte-clefs « Tunisie », nous l’avons trouvé dans la maison lorsque nous l’avons achetée. Il appartenait à l’un des anciens occupants. Lequel ? À quelle occasion l’avait-il, l’avait-elle acquis ? Un voyage ? Toutes les spéculations sont permises.
Je regarde le plafond de la chambre verte et j’imagine… des suspentes anti-vibratiles, des rails métalliques, des plaques de placo, un trait de joint silicone. Au-dessus, à l’étage, dans la chambre de S. j’imagine une couche supplémentaire d’aggloméré, un résilient sous parquet et un parquet chêne massif 22mm. La nuit, parfois, je regarde des vidéos où des bricoleurs partagent leurs expériences d’isolation des rampants avec de la laine de bois et du Fermacell.
Finalement Ci ne vient pas. C’est triste, mais les relations sont parfois compliquées. Ca s’arrangera. On a fêté tranquillement l’anniversaire de S. En petit comité. Il n’a pas aimé son vélo, au début, parce que ce n’était pas un serpent et même pas un jouet. Ce n’était pas un vrai cadeau. C’était un truc nul.
Ce qui sauvait le vélo, finalement, c’était d’être arrivé dans un grand carton. Ce grand carton, ça c’était un cadeau intéressant. Cela devenait tout de suite un bateau, une arche, un radeau au milieu de la pelouse brûlée par le soleil caniculaire. Températures culminant à 38° C hier et aujourd’hui. Les nuits restent fraîches, heureusement et la maison est tempérée.
J’ai déposé la Freebox à Saint-Varent ce matin et, ce soir, Orange l’a déjà reçu. C’est rapide Chronopost, quand ça fonctionne. J’ai renvoyé le flexible à air comprimé, qui n’était pas étanche et reçu une paire de rideaux bleu pétrole pour la douche du jardin. Un pour fermer la douche, l’autre pour protéger la chaudière. J’attends encore deux robinets de jardin pour remplacer ceux qui fuient et six sacs pour y stocker les déchets végétaux. La déchèterie d’Airvault fait un peu n’importe quoi avec les horaires en ce moment et, après trois essais, j’ai enfin réussi à jeter mes trois sacs de végétaux ce matin. Ils ont été vite remplis en début de soirée, lorsque je suis sorti dans le jardin à la fraîche.
Pour ne pas être tenté par les breuvages alcoolisés, je me suis préparé une eau parfumée au concombre, citron et menthe. C’est pas mal. Ça fonctionne.
J’ai été bien inspiré de photographier ce dessin commencé l’autre jour et qui a fini déchiré, au cours d’une crise de rage de S. Et encore, je ne l’ai pas immortalisé dans son état d’achèvement ultime.
En lieu et place d’un serpent ou d’un gros lézard, ce sont finalement des phasmes que les P. ont offert à S. pour son anniversaire. Il y a un mâle, baptisé Edgard et une femelle, baptisée La Joconde. Ils peuvent se reproduire par copulation ou parthénogenèse, au choix, c’est pratique. Il ne faut pas oublier de renouveler leurs feuilles de ronciers, de maintenir autour d’eux une température de 20 à 26°C et un taux d’humidité de 60 à 65%. Ils sont installés dans un aquarium reconverti en terrarium par les P., avec un joli toit de bambou toilé.
Hier, c’était journée anniversaire d’enfant à la Cabane de Mario. Et, comme il faisait 33°C, c’était chaud. Mais les enfants sont capables de dépenser beaucoup de calories, à condition de bénéficier d’un apport en sucres adapté. Le chocolat n’est plus à la mode, apparemment. Au moins trois enfants sur huit n’aiment pas ça. Il faudra y penser la prochaine fois et ne pas les inviter.
Bien sûr, S. a reçu un nouveau crotale et un nouveau cobra, mais aussi un nouvel appareil photo, pour remplacer celui qu’il avait cassé en le lançant rageusement dans le jardin, lors de sa crise de colère de l’autre jour (la même ou une autre ?).
Et puis, aujourd’hui, je devais aller chercher Ca., T., R. et Ci. à Poitiers, mais il semblerait que la semaine en colonie de vacances ne se soit pas bien passé et Ci. ne veut plus entendre parler de T. ni de R., ni même de Ca et ne devait pas venir aujourd’hui. Mais, rebondissement, c’est finalement Ca. qui ne viendra pas, parce qu’en l’absence de T. et de Ci., R. ne veut plus venir et qu’il ira finalement chez son père. Mais Ca. ne viendra pas pour autant Alors j’appelle Ci. pour lui demander si, étant donné que Ca., T. et R. ne viennent plus, elle ne déciderait pas finalement de venir quand même aujourd’hui. Elle répond d’une voix morne et guère engageante qu’elle n’a pas préparé ses affaires, qu’il faut qu’elle demande à sa mère. Tout ça ne présage rien de bon. Je ne sais pas, donc, finalement, si quelqu’un vient ou non et je ne sais pas à quelle heure je vais me mettre finalement à préparer ces confitures de mûres, dont nous avons ramassé quatre kilos et demi hier avec Co.
Rebondissement encore: Ca. m’appelle pour savoir si Ci. vient finalement parce que, si elle ne venait pas, elle tenterait d’échanger ses billets contre d’autres. Je lui dit d’essayer et qu’au pire je prendrai en dernière minute un billet pour Ci. De toute façon, je ne suis pas du tout sûr que Ci. viendra. Je m’attends à chaque instant à un message négatif. Voire à un coup de fil de sa mère. Mais, de même, il n’est pas du tout sûr que Ca. parvienne à échanger ses billets contre d’autres billets échangeables. Tout cela me fait penser que j’ai commandé un billet pour Ci. le 14 et je suis en train de me demander si ce billet du 14 sera finalement échangeable au cas, incertain, où Ci. décide finalement de venir aujourd’hui.
Finalement, elle ne viendra pas aujourd’hui et, vu la tournure des événements, je pense qu’elle ne viendra pas du tout.
Ce matin, je suis allé trois fois faire les courses. La deuxième fois, j’ai dû y retourner parce que j’avais oublié d’acheter des pots pour la confiture et des pommes de terre pour les frites et la troisième parce que j’avais oublié d’acheter du coca pour S.
C’est drôle, je me souviendrai toujours de cette phrase entendue au hasard, un jour. Je ne sais plus qui disait ça. D’ailleurs, je ne peux pas le savoir, c’était une inconnue. C’était peut-être en passant, au détour d’une rue. Je ne sais pas. C’est juste que la phrase me fait rire et qu’en même temps elle me parle.
Je me disais ça justement, alors que j’ouvrais cette page comme machinalement, comme sans préméditation. Et d’ailleurs, c’est le cas. Je n’ai rien médité et encore moins prémédité. C’est juste qu’il est deux heures vingt sept du matin et que je viens d’achever le dernier épisode de la sixième et dernière saison de The Americans et que, comme ça, avant de dormir, je m’étais dit: « ce n’est pas parce que je n’ai rien à dire que je vais me taire ».
Et je n’ai même pas d’image.
En réalité, des images, j’en ai fait des tonnes cette semaine. Ces deux dernières semaines. Mais pas des images pour moi. Des images pour la Martinique. Pour le studio.
Ça m’a pris un temps fou, un temps fou. On oublie tout le temps le temps que ça prend. Mais ça vous prend tout votre temps, tout. Et puis, tout à coup, ça s’arrête, c’est fini. On se disait qu’on n’en finirait jamais et puis on rectifie un dernier plan, on exporte un dernier graphique 2D.
Bon, j’ai encore quelques pages à rédiger. Demain, ce sera fini.
Il ne faudra pas que j’oublie de sortir les poubelles cette fois. Oui, c’est demain. C’est demain que ça fera quinze jours que j’ai écris que j’avais oublié de sortir les poubelles alors que, si ça se trouve – je n’ai pas vérifié mais c’est fort possible – je disais ça dans la dernière entrée. Ou, en tout cas, il n’y a pas bien longtemps en terme d’entrées. J’irai vérifier.
J’étais absent. J’étais entièrement requis par cette étude. J’étudiais. J’étais à l’étude. Et hop, c’est fini. Je ne suis plus étudiant. A nous la vie. A nous l’été.
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LE GENDARME ET LES EXTRA-TERRESTRES
Les journées passées sur Sketchup à finaliser le modèle de studio ont tendance à se suivre et à se ressembler. Enfin, aujourd’hui, j’en ai fini avec les boîtes. Je vais pouvoir passer aux traitements. Encore deux jours et je pourrai, je pense, terminer l’étude. On oublie toujours, d’une étude à l’autre, à quel point c’est dense comme travail. Les petits morceaux de placo qu’il faut recaler au dernier moment. Je m’organise mieux. Je crée des groupes et des sous-groupes pour tout. Des hiérarchies. Je m’organise mieux. Quand je repense à mes premiers projets 3D. Mon dieu.
Le petit chat Gribouille est bien mignon. Il est assis à côté de moi dans le canapé et ronronne. Hier, je ne sais pas comment il a fait, il s’est coincé une griffe entre deux rallonges de la table du salon et s’est mis à miauler à la mort. J’ai pu le sauver in extremis. Aujourd’hui, c’était Uranus qui miaulait à la mort, mais sans raison valable. Pour le plaisir.
Cette semaine, R. travaille le matin et moi l’après-midi. C’est bien. En tout cas; ça a fonctionné aujourd’hui. J’ai fait un saut à la déchèterie avec Olivier. Je rappelle qu’Olivier est le nom de la Ford Fiesta. Sur le chemin du retour, deux anglais s’étaient fourvoyés dans un fossé. Un type avec une camionnette et de la corde s’est finalement arrêté et on a pu les tirer de là.
J’avais oublié la saison 6 de « The Americans ». Ou peut-être que je ne l’avais pas vue. Oui, me dis-je, certainement, c’est ça. Je ne l’avais pas vue. Dans mon souvenir, ils rentraient à Moscou et voilà. End of story. Mais non. C’est pire. C’est horrible. En tout cas ça commence très mal. Elizabeth devient monstrueuse et Paige se fait embarquer là-dedans. Brrrr.
Sinon, jolie promenade à Argentine aujourd’hui. Le village s’appelle comme ça à cause du ruisseau « Argent », qui se déverse dans le Thouet à cet endroit. Et ce ruisseau tire son nom d’un gisement d’argent exploité à l’époque Gallo-Romaine. Il reste des vestiges de ce viaduc romain. Une pente de 2 mm tous les mètres, est-il écrit.
J’ai récupéré Olivier, qui roule et accélère comme une vraie petite Ford Fiesta. Il y a cette odeur. Je ne sais pas ce que c’est. Une odeur de plastique moisi. Curieux. Alors je fais un grand nettoyage. Maintenant ça sent le plastique mois propre. C’est déjà ça. Je pense qu’il faut rouler, aérer, vivre et que ce moisi va partir.
Hier, au marché de Thouars, j’ai acheté un gigot d’agneau que je m’apprête à faire cuire demain pendant sept heures. Et de l’oseille, pour une soupe que nous avons mangée ce soir. Et des pommes de terre pour cette même soupe. Et des tomates pour la salade. Et ce matin, à Airvault, marché aussi. La bonne vie et les bons produits. C’est bien.
J’aurais dû surveiller le prunier à Reine-Claude. J’ai cueilli in-extremis ce qui restait ce soir. De quoi remplir un grand saladier, mais pas vraiment de quoi faire des confitures. On les mangera en fruit, et voilà.
Je n’y aurais pas pensé, mais c’est agréable de conduire une vieille voiture Comme cette Twingo de 1996 que le garage me prête, en attendant qu’Olivier soit réparé. Olivier, c’est le nom de la nouvelle voiture. La Ford Fiesta, qui est en panne d’injection. Au départ, on s’était dit « Olivia » ou « Olive ». Mais non. Il fallait que ce soit « Olivier ». En ce moment, tout doit être au masculin parce que S. est dans une période masculiniste. Il faut que le chat soit un mâle et que le monstre de Gila de la ménagerie soit un mâle et, si on croise un crotale, il faut compter les anneaux. S’il y en a beaucoup c’est que c’est un mâle, dit-il. Donc la voiture doit être un mâle. Un mâle dominant, cela va de soi. Si ce n’est pas un mâle, ce n’est pas la même chose, pense-t-il.
L’odeur de cette vieille voiture, me rappelle les années soixante dix. Le plastique se décompose, se délite. Les tissus tombent en poussière. Il y a même un allume cigare en bonne et due forme et aucune alarme ne se met en route lorsqu’on ne boucle pas la ceinture. Les fenêtres s’ouvrent avec une manivelle et les rétroviseurs latéraux se manipulent aussi mécaniquement. La direction n’est qu’approximativement assistée. Il n’y a pas de détecteur d’obstacle lorsqu’on est en marche arrière. Il faut relâcher très doucement l’embrayage quand on passe les vitesses. Il y a quelque chose de joyeux à rouler dans cette vieille guimbarde. On ressent de la tendresse à son égard. On n’a pas envie de faire du cent. Déjà, à quatre-vingt, on trouve que çà file.
Ce matin, je m’étais réveillé en catastrophe à six heures en me souvenant soudain que j’avais oublié de sortir la poubelle. Trop tard. Le camion était passé, déjà. Ici, les éboueurs ne passent que tous les quinze jours. Alors, j’ai mis deux sacs poubelles dans la Twingo et je suis allé les jeter dans des poubelles sur une aire de repos. Ce n’est pas autorisé, j’ai un peu honte, mais aussi, cela fait la deuxième fois que j’oublie le passage des poubelles.
C’était un peu l’aventure d’aller jeter mes deux sacs poubelle à sept heures du matin, sur cette aire de repos. J’imaginais les gendarmes postés à l’affût dans les fourrés, avec des jumelles, prêts à arrêter les petits malins dans mon genre, justement le jour du passage des éboueurs. Je m’en suis bien tiré cette fois.
R., S. et les grands-parents sont partis à la mer et j’en profite pour avancer à grands pas sur cette étude acoustique. Je passe mes journées à construire un studio en 3D sur Sketch Up. I. s’en va demain, après presque deux mois en Air B’nb. Un monsieur vient pour trois jours avec sa fille et puis on ferme pour la saison.
Je suis passé chez Emmaüs pour leur proposer de venir chercher notre ancien canapé et ils m’on dit qu’ils appelleraient et qu’ils passeraient.
Au bout de deux jours de travaux de rangement, vidage, nettoyage, curetage, enduit, lessivage, peinture, l’appartement est pratiquement comme neuf. Il est redevenu une page blanche. Et nous ne disons pas merci à Mme J., la Property-Manager de la société in’Li, qui ne nous a donné aucune info sur l’horaire et les modalités de l’état des lieux de sortie. Il a fallu remuer ciel et terre pour apprendre, en définitive, qu’elle avait chargé le gardien de s’en occuper aujourd’hui à 14h.
L’Opel Vivario est un bon compagnon dans cette aventure et il rempli jusqu’au dernier centimètre cube. Hier soir, apéro chez R. à la Courneuve et aujourd’hui on dit au-revoir à C. avant d’en finir avec ces procédures administratives et de prendre la route.
J’ai fait des cauchemars incroyables cette nuit mais j’étais beaucoup trop épuisé pour noter quoi que ce soit et maintenant j’ai tout oublié. Du dernier, je me souviens simplement que nous prenions le petit déjeuner avec les Trump. Je lisais le journal et Mme Trump me faisiat remarquer qu’il était tard et qu’il était l’heure de partir pour l’école. Donald me demandait ce que je pensais de l’attribution d’un gros marché informatique de l’État américain et je lui répondait: « Cisco sytems, trop petit. Peut-être Microsoft. » Et il hochait la tête d’un air entendu.
Je viens de prendre rendez-vous avec le garage de Thouars pour faire réparer l’injecteur de la Ford Fiesta, de résilier le contrat Engie et l’assurance habitation de l’appartement, que nous rendons tout à l’heure.
Avec un peu de chance, on pourra utiliser la camionnette pour apporter à la déchetterie tous les déchets végétaux qui traînent dans le jardin.
Il fait gris à Aubervilliers. Il fait frais. Il pleut.
Je n’ai rien écrit ici depuis trop longtemps et j’aurais beau dire que j’étais bien occupé. Taratata. Il faut. Je dois. Bref, donc, je reprends. Et ce n’est pas avec une bonne nouvelle puisque le garagiste de Saint-Arnoult, dont j’attendais des nouvelles depuis lundi, vient d’appeler pour me dire: « Vous pouvez venir chercher votre voiture, elle roule normalement. »
Le problème c’est que je dois en réalité entendre derrière cette phrase, en apparence rassurante, que le moteur est mort. Elle roule normalement, mais elle est susceptible de caler à n’importe quel moment et ne peut plus faire de la route. Le garagiste bégaye au téléphone. Mais je comprends que c’est un problème de segmentation. J’apprends par là-même un nouveau concept. Ah, si j’étais mécanicien ! En l’état de mes connaissances, je dois demander à un professionnel de prendre en charge les réparations et, vu qu’il y en a pour plus de 4000 €, je ne vais pas faire d’acharnement thérapeutique. J’appelle mon garagiste habituel pour prendre conseil. Il n’est pas non plus en faveur d’une réparation du moteur, qui sera trop coûteuse, selon lui. Surtout avec une voiture qui se trouve à 300 km. Fin de vie pour Augustine, donc. Reste à trouver une casse dans les parages.Ah, et il va me falloir une nouvelle voiture.
J’épluche la Centrale des particuliers et j’en vois quelques unes autour de 2000 €. Pour la semaine prochaine, j’ai réservé un utilitaire, qui nous permettra d’aller à Aubervilliers avec R. pour récupérer les dernières affaires, nettoyer l’appartement à fond et rendre les clefs. Pour l’instant, on se débrouille avec une seule voiture, mais avec les parents e R. qui arrivent la semaine prochaine, il va falloir prendre des mesures urgentes. Et tout en écrivant ça, je viens de réserver une Ford Fiesta IV Phase 2 Diesel de 2008, 146 500 km au compteur pour 1850 €, ce qui me paraît raisonnable, un Blabla Car pour aller à Poitiers prendre un train à destination de Paris Montparnasse demain et aller chercher ladite voiture samedi midi à Asnières.
R. est arrivée hier matin à Poitiers. J’ai commencé à travailler sur le montage son d’un film consacré au plafond peint de la cathédrale de Fréjus et il faut aussi que je termine l’étude acoustique des B., avec une Live Room qui s’ajoute au menu. Miam. R. et S. sont partis en début d’après-midi pour aller chercher un petit chat du côté de Saintes, en Charente Maritime. Une dent me fait souffrir. Décidément, c’est une série noire. Tout part en live.
Bon, si je ne me mets pas au travail maintenant, ce n’est pas Pouchkine qui va le faire à ma place.
Quand j’étais rentré vers 18h30 hier, je me disais déjà que cela avait été une journée bien chargée, avec trois visites de studio en compagnie de E.B. et P.B. puis l’enregistrement de la voix de M. avec D. et G. pour un film sur le plafond peint de la cathédrale de Fréjus, les derniers paquetages et le remplissage d’Augustine pour notre départ, à S. et moi, vers P***.
L’été pour la vie.
Las, alors que nous roulions fièrement dans les rayons du soir, voilà-t-il pas que le moteur d’Augustine se met à toussoter. Le start-stop débraye. Plus de puissance. Me voilà à vingt à l’heure. Je sors de l’autoroute. Où sommes nous ? Rambouillet.
Je me dis « vite, de l’huile ». Je sais qu’il faut de l’huile. Que ça va relancer le moteur et que tout repartira comme en quarante. Mais, dans les faits, il est presque 21h et tout est fermé. Il faudrait une station service d’autoroute. À bout de ressources immédiates, j’appelle l’assistance. On nous envoie une dépanneuse. S. a un moment de détresse où il s’imagine qu’on n’atteindra jamais P***. La chatte est stoïque. Pour le moment. On fait diversion. Il y a un Mac Do. Hop, un happy meal pour tromper l’angoisse. J’essaye de recruter parmi l’équipe du fast-food un débrouillard capable d’aller quérir un bidon d’huile. J’ai même un échange sophistiqué avec le manager. Rien. Le dépanneur arrive. Je parviens à le persuader de tenter le coup auprès de la station de la nationale. On appelle. La boutique est fermée mais devant mes arguments et le chantage affectif (la détresse de mon fils de cinq ans), on nous dit qu’on va se débrouiller pour nous aider. On charge Augustine sur la dépanneuse. On file à la station. J’achète deux litres d’huile 0W30. J’en verse un dans le réservoir d’huile de la voiture. Ça redémarre. D’abord lentement, avec le petit signal d’alerte. Et puis le signal disparaît. Tout va bien. Tout est rentré dans l’ordre. On a vaincu les éléments. On est des guerriers. On est des ninjas. Le dépanneur me dit: « roulez derrière moi jusqu’à la prochaine sortie, qu’on en ait le cœur net ». Alors on roule derrière lui et tout va bien. On signe la décharge. On se quitte bons amis dans le couchant. C’est reparti. Allez, la nuit est encore longue. Hop, on prend l’autoroute. Plus de signal d’alerte. On accélère. Cent dix, cent vingt, cent trente. On est des aventuriers, mec. On est des héros. Et tout à coup. Plop, plop, plop. Alerte. Veuillez contrôler votre moteur. On retombe à trente. On est sur l’autoroute en feux de warning. On passe à vingt cinq. Deuxième, première, deuxième, troisième, deuxième, première. On passe à quinze. Je me dis: « on s’arrête, je remets un litre d’huile et on roule jusqu’à la prochaine station service ». Alors on fait ça. On s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence, tous feux clignotants. A chaque fois que je vois quelqu’un arrêté au bord de la route sur la bande d’arrêt d’urgence, je me dis que je n’aimerais pas être à leur place et là, j’y suis. Bon, faut pas traîner. Hop remplir, reboucher, repartir. Il fait bien nuit maintenant. On redémarre, mais c’est poussif. J’y vais mollo. On roule pépère. A quarante, cinquante, soixante, quatre-vingt. Allez, on va aller jusqu’à la prochaine station à quatre-vingt dix. Garder les warnings. On est à cinq kilomètres. Quatre kilomètres. Trois. Ca commence à tousser. Contrôlez votre moteur. On dévale les vitesses. Allez, on y est presque. On y est. On s’arrête devant la boutique Shell. Je rappelle l’assistance. Nouvelle dépanneuse. On laisse Augustine au dépôt. Un taxi vient nous chercher et nous emmène à Rambouillet. Hôtel Mercure. Relais du Château. Quatre étoiles. On s’imagine dans le jacuzzi. En fait, pas de jacuzzi. Il y a une salle de sport mais elle ferme à 23 heures. On bricole une litière pour Uranus avec un carton et du scotch. On nous donne des bols pour ses croquettes et son eau. S. est surexcité mais il faut dormir. Dodo à deux heures du mat. Réveil à huit. Petit déjeuner royal: œufs brouillés, bacon, saucisses, haricots, fromage blanc et fruits frais, banana bread, crêpes, tartines au jambon. Un Uber vient nous chercher pour nous emmener près de Chartres où l’on doit récupérer une voiture de location pour poursuivre notre route. Au moment de partir, on ne retrouve plus Uranus. Elle est pourtant dans la chambre. La porte est restée fermée. La fenêtre est restée fermée. On n’a pas bougé. On a regardé sous le lit, sous l’armoire, sur l’armoire, dans le frigo, dans des espaces manifestement trop petits pour accueillir un chat, même souple. Rien. On dit à la réceptionniste qu’on a perdu notre chat, qu’on doit aller chercher une voiture, qu’on revient.
« – C’est une femelle ? », elle demande. « – Oui », je réponds « – Elle s’appelle comment ? » « – Uranus » Elle sourit. « – On va vous la retrouver, allez chercher votre voiture ».
On ne se fait pas trop de bile. On se dit qu’ils vont la retrouver. Que c’est un phénomène paranormal en apparence mais qu’il doit y avoir une explication rationnelle. Pendant qu’on roule, on réalise que le loueur est à quarante cinq minutes de l’hôtel. Donc une heure et demie aller-retour. Ensuite, il faudra aller à Saint-Arnould, au garage, récupérer le contenu, ou au moins une partie du contenu d’Augustine. En chemin l’hôtel appelle. Ils l’ont retrouvée. Elle était sous le lit (on avait regardé quinze fois sous le lit). Je ne sais pas comment elle s’était cachée. Je ne veux pas savoir. Du moment qu’elle est retrouvée, tout va bien. On prend la voiture à Saint-Arnould. Une Renault Captur. Quand S. avait trois ans, il était obsédé par les Renault Captur et les reconnaissait à cent mètres dans une rue la nuit. Aujourd’hui, même le nom ne lui dit rien. Ça dure un peu des heures. Le type est nonchalant et ponctue son discours par des « yes » extatiques. À treize heures, on est de retour à l’hôtel. On récupère Uranus et le chargeur de téléphone que j’avais oublié. Allez, on repart. On a retrouvé la foi. On est tiré des ronces. On passe au garage. On charge l’essentiel. Je laisse dans la voiture des cartons, les guitares et la basse. On les récupèrera la semaine prochaine. On est partis. Smiling Cobra. Rattlesnake. On est des aventuriers. Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
On ne peut pas rester à l’ombre et au frais toute la journée. Alors hier, nous sommes retournés au zoo de Vincennes avec S. Et, en réalité, il faisait assez frais dehors, le matin, lorsque nous sommes sortis de la serre tropicale. Il y avait beaucoup de touristes qui parlaient russe. Je ne sais pas si c’étaient des ukrainiens. Je n’ai pas posé de question. J’aurais peut-être dû ? Cela m’aurait donné l’occasion de pratiquer un peu mon russe, qui rouille à vue de nez.
On a passé pas mal de temps entre les caïmans, l’anaconda vert, le boa arc-en-ciel, les iguanes verts et les lézards nageurs. Et puis, on est allé faire un tour du côté du vivarium européen, faire un petit coucou aux vipères, aux couleuvres et aux grenouilles.
C’était le marathon pour R., qui devait corriger 124 copies du bac philo, alors j’ai passé tout le week-end avec S. et on a bien rigolé, même s’il faisait chaud. Ce midi, nous sommes allés manger des pads thaï du côté de Rosa Parks. J’ai réinitialisé la carte de l’appareil photo de S., qui a photographié toutes les images de monstres de Gila qu’il avait sous la main. Le monstre de Gila est son nouvel alter ego. Et comme il y a deux types d’hélodermes (heloderma suspectum et heloderma horridum), cela donne du Dr Jekyll & Mister Hyde à l’affaire.
Il y a tout à la fois quelque chose de reposant et d’inquiétant au fait que toute l’activité humaine semble s’arrêter le week-end. Parfois, cela peut devenir angoissant. Je m’attends à ce que les divers projets puissent avancer. Je m’attends à être pressé par le temps. Je m’attends à me voir imposer certains dead-lines, mais pourtant personne ne presse, personne ne relance. Tout semble au ralenti. Pas d’appel, pas de message. Tout est à l’arrêt. Comme pétrifié par la chaleur. Alors je monte des cartons, que je remplis lentement. Je fais des machines, je plie du linge, je passe le balai. On regarde des films. On écoute de la musique. On fait des crêpes. C’est dimanche. Il y a un match de foot sur le stade. On est aux premières loges. Le chat se roule par terre avec indolence. Elle a trop chaud pour se soucier réellement de ses croquettes.
S. adore le camembert. Celui de Bertrand (c’est son nom) a gagné une médaille et S. est persuadé que c’est le meilleur camembert de la planète. Il a peut-être raison? De son point de vue.
Dans l’histoire de Croquidou et Maurice que nous inventons en ce moment, les deux amis libèrent tous les animaux des zoos qu’ils traversent et les remplacent par des automates, qui les imitent à la perfection, au point que les équipes de soigneurs et de gardiens n’y voient que du feu.