BESOIN D’AIR

Je n’en peux plus, ne respire plus, n’arrive plus à penser. Trop sous pression, trop de bruit, pas d’air, pas d’air, pas d’air. Partir, vite. Partir, vite. Partir, vite. Le train, la montagne, marcher, respirer. Partir, partir, partir. Assez. Repousser les rendez vous, boucler les dossiers, les crédits, les réservations. Suspendre toute activité.

Passé la matinée avec M.S. sur des tirages d’images et l’après-midi sur le dossier pour l’école de Genève. Envoyé le soir à la poste du Louvre. Racket hilarant à la post du Louvre: une quinzaine de SDF sur un banc ont organisé un trafic clandestin. Ils ont minitieusement fait disparaître tous les modes d’emplois des appareils, de telle sorte que l’on ne puisse se passer de leurs services. De même, ils ont confisqué tous les autocollants (« prioritaire », « lettre », « par avion », etc…) et les distribuent au compte-goutte. Lorsque je leur fais part de mon étonnement, l’un d’eux me répond avec un aplomb superbe: « On a dû les retirer (les autocollants) parce qu’avant c’était trop le bordel. » Je me dis qu’il a bien mérité un pourboire royal. Au Pré, F. qui lui aussi a eu une journée stupide d’allées et venues excessives en nombre. Terminé la salade de riz et au lit. Baudrillard à la radio. Pas une nouvelle idée depuis 1980.

MERCREDI

Réveil 5h45. Cours du Collège de France à la radio. A propos de L’étourdi de Molière.
Valise, préparatifs. A 7 heures, je frappe à la porte de F., comme il me l’avait demandé, avant de partir prendre le train de 7h58. 
3 jours de réunion à Tourcoing. Dernière étape avant les vacances.
La salle de réunion a été sacrément mise en scène. On se croirait au comité central du parti communiste chinois.

Comme c’était à prévoir, la première réunion (« Quelle école pour demain ? ») est un total fiasco. Aucun projet n’est véritablement défini, chacun campe sur ses positions. Ca devient franchement ennuyeux et j’ai du mal à ne pas m’endormir. Mais pour me maintenir en éveil, il y a le fait que ma banque a mystérieusement égaré mon dossier de demande de crédit, que je dois reconstituer par téléphone et par fax pendant les pauses. SMS de soutien de ***. Ca me fait bien plaisir. 
A l’hôtel je travaille sur la note d’intention du dossier de l’AFAA et j’avance plutôt bien.

Aux sombres heures

Ca me rappelle le film de Taku Oshima, Kana-kana (The summer that never was), ce froid, cette grisaille alors que l’été devrait être là. Et si l’été s’en est allé, alors quoi ?
Et je ne sais pas non plus ce qu’est devenu Taku Oshima après ce très beau film. Rien trouvé en tapant son nom dans Google. Quelqu’un a-t-il de ses nouvelles ?

Fait hier après-midi les sous-titres de Communication 7, avec V.D., qui est venu donner son accord et corriger les cartons (une seule modification, mais importante). Puis rentré et un peu avancé sur les sous-titres anglais.

Besoin de partir prendre l’air. Sensation d’étouffement, de blocage et de presse. Angoisse devant le temps qui défile à toute allure. Ce matin une reine d’abeille s’est noyée dans mon bain. Je l’ai attrapeé dans un verre et l’ai jetée par la fenêtre mais je pense qu’elle était déjà morte. Impressionant la taille de cette bestiole. Rêvé de bestioles, d’ailleurs. Qu’est-ce que ça veut dire ? Allô docteur F.D. ? Besoin d’une interprétation matinale percutante.

http://www.imdb.com/name/nm0960011/

Au téléphone

Rendez vous ce matin 9h30 avec E.M. pour tourner une nouvelle séquence. Aujourd’hui, c’est à nous de nous y coller. E.M. appelle le CNC et tombe deux fois sur un répondeur impayable. La meilleure phrase c’est: « pour raccrocher, composer le 1 ». E. appuie sur la touche 1, la voix reprend: « Au revoir et merci. » puis raccroche. Celle-là on ne la connaissait pas. C’est un vrai bonheur.

Ensuite, j’appelle l’AFAA pour poser des questions concernant la Villa Médicis hors-les-murs. Tout en parlant, j’ai le nez qui coule terriblement (ça ne se voit pas à l’image mais c’est difficile de parler et la conversation s’éternise). 

Remballage à 10h45 puis au bureau dérushage. 

Je vais essayer de travailler un peu sur les films laissés en plan et aussi sur le dossier de l’AFAA.

SAMEDI

Je ne suis pas sorti de la journée, sauf pour aller acheter du pain, de la viande, du parmesan et du chocolat. Je sais ce que vous allez me dire, toute cette nourriture n’est pas très saine, mais justement, justement, JUSTEMENT! J’avais besoin… Besoin de me reconstituer un peu. Ai subit un mauvais traitement. Il faut faire attation. ATTATION! On m’a menacé et criblé. Passé au crible et menacé de représailles et d’avocats. ATTATION JE DIS ! Bien, bien, bien… Du calme. Un bon bain. Du chocolat. Donc – je savais bien – l’incendie était là, tout proche. Je le savais. Je suis Pauline, aussi. Pauline sait ces choses là. Pauline sent quand du grabuge s’approche. Elle rêve Pauline. Les pompiers, l’école, l’incendie, Sigmund Freud. ATTATION! Mal au dos, plein le dos, plein le dos. Bon. Je vais travailler alors. Et ça m’a fait du bien. Sous-titrage cet après-midi et ce soir récompense. Ce soir, le soleil. Après grisaille et pluie toute la journée. Beau coucher de soleil sur les tours de la place des fêtes. MERCI SEIGNEUR, MERCI ! Sonnent les cloches (vêpres ?).

Ca c’était hier matin. Et hier après-midi, Schnoerer et Pil-poul au bureau. Un peu Kis-Kouch, un peu Schlemil, mais bien en fin de compte. Pan et scan. Rentré épuisé dans l’épuisette. F. en tourné de gardiennage d’A. pour le week-end. Riz pilaf et Joyce à la radio. Marcel, à peine, à peine. Il fait dire par Albertine « Mon chéri Marcel » une deuxième fois à l’adresse du narrateur, sans justification cette fois (apparemment, mal relu). Et il oublie qu’il avait envoyé la mère à la campagne puisque quelques phrases avant cette deuxième occurence du prénom de l’auteur, on tombe sur cette phrase: »Je demandais à ma mère l’autorisation de disposer de Françoise (…) ». Beaucoup d’étourderie dans La prisonnière, dîtes donc… J’aime bien.

CONSIGNES DE SECURITE

Rêvé d’incendie. Dans une école, au dernier étage. Pas moyen de s’en sortir: c’est trop haut pour sauter. Nous sommes nombreux: ça pourrait vite devenir la panique à bord mais nous gardons notre sang froid. Nous n’ouvrons pas les fenêtres pour éviter de faire des appels d’air et notre chance c’est d’avoir avec nous la fille du chef des pompiers et d’ainsi avoir la certitude que ceux-ci se montreront d’autant plus rapides à intervenir. Ca ne manque pas et après une lutte contre le feu avec nos fragiles extincteurs, nous sommes sauvés.

Au réveil F. est en forme et me fait une interprétation-minute de mon rêve: la grande école, c’est la maison-cinéma et toutes ces personnes avec qui je me trouve ce sont de jeunes cinéastes. La fille du chef des pompiers, c’est *** et elle nous protège. 
Pas mal.

Hier, au 104 à Pantin, projection de Intoxicated by my illness de Dwoskin. Curieuse mise en rapport de la mort, ou du moins l’agonie (l’intubation, l’hopital, les gestes médicaux) et de gestes amoureux sado-masochistes. Néanmoins, je préfère la simplicité des plans séquences précédemment vus, ainsi, bien sûr que la palpitation du 16mm, les craquements du son optique.

Y. retourne travailler et moi préparer une tarte à l’orange.
Pas le courage de faire mon blog hier. Besoin d’un sas de décompression après ces deux jours parfaitement inutiles de présence administrative à Tourcoing. Evidemment, une démonstration d’autorité de la part du directeur. Heureusement, j’avais pris du travail (sous-titrage de Polyeucte).

Le soir, je vais dîner à Maurice avec mes parents, C. et S., une amie japonaise qui vit en Italie.
Et à propos de Maurice, je tombe sur M.F. dans le métro, en pleine discussion avec une jeune femme (une assistante de production, je crois), qui descend avant nous. Il est bien tel que je l’avais vu la dernière fois (il y a presque dix ans, maintenant). Ca me fait plaisir de voir qu’il a l’air en forme (tout bronzé) et je raconte ma vie à toute allure, entre deux correspondances, sans lui laisser l’occasion d’en placer une, ce qui n’est guère poli de ma part. De plus, je transporte une guitare (ça m’évite d’avoir trop envie de fumer).

S. est marrante.
Elle raconte son scénario de film de vampire en italien. 
Plus tard, quand j’aurai beaucoup bu, je parlerai italien à mon tour.

CORRESPONDANCES

2004

« Correspondances » est un projet démarré dans le cadre du blog vidéo que je tiens régulièrement depuis décembre 2004. Pour chaque film, je fais lire une série d’échanges d’e mails par des voix de synthèse. En contrepoint j’utilise des séquences filmées au cours de l’année avec un petit appareil photo numérique.  Le rapport de ces voix aux inflexions et intentions de jeu inattendues à ces images palpitantes et granuleuses (15 image secondes et résolution 320 x 240) confèrent à ces échanges une étrangeté et une fragilité romanesques.

Sélection festival international du film de Locarno 2005 section in progress.

FIN DE MALADIE

D’après le médecin, je dois être guéri puisque nous sommes dimanche. Mais tout le monde est tombé malade. F., rentré jeudi, est aux antibiotiques, Y. en sort. Mon rhume des foins persiste. Je ne sais pas où en est H.D. (dit le goulot, dit la barrique) et j’espère ne pas lui avoir refilé mes microbes lors de notre périple à Cergy. Vu la pièce de J. dans les heures permises par la sécurité sociale jeudi matin. Il a bien travaillé. Avec H. nous avons songé un moment détruire son spectacle sur nos blogs juste pour le faire flipper, mais nous ne mettrons pas à exécution ce plan machiavélique. Alors bravo J., nous sommes fiers de toi et prêts à entrer dans les détails, si nécessaire, quand tu voudras.

Rencontré P., étudiante à Cergy, qui pourrait peut-être être une bonne actrice pour le film de Y. En tous cas on a tout de suite envie de la filmer. P.W., que nous avons filmé avec E.M. vendredi, pendant les heures autorisées par la sécurité sociale, lui trouve une ressemblance avec Virginie Thévenet. 
Elle va également tourner pour notre amie la barrique.

Films vus, entretemps, La concentration et Liberté, la nuit de Philippe Garrel.
Je copie-colle le mail envoyé à Z., par flemme de réécrire là-dessus.

Suis allé voir La concentration et Liberté, la nuit de Garrel. Le premier, je ne sais pas quoi dire. C’est un jeune homme de 21 ans, en plein trip d’héro, qui a tourné ça et c’est exactement ce que c’est. Un document, d’une certaine façon.
Je repensais à ce que vous disiez à propos du documentaire. Il me semble que c’est plutôt la société et le monde. Car, si c’est le monde qui nous intéresse, le monde passe tout de même beaucoup par des formes sociales. Le problème c’est de ne pas être pris soi-même de façon trop collante dans des formes sociales, pour observer. Il y a un gros travail à fournir pour faire exploser (voire en douceur) les formes sociales qui sont celles d’un tournage. Elles sont fortes. Elles sont périlleuses. Liberté, la nuit c’est à moitié très beau. E. Riva fait pleurer. C. Boisson énerve, exaspère. Le linge blanc qui claque, comme si l’image brûlait. Le miroitement du soleil dans la mer. La silhouette au loin dans les entrelacs de ferronnerie du balcon. M. Garrel dans une tâche du pare-brise. Merde, je ne me souviens plus du nom du chef op. Je ne retrouve plus. 

Vendredi, pris un verre, aux heures autorisées par la sécurité sociale, avec M., que je voudrais filmer dans une séquence de Metablog.

Elle attire mon attention sur deux vieilles dames, assez impayables, qui déjeunent.

Samedi au lit.
Le soir, dîner chez les L. Et justement A. et O. décident qu’il faut faire les vitres.

Il y a pleins de choses délicieuses à manger. Du jambon, des salades, des quiches, des tomates séchées que les L. font eux-mêmes puis des tartes aux citrons et un bon Vacqueyras.
O. chante la quéquette à Jésus Christ.

Vu quelques films de Dwoskin avec Y. au 104. M’ont fait penser à Warhol, Bruce Conner et Kenneth Anger. Assez excitant. J’essaierai de voir les plus récents, s’ils repassent.
Bon. Se coucher tôt, pour prendre le train tôt demain.
Bonne nuit.

Etre malade, ça a du bon…

Parce que je me ménage et passe la journée au lit.
Ce n’est pas forcément reposant, mais c’est bien agréable.
En fin de journée, je tente quand même une sortie. Il fait beau et chaud. Je ne risque pas grand-chose.
Au Quartier Latin, à 18h00, on joue L’ange exterminateur de Bunuel.
C’est bien, mais c’est toujours un peu le même film (désir / obstacle) et donc un peu trop prévisible. Ce goût pour les monstres est quand même réjouissant.

Ensuite à 20h30 à Beaubourg Toute la nuit d’Akerman, interminable, fabriqué et mal éclairé par Caroline Champetier. Il y a trois beaux plans à tout casser. Je m’endors et j’ai mal à la gorge. Il fait trop chaud.

Retour à la maison. Au lit avec Marcel et sa prisonnière.
Baisers.

Angine / Le lendemain

Réveil 5 heures. Les oiseaux piaillent.
Je les enregistre avec le 4 pistes.
Trop mal à gorge, trop mal foutu pour aller prendre le train de Tourcoing. 
J’appelle le secrétariat à huit heures, après avoir tenté de somnoler en téléchargeant un maximum de morceaux de Sonic Youth, Thurston Moore et Bryan Ferry sur acqlite.
Alors, j’apprends qu’on m’a changé mes jours cette semaine. C’est nouveau.
Alors j’apprends que cette semaine je dois venir jeudi et vendredi.
Ca tombe mal: je suis pris et bien pris. Montage avec M.S. pendant quatre jours.
Désolé. Pourrai pas venir.
J’écris un mail pour expliquer ça à R.M.

Me suis acheté plein d’aspirine et de vitamine C.

Z. n’a pas du tout aimé Bologna Centrale. Mais le plus curieux c’est que la rumeur du stade de France arrive à la télé avant qu’elle ne soit audible dans le stade. Curieux phénomène sur lequel Z., dont j’apprends incidemment qu’il vit près du stade de France (mais je m’en doutais aux photos), attire hier soir mon attention. Alors, la télé prise en flagrant délit de pré-sonorisation ?

Angine

Premier réveil à 11 heures: coup de fil de Y. Et là je sens que je ne vais pas très bien. Mal à la gorge, nez pris, yeux qui piquent, irrépressible envie de me recoucher. Nous décidons de remettre notre rendez-vous et, après un peu de ménage, être allé chercher du pain et m’être préparé un solide petit-déjeuner, je me recouche. Deuxième réveil vers 17h00. Je me sens un peu mieux, mais toujours mal à la gorge. Passage de T., venu chercher son courrier. J’appelle Y. mais elle a rendez-vous et ne peut parler longtemps. Douche, café, vitamine C puis je vais lire aux Buttes-Chaumont la fin de Sodome et Gomorrhe. J’y reste de 18h00 à 20h00. C’est très beau tous ces corps indolents.

La fraîcheur du soir ranime un peu le mal de gorge.
Les yeux me brûlent un peu. Il faut que j’essaye, malgré tout, de travailler un peu aux sous-titres de Polyeucte. Quelques échanges de mails avec MIR.

Sinon, hier soir, avant de quitter le bureau, je fais la rencontre de C., qui travaille épisodiquement avec Spill.

Il est photographe et organise des soirées à ce que je comprends. Plus d’information sur son site-blog. Nous discutons un moment et je rentre avec tout mon barda (draps, housses, oreillers) et je pense que c’est dans ce chaud et froid que j’attrape cette angine.