UN TOP TEN 2025

Lotus, Little Simz
Moisturizer
, Wet Leg
Appear, Disappear, Young Gods
Una Lunghissima Ombra, Andrea Laszlo De Simone
Joy in Repetition, Hot Chip
Vie, Doja Cat
A Danger to Ourselves, Lucrecia Dalt
Essex Honey, Blood Orange
Thunderball, The Melvins
National Average, Big Special

Tout ça sans ordre, sans hiérarchie et certainement sans exhaustivité.

CREPUSCULUM

Pendant qu’Archie Shepp et que John Coltrane, je me demande d’où vient l’odeur à proximité de mon bureau.
Oui, je sais bien qu’elle doit provenir d’un imprimé glacé, probablement d’un programme ou d’une revue d’art contemporain.
D’où vient l’odeur ?
D’un vernis ? D’une colle ? D’une encre ?
C’est une odeur âcre, puissante, entêtante, avec des notes résineuses et un arrière-plan chimique nauséeux.

Oh, ça y est !
En reniflant chaque objet à proximité je découvre le coupable: un cahier Oxford à spirales de cent pages petits carreaux, utilisé pour prendre des notes.
C’est lui !
Couverture de couleur orange, petit format. L’odeur est à peine supportable.
Il faut que je l’éloigne. Vite, je regarde s’il contient des notes importantes ou si je peux tout simplement le bazarder.
Ah oui, il y a des notes importantes…
Alors, je le cache loin, en hauteur, sur une étagère.
Je pourrais l’emballer dans un sac. Oui, c’est ça, je l’emballe.
Allons vite chercher un sac.

Pit et pat et pit et pat…

Et hop, emballé dans un sac en papier de la K’arts.
Je retombe sur un catalogue d’exposition (« The Neutral » ) et des reproductions au format carte postale.
Je les pose au bord du bureau, avec l’idée d’envoyer une carte aux amis.

L’odeur flotte toujours.
Je me découvre une hyper-sensibilité aux odeurs de papeterie et d’imprimerie.
Que vais-je devenir ?
Comment vais-je survivre dans ce monde plein d’imprimés odorants ?

Bon, il faut que je m’occupe un peu de mes projets, que je surveille les commissions de la DRAC, que je fasse des dossiers, des projets, des demandes, des offres, du buzz, du wachi-wacha…
Je prends des résolutions avant l’heure des résolutions.
Des hautes résolutions.

Mais d’abord, un thé. Un bon thé vert de l’île de Jeju.
C’est un terrain volcanique, l’île de Jeju, au sud de la Corée du Sud. Le thé a hérité de ce caractère minéral.
Mon dieu, l’odeur est encore là. Y aurait-il un autre cahier ?
Il faut que j’en ai le cœur net.
Ciel ! C’est le chéquier de la BRED !
Il faut le planquer, lui aussi ! Mon dieu !

Et hop, il a rejoint le cahier Oxford dans le sac en haut de l’étagère.

REFROIDISSEMENT GLOBAL

C’est toujours un peu fatigant les vacances de Noël, toujours un peu déprimant, toujours un peu assommant.
C’est toujours un peu à contre-cœur, un peu à regret, toujours à son corps défendant.
C’est toujours un peu trop de pression, un peu trop d’efforts, toujours trop de complications.
C’est toujours un peu l’enfer, les vacances de Noël, un moment éprouvant.
Une épreuve.
Une série d’épreuves.
Une longue série d’épreuves prises les unes dans les autres.
Chaque nouvelle épreuve plus pénible et apparemment insurmontable que la précédente.
Sans apparence de fin.
Mais il y aurait bien une fin.
Une fin venait toujours à la fin.
C’était une heureuse tautologie, m’étais-je dit.
Enfin.

Un jour – il y a longtemps – j’avais cru pouvoir y échapper.
J’avais cru pouvoir échapper à tant de choses.
Et voilà que, juste au moment où je croyais enfin m’en être tiré pour de bon, l’on m’y avait replongé – je m’y étais moi-même replongé – et j’en avais repris pour vingt ans.

Les enfants.
C’est encore et toujours la faute des enfants.
Les enfants sont très responsables et j’irais même jusqu’à dire très coupables des maux qui nous accablent encore et toujours à Noël, m’étais-je dit.
Et d’ailleurs, ils sont, eux aussi, toujours déçus et malheureux, avais-je pensé.
Noël est une malédiction, m’étais-je dit.
L’esprit de Noël est un démon malfaisant et machiavélique, avais-je pensé.

Je dis ça, me dis-je, mais il y a aussi de bons moments, bien que brefs et rares.
Il y a toujours de bons moments au milieu des pires tourments, me dis-je.
Et il y a, de toute évidences, des tourments bien pires, me dis-je encore.

Bref, le froid était venu et le chauffage avait commencé à faire des siennes, comme aurait dit Maître Gims.
La chaudière, en s’arrêtant déjà à deux reprises depuis hier et le poêle du salon, en se mettant en alerte dépression déjà, deux fois aussi.
Je ne sais que penser, m’étais-je dit.
J’espère que ce n’est pas que le début d’une longue galère, avais-je pensé.
Angoisse.

La voiture est plus difficile à démarrer le matin. Il faut faire préchauffer.

Ce matin, il avait fallu démarrer tôt, à six heures, pour déposer Lady Pénélope et Maxime Protagoras à la gare de Poitiers pour le train de 7h14.
En roulant, l’on avait écouté, au sein des Nuits de France-Culture, qui sont encore ce que France-Culture peut proposer de mieux – la production actuelle étant généralement d’une indigence désolante – une émission de 1977 consacrée aux arbres.
Et cela avait été comme d’une autre espèce humaine, d’un autre rapport au temps et au langage, d’une autre manière de se relier au monde, au cosmos, d’envisager l’enchaînement de l’Histoire aux événements; cela avait été, m’étais-je dit, comme d’ une autre vision de l’aventure humaine. C’est d’un autre monde, d’une autre humanité, avais-je pensé.
Et pourtant, cela ne semblait pas si loin, quand on y pensait, m’étais-je dit.
J’avais roulé en silence et en souriant à l’intention des arbres, des ormes, des chênes, des frênes, des hêtres, des merisiers et des marronniers de trente ans.

On ne sait jamais si les adolescents s’amusent ou s’ennuient, m’étais-je dit.
On ne sait jamais s’ils sont intéressés ou barbés par le film que l’on regarde ensemble, s’ils sont émus ou insensibles, avais-je pensé.
Pour ou contre ? On ne sait pas.
On ne sait jamais s’ils sont attentifs ou indifférents aux paysages que l’on traverse ensemble, s’ils sont à l’écoute ou totalement sourds à la musique diffusée dans l’espace que l’on partage, m’étais-je dit.
En réalité ils sont probablement équipés d’écouteurs intra-auriculaires et immergés dans leur propre bain musical, avais-je pensé.
Ce qu’ils en pensent et même s’ils en pensent simplement quelque chose ?
On ne sait pas.
On ne sait jamais s’ils sont contents ou désolés d’être là, avais-je pensé.
Ils ont cette sorte d’innexpressivité propre à l’adolescence. En alternance avec ces brèves exaltations également propres à l’adolescence (au sens dostoïevskien du terme), qui sont le corolaire de cette inexpressivité fondamentale.
C’est toujours assez angoissant cette coupure que l’on ressent.
Sans doute sont-ils trop accaparés par le caractère initiatique de chaque expérience et les contraintes de cette phase d’apprentissage et de croissance intensive ?

Les parents disent qu’ils vont rester deux jours mais ils ne restent pas même un jour complet. On a beau s’y attendre, c’est toujours une surprise. Mais ils sont tout de même contents, même si malades, fatigués; même s’ils ont eu froid. C’était quand même un beau réveillon, avaient-ils dit.

Je ne sais pas pourquoi c’est si triste, Noël. Pourquoi c’est déchirant de tristesse. Morne, triste, gris. Et puis il fait froid. Il faut en finir, on se dit, me dis-je.

Passons à autre chose, me dis-je. Tirons un trait et allons de l’avant.

L’on s’en était tout de même pas trop mal sortis, avais-je pensé.

COLZA, COLZA, COLZA

Brouillard aujourd’hui. Brouillard sur la route en rentrant de Bressuire. Brouillard dans les champs. C’est beau et flippant. Mais beau. Mais flippant.

Il y a, à Bressuire, une épicerie qui s’appelle « L’épicerie ouverte ». Et elle l’est.
7 jours sur 7 de 9h00 à minuit.
Nous y avons fait un saut, en sortant de la Cabane de Mario, pour racheter des œufs et du parmesan.
Enfin, l’on appelle cela du parmesan mais c’est en réalité de la sciure de bois vaguement faisandée.

C’était un week-end paisible avec Bubunne.
Vélo dans les champs, hier, petites courses à Thouars, découpages de silhouettes de dinosaures en papier pour un théâtre d’ombres, des films, des travers de porc caramélisés, de la hampe et des pommes de terre sautées.
La cuisson au gaz apporte vraiment une amélioration.
Gribouille pique la place d’Uranus et Uranus mange dans la gamelle de Gribouille.

-On ne s’est pas disputés ce week-end, me dit Bubunne avant de s’endormir.

C’était un bon week-end. On avait un bon rythme et une bonne volonté. La peur recule, et d’abord parce que les zombies n’existent pas.

Guy nous a trouvé un gigot de chevreuil.
Je potasse des recettes et j’ai pris des billets de train à un million de dollar pour Lady Pénélope avec qui l’on papote hier en visio dans la cuisine, en préparant des crozets pour le T-Rex, avant que le téléphone ne tombe en rade de batterie.

Il y a un nouveau chat sauvage dans les parages. Anouk dit qu’il va peut être falloir faire venir Gaëtan et son fusil.

MAINTENANCE EXTRAORDINAIRE

Ce n’est pas pour me vanter, mais ce fut tout de même une bonne matinée de bricolage. Et même le début d’après-midi. Et même jusqu’à 16 heures, je dois dire.

Après avoir déposé le roi des dinos à l’école élémentaire, j’avais fait un saut chez Roux.
Roux, c’est le magasin de bricolage.
J’y ai acheté des tasseaux en 35x35X2400, une planche de 18x400x800, ce qui était parfait puisque j’avais besoin de deux fois 400×400, des vis de 50mm à tête fraisée et aussi un tuyau de douche pour remplacer celui qui était cassé.
Et, en rentrant, j’ai commencé à assembler mon meuble pour la bouteille de gaz.
Les installateurs mandatés par Darty sont arrivés à 12h53 pétantes et ont passé un certain temps à installer la nouvelle plaque de cuisson.
Il fallait changer les gicleurs de gaz pour les adapter au Butane.

Après installation, il s’avère que le tiroir situé sous les brûleurs de gaz ne peut plus être fermé complètement. Il bute contre l’arrivée de gaz et le coude du tuyau.
Je dois démonter le tiroir et créer une encoche dans le fond.
C’est une assez longue aventure de démonter ce tiroir mais je finis par y arriver en me couchant en dessous et en faisant levier sur les taquets en plastique avec un grand tournevis plat.

Ensuite, je poursuis l’assemblage du meuble pour la bouteille de gaz et je me rends compte qu’il va me falloir des équerres alors je retourne chez Roux.
J’en profite pour acheter des roulettes.
J’assemble les montants et le plateau supérieur.
Il me restera à consolider avec des tasseaux transversaux au centre des montants et à installer les roues.
J’envoie les photos à Anouk Alphonsine, qui nous félicite pour ce beau travail d’équipe (c’est elle qui a eu l’idée d’un meuble, puis celle des roulettes).

Des colis sont arrivés, que je suis allé chercher à la Poste mais je ne les ai pas ouverts. Ils sont restés dans le coffre de la voiture.

Bubunne à une grosse trace rouge sur la joue. Il est tombé dans la cour de récréation, poussé par une grande qui ne l’avait pas vu. Ce soir, au centre de loisirs il était assez copain avec Rib, habituellement son ennemi juré. Ils jouaient à entrechoquer des structures genre LEGO en riant comme des baleines. C’était réjouissant.

Le poêle affiche un message inquiétant: « Maintenance Extraordinaire ». J’écris à Athanase Frigent pour lui demander s’il faut intervenir ou si je peux tout simplement faire un reset. Mais, voyant que le poêle semble fonctionner normalement, je n’attends pas la réponse d’Athanase (qui peut-être et même sans doute ne viendra pas, c’est à dire jamais) et je fais ce fameux reset, grâce aux conseils éclairés que l’on trouve sur internet, de nos jours, et c’est formidable.

Les installateurs mandatés par Darty ont oublié une clé de pipe de 7.

T’AS PAS PERDU TA BONNE HUMEUR MEUR MEUR MEUR MEUR

Et c’est ça le paradoxe, confiais-je à Éléonore Bartholdi (les noms ont été changés) cet après-midi devant la machine-à-café.
Je précise que je parle de la machine à café du hall, qui – selon certains (je n’irai pas jusqu’à balancer des noms, fussent-ils changés) – produit un meilleur café que la machine située sous l’escalier en face de l’atelier bois. Par la suite, par coquetterie littéraire, j’écrirai « en face l’atelier bois » parce que j’aime cette formulation, tout en la supposant fautive.

Le fait est qu’il est plus cher, le café de la machine du hall.
Je n’arrive pas à décider s’il est meilleur que celui de la machine en face l’atelier, qui, lui, est moins cher.
En tout cas, il n’est pas pire, le café de la machine du hall. Pas pire que celui de la machine à café en face l’atelier.
Mais est-il pour autant meilleur, le café de la machine du hall ?
Meilleur au point de le payer sensiblement plus cher que le café de la machine sous l’escalier en face l’atelier ?
D’aucuns, dont je tairai le nom, le prétendent.
Je n’ai pas d’avis tranché mais aucune raison de mettre en doute la bonne foi de ceux qui prétendent que tel est bien le cas, c’est à dire que le café de la machine située dans le hall est effectivement meilleur, bien que plus cher, que celui que l’on obtient à la machine à café située sous l’escalier, en face de l’atelier bois et même qu’il est à ce point meilleur qu’il est hors de question d’aller chercher son café sous l’escalier alors qu’un café sensiblement meilleur et pas tellement plus cher peut être obtenu dans le hall.
On m’a confié récemment que certains seraient prêts à se priver de café lorsque la machine du hall est temporairement indisponible, plutôt que de s’abaisser à aller chercher un café inférieur sous l’escalier.
Je ne partage pas ces scrupules et il m’arrive souvent d’aller chercher mon café sous l’escalier, alors même que quelques pas seulement me permettraient d’atteindre le hall et un café supposément supérieur.
Mais mon indifférence à l’égard de la supériorité supposée du café du hall et la plus grande proximité de la machine sous l’escalier, située à un jet de pierre du studio son, qui est mon antre habituel, font qu’il m’arrive plus souvent qu’à mon tour, de préférer à la machine du hall, celle située sous l’escalier, bien que celle-ci soit regardée avec mépris, pour ne pas dire avec consternation, par certains.

En parlant de café, je dois confier ici que ce matin, alors que je m’apprêtais à entrer en contact télématique avec Rhonda Hong, Witold Potladzj (les noms ont été changés) est soudain apparu sur le seuil du studio pour me proposer, avec beaucoup de gentillesse (il y a toujours beaucoup de gentillesse, de déférence et de courtoisie dans tout ce qu’entreprend Witold), de goûter, s’il m’arrivait d’en boire et si cela pouvait m’être agréable, un café de sa production personnelle (pas le café lui-même, mais le breuvage résultant de son immersion dans l’eau chaude au moyen d’un appareillage ad hoc).
Il me confia qu’il venait de nettoyer à fond la cafetière et qu’il la testait.
Il me proposait ce café à titre expérimental et, comme je lui fis part de mon accord complet et même de ma très grande gratitude à l’endroit de son adorable proposition, il me l’apporta sur le champ, pour ne pas me retarder, dans une jolie tasse de porcelaine, posée sur une petite assiette faisant office de soucoupe géante.
Il précisa que le café était de la marque « Carte Noire » et que le paquet avait été acquis par lui auprès de l’enseigne Carrefour City pour la somme à peine imaginable de 6,80 €.
Ou bien était-ce 6,50 ?
En tout cas un prix prohibitif. A mettre au compte du réchauffement climatique, selon lui.
Mais je m’égare.
Le paradoxe, donc, disais-je à Éléonore, c’est que j’ai la méga-super frite et qu’en même temps je suis quasiment au bout de ma vie.

-En somme, me dit-elle, c’est la forme au niveau psychique et la ramasse au niveau physique ?
-C’est exactement ça, je réponds.
-Moi c’est le contraire, généralement, qu’elle me dit.
-Ça c’est pas chouette, que je réponds
-Pas top, non, qu’elle acquiesce.
-On devrait pouvoir faire du troc, je suggère.

Là-dessus la conversation semble s’épuiser et il est temps d’aller voir un peu les travaux des étudiants de M1 des Formes du Réel.
Et je dois dire qu’on n’est pas déçus du voyage, même si on termine sur les genoux.
Comme il pleut, je propose à Nicole Barnum et Virginie Desmonts (les noms ont été changés) de les déposer à la gare où elles ont des trains à prendre.
En route, je reçois l’appel d’Emmanuel (le prénom est le vrai), un de mes co-voyageurs Blablacar et je me souviens soudain que j’ai deux co-voyageurs et que j’aurais pu les oublier tout bonnement.
Heureusement, grâce à ma proposition philanthropique, j’ai juste le temps de repasser par l’école pour cueillir mes deux co-voyageurs. Ouf !

L’on est récompensé de ses bonnes actions.

En voiture on papote avec Manu. Je dis Manu mais l’on se donne du « vous ». Manu est psychologue du travail et s’occupe en particulier d’entrepreneurs et de travailleurs agricoles. À un moment il est question du commerce de l’angoisse et de l’anxiété dont nous convenons qu’il s’agit d’un produit très efficace pour maintenir captive en situation d’isolement l’attention d’un public terrorisé, alors que les contenus positifs et reconstituants portent ce même public à s’écarter des écrans pour vivre cette vie exaltante soudain promise.

ÉPUISEMENT

C’est imprévisible, la forme. On ne sait jamais quand on va être épuisé.

Par exemple, ce matin, je m’étais réveillé plutôt très en forme, mais, alors que je roulais vers Nantes, j’avais commencé à sentir mes paupières si lourdes…

J’avais eu envie de m’arrêter pour dormir un quart d’heure mais je me suis dit que c’était une mauvaise idée.
Et c’était une mauvaise idée.
C’est pour cela que je ne m’étais pas arrêté.
Mais j’y avais pensé.
J’avais pensé: et si je m’arrêtais, là, un peu ? Je n’avais fait qu’effleurer cette pensée.

A la place, j’ai coupé la radio et réécouté le premier album de Arlo Parks, qui est plutôt meilleur que le deuxième.
Et je me suis dit, tiens c’est curieux, elle reprend une rythmique ou une structure mélodique d’un vieux morceau de pop des années 80 et elle en fait un truc a elle très poétique, désespéré et tendre.
Par exemple Cherish de Kool and the Gang ou Sledgehammer de Peter Gabriel.
Des trucs absolument inaudibles aujourd’hui (et déjà à l’époque).

Mais elle en fait quelque chose de formidable.
Enfin, pas forcément formidable mais, en tout cas, quelque chose de respectable, qui lui appartient.
Et je me suis dit que ce serait un bon objet de recherche, cette reprise, ce transfert d’une forme musicale dans une autre.
Remonter de Kool and the Gang à leur source.
Écouter vraiment Cherish, écouter vraiment Peter Gabriel.
Même si c’est douloureux. Pour comprendre d’où ça vient et d’où vient ce dont cela vient.

Et puis, il y avait de la joie dans l’air.
Un je ne sais quoi.
On a fait du son avec Ning Ning et ça nous a mené à 12h30 et c’était drôle.
Elle frottait une toile avec tout un tas de trucs et de machins et ensuite on faisait passer ces sons dans des moulinettes digitales pour former un continuum sans cesse changeant.
Il y avait aussi de la joie dans l’air sur le parvis.
Soojung était là avec son sandwich et je faisais mon coach post-académique.
Et puis après c’était Simonetta et son Rodrigo et pareil, coach, coach dans la rue.

Comme toujours, les prénoms ont été changés.
Et d’ailleurs Paolo Sempé m’a fait remarquer que, bien que je ne mette pas les vrais prénoms et que, généralement, je ne poste pas de photos (en tout cas pas depuis un bon bout de temps) j’ai tout de même posté il y a quelques jours une photo sur laquelle apparaissent très nettement deux étudiantes et je dois dire ici et maintenant que, si d’aventure elles se sentaient offensées, qu’elles n’hésitent pas à me le dire et je remplacerais illico ladite photo par une autre image (ou par pas d’image du tout ou par une mention légale, comme dans la presse à scandale).
Moi j’aime bien cette photo avec ces sauces suspendues et leurs silhouettes sur ce fond blanc. Et le mouvement.

Bon, sinon je me suis un peu laissé aller à acheter une plaquette de chocolat (noir) aux noisettes et ça, ce n’était pas au programme.

Et puis, aussi, encore, il y avait de la joie dans le studio cet après midi.
J’ai apprécié chaque moment, chaque échange, chaque séquence.
Mais, vers 19h45, soudain, je me suis senti épuisé. Épuisé, noyé, enfoncé, dépassé, enterré, enseveli.
Et j’ai fini le chocolat.
Je ne suis pas fier.
J’ai regardé la fin du film commencé hier, avec les milliardaires fous de la fin du Monde.
Et j’ai appelé Lady Pénélope au sujet de Noël.

Mon père me confirme que le foie gras, je ne saurai pas faire, que c’est une question d’expérience, que c’est intransmissible et je suis content qu’il propose de s’en occuper.

De l’eau, de l’eau. Ça ira mieux demain. Demain, la forme, me dis-je.

LAURIERS

C’est très curieux ces températures, me disais-je encore aujourd’hui, en constatant que le thermomètre de la voiture indiquait l’étonnante valeur de 16°C, à 15h30, alors que je sortais de chez le coiffeur (les Petits Ciseaux d’Airvault où je croisais d’ailleurs Miranda.
Celle-cii, s’étant trompée d’heure de rendez vous, patientait et, comme de l’attente m’était également imposée, nous papotâmes.

Tout cela ne m’ôtera pas de l’idée que le climat se réchauffe, me disais-je.
Et, hier encore, tenez, je tondais le laurier en t-shirt dans le jardin en plein décembre. A n’y pas croire, n’est-ce pas ?
C’est qu’il était monté bien haut, le laurier, mais à coup de coupe-branche et de scie, le voila redescendu et tout rafraîchi.

Avant, j’étais allé faire quelques courses.
J’avais rapporté une bouteille de 13 kg de butane, en prévision de l’arrivée imminente de la nouvelle plaque de cuisson.
J’avais préparé un bortsch, que nous mangeons depuis et dont il reste une certaine quantité.
Les scies cloches sont arrivées et, aujourd’hui, j’ai percé un trou pour faire passer le tuyau. C’est magnifique.

Suite à une observation d’Alphonsine Allais, dite Anouk, j’ai dessiné un meuble de style alpin (mais il suffira de le peindre pour faire oublier ce référent-chalet) que je réaliserai dès que je me serai procuré des tasseaux et des planches.

Ce matin, j’ai lu pas mal de notes d’intention et regardé pas mal de portfolios, avant une visio avec l’île Maurice au sujet d’une salle de cinéma, dont il faudrait peut-être faire l’étude.

Il faudrait que je m’occupe de tout un tas de choses mais les journées n’ont que deux bras et j’ai à peine le temps de faire ma gym.

Que va-t-on manger à Noël ? Guy se met en quête d’une gigue de chevreuil et mon père communique par textos des instructions précises permettant éventuellement, mais ce n’est pas une obligation, d’aboutir à la réalisation d’un foie gras. J’apprends par Miranda l’existence d’un jour de marché à Thouars le mardi et c’est une grande et belle chose.

SE COUCHER DE BONNE HEURE

Il n’ y a pas de mystère, me disais-je. Baby T-rex lui-même s’en était rendu compte ce matin au réveil

[Je déteste les mises en pages automatiques de WordPress. Lorsqu’on commence une phrase par un tiret, il en déduit qu’on veut faire une liste. Pas moyen de faire autrement.]

-Ce matin je me suis levé plus tôt qu’hier parce que je me suis couché plus tôt hier soir…

-Exactement! Et hier tu étais de mauvais poil toute la journée parce que tu n’avais pas assez dormi…

-Oui…

Il faut donc se coucher de bonne heure. Ce qui implique qu’il faut manger de bonne heure. Ce qui implique qu’il faut prendre son bain de bonne heure et préparer la cuisine de bonne heure.

Il fait tellement chaud que l’on voit des guêpes. En plein décembre, c’est perturbant. On est allé dans la jungle chercher des ronces pour les phasmes. On a photographié des scorpions et des crotales. On s’est fait cuire des pommes de terre sautées et de la hampe. En apéro on a pratiquement assassiné le saucisson à l’ail fumé du marché. Et là, en dessert, des papillotes au chocolat au lait avec un café colombien.

Anouk n’est pas encore rentrée mais on avait faim, en l’absence d’un petit déjeuner (j’ai décidé de remplacer le jeûne du soir par le jeûne du matin en cette saison et Bubunne n’avait pas mangé, suite au chocolat du calendrier de l’Avent. Alors on a mangé et on a gardé une portion pour elle. Avec, aussi, un morceau de saucisson à l’ail et des crunchies.

SCIE CLOCHE

Pour percer un trou permettant le passage d’un tuyau à gaz dans le meuble de la cuisine, c’est ce qu’il me faut. Une scie-cloche. Alors j’en ai commandé un kit complet à l’instant et ça arrive par la poste d’ici mardi.

C’est fou tous ces trucs qui arrivent par la poste. Enfin, je dis la poste, mais ce sont généralement des sociétés privées, des transporteurs.

Parfois la poste, tout de même.

La Poste, devrais-je écrire. The Post, dear. Oh my god, la Poste ! Oh !

Hier, en fin de parcours, dans les champs, à toute berzingue dans la nuit, Bryan Ferry. As time goes by, bien sûr. C’est toujours aussi bien. Mrs Otis regrets. Ah ! Et ce matin, avec mon T-Rex furibard, Bryan, ça calme.

-« Oh, it’s a long long while from may to december… »

Snif, snif… Vibrato… Hiroshima mon amour. Goddess of Love.

Dépose école. La voiture a froid. Elle toussote dans le matin. Met du temps à chauffer. J’anticipe les grands froids. Il faudra prendre en compte le temps de chauffe.

On est à l’heure à l’école et Bubunne est tout content. À la mesure de ce qu’il était inquiet d’être en retard, il est maintenant content d’être à l’heure. Le quantuum de manquum reste invariant.

Et puis vroum vers Thouars. Récupérer le tuyau de gaz, acheter des trucs essentiels chez Action (du papier, du papier, du papier) et chez Biocoop (plein de trucs et encore des machins bio et super-bons) puis chez Leclerc de notaire (du lait et du whisky et puis des cacahuètes et autres apéritifs) et hop, au marché.

Une boule primitive, de la tomme aux fleurs, un Parthenay coulant dans sa feuille, de la hampe de bœuf, des boudins noirs, des travers de porc, du jambon blanc, du chou, des carottes, des salades rougettes, une betterave, un gros radis rose.

Ça va être la teuf, tu vas voir. Je te le dis.

Dans la nuit, poésie mathématique, passacailles et chaconnes et puis c’était Daney qui parlait de foot avec Mocky et c’était bien. Le foot, qu’ils disaient, c’est la cour de récréation, c’est l’enfance. Ils sautent de joie comme des gosses et se roulent par terre en pleurs.