JE MARCHE SEUL

Le soleil se lève tôt. À sept heures il fait déjà bien jour et c’est très bien parce que j’ai faim et qu’ensuite j’ai l’intention d’aller me promener.

Petit déjeuner à l’hôtel.
Il y a un peu de tout mais justement, c’est impersonnel comme cuisine. Demain, on fera mieux. Et certainement moins cher.
Ensuite, direction Bukchon, qui est une espèce de quartier modèle représentatif d’une certaine architecture classique. Ce sont des maisons construites pour la plupart dans les années 1920, selon le style traditionnel coréen transmis depuis la période des Trois Royaumes.
Le quartier est un peu envahi par les touristes, mais en grimpant vers le haut de la colline c’est plus tranquille.

Il y a aussi cet arbre, un pin Napoléon de 600 ans, gardé par un unique corbeau.
Curieusement la ville aménage, au sein des sites les plus fréquentés, des ilots de solitude, où l’on se sent loin de tout, comme au beau milieu d’une forêt. Et cela même au cœur des temples les plus visités.
Très étrange.
Un sanctuaire semble toujours à portée de main.

Je vais saluer les montagnes et je redescends par l’université SungKyunkwan, qui est une forêt en soi.
Ensuite, je prends par Changyeonggung, après une visite au temple confucéen de Munmyo pour admirer les immenses gingkos jaunes.
Visite au pas de course du palais de Changyeonggung puis je file vers le musée d’art contemporain Arario.

Belle collection, classique (Nam June Paik, Cindy Sherman, Sophie Calle, Douglas Gordon, Damien Hirst, etc.) avec quelques artistes coréens plus récents, que je ne connais pas.
Quelques miniatures intrigantes de Dongwook Lee. Un portrait sur aluminium de Andy Warhol par Hyung Koo Kang, qui exploite de manière impressionnante l’abrasion du métal par une mèche de perceuse pour figurer les reflets argentés de la perruque. Quelques pièces mystérieuses de CI Kim, à partir de réfrigérateurs récupérés et désossés.

Un étonnant couple de cerfs naturalisés enveloppés de bulles de cristal par le japonais Kohei Nawa.
Et d’autres.
Le lieu est curieux. Je ne sais pas si c’est un ancien hôtel ou quoi, mais il reste des salles de bain carrelées avec encore toute la plomberie et elle servent soit de lieu d’exposition, soit de toilettes, tout simplement.
Et aussi une partie des salles est occupée par un appartement privé, qui semble en réalité être (ou pas ?) une œuvre.
Il y a une chambre, un bureau, une salle de bain…
Tout est équipé et paraît habité mais des signes « ne pas toucher » sont disposés sur tous les sièges, les tables, le mobilier, etc.

C’est pas tout, mais j’ai faim à ce moment là et les restaurants du musée ne servent rien, ou bien c’est le restaurant français (« Le cochon » (!)) et ça ne me dit rien.
Alors je retourne dans mon boui-boui d’hier et j’engloutis un festin (une soupe au bœuf et d’énormes raviolis, avec du kimchi et du riz). Tout ça pour l’équivalent d’environ dix euros. C’est la moitié du prix du petit déjeuner à l’hôtel et c’est bien meilleur.

Et puis back home. Repos. Séries. Mails et coups de fil pro.

Je n’ai pas senti le jet lag, c’est rassurant. Dans ce sens là, ça passe bien. On verra au retour. Maintenant une bonne nuit de sommeil et demain, madame la professeur de référence passe me prendre à 9 heures.

CALME, CE MATIN À SÉOUL

L’avion a atterri à 10h30 heure locale, c’est à dire à 2h30 du matin, heure française. Il a fallu attendre un peu au bagage claim, parce que je m’étais enregistré parmi les premiers et que c’est, comme l’on s’en doute, last in first out et first in last out.

Un chauffeur m’attendait gentiment et il m’avait prévenu qu’il serait là par What’s ap hier. Pendant que j’attendais mon bagage, il m’envoie cette photo de son panneau pour que je le repère en sortant.

Ce n’est pas que la route est très longue, de Incheon à Séoul: c’est le trafic qui est démentiel. À devenir dingue. Je remarque que toutes les vitres des voitures sont teintées, voire fumées. À l’exception de celles des bus. Les chauffeurs et les passagers des voitures tiennent à leur anonymat et à leur intimité.

Je remarque aussi de grands arbres longilignes et déplumés, qui ressemblent à de grandes fougères à pompons. Et des collines comme des tas, comme des terrils. Au milieu de n’importe quoi: de la mer, d’un quartier. Des excroissances. Comme un rappel à la géologie.

Ma réservation ne commence qu’à 15h et il faut que je zone pendant encore deux heures avant de pouvoir m’installer. Je vais aller faire un tour en état second, je pense, une fois mon thé bu. Et c’est chose faite.

L’hôtel est en centre ville. Il doit y avoir pas mal de trucs à voir tout autour. Je vais aussi repérer les petits restos, cafés et autres.

EMBARQUEMENT IMMÉDIAT

Comme il est difficile de restituer la véritable expérience de la forêt, me disais-je en regardant ces photos prises pendant notre promenade, avec C.B.
Et à propos, j’en ai un tout petit peu marre des initiales.
Il faudrait que je trouve, pour chaque personne, un surnom, qui ne soit pas vécu comme insultant, rabaissant, réducteur, etc. Il faudrait qu’on tombe d’accord sur une appellation au cas par cas.
Mais ça va être épuisant, me dis-je.
Autant commencer par donner des surnoms et corriger en cas de réclamation.
Oui, faisons cela.

Ainsi, je ne dirai plus que je me promenais avec C.B. A la place, je dirais que je me promenais avec Jane Fondu Moldove et elle me corrigera si cette appellation lui disconvient.
Et donc, avec Jane Fondu Moldove, nous cherchions des champignons que jamais nous ne trouvâmes, parce que, tout simplement, il n’y en avait pas.
Je me suis, depuis, allégé de la somme de 12 € pour télécharger une carte des champignons dans le département, que je mettrai à l’épreuve des faits à mon retour de Séoul, en fin de semaine prochaine.

Car pour l’heure, je suis assis en salle d’embarquement K51 du terminal 2E de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle et j’attends l’avion Air France AF0264 à destination de Séoul Incheon airport. Embarquement prévu à 13h20. Décollage à 14h15.

Je relis le discutable mais passionnant « La Corée et les Coréens » écrit par un jeune diplomate italien qui tint au pied levé le poste de consul d’Italie à Séoul pendant huit mois, de novembre 1902 à juin 1903 suite au décès de l’ambassadeur, victime du typhus. Je potasse un peu l’actualité artistique coréenne, par ailleurs.

Il paraît qu’il fait froid la nuit et chaud pendant la journée. J’ai pris des chemises et des pulls. Et même un bonnet et une écharpe.

Dans le TGV de Poitiers à Roissy, une contrôleuse, apparemment en verve, recommande aux passagers assis devant moi un excellent restaurant à Lille.
Je tends l’oreille.
Les compagnons de la grappe, elle dit.
Alors là, je me lève et je dis: oui, je confirme, c’est un très bon. Moment de communion gastronomique.
Ça commence bien, me suis-je dit.

Dans le domaine bancaire, c’est moins brillant.
Je jongle avec les crédits revolving et in’Li prétend m’avoir fait un virement le 4 novembre mais nous sommes le 7 et, Anne ma sœur Anne, je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie.
Un appel à mon conseiller bancaire, encore et toujours en rendez vous clientèle.
Je confie à la personne qui me répond, que tout va bien, qu’il ne panique pas, que de l’argent arrive en abondance, sous quinzaine.
Restons zen.
Je préviens, à toutes fins utiles, que je serai difficile à joindre.
En Corée, pour la semaine.
Ça fait sérieux, j’imagine.
Ou pas.
Je ne sais pas.

Appel d’Anouk Aimée qui est en pleine conférence de philo. Le téléphone sonne alors qu’un employé zélé de la sécurité aéroportuaire examine mon sac à la recherche d’éventuelles traces d’explosifs. Fort heureusement, il n’en trouve pas.

J’ai pris des bouteilles de vin pour offrir aux personnes qui m’invitent et ont gentiment organisé ce voyage. Je ne les connais pas assez encore pour leur donner des surnoms, alors je vais dire la professeur de référence et le (ou la je ne sais pas très bien) régisseur (ou régisseuse) général-e.

J’étais arrivé avec beaucoup d’avance et je vois que la salle s’est peu à peu remplie autour de moi. Il y a des poubelles-aspirateurs robots qui se baladent en essayant d’éviter les voyageurs. Certains s’en amusent et les embêtent. C’est pas gentil.

PARFOIS L’ON EST

Parfois l’on est tout simplement trop fatigué, me disais-je. Parfois l’on est tout simplement trop occupé. L’on travaille trop. L’on a trop peu d’heures de repos. Trop peu de temps pour rêver. Trop peu de temps pour s’arrêter. Trop peu de temps pour écrire. Parfois on n’en a plus le courage, m’étais-je dit. Parfois on n’en peux tout simplement plus. Parfois on n’y pense tout simplement plus, avais-je pensé. Parfois, on en oublierait de vivre, m’étais-je dit. Si ce n’était pas inévitable, après tout.

Cela avait été une semaine chargée, il faut bien le dire. Bien qu’une semaine tranquille, tout compte fait. Une semaine à Paris, chez P. et C. (et famille nombreuse, mondialement dispersée en ces heures de vacances et d’études). Il y avait S.G., sœur de P.G., qui était là pour la semaine, elle aussi. Nous étions arrivés, avec S., vendredi. J’avais dû arriver plus tôt que prévu pour enregistrer des voix. Pour finalement enregistrer ces fameuses voix dont il avait été question précédemment. Et R. était venue garder S. pendant l’enregistrement, avant que je ne reprenne la garde, pour le week end, R. nous rejoignant dimanche en fin d’après-midi. Elle l’avait finalement emmené chez ma sœur, chez qui nous devions dîner, avec ma mère, présente pour l’occasion. Lorsque j’arrivai, vers 20h, R. était partie. On dîna et l’on ne rentra pas trop tard, S. manifestant des signes de fatigue. Il s’endormit ensuite sur la banquette pendant que nous buvions du vin en mangeant toutes sortes de pâtisseries avec P., C. R. (fille de C.) et S.

Samedi matin, P. et C. s’en étaient allés pas trop tôt finalement, tandis que R. partait de son côté, direction Turin. Nous avions passé la matinée à terminer le puzzle offert par ma mère à S. (et c’était un puzzle digne d’efforts). Par la même occasion, je devais apprendre que, ma mère et ma sœur s’étant disputées, ma mère était finalement repartie pour la montagne, au lieu de rester quelques jours, comme elle l’avait initialement prévu. Ensuite, nous étions allés, S. et moi, chez V. et M., parents de D. et M., pour déjeuner et fêter l’anniversaire de D., en présence de ses grand-parents maternels et de N., la belle-mère de V.,, qui avait apporté une bouteille de champagne achetée dans une brocante sur le marché d’Aligre et, on le voit au bouchon (ci-dessus), il ne restait pas de gaz dans ce vin blanc au sirop que nul n’osa toucher. V. me montra les grands volumes d’atelier au sujet desquels il nourrissait divers projets d’envergure. On rentra cependant de bonne heure, S. manifestant de nouveau des signes de fatigue.

Dimanche, on se fit des spaghetti carbonara avec S. et puis on alla se promener jusqu’à la place de la République, où étaient déployés toutes sortes de jeu et de manifestations. R. nous y rejoignit et je rentrai.

Ensuite, ce fut une semaine d’intervention auprès de stagiaires du CIFAP, chaque jour de 9h30 à 17h30, où j’animai, comme cela arrive, une formation Protools audio-visuel, de lundi à vendredi. Bien qu’agréable, l’exercice est épuisant et j’ai mis le week-end à m’en remettre.

C., la maman de R., est venue nous prêter main-forte, parce que je dois partir vendredi matin pour une semaine à Séoul et que R. doit s’absenter pour la fin de la semaine.

A l’épicerie, on donnait des coings. C. en a préparé ce soir, pour accompagner des saucisses, auxquelles je n’ai pas goûté, souhaitant reprendre mon jeûne intermittent, dont la rigueur avait été mise à mal la semaine dernière.

AUPRÈS DE MON ARBRE

J’avais pensé que c’était l’excès d’alcool et de nourriture, samedi soir chez les P. Et c’est vrai que nous avions mangé et bu en abondance de bien bonnes choses. C’était pour ça, avais-je pensé. Les maux de tête, les maux de ventre, les courbatures, les rêves en boucle. Je m’étais levé plus d’une fois pour boire de l’eau. Un litre et demi. Un doliprane vers six heures du matin.

Et toujours ce même rêve.
Un enfant est invité à un anniversaire.
Quelques jours plus tard, il veut voir les photos qui ont été prises ce jour-là. Mais il n’apparaît sur aucune photo. Et tous les autres enfants lui disent qu’ils ne se souviennent pas de l’avoir vu.
Lui se souvient, mais tous les enfants ont oublié.
Un détective intervient.
Il se met en planque dans les anniversaires d’enfants et finit par découvrir le pot aux roses.
Un gang intervient à un moment de la fête en répandant un gaz soporifique. Tous les enfants sont ensuite endormis et on leur fait oublier, au moyen de l’hypnose, un des enfants. Toutes les photos sont truquées pour faire disparaître l’enfant oublié.
Evidemment, le détective n’a pas la moindre idée de ce qui motive le gang.

Et puis finalement, j’avais 39°C de fièvre et c’était un état grippal en bonne et due forme. J’avais passé toute la journée au lit sans pouvoir bouger, ni manger, ni me lever durablement. Vers le soir, j’avais fait bouillir un poulet fermier et j’avais préparé un congee. Remède souverain. Ce matin, j’étais sur pied et je m’étais réchauffé le congee pour le petit déjeuner.

La recette est simple: faire un bouillon de poulet avec de bons légumes du marché. Hacher une échalote et un morceau de gingembre frais. Laver 150 g de riz rond (pour trois personnes, et il en reste). Laver trois fois au moins. Cinq fois, si l’on veut faire comme Marguerite Duras. Verser deux litres de bouillon sur le mélange riz-échalote-gingembre et laisser mijoter à petits bouillon pendant au moins 30 mn (mais 1h30 c’est bien aussi) en remuant fréquemment jusqu’à obtenir une bouillie onctueuse et brillante. Ajouter des effilochés de poulet, du sel et du poivre, des oignons frits, un peu de sauce soja, une goutte d’huile de sésame et tout ce que vous voulez (des légumes salés, de la coriandres, des piments, un jaune d’œuf, etc.). Moi, je n’ai rien ajouté, c’était un médicament.

Et ce matin, ça allait mieux mais ce soir petite rechute. Normal, je me dis. Le cycle grippal. On va se coucher tôt pour se lever tôt et travailler demain matin à la première heure.

DANCING IN THE DARK

Comme ça, juste parce que le dernier épisode de The Morning Show vu à l’instant s’achevait sur une reprise de cette chanson de Bruce Springsteen. Sans intention et sans relation préméditée avec ces vieilles pierres.

Il fait toujours incroyablement beau. J’avais des travaux de bureau à faire et puis pas mal de lessives, de rangements, de pliages, de vaisselles, de courses et autres mais j’ai pu trouver deux heures pour avancer un peu du côté du potager. Arracher du lierre, broyer des branches, ratisser, faire de l’ordre, rendre lisible le terrain.

Les enregistrements prévus vendredi prochain à Objectif Son sont organisés. On papote un petit moment avec Z.A. On se donne des nouvelles. Bonnes et moins bonnes. L’état du Monde. L’économie. J’appelle P.G. pour annoncer notre arrivée avec S. Mais je le réveille. Comme il est 14h je m’étonne mais c’est qu’il est à Boston. Tout s’explique. Boston. On se dit à plus et il se recouche, j’imagine.

J’ai fait des emprunts de trésorerie. Les méthodes de méditation de pleine conscience empruntées à la série Les Meurtres Zen me permettent d’éviter toute inquiétude superflue. Pas d’angoisse et je dors sur mes deux oreilles. Enfin plutôt sur l’oreille gauche. Il vaut mieux dormir sur le côté gauche. Du moins je crois. J’ai oublié pourquoi.

Il faut que je prépare un certain nombre de choses: le séminaire son de la semaine prochaine, la formation protools audiovisuel de la semaine suivante, le workshop en Corée début novembre. Mais toujours grâce aux Meurtres Zen, je ne m’en fais pas. Comme dirait Maurice Chevalier.

Après avoir déposé S. ce matin, j’étais allé au marché de Thouars, acheter de la tomme aux fleurs, de la mozarella fumée, des petits boudins, des rillons, des saucisses, un poulet fermier, une boule de pain rustique, des tomates, des cardes (des blettes), des pommes de terre et des carottes. Et puis j’étais allé chercher du curcuma et du gingembre chez Biocoop. Et j’avais fait des courses d’intérêt général chez Super-U. Et voilà.

The style is the bong digi-bong di deng di deng digi digi…

NEVER COMPLAIN

Et hier, c’était le quatorze octobre, déjà. J’avais rendez-vous à Poitiers, à la DRAC Nouvelle Aquitaine, pour discuter avec G.B. d’un projet de résidence à Piogé. Rencontre fructueuse: j’en ressors avec plein de pistes à explorer et de gens à contacter. Au boulot, donc. J’avais préparé un petit dossier, ce qui m’avait donné l’occasion de prendre des mesures un peu précises des volumes et de commencer à tirer des plans sur différentes comètes.

Je réfléchis également à l’option studio son au-dessus du garage. En montant une cabane dans les arbres avec S. la semaine dernière, avec des vieux lambris retrouvés dans les dépendances, j’ai soudain eu envie d’en fabriquer une pour moi, avec, peut-être, des plans un petit peu plus étudiés et des matériaux plus solides.

Quoi qu’il en soit, en rentrant de Poitiers, hier, j’ai pu passer prendre S. au Centre de Loisirs avant dix huit heures et faire deux ou trois courses pour le dîner. On lance la fin de Jurassic Park, au moment ou R. rentre de Loudun. On a mis le chauffage en route.Ce n’est plus un thermostat avec des réglages compliqués. Juste un bouton à tourner pour décider à quelle température on veut chauffer l’eau qui circule dans les radiateurs. J’ai opté pour quarante degrés, ramenés à trente cinq vers dix heures du soir puis à vingt ce matin, avant de partir pour Nantes. Lundi matin j’avais allumé le poêle. On y va par a-coups, comme on entre dans l’eau froide, petit à petit.

C’est curieux, quand on ne met pas de chauffage, on s’en passe très bien, avec un pull et des chaussettes et quand on en met, on enlève le pull et on se dit que c’est quand même pas mal d’avoir chaud, mais, au fond, on pourrait attendre encore un peu. C’est surtout que S. a tendance à s’enrhumer à tout bout de champ et puis j’avais remarqué que R. grelottait un peu.

Aujourd’hui, journée roborative. Les étudiants de la situation image sont toujours aussi ponctuels et présents. C’est un plaisir de les retrouver chaque semaine. On travaille bien toute la journée, en analyse de séquence ce matin (extraits de Deleuze sur le désir, du début de El de Buñuel, Du Soleil pour les gueux, de Guiraudie, Et la Vie Continue, de Kiarostami. Désir et métaphore sont les constantes de ces différents moments. Après midi rock n roll au studio avec L.G. et H.C. et soirée Arduino avec E.D.

Bon, j’ai craqué sur un paquet de graines sans sel. En ce moment, je ne sais pourquoi, j’ai plus de mal à ne pas grignoter un petit quelque chose le soir. Il faut que je retrouve un équilibre. Je pense que c’est un manque d’hydratation et un régime trop riche en sucres. La faute aux confitures, je dis. Et aux crêpes.

PARTE CROSTALE

Merci D.B. pour ce beau tirage, que S. n’attendait plus, tellement il l’avait attendu avec impatience, et qui arrive finalement à point nommé. C’est la carte postale promise pour la maîtresse chérie adorée vénérée tchoum tchoum.

Et voilà, il suffit d’attendre et de garder foi en l’impression.

La lumière était encore magnifique ce matin, avec ces frimas en suspension dans l’aurore. Je ne sais pas si on peut en toute rigueur parler de frimas, s’agissant de brouillards sans doute trop tièdes pour être givrants. Enfin, juste à la limite. Disons de fines nappes de brouillard flottant au raz des champs, aux raz des éoliennes. Et la lune toute pleine était encore bien visible et bien haute dans le ciel. Mais on ne peut pas photographier correctement la lune avec un téléphone. Il faudrait des filtres, des optiques spéciales.

S. avait encore mal dormi. Angoissé à l’idée de devoir aller au sport. Alors, une bonne fois pour toutes, il est établi qu’il n’ira pas au sport, que l’on renonce à l’inscription. Il peut dormir sur ses deux oreilles. Il peut cesser d’être malade tous les matins.

J’attrape S., un co-voitureur, à Bressuire, que je dépose à Nantes.

On ne parle pas. On écoute de la musique. Il passe des coups de fil. On parle un peu. Il vient des Comores. Il vit à Besançon. Travaille à Saint-Nazaire. En mission. On ne parle plus trop. On écoute de la musique. La route est déserte et belle. La lumière est belle.

Devant l’école, Olivier est la seule voiture sur le parvis. Pendant un instant je crains l’imminence d’un événement, mais non, rien.

Avec A.M., on règle les enceintes dans l’auditorium. On refait la balance des volumes entre l’avant et l’arrière. Je mesure la réponse en fréquence, qui n’est pas effrayante à part des résonances dans les basses fréquences et médiums bas, qui sont un peu boueux.

Avec E.D. un peu de travail au studio puis déjeuner. Burger, tiramisu. L’après-midi au studio. Des mails, un peu de son. Puis le séminaire à 18h. Auditoire clairsemé. A peine la moitié de la promo de troisième année.

A un moment, le fait que le son d’une vidéo montrant une performance de l’Encyclopédie de la Parole de Joris Lacoste soit diffusé à un volume excessif plonge quelques personnes dans des affres d’angoisse et il me paraît préférable d’écourter le cours d’un quart d’heure.

UNE QUESTION D’ÉQUILIBRE

Comme aurait dit Francis Cabrel. Et ce tigre, là, c’était au zoo de Beauval, ce week-end, en revenant de chez mon père, dont nous fêtions le quatre-vingt-deuxième anniversaire.

Étant donné que nous sommes restés des heures à attendre que Heloderma Horridum veuille bien bouger son derche et sortir de derrière son rocher, ce qu’il / elle n’a pas fait, une grande partir de cet immense parc nous demeure cachée.

Mais l’équilibre, c’est l’usage de mon temps et je remarque que c’est toujours en fin de journée, au bord de l’épuisement mental, que je me dis: tiens, il faudarit noter deux ou trois trucs. Il faut changer cela. Trouver une discipline différente. Ritualiser. J’y pense, me dis-je.

Et donc, nous sommes rentrés dimanche soir. Je ne suis pas parvenu à ne pas manger du tout le soir, ni dimanche, ni lundi, ce dont je ne suis pas content. Mais ce soir, oui. Et pas un verre. En fait, la recette du succès se trouve dans l’absence d’un verre. Le verre appelle un grignotage, fut-il infime. Donc, pas de verre passé quatorze heures, pour bénéficier d’un véritable intervalle de quinze heures de jeûne, sans quoi point de salut, en terme d’autophagie.

Mais fi de ces considérations; nous avons œuvré, avec S., à la construction d’une cabane cet après-midi, en utilisant trois palettes de bois qui traînaient par ici. Il reste à consolider et à habiller de planches, mais cela fait déjà une belle structure. Trouver des planches.

Ah, et puis la roue arrière du vélo est encore crevée. Il faut que j’arrive à réparer ça. Il faut que je regarde des tutoriels.

J’ai commencé à travailler une partition de piano. Un truc enfantin. Le jeune Mozart. Une véritable torture pour les nerfs mais il faut que je m’y mette avec régularité. Quelques minutes chaque jour. Ensuite, guitare.

Les journées sont trop courtes. Les journées semblent durer dix minutes. C’est horrible. A peine le temps de commencer quelque chose qu’il faut aller chercher S. au centre de loisirs. Il faut choisir entre jardiner, faire de la musique, écrire, faire de la cuisine. On ne peut pas tout faire. Ou alors il faut tout découper en tranches d’une heure. Mais une heure, c’est la durée de l’échauffement.