EVENING GLORY

Et c’était encore une journée au bureau, à monter des sons et à enregistrer des musiques. Je ne suis pas très content de ce deuxième film. Quelque chose ne va pas. Je vais repartir de zéro, je pense. En fin de journée, j’essaie des trucs étranges. Un morceau qui commence en 7/8 à 100 BPM et se poursuit en 5/4 à 140 BPM. C’est curieux. Ce sont des rythmes que je n’ai pas naturellement dans la peau. Il faut écouter les patterns de batterie et les transcrire en riffs de guitare puis en lignes de basses. C’est inattendu. Parfois ça boitille. Je ne sais pas quoi en penser et c’est ce qui est bien. Il faut penser dynamique, surtout. Pour l’instant, la dynamique est faible.

Il fait chaud. Je reste à l’intérieur. Je ne suis sorti que pour aller chercher u paquet au point relais-colis, c’est-à-dire la station Esso de l’avenue Victor Hugo. C’était un costume italien en laine. Pas de saison, mais il semble à ma taille. Il est un peu fripé. Il faudra le déposer chez le teinturier.

J’était de mauvaise humeur parce que j’ai commencé la journée en répandant la moitié de la pâte à crêpe dans la cuisine et que je me suis senti soudain seul au monde.

Je crois que je suis fatigué. Ça va passer.

INSIDE

Bon, c’était une journée passée au bureau à monter des sons et des musiques. Et aussi à composer de nouvelles musiques. Comme je m’y attendais, pour obtenir l’énergie souhaitée dans le cadre d’un film institutionnel, il n’y a parfois pas d’autre solution que du 100% musique. J’ai joué avec des stems à 140 BPM enregistrés l’autre jour et ça fonctionne bien.

C’est un peu la honte, ce genre de travail. Je veux dire, c’est bourrin, c’est bulldozer. Bon, mais voilà , c’est le produit qui veut ça. Il produit du produit du produit.

Pendant ce temps, R. trie des centaines de livres amassés comme lots pour la kermesse qui a lieu demain. J’espère y échapper, au moins partiellement. Je déteste les kermesses et les fêtes d’écoles. Les parents ne devraient pas être obligés d’assister à ce genre d’événements. Je pense même que les parents ne devraient pas avoir le droit d’y assister, tout court. C’est l’affaire des enfants. C’est leur fête.

Encore un film à finir, avec les bouts de musique restants. J’espère m’en sortir. Et déjeuner avec C. demain. Et partir dimanche pour P***.

Et, apparemment, c’est parti pour le projet en Martinique. Je m’y mets la semaine prochaine.

DANS LES CARTONS

Depuis hier matin, je remplis des cartons, je décroche des étagères, des miroirs, je remplis des trous avec de l’enduit de rebouchage (un produit très curieux qui ressemble à une poudre agglomérée très légère, une poudre crémeuse, une crème poudreuse).

Dimanche, je partirai pour P***. Je loue un camion de 17m3 à Parthenay, avec lequel je reviens à Aubervilliers pour le remplir de tous ces cartons et meubles et repartir à P** pour les y entreposer en attendant notre arrivée en juillet. J’ai mis en vente sur Le Bon Coin notre réfrigérateur, la cuisinière multi-fonctions, le lave-vaisselle, la machine à laver le linge et le sèche-linge. La cuisinière et le lave vaisselle ont déjà trouvé preneurs.

J’ai aussi déjà des passagers Blablacar pour mon voyage de dimanche. Je commence à être organisé.

Ce matin, j’ai reçu le nouveau montage du premier film pour l’université d’Aix Marseille et j’ai commencé à placer des musiques. Je commence par quatre couches de guitare, quelques ponctuations de batteries et maintenant j’en suis aux basses (trois couches). Ensuite, je conserverai ce qui me paraît essentiel, en dégraissant le superflu. En tout cas, rythmiquement, ça fonctionne beaucoup mieux.

Je ne sais pas si c’est à force de regarder tous ces documentaires sur des reptiles, mais j’ai l’impression que la nature de mon odorat a changé. J’ai l’impression d’être doté d’un organe de Jakobson et de déceler des flux d’odeurs extrêmement subtils. En travaillant, j’ai l’impression soudain que quelqu’un a débouché une bouteille de Nuoc Mam à proximité et je me mets à renifler aux alentours, à la recherche de l’origine de cette fragrance violente de poisson faisandé. A chaque fois que je me déplace de quelques millimètres, les paramètres changent. Les parfums se mélangent. A une échelle moléculaire. Je crois que ce que je sentais venait du chat, que je découvre caché sous une table, non loin. Elle possède ce pouvoir d’émettre une odeur extrêmement âcre et puante, pour marquer son territoire ou pour signaler un stress. Normalement, cette odeur ne nous est accessible que lorsque nous nous trouvons à proximité de son postérieur (qu’elle exhibe volontiers). Or, je me trouvais à plusieurs mètres et pourtant, j’ai détecté sa présence.

Cet après-midi, nous sommes allés visiter un endroit curieux, la Collection Cherqui à Aubervilliers, qui rassemble un grand nombre d’œuvres d’art optique et cinétique. Un endroit épatant pour les enfants. S. et son copain D. sont restés des heures dans une salle remplie de ballons, puis on leur a donné des toiles et de la peinture et ils ont peint. Et puis, ils commençaient à s’énerver alors nous sommes allé jouer avec des ressorts géants, qui produisent exactement le bruit des pistolets laser dans Star Wars. Puis nous sommes rentrés. M. et M. nous ont rejoint pour le dîner. V. était retenu par une charrette.

RETOUR

Paradoxalement, me dis-je, pour quelqu’un qui essaye de poster quelque chose presque tous les jours – au moins un jour sur deux, mais idéalement tous les jours – je prends peu de photographies. Pour ne pas dire que je n’en prends aucune, me dis-je.

D’où vient cette répugnance, cette méfiance ? Je ne sais. Tout ce que je sais c’est que je n’éprouve pas le besoin de documenter, d’indexer, d’illustrer. Plus l’image est éloignée de ce que je raconte et mieux je me porte, pensais-je. Il faudrait voir avec le temps, pensais-je encore. Il n’y a pas d’intention cachée, me dis-je.

Et donc, nous étions partis vers 16h30-17h et nous étions arrivés comme une fleur. Comme trois fleurs. Comme quatre fleurs, en comptant le chat Uranus. Comme quatre fleurs, donc, à 21h10. Le temps de réchauffer une quiche lorraine pour le dîner de S. et il était bientôt au lit. On avait auparavant regardé le film de la libération des têtards. Leur retour au bassin originel. Avec les pelures de pommes de terre cuites en prime. La nourriture des dieux. On voit S. relâcher triomphalement les têtards, d’un air très professionnel, l’air de rien.

I., notre hôte, est arrivé hier après-midi. Blond comme les champs de blés tout autour de nous, il vient de Slovaquie. On le dirait sorti d’un film de Dovjenko. Ou plutôt, il évoque un héros souriant de Boris Barnet. Oui, oui. Boris Barnet. Penser à revoir au plus vite La Jeune Fille au carton à chapeau et La Maison de la rue Troubnaïa. Il travaille à la cimenterie de A*** et sera des nôtres jusqu’à début juillet et puis l’on verra , de part et d’autre, si il y a lieu de prolonger..

J’ai fait beaucoup de coupes dans le bas des oliviers et l’on voit reparaître la forme des arbres. R. a fait de même pour les rosiers et le prunier. Le jardin reprend forme. J’ai aussi bien dégagé autour du cerisier et l’on s’est gavés de cerises. C’était la semaine. J’ai dit à I. de ne pas hésiter à monter dans l’arbre.

Le nez coulait. Je suis resté beaucoup à l’ombre. S. pourchassait les lézards.

Reçu une proposition pour participer, par le son, à un projet de recherche universitaire à Nantes, sur les sonorités urbaines. C’est intriguant. Je ne sais pas comment mon nom est apparu aux yeux (ou aux oreilles) de cette équipe de recherche. À suivre.

PENTECÔTE

Ce matin, je me suis réveillé à 6h00 et j’ai pris le café pendant que R. se préparait pour son dernier cours de l’année. J’ai réveillé S. avec des crêpes à 8h00. On a regardé un petit bout de cette série australienne sur une famille qui vit au milieu des crocodiles, puis on s’est préparés, on a fait nos valises et embarqué le chat.

Nous sommes passés prendre R. à la sortie du lycée à 10h30. Ça roulait mal, à cause de deux accidents de voiture successifs sur l’autoroute en direction du Tremblay en France et on a eu 10 mn de retard. Ça roulait mal dans l’autre sens aussi, sans doute parce que nous n’étions pas les seuls à nous être dit que ce serait une bonne idée de profiter de ce long week-end. On roule dans un trafic assez dense jusqu’au premier péage et puis ça s’arrange.

On déjeuner au Mc Donald’s à la première station service venue. S. avait envie de frites aux cheddar. Je suis un peu déçu par leur salade, même si la vinaigrette noisette n’est pas si mal. S. a tendance à nous porter sur les nerfs tout au long du voyage, en hurlant, en tapant dans le siège, en martyrisant sa mère, etc. J’ai les yeux qui piquent et mal au dos. Je mets des lunettes de soleil et ça va tout de suite mieux. Pour le dos, je fais toutes sortes d’étirements, à droite, à gauche, vers le haut, vers le bas. Autant que possible tout en conduisant.

On arrive vers 16h20. Je trouve la nouvelle tondeuse électrique dans l’abri du four à pain, comme prévu. Ça ressemble à un jouet, à côté de la vieille tondeuse thermique. Il est évident que ce n’est ni aussi solide, ni aussi puissant. Les batteries se déchargent vite. Je terminerai de tondre demain matin.

Les allergies sont de retour. Et encore, il a plu et il fait frais. Qu’est-ce que ce sera quand le soleil va sortir ? J’ai acheté des lunettes de protection pour éviter les yeux rouges et j’ai pris un antihistaminique avant d’aller coucher S.

Je lui raconte l’histoire de Poljka, qui est un auteur de podcast, dont le thème du jour est une interview de Maurice et Croquidou. Les deux copains parlent avec un accent américain de fêtes sur la plage et Poljka ne comprend pas l’anglais. Ils finissent par se battre de manière grotesque.

Les martinets sont toujours en train de couver. Lorsque je suis allé débrancher les batteries rechargées à bloc, j’ai allumé la lumière, juste sous leur nid et j’ai vu la maman ou le papa, tranquille, ne bougeant pas et je me suis dit que, décidément, on était devenus copains.

Le ressort commandé la semaine dernière et acheminé par Chronopost était déjà reparti quand je suis allé le chercher. Je hais Chronopost. Il va sans doute falloir que je remplace toute la tête de la débroussailleuse. J’essaierai d’attaquer le jardin avec la lame rigide demain.

FÉLICITATIONS

Et ce furent là deux journées délicieuses à Nantes, en compagnie de P.G., N.N., N.H. et N.F. et des étudiants de Master 2 du parcours « Formes du réel ».

Pourtant, je ne sais pourquoi, je me réveillais dans une profonde tristesse jeudi matin à 5h00. Tristesse dont j’ignore l’origine et dont je ne peux me rappeler la cause. Mais ce sentiment fut vite dissipé et même je me dis qu’au fond, la tristesse, c’était intéressant aussi. C’était un état à explorer comme un autre, de temps en temps. Pour passer à autre chose, comme appel à la transition. J’étais peut-être triste de ne pas prendre de petit déjeuner, me dis-je à présent, puisque, pendant ces deux jours, afin de pouvoir être en synchronisme avec mes camarades de jury, j’avais décidé de sauter le petit-déjeuner au lieu du dîner.

Mais j’en doute. La tristesse vient de plus loin.

Et tout à coup, en écrivant, à l’instant même, en temps réel, là comme j’écris, je me rappelle mon rêve. C. était petite, nous étions dans un bus et soudain elle se levait, sortait du bus et, avant que je n’ai le temps de la rejoindre, le bus démarrait. Je criais au chauffeur de s’arrêter mais il ne voulait rien entendre. Je descendais à la station suivante mais ne parvenais pas à la retrouver.

C’était donc cela, la tristesse. Ce cauchemar de perte et d’abandon.

Mais ensuite, tout ne fut plus que gaieté, joie, chaleur et amitié.

Je regrette qu’on ai dû partir si vite pour attraper le train de 18h40. Je me dis qu’on aurait pu prendre un train plus tardif. Qu’on aurait pu rester en terrasse à boire des verres avec les étudiants fraîchement diplômés et puis M.G., pour son pot d’adieu, avant le départ en retraite. N.H. avait noté des tas de références de peintres sur des gobelets.

On se promet des vernissages et de se retrouver autour d’une salade de betteraves aux oranges.

PLUIE, CE MATIN

Toujours le nez bien pris, mais ça devrait se calmer aujourd’hui, avant de s’empirer demain, me dis-je. Hier soir, j’ai craqué sur les crozets au comté alors ce matin pas de petit-déjeuner. Ça me fera les pieds, me dis-je.

Il va falloir se mettre à faire des cartons, me dis-je. On en a récupéré quelques uns chez Franprix. Je vais m’y mettre ce matin, puisque je suis ralenti dans la progression des montages son.- et que tout va m’arriver d’un coup en fin de semaine prochaine, me dis-je.

Et tout en me disant ça, je me dis que ça ne va pas être possible, alors j’appelle le service de location et – c’est magnifique – il est possible de repousser. Alors j’appelle R. pour lui demander si ça ne pose pas de problème de repousser et, bien sûr, ça l’embête un peu parce qu’il y a le bac à corriger. Mais finalement on trouve des dates possibles et hop, c’est repoussé au début de la semaine suivante. Ouf !

Et aussi, on a eu une bonne nouvelle: R. a appris hier qu’elle serait bien affectée au lycée de L***, qui était celui qu’elle espérait obtenir et que nous étions allés repérer en famille aux vacances de printemps.

Hier, journée mails. Aujourd’hui, le centre de loisir emmène les enfants à Thoiry. S. est super-content et son copain D. aussi. Je m’apprête à partir déjeuner bientôt avec C. J’irai peut-être voir un film après ou, au moins, faire une petite tournée des galeries du Marais.

J’attends incessamment des nouvelles de E.B. en Martinique et de A.B., à Boulogne, pour les deux projets de studios en cours. Il serait temps que des nouvelles tombent pour n’être pas débordé de travail début juillet. Tout en écrivant ça, je me dis qu’il faut que j’écrive un petit mot à la famille B., en Martinique, pour les alerter sur les questions de timing et de planning. Et je me dis, tiens, il s’agit d’un post organisationnel. En temps réel.

Et puis je suis parti déjeuner avec C. et sa copine N. au restaurant japonais de la rue R***. A la fin du repas, comme d’habitude, les filles ont droit à une sucette chacune. Sauf qu’elles ont seize ans. Je me demande si, quand elles auront quarante ans, elles se verront toujours remettre une sucette en fin de repas.

On passe prendre un milk-shake pour C. au burger bio un peu plus loin et on file chez Marian Goodman pour éviter la pluie qui vient de reprendre. L’expo Steve Mac Queen n’est pas passionnante. Des photos en gros plan de fleurs, un télécinéma sur un vieux moniteur cathodique, où l’on voit des mecs hilares transporter des plantes en pot dans une ville américaine, en super 8, à la fin des années 70 et un enregistrement de dribbles de ballons de basket en fausse octophonie (luxe de ces huit moniteurs Genelec 8040).

Pour se remettre, on attrape la séance de 14h de Cloud de Kiyoshi Kurosawa et c’est finalement assez comique, bien que les rebondissements scénaristiques soient cousus de fil blanc.

En rentrant, je tombe sur R. qui cause avec D. et A., qu’elle a croisés dans la rue et qui se rendent à l’athlétisme. A. a beaucoup grandi. Je l’avais vu dans la rue à vélo avec son père, T., il y a deux jours. On va ensemble chercher S. et puis on va s’empiffrer de chips et descendre quelques bouteilles avec M. et V., les parents de D., le copain de S. et de M., son grand-frère. Les petits reviennent de Thoiry et le grand de Disneyland.

On se rend compte d’un truc dingue: notre maison de P*** est située exactement au-dessus du château de J.C.M., qui est l’oncle de M. (la maman de D. et M.).

En fin de repas, M. (le grand frère) me montre les vidéos qu’il a faites en stop motion de ses Lego. Je lui montre les films qu’on a tournés avec S. et on se dit qu’on se verra bientôt à la maison, sur le banc de montage pour travailler le son et le montage de ses vidéos.

REDESCENTE

C’est l’étape qui suit logiquement l’ascension, me disais-je. Et d’abord, il y avait eu le retour en voiture, avec les inévitables embouteillages.

Pourtant, nous étions partis tard. Nous avions dîné à la maison, avant d’embarquer le chat et toutes les affaires à bord d’Augustine et vroum dans la campagne belle et le soleil couchant, qui n’en finissait pas, les jours les plus longs approchant à grands pas.

Je portais mon masque et cela ne fut pas du luxe.

On ne s’est arrêté qu’une fois pour un rapide café-pipi et zou, on est rentrés.

À la hauteur de Dourdan, Waze nous propose de quitter l’itinéraire pour éviter un accident et nous suivons la procession. C’est une belle route qui passe par des villages cossus.

On met deux heures pour faire les soixante derniers kilomètres, mais c’est cool. On écoute des podcasts de la série « Bestioles » jusqu’à ce que S. se mette à rompichonner à demi.

La chatte hurle à la mort pendant soixante dix minutes. Je me souviens que, lorsque nous étions enfants, les chats se baladaient librement dans les voitures et que les ceintures de sécurité n’existaient pas à l’arrière. La voiture était un grand bateau d’ennui, de biscuits, de jus de fruits renversés, de coussins, de batailles et de chats ronronnants. Avec Europe 1, son chapelet de pubs et le Top 50. Et les parents qui disaient: « je vais en prendre un pour taper sur l’autre ». Ou bien: « si vous continuez comme ça, on s’arrête et on vous laisse au bord de la route ».

Bref, arrivée vers minuit quarante-cinq. Ce matin, réveil difficile pour S. La maîtresse non plus n’en mène pas large.

On avait prévu de travailler à la maison avec S.L. mais finalement on travaille à distance, puisqu’il faut faire des corrections à l’image avant de terminer le son et de placer des notes de musique.

Courses chez Carrefour. Reçu deux chemises Vinted. Lessives. Café. Riz et choux de Shanghai. Récupération.

À L’OMBRE DU PRINTEMPS EN FLEURS

Oui, c’est toujours à l’ombre, à l’intérieur et masque lors des sorties. Le soleil n’est plus aussi présent, cela dit, et on dirait bien que le temps fraîchit.

Je me suis levé plus tôt, vers 7h30. Le dos est endolori mais, une fois debout, ça va. Il suffit de se lever. D’avoir confiance en nos capacités d’éveil. Nous sommes le premier juin. Mon comptable me suggère de remplir ma déclaration de TVA pour le mois de mai. Ce que je fais après un café.

J’écris à P.P. que je suis privé de sortie, en raison du rhume des foins. Plus tard, R. me dit qu’il nous propose de venir déjeuner chez eux, plutôt que d’aller pique-niquer.

Puis S. veut des crêpes, alors je fais des crêpes. Ensuite, quand les crêpes sont prêtes, je me dis que, pour aujourd’hui, je peux bien m’en autoriser quelques unes. J’écoute le début des Nuits de France-Culture consacrées à Fassbinder, mais, très vite, ça m’ennuie. Je me dis qu’il vaut mieux aller directement aux sources. Aux films, aux écrits.

Cette nuit, j’avais remarqué que le minuteur de la buanderie, qui sert à régler les heures de chauffe du cumulus, émettait un grésillement continu. Il règne un tel silence dans la maison, la nuit, que ce grésillement devient omniprésent. Je crois encore l’entendre depuis la chambre verte, au bout du couloir. Je me dis qu’il va falloir trouver un système moins bruyant. Un minuteur digital.

Les martinets commencent à s’habituer à ma présence. Tout à l’heure, alors que je récupérais du linge sec, l’un d’entre eux (je ne sais pas si c’est la maman ou le papa) s’est posé sur le fil à côté de moi et s’est balancé doucement. Ne voulant pas le laisser prendre trop ses aises – et surtout pour éviter trop de fientes – j’ai siffloté pour le faire déguerpir.

Je commence à en avoir un petit peu marre de David Lynch, après avoir revu hier Mulholland Drive, je me suis dit que ça allait bien comme ça. Mais je vais tout de même boucler l’affaire avec Inland Empire, dont je n’avais pas supporté plus de 15 minutes, la première fois. En revoyant les films après avoir lu la bio, j’en saisis mieux les intentions (en particulier scénaristiques) et cela fait un peu mieux « tenir » les morceaux, comme une espèce de ciment théorique. Ça ne change rien à la perception. Ce qui me plaît bien, c’est la tendance Buñuel de la direction d’acteur. Ce que je n’aime pas c’est l’hystérie, le drama, la surenchère, les explosions de violence. Ce qui emporte tout de même l’adhésion, malgré toutes les faiblesses, c’est le caractère absolument enfantin de toute l’œuvre et du personnage.

ALLERGIE

Un couple de martinets a fait son nid sur une ampoule dans la chaufferie. Les œufs sont plus petits que des M&M’s. A chaque fois que je dois entrer dans la pièce, pour prendre une douche, pour accrocher ou décrocher du linge, je sifflote sur le pas de la porte et les oiseaux s’envolent.

Uranus a repéré le nid, mais elle ne peut pas vraiment l’atteindre. Cela dit, les oiseaux ne sont pas rassurés de voir un chat tourner autour de leurs œufs et ils piaillent à qui mieux mieux.

Jeudi, j’avais commencé à débroussailler avec le rotofil, mais j’ai mal remis la tête, après avoir changé le fil, et le ressort a sauté. Je l’ai cherché en vain dans les bosquets. Alors je me suis dit que j’allais tondre le gazon. Et hop, j’ai voulu démarrer la tondeuse mais le lanceur m’est resté dans la main. La ficelle s’est rompue. Je n’arrive pas à démonter la tête, même après l’avoir aspergée de dégrippant.

Alors j’ai commandé un ressort de remplacement et une nouvelle tondeuse à gazon, électrique celle-là, de la même marque que la débroussailleuse, ce qui permettra d’utiliser les batteries de l’une sur l’autre.

En débroussaillant, des projections végétales ont atteint mes yeux et mes narines et bientôt j’ai un œil totalement rouge et mon nez se met à couler comme un robinet ouvert.

Depuis, je suis la proie d’une crise d’allergie violente, qui m’interdit de sortir sans masque pendant la journée. Je reste à l’ombre pendant que R. et S. vont se balader. Le temps est splendide. Il fait 30°C. Mais le pollen vole et m’est un poison.

Les cerises sont presque mûres. Le week-end prochain, nous en mangerons, si les oiseaux nous en laissent.

Cette nuit, j’ai rêvé que je devais aider une japonaise assez âgée à faire fonctionner sa guitare électrique. Curieusement, la première idée était de lui construire une sorte de structure de poulies sur laquelle les cordes de la guitare venaient se tendre. Je me disais que ça allait être compliqué et que ça ne fonctionnerait certainement pas et me mettais à parcourir la ville à la recherche d’un pré-ampli. Et pendant tout ce temps, il y avait un sac en papier kraft qui me regardait d’un air menaçant.