À REBOURS

Lorsque l’on dort à nouveau dans un lieu dont on fut l’hôte régulier pendant des années – et dans lequel on n’a pas dormi depuis longtemps – se présentent immanquablement des cauchemars régressifs.
Surtout si l’on a pas mal bu la veille – de la bière et du vin – après une longue période de sobriété (premières bières depuis le mois d’août).
Succession de rêves donc, d’une brutale régressivité. Situations où l’on se sent dans la position de qui a tout abdiqué, est revenu sur toutes ses déclarations, toutes ses promesses, tous ses serments.
L’on a soi-même abdiqué mais l’on peut aussi bien le dire de tous les autres autour.

Tous ont abdiqué, sont revenus en arrière.
Cependant les promesses et le souvenir des états de vie passés demeurent, rendant d’autant plus inexplicable et inadmissible ce retour à l’état initial.

Dans ces rêves, toujours, des fuites d’eau, des robinets en panne, des écoulements inaccessibles, des fontaines auxquelles on ne peut boire, des sexes arides, des situations étouffantes, des cigares ébouriffés, des ouvertures étroites vers des toits vertigineux, des salles de bains insalubres, des couloirs peuplés d’enfants sages aux sourcils froncés, des supermarchés vides, des grands magasins déserts dans lesquels vous êtes enfermés à la recherche de toilettes publiques closes.

Au réveil, soupir de soulagement, tachycardie, ballonnements, bouche sèche, vertige. Il fait chaud. On est en vie, ailleurs, le temps est revenu dans les rails. Ouf.

Et ensuite, plus loin, plus tard, un café, un croissant.
Il fait très froid sur le quai de la gare.
Beaucoup plus froid à Lille (froid sec, statique) qu’à Dunkerque (la mer et la tempête).

Hier soir, rédigé avec H. une note pour l’appel de Tanger au Palais de la Bière.
O. nous y rejoint. On papote. Il est question de filmer une maquette pour un musée.
Un lien Wetransfer est transmis. On y reviendra en fin de soirée.
H. nous quitte. 
On va au Star Rock, où nous rejoint M.
Il y a concert. Batteur épouvantable. Volume excessif. On doit hurler.
C’est agréable quand ça s’arrête.
Métro, maison, tisane.

H., qui a arrêté de fumer – ou O., qui fume encore, je ne sais plus – fait observer qu’avec les paquets de cigarettes atroces et indifférenciés qui sont en vente maintenant, les buralistes auraient lieu de déposer plainte contre les conditions d’exercice de leur profession, qui prédisposent à des pathologies mentales. Un tel environnement graphique, c’est sûr, ça ne peut pas faire du bien. 

Le train file vers Dunkerque. Il fait beau.

Hier après-midi, tournage de la séquence 1 avec M. et F.
C’est toujours aussi mystérieux un acteur. 
La fragilité d’une incarnation. 
La sculpture en quoi consiste une direction d’acteur, une mise en scène.
Sculpture où il faudrait intervenir le moins possible.
Laisser la matière se sculpter elle-même.
Lui offrir juste l’espace. Le moule invisible.
On continue aujourd’hui et lundi c’est piscine. Wow !

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