Sommes donc allés passer trois jours à Zhengzhou, dans le Henan, avec C. pour rendre visite aux parents de Z.L.
A peine sortis du train, Z.A., le père de L., nous entraîne dans un endroit où il faut nous déshabiller complètement, prendre une douche, un sauna, se faire récurer par des employés du lieu, reprendre un sauna, une deuxième douche puis passer un certain temps dans des bassins d’eau brûlante, tiède ou glacée.
Ensuite nous endossons des pyjamas de location, qui nous font ressembler aux patients d’un hopital de luxe et nous allons nous restaurer dans un grand réfectoire à l’étage où dînent toutes sortes de clients: des hommes seuls ou en groupe mais aussi des familles, enfants, etc…
Puis nous descendons dans des chambres à la lumière tamisée où nous rejoignent des masseuses et nous avons droit à un massage intégral de deux heures, qui nous laisse à plat.
Nous dormons sur place, alors que dans les couloirs les équipes de « massage spécial » (belles de nuit) commencent à s’activer, avec leurs nuisettes bleues et leurs curieux petits paniers. Il n’y a pas de fenêtre, pas d’aération, juste le climatiseur. C’est étrange, cette ambiance. Difficile de fermer l’oeil.
A six heures Z.A. vient nous réveiller: il faut de nouveau prendre une douche, se rhabiller et attendre la voiture qui vient nous chercher pour nous emmener chez lui où nous faisons la connaissance de sa femme et posons nos affaires. Petit déjeuner au restaurant du coin: une soupe très épicée aux pâtes larges et gluantes, des pains vapeur à la viande, des beignets, une soupe froide de tofu sucré.
Une limousine noire nous emporte vers le temple de Shao Lin.
Alors que nous nous sommes endormis à l’arrière, la dame qui nous conduit -une amie des Z.- a loupé la sortie de l’autoroute. Qu’à cela ne tienne: nous y retournons en marche arrière, tout simplement…
Je nous vois mourir dix fois: les camions qui manquent nous emboutir déversent des flots de klaxons hurlants mais ça ne perturbe pas le moins du monde notre conductrice.
Toujours est-il que nous arrivons miraculeusement sains et sauf à Shaolin.
Z.A. et madame « marche arrière » nous attendent à l’entrée. Comme partout et tout au long de notre séjour, Z.A. s’empresse de tout payer et se montre offensé dès que j’esquisse le geste de porter la main à ma poche. Il faudra presque nous fâcher pour obtenir que je paye nos billets de trains du retour.
Avec S., une étudiante en tourisme de l’université, embauchée comme interprète, et C. nous faisons une belle promenade dans la montagne en direction du pont suspendu de 200 m de long que nous avons l’intention de traverser. Hélas, alors que nous avons notre objectif en vue (mais encore à 45 minutes de marche), Z.A. nous appelle affolé: il faut rentrer vite, vite, il faut manger, le jour va tomber, on s’inquiète, vite, vite !
J’ai l’impression d’avoir 15 ans: Z.A. ne nous lâche pas d’une semelle et consacre une énergie folle à précéder le moindre de mes désirs supposés, à m’acheter toutes sortes de friandises et de babioles, à me conduire immédiatement en tout lieu dont j’ai la faiblesse de m’enquérir, à me fournir des interprètes, des vivres, un siège, du thé, etc… Alors que j’aurais voulu me balader, flâner, zoner, me perdre dans la ville, nous sommes constamment escortés, conduits, déposés, attendus et donc nous passons notre temps d’un temple à l’autre, d’un musée à l’autre. Deux jours, ça va. Plus, je n’aurais pas pu tenir (et lui non plus, je suppose). Du coup, j’en apprends un paquet sur l’histoire du Henan et de la Chine. Nous sommes chouchoutés et poupougnés comme c’est pas permis.
Le deuxième soir, repas pantagruélique au cours duquel Z.L. appelle pour souhaiter à son père une bonne « fête des professeurs » (eh oui, ce jour là c’est la « fête des professeurs ») et demande à me parler parce qu’il s’inquiète, avec raison, du zèle de ses parents à nous prendre en charge. Alors que Z.A. nous avait parlé d’une nouvelle douche, c’est finalement dans un hôtel spacieux de la périphérie que nous passons la nuit.
Réveil à 7h00. Petit déjeuner et départ à 7h30 pour visiter le musée de Zhengzhou.
Au Henan, les feux rouges sont des comptes à rebours lumineux verts et rouges, annonçant la durée restante en secondes. C’est plutôt une bonne idée.
Une interprète nous accompagne durant la visite et tousse énormément, sans doute à cause de l’air conditionné. Il y a une curieuse installation dans le musée: dans le hall un grand dessin au sol représente l’enchevêtrement du Yin et du Yang. A la verticale du centre, un trou dans le plafond est surmonté d’une boule de cristal qui permet, lorsqu’on se trouve au troisième étage, de voir le dessin au sol comme si on regardait une diapositive avec un compte-fils.
Après le musée, une voiture nous emmène à Kaifeng où nous déjeunons et enchaînons les visites de temples et de jardins. Nous rentrons vers 19h à la maison. Madame Z. et sa soeur ont préparé des jiaozi délicieux et il y a de l’alcool aux cinq céréales dont nous abusons allégrement.
Du coup nous sommes bien assoupis lorsque le train de Pékin arrive avec plus d’une heure de retard en gare de Zhengzhou et une fois installés sur nos couchettes dure (il faut se battre pour obtenir les nôtres), nous ne tardons pas à nous endormir profondément. Bien sûr, les Z. nous ont comblés de cadeaux et tout en écrivant ce post je grignotte de délicieux jujubes séchés, spécialité de la région.
Il faut que je commence à préparer mon retour. Aller filmer et enregistrer deux ou trois trucs, organiser la restitution des clefs de l’appartement, faire quelques courses, etc…