C’est étrange d’avoir à l’autre bout de la planète des lieux où l’on se sent chez soi. De savoir qu’ils existent, qu’on peut s’y rendre.
C’est le sentiment que me donne le studio de Feijiacun où nous sommes allés passer le week end, pour le vernissage de L. L’impression d’être à la maison, de retrouver la famille.
Ce matin, avant de reprendre le train pour Tianjin, je lave les draps et la couette, ravitaille le studio en produits de base, fais la vaisselle et lessive le sol. Puisque L. dort, je laisse la clé au gardien, qui m’avait aidé à traduire la chanson du « transit intestinal ».
Samedi chargé en activités touristiques: un saut à Panjiayuan, le marché aux puces pékinois. J’attends Y., qui obtient de meilleurs prix quand je ne suis pas là (on la prend pour une chinoise ou presque) en mangeant une pizza et en révisant mon Assimil. Ensuite, nous allons visiter le temple Tiantan, qui est majestueux: haut et gras, comme un gros chat.
La charpente est un miracle de construction: tous les éléments tiennent imbriqués les uns dans les autres sans le moindre clou, sans la moindre vis.
Après nous être promenés dans le jardin, nous prenons un taxi qui nous dépose place Tien an’men, que nous arpentons un moment avant de prendre un nouveau taxi pour rentrer à Bei gao, donner un coup de main à L. pour l’installation de l’exposition.
Avec X., le copain de L. qui tient la galerie, nous écumons toutes les boutiques qui bordent ce quartier d’artistes à la recherche d’éléments de fixation pour des tablettes. Nous finissons chez Ikea où j’achète des crochets qui ne nous serviront pas.
Dimanche matin, il reste encore beaucoup à faire. Je m’occupe de graver un DVD du film de L., qui passe en boucle dans l’expo, pendant que T. et lui installent les sculpture et les tirages.
Catastrophe: les trois grands tirages de 1mx1m20 arrivent en rouleau au lieu d’être intercalés entre une feuille de dibbon et un épais plexiglas. Du coup, nous renonçons à les accrocher et cela laisse un vaste espace vide au-dessus des tablettes (qu’un ouvrier, entre temps, a réussi à faire tenir). Trop tard pour faire refaire le travail à l’imprimeur: il est 15h, les gens arrivent, le cuisinier fait cuire des brochettes et on débouche des bouteilles de vin et de bière.
Vu que nous n’avons presque rien mangé depuis la veille, je suis rapidement ivre et m’entretiens avec T., qui achète des oeuvres chinoises pour les revendre à des galeries européennes.
Nous discutons aussi avec C. du projet des départements confucéens, dont elle a fait le relevé des titres (il y en a 85 ou 95, je ne sais plus), avec le nombre d’offrandes par département. Elle m’apprend qu’il y a même un département de « la naissance en tant qu’insecte ».
Vers huit heures, tout le monde va dîner chez Tong Da.
On tombe de fatigue à dix heures du soir.
C’est le tournant de l’été: il a plu hier toute la journée et une partie de la nuit et ce matin l’air est frais à Pékin et à Tianjin. D’après la météo ça ne devrait pas durer, évidemment.
Bon, je vais regarder quelques épisodes de Freaks and Geeks, aller m’inscrire à la salle de gym de l’hôtel Holiday Inn, passer quelques coups de fil, aller manger un bol de soupe et m’occuper de tous ces films en attente.