UN PROBLÈME AVEC LES COMÉDIES

Je dois avoir un problème, me disais-je. Je ne supporte pas certaines comédies. Par exemple, là, à l’instant, avec The Studio, la série comique d’Apple.

Ce producteur imbécile, insupportable, qui fout tout en l’air par sa seule présence et, pire encore, ou mieux encore, avec ses prétendues bonnes intentions, sa soi-disant cinéphilie., ça devrait me faire rire. Mais non, ça me consterne. Tout ce gâchis me consterne. Ce n’est pas un gâchis réel: c’est un gâchis de fiction, un gâchis de comédie et je devrais en rire. Je peux rire de choses bien pires, mais là, s’agissant de cinéma, je ne sais pas pourquoi. Je dois manquer d’humour. Ne pas supporter un certain type d’humour reposant sur le principe du jeu de massacre. Je crois que ça m’inquiète, que ça m’angoisse. Déjà les Marx Brothers, je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas supporter l’anarchie joyeuse et destructrice de Harpo. Il y avait là quelque chose de démoniaque. Comme chez Boulgakov. Mais j’adore Boulgakov, parce que ce n’est pas qu’une comédie. C’est peut-être le manque d’une réelle dimension tragique que je ne supporte pas, me dis-je ? Ou même simplement dramatique ?

Je ne suis pas fier de manquer d’humour à ce point mais qu’y puis-je ? Au bout de quelques secondes je suis obligé d’arrêter, de soupirer, de me lever, d’aller boire de l’eau. Et puis je me dis non c’est ridicule, c’est une comédie, il ne faut pas prendre ça à cœur. Mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir embarrassé, mortifié par ce pauvre imbécile. Il me fait pitié et m’inspire de l’horreur tout à la fois.

C’est que je m’identifie à ce pauvre idiot. Je ne vaux pas mieux. Il n’y a pas de quoi rire, me dis-je. Il y a de quoi pleurer, soupirer et pleurer. Comme Martin Scorcese à la fin du premier épisode.

C’était une rentrée épatante. Classe complète et ponctuelle. Participation active. Remarques pertinentes. Et puis ensuite, quelques entretiens avec les étudiants de master. J’ai l’impression qu’il n’y aura pas grand-monde demain. Grève intersyndicale.

On verra. Allez, je regarde la fin de ce deuxième épisode.

Misère.