
On ne peut pas rester à l’ombre et au frais toute la journée. Alors hier, nous sommes retournés au zoo de Vincennes avec S. Et, en réalité, il faisait assez frais dehors, le matin, lorsque nous sommes sortis de la serre tropicale.
Il y avait beaucoup de touristes qui parlaient russe. Je ne sais pas si c’étaient des ukrainiens. Je n’ai pas posé de question. J’aurais peut-être dû ? Cela m’aurait donné l’occasion de pratiquer un peu mon russe, qui rouille à vue de nez.
On a passé pas mal de temps entre les caïmans, l’anaconda vert, le boa arc-en-ciel, les iguanes verts et les lézards nageurs. Et puis, on est allé faire un tour du côté du vivarium européen, faire un petit coucou aux vipères, aux couleuvres et aux grenouilles.
C’était le marathon pour R., qui devait corriger 124 copies du bac philo, alors j’ai passé tout le week-end avec S. et on a bien rigolé, même s’il faisait chaud.
Ce midi, nous sommes allés manger des pads thaï du côté de Rosa Parks.
J’ai réinitialisé la carte de l’appareil photo de S., qui a photographié toutes les images de monstres de Gila qu’il avait sous la main. Le monstre de Gila est son nouvel alter ego. Et comme il y a deux types d’hélodermes (heloderma suspectum et heloderma horridum), cela donne du Dr Jekyll & Mister Hyde à l’affaire.
Il y a tout à la fois quelque chose de reposant et d’inquiétant au fait que toute l’activité humaine semble s’arrêter le week-end.
Parfois, cela peut devenir angoissant.
Je m’attends à ce que les divers projets puissent avancer. Je m’attends à être pressé par le temps. Je m’attends à me voir imposer certains dead-lines, mais pourtant personne ne presse, personne ne relance.
Tout semble au ralenti. Pas d’appel, pas de message.
Tout est à l’arrêt. Comme pétrifié par la chaleur.
Alors je monte des cartons, que je remplis lentement.
Je fais des machines, je plie du linge, je passe le balai.
On regarde des films. On écoute de la musique. On fait des crêpes. C’est dimanche.
Il y a un match de foot sur le stade. On est aux premières loges.
Le chat se roule par terre avec indolence. Elle a trop chaud pour se soucier réellement de ses croquettes.
S. adore le camembert. Celui de Bertrand (c’est son nom) a gagné une médaille et S. est persuadé que c’est le meilleur camembert de la planète. Il a peut-être raison? De son point de vue.
Dans l’histoire de Croquidou et Maurice que nous inventons en ce moment, les deux amis libèrent tous les animaux des zoos qu’ils traversent et les remplacent par des automates, qui les imitent à la perfection, au point que les équipes de soigneurs et de gardiens n’y voient que du feu.