A l’ombre des jeunes filles en fleurs

Suis pris par La recherche du temps perdu comme jamais.
Du lever au moment où je décide qu’il est temps de me remuer un peu avant qu’il fasse nuit.
(…)

Il fait beau. Je sors au hasard, me forçant à ne pas emporter le gros volume de La recherche dans mon sac, pour ne pas être tenté de m’installer tout simplement dans un café et y continuer ma lecture. 
Mes pas me mènent au CNP.

Hôtel Salomon de Rotschild, 11, rue Berryer 75008.
Photos de Philip-Lorca diCorcia. Hélas, l’appareil photo me lâche pratiquement dès l’entrée.
Les deux photos que j’ai le temps de prendre avant sa rendue d’âme ne sont pas vraiment représentatives de son travail. 

En réalité, cette série de grands formats, baptisée HEADS 2000 est un peu à part. La majorité des tirages sont des petits formats, que l’on doit regarder à la queue-leu-leu (il y a du monde) et parfois en se serrant dans d’étroits passages ce qui est amusant mais un peu dangereux.
Scènes de rues, de plages, d’hopitaux, d’intérieurs misérables, de ruines, de fast foods graisseux, de jardins ploucs, de banlieues pavillonaires, etc… Leur caractéristiques visuelles: des avants-plans très piqués (effet limite « collage numérique ») dans un éclairage irréel (comme si les sujets étaient pris dans le faisceau d’un projecteur, alors que les arrières-plans sont baignés dans une lumière étale). Prédominance de teintes orangées, coucher de soleil, crépuscules mais parfois obtenues par filtres colorés. Images très contrastées, temps de pause ultra rapides (le mouvement est suspendu: pas de flous de bougé).
Il y a incontestablement un style, une patte, mais l’ensemble ne me bouleverse pas, même si je suis sensible aux regards caméras de certains modèles et à l’ambiguité, l’incertitude qui plâne sur le rapport de la personne photographiée au photographe (Naples).

Pause café au bar. Je lis la brochure du CNP. Texte imbittable de Jean-Pierre Rehm, qui fait le malin. D.P. prend un café à côté. je lui dis bonjour mais il ne me reconnaît pas et sourit mécaniquement, un peu embarassé…

En bas, une installation vidéo (Omer Fast) reposant sur un dispositif de sous-titrage glissant (plusieurs versions de la traduction d’une même phrase se succèdent). Je me dis qu’il faut en finir avec les dispositifs et les bonnes idées (Communications). Je termine les tournages prévus et finito. C’est un peu vain cet exercice lorsqu’il devient une routine. La série c’est franchement flemmard parfois.

Je rentre en ruminant sur la vanité des hommes.

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