Et coup dur pour les élèves de 4ème année qui travaillent depuis des semaines à cette maison de carton.
Il fait froid. Ca rend nerveux. Il y a de l’électricité dans l’air.
Lundi matin, je vire M.W. qui, pour la nième fois pique sa crise. Elle m’énerve tellement que je finis par lui dire carrément qu’elle est « complètement idiote ». A posteriori je regrette cette phrase blessante parce qu’elle peut sembler définitive et effectivement c’est gagné: elle se braque tout à fait. Mais là, c’est la goutte d’eau…Cette fois ci je suis déterminé à ne pas la repêcher. Elle est virée du cours et pas mécontente de l’être. Déjà S.H. n’avait pas cru devoir revenir après la douche froide de la semaine dernière. Nous avons encore droit à une pénible explication avec C.D. qui s’offusque lorsque je déclare que donner son opinion ce n’est pas encore tout à fait penser et que nous attendons de lui qu’il présente des arguments, des raisonnements, des faits, etc… C’est comme si je lui disais qu’il était puni. Il me dit que suis trop injuste et que je décourage les meilleures bonnes volontés. Il faut 45 minutes d’explications pour lui redonner du courage. Je lui propose, par exemple, de ne pas se sentir obligé de continuer à venir au cours et que s’il s’inquiète pour ses U.V. on trouvera bien un arrangement pour ne pas le pénaliser. Mais apparemment, il s’accroche. Bon. Consternation générale.
Heureusement, le reste des élèves de seconde année partage mon dépit, ma sidération devant ces comportements de collégiens et me reproche même ma trop grande patience. Lles pauvres, ils doivent supporter les 45 minutes de négociations verbales nécessaires pour extraire un reste de dignité à ces crétinos du fond de la gadoue dans laquelle ils se sont minutieusement embourbés. Ce soutien me réconforte: Je n’ai pas l’impression de délirer tout à fait, ni d’exiger un effort surhumain de la part des élèves. Juste un minimum de savoir-vivre. C’est dément!
Après ça, l’après-midi, avec les élèves de première année est une véritable bénédiction pour les nerfs. Et le soir, au Fresnoy, la projection de Eloge de l’amour me réconcilie avec Godard. D’abord parce que c’est assez sublimement beau, mais surtout parce que j’y retrouve à peu près tout ce qui me préoccupe en ce moment: ce règne dégoûtant et universel de la marchandise, l’extrême nullité de notre environnement sensoriel, la Boétie, ce que c’est qu’être adulte. Malgré tout ce qui m’agace chez Godard, qui est là aussi, j’éprouve un sentiment de contemporanéité avec ce qui anime ce film. C’est une bonne nouvelle.
Je ne fais presque pas de photos en ce moment et H.D. a raison de dire que le lundi c’est vaches maigres.
Dans le train, drôle d’installation des sièges en face à face d’une rangée à l’autre. Curieuse vision.
A Paris aussi il fait froid.
J’ai terminé A l’ombre des jeunes filles en fleurs et j’attaque le côté de Guermantes.
Il faudrait que je prenne des notes de lecture…