IN MEDIA RES

Il avait d’abord été question de prendre ce petit-déjeuner à neuf heures au Holy Belly, 19 rue Lucien Sampaix mais, arrivés sur place à l’heure dite, force nous fut de constater que l’endroit se trouvait fermé le mercredi. Nous décidâmes de nous replier vers la rue de Bretagne, après une rapide et infructueuse incartade en direction du canal.

Et finalement, c’est sur la place de la République, dans le vacarme, que nous nous sommes arrêtés.

La statue est maculée de tags et un pédiluve à été ingénieusement pensé pour rafraîchir un été qui, hélas, n’en a pas besoin.

Splendeur institutionnelle du vide. Cette place, plus que toute autre à Paris, incarne et ce vide et cette splendeur, avec force. Parce qu’elle est réellement vide. Et pourtant bruyante, assourdissante au point que l’on y expérimente une particularité sismique de l’espace temps. 

Évidemment, il est hors de question d’y travailler (quoique). Et, puisque l’on s’était donné comme objectif de trouver un endroit calme et hospitalier à l’écriture, une fois avalés cafés croissants et jus de fruits, nous dirigeâmes nos pas vers la rue de Bretagne. 
Quand on a dit quelque chose, il vaut mieux s’y tenir. 

Et là, deux terrasses: l’une ensoleillée, à droite, propice au farniente, l’une à l’ombre, à gauche, invitant au travail. Nous optons pour le soleil, à la terrasse du Sancerre, mais nous replions rapidement à l’intérieur pour écrire (puisqu’aussi bien c’était là notre objectif initial).

Finalement, c’est comme la télé quand nous étions enfants, Facebook. Tout le monde y lit et y voit la même chose. Les mêmes posts, les mêmes news, les mêmes fragments de mémoire. Après une phase de diversification, où chacun allait puiser et ramener à l’écot commun les perles glanées, c’est maintenant le règne de l’algorithme laminaire. 

Et aussi, la remontée de l’expression massive de la bêtise, qui rend insupportable la présence de l’autre, la promiscuité de sa connerie viscérale. Une telle situation porte, paradoxalement, à adhérer à n’importe quoi du moment que ce n’importe quoi mette fin au bruit. Si c’était une stratégie, elle serait impeccable. Mais ce n’est qu’une logique de marché et de concentration.

En marchant, il est question de l’affaiblissement des institutions comme source de l’amplification du bruit de fond. Et de l’impact en retour de ce bruit de fond sur les institutions, qui s’en trouvent encore affaiblies, d’être ainsi piétinées par l’expression aveugle de la bêtise.
Mais tout cela, me dis-je, c’est encore du bruit. Je veux dire, on ne peut pas débarquer là-dedans avec de gros sabots.

Tout cela invite au retrait, à la distance, à la prise d’air, à l’immersion dans la durée.
Tout cela appelle au mouvement vers les cimes, les forêts, les océans, les vallées.

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