Petit déjeuner chez Paul

J’ai pris La recherche avec moi mais difficile de lire dans le bruit des percolateurs et le tintement des pièces. Il y a du monde chez Paul, le matin. Des habitués qu’un des garçons, coiffé d’une toque blanche, salue avec chaleur comme s’il n’avait fait que les attendre depuis des heures. Le jus d’orange est frais, le pain aussi. Miam, miam…Hier, après-midi avec C.R., notre ami roumain sans papiers à courir du GISTI aux Médecins du Monde pour se renseigner sur différentes démarches censées lui permettre d’une part d’attaquer un de ses patrons qui refuse de le payer -la permanente du GISTI n’est pas très optimiste sur ce point – d’autre part de faire soigner ses dents qui le font horriblement souffrir. Nous prenons les horaires du bus dentaire et un formulaire de demande d’aide médicale. C. est épuisé: il n’a pas dormi depuis 30 heures et doit encore enchaîner une nuit de travail après ça. Il ne peut rien avaler à cause de sa rage de dents. Il dort debout dans le métro, adossé à un arbre, assis à la terrasse d’un café. Moi, je l’assomme de questions, parce qu’il faut que je rédige un courrier pour le GISTI. J’apprends que son véritable métier est d’être vétérinaire, spécialiste de la fécondation artificielle des vaches. Il a même eu une très bonne proposition de travail mais sans papiers pas possible. Au lieu de quoi il se fait arnaquer par des petits patrons minables et sans scrupules, à peu près assurés de leur impunité.

Ci-dessus, le plan de quartier du GISTI. Médecins du monde se trouve au 64, avenue Parmentier mais je ne les trouve pas référencés dans les pages jaunes. A propos de pages jaunes, celles-ci proposent pour certains quartiers des grandes villes des photos et on peut se promener avec des flêches d’un point à un autre. Par exemple, j’ai réussi à voir notre immeuble en partant du Franprix qui est au bout de la rue. Ce même Franprix devant lequel C.R. fait la manche et où il donne des coups de mains aux caisses pour remplir les sacs.

Appel de M.S. avec qui je dois déjeuner. Je lui donne rendez-vous à La victoire suprême du coeur 41, rue des Bourdonnais 75001 Paris à 12h45. Toujours dans la série des chroniques culinaires en suivant le guide des restaurants bio et végétariens.

Au coeur suprême de la victoire


Victoire suprême du coeur 41, rue des bourdonnais 75001 Paris.
Nous y voilà.
Problème, indépendant de toute volonté: nous sommes à 10 mètres du QG de campagne de l’insupportable André Santini, dont le visage en 4×3 règne en maître incontesté dans le contre-champ (que je n’ai pas photographié). La terrasse n’est pas particulièrement glamour. Il y a des livraisons dans la rue et donc pas mal de bruit et de gaz d’échappement.

A l’intérieur, c’est sinistre. Propre et sans âme. Vaguement déprimant. Tranquille pour lire, cependant. Pas de radio ni de télé hurlante. C’est déjà ça.
M.S. est en retard.
Pas grave, je lis la recherche. On devrait dire « je relie » la recherche et non « je relis ». Il s’agit bien de reliaison, bien plus que de relecture. Mais passons.
Et quand M.S. arrive enfin, le voilà pendu au téléphone.

Enfin nous commandons. Formule 1 entrée+ 1 plat pour 10,80 €. Ca paraît correct.
En entrée nous prenons des soupes. M. aux légumes variés, moi carotte-gingembre. 
M.S. fait des jeux de mots que le patron semble prendre de travers.

Les soupes sont inertes, l’aspect est quelconque.
Détail rédhibitoire: la nourriture (cela se confirme par la suite) est BEAUCOUP TROP SALEE.Le gingembre est absolument théorique, indétectable. A part ça, le goût est correct. RAS.

Nous prenons ensuite deux assiettes de légumes.
Les aubergines sont noyées dans le sel. L’ensemble est grossier: du ebly bouilli, des pois écrasés, une purée de carottes correcte mais trop salée, elle aussi.
Ca n’est pas vraiment mauvais. Juste sans intérêt. Et trop salé.
Heureusement, la conversation de M.S. est bonne et il me dit plein de choses utiles, concernant Polyeucte et mon travail en général, qui me donnent de quoi méditer cet après-midi. Et ça tombe bien puisque j’ai mon rendez-vous avec A.C.

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