DE GRANDES ESPÉRANCES

Souvent, en roulant dans la campagne, j’ai envie de m’arrêter pour faire des photos, ou filmer. Cela fait des années que j’ai le projet de filmer des meules de foin. Des centaines de milliers de meules de foin. De près, de loin. Vite et lentement. En passant, en s’arrêtant. Je ne sais pas ce que j’en ferais, si je le faisais. Je ne sais pas si je le ferai finalement. Je me suis toujours dit que j’allais le faire, mais ce n’est pas si compliqué et pourtant je ne le fais pas. Il y a des projets comme ça. Qu’on a et qu’on ne met pas à exécution. C’est dommage, me dis-je.

Cela part, il me semble, de l’impression mathématique que me donnent ces alignements de meules de foin. Comme autant de points dans un espace vectorisé. Surtout dans une perception mobile, depuis le point de vue latéral d’une voiture, à une certaine distance, avec des avant-plans, des arrières-plans. De là à imaginer les filmer avec des drones…

Et là c’était ce bâtiment agricole qui m’avait fait signe. J’avais pris la photo en roulant, ce qui est un peu dangereux, même s’il n’y avait pas grand monde. La focale un peu large ne le met pas en valeur, mais j’ai tout de suite pensé à un film de zombie. Ces bâtiments agricoles, agro-industriels, ces silos. Je pense tout de suite à Walking Dead. Surtout avec ces champs de blé, ce soleil, ce ciel.

C’était mercredi, en rentrant de P***. Et maintenant, je pense que S. dort peut-être enfin et que je vais pouvoir récupérer mon téléphone, que j’ai laissé sur le grand tabouret près de son lit pour qu’il s’endorme en écoutant la bande-son du film Back to the Outback.