COMME AU CINÉMA

On s’était donné rendez-vous à 9h45 aux Indécis avec A. mais j’étais arrivé plus tôt, comme d’habitude. 
M.C. était venu à 8h30 faire la visite de contrôle électrique mais était déjà reparti, comme d’habitude.
Chronopost m’avait prévenu qu’un colis devait m’être livré, comme d’habitude.
Il m’avait été précisé par mail puis par SMS que ledit colis serait livré entre 8h du matin et 19h comme d’habitude.
Il avait été livré à 9h35, comme d’habitude.

Comme d’habitude, je me suis émerveillé devant les travaux de la veille.
Comme d’habitude, c’était magnifique.
Comme d’habitude, quelqu’un est entré.

C’était le premier électricien que j’avais consulté, recommandé par R. et qui ne m’avait jamais envoyé son devis, comme d’habitude.
Je lui dis que j’attendais de ses nouvelles, il me dit qu’il attendait que je le rappelle, comme d’habitude.
Il m’a fait des compliments sur les travaux, comme d’habitude et je lui ai promis de l’inviter pour la pendaison de crémaillère, comme d’habitude.

En attendant A., j’ai commencé à ranger les cartons, comme d’habitude.
J’ai commencé à ouvrir les emballages, comme d’habitude.
Là-dessus A. est arrivé, comme d’habitude.

Comme d’habitude, il nous manquait le strict nécessaire et nous sommes partis en direction du Monoprix pour acheter des outils, comme d’habitude.
Comme d’habitude, à peine rentrés, il nous manque encore des outils et comme d’habitude A. est reparti en chercher.
Comme d’habitude on s’est dit c’est facile, ça va aller vite, un écran à monter c’est du gâteau et comme d’habitude ça nous a pris trois heures quarante.

Et puis on était épuisés, en nage, comme d’habitude.
Mais fiers de nous et contents, comme d’habitude.
C’était majestueux, comme d’habitude.
C’était formidable, comme d’habitude.
Et on est allé boire des bières, comme d’habitude.

Comme d’habitude, j’ai écrit à C.McK. pour demander des nouvelles des enceintes.
Comme d’habitude, elle m’a répondu qu’UPS viendrait les chercher le lendemain même et me les déposerait sans faute vendredi.
Comme d’habitude, je l’ai remerciée en disant que je croisais mes doigts.
Comme d’habitude, elle s’est excusée pour l’attente.

Ensuite, nous sommes rentrés, comme d’habitude.
J’ai travaillé sur l’ordinateur en buvant du Chardonnay, comme d’habitude.
Il a été l’heure d’aller chercher Circé, comme d’habitude.
Ensuite, on est allé faire des courses, comme d’habitude.

Comme d’habitude, on a traîné chez Office dépôt.
Comme d’habitude, on voulait tout acheter.
Comme d’habitude, on s’en est tenu à notre liste des courses à un ou deux caprices près.
Comme d’habitude on est allé manger un chirashi saumon au restaurant fusion japonais-péruvien.

BARBECUE

Ce matin, j’aurais pu me lever plus tard, mais à sept heures trente c’était bien.
Le temps de me faire cuire deux œufs, de jouer à Top scent, que S. a offert à C. hier et hop, je suis parti pour voter et de là passer chez R.B. pour jeter un œil à ses réglages de mail (un problème de SMTP) avant d’aller à la gym.

Il y avait une sorte de marathon ou autre événement sportif, rue de Rivoli.
C’était bloqué.

J’ai mis au parfum le club que je ne rempilerai pas d’office pour une nouvelle année.
Trésorerie tendue.
On coupe dans les dépenses.

Donc ce sont mes dernières semaines et puis après il faudra trouver une autre formule.
Courir dans les bois ?
Piscine ?
Yoga ?
On verra.

Je prends un sashimi pour C. et du poulet rôti avant de rentrer vers treize heures.
G. est arrivé.
On déjeune, on travaille un peu et il est l’heure de partir pour Montreuil.

On achète un livre pour M.C. 

G.P. et M.P. ont fait du bon travail avec les fenêtres.
Raccords de profilés et joints de silicone.

G. a aussi bien avancé sur le meuble-rack.
M. arrive un peu plus tard pour peindre.

Anniversaire de M. dans le local associatif.
Chasse au trésor.
N. a bien bossé.
Il y a aussi trois gâteaux, que je goûte tous.
Les enfants sont sonores, preuve que tout va bien.

Vers dix sept heures, signal du départ.
On attrape le 122.
Un stop au Franprix pour acheter des victuailles.
On arrive vers dix huit heures chez V. et J.

Barbecue dans le jardin.
Poulet, bananes, piments, salades, semoule, chamallows.
Il y a D. et puis L.
Chaleur, bonne humeur.

Des fourmis dans la salade. 
C’est vivant.
C’est la vie.

Avec D., on attrape le 127 devant la maison vers 21h30.
Il nous dépose à Croix de Chavaux.
D. rentre en métro.
C. et moi, rentrons en Velib’.

C. a des fourmis dans les jambes en descendant du panier.

ICI ET AILLEURS

Rapidement, parce qu’il se fait tard, que je voudrais me brosser les dents et aller dormir.
Sur cette image prise depuis les rails.
Depuis les rails comme d’un rêve, d’un cauchemar, d’un entrelacs de lignes dont on ne sait s’extirper. D’un horizon de points d’où peuvent surgir soudain des trains lancés à vive allure.
Mais rapidement donc.
N. et S., L. et S. Jr avait débarqué hier aux alentours de vingt trois heures trente et avaient dormi dans le salon, pendant que Y., C. et moi dormions dans la chambre de C.
Nous en haut, C. en bas.
Vers cinq heures et des bananes ça ne loupe pas:
– Papa ?
– Hmmm ?
– Tu es réveillé ?
– Hmmm…
– J’ai faim.
– Hmmm…
– Je peux faire mon entraînement ?
– Hmmm…

Etc.
Jusqu’à sept heures, où je finis par émerger.
Petits déjeuners en série jusqu’à neuf heures, heure du départ de tout le groupe, C. compris, pour la Villette.
Je fais trois courses chez Leroy Merlin et me rends à Montreuil.

L’électricien a installé les lampes.
Tout le matériel est regroupé au centre de la pièce.
C’est un peu le bordel.
Je vais travailler au café.
Ma mère arrive.
Je fais visiter puis on va déjeuner non loin de la mairie.
Au Gramophon, restaurant Ottoman (sic).

Puis je retourne travailler au café.
Vers quinze heure trente, G. et M. arrivent.
On raisonne l’organisation du studio.
On fait rentrer tout ce qui se trouve dans le local associatif.
L’écran, etc.

G. et M. mettent en place le doublement des fen^tres.
Vers dix huit heures trente, je les quitte.
Direction chez C.
J’y arrive en premier, puis tout le monde arrive.
Il y a aussi F.F.
On mange trop, on boit trop et on discute gentiment.

Les bruxellois rentrent à Bruxelles.
Je mets C. dans le porte-bagage du Vélib’ et on rentre vers 23h30.

Rhume des foins.
Fatigue.

UN JEUDI ET SINON ?

Ca commence par un réveil spontané autour de six heures et par le vertige matinal de qui se souvient soudain avoir bu un verre de trop le soir précédent.

Dans le dernier rêve de la nuit, je me trouve dans le vestiaire d’une piscine, avec ma tante A. et nous ouvrons un distributeur de snacks, à l’intérieur duquel nous trouvons des bonbons roses au caramel, dont je remplis mes poches pour les offrir à C. Il y a aussi de la charcuterie et une énorme tranche de salami moisi.
Le sale ami moisi ?
La mie salace ?
Le moi si sûr ?
Hum…

Puis une douche fuyarde.
Trois œufs en fin de vie. 
L’on se dit que l’on mange peut-être presque des poussins.
Avec du piment d’Espelette sur lit de poitrine fumée, etc.

On vote en Angleterre.
On connaîtra les résultats plus tard.
Pour l’heure, déjeuner et hop le train.
Sept heures cinquante deux.
Arrivée dix heures quatre.
Entre les deux, rien, somnolence, lecture du journal.

Une fois sur place, réunion.
Petits accrochages.
Rien de grave.
Un singe à qui l’on donne des grains de raisins et l’autre auquel on tend des morceaux de concombre.
L’origine des guerres.

Déjeuner avec C. Tokyo. Protéines. C’est jeudi.
Après midi occupé par une recherche de devis, un rendez-vous avec L.X. et un court entretien avec A.D.
Ensuite zou, l’Escale.
Chambre 123.

E.B. me propose de venir dîner à la fraîche.
Je n’ai pas eu l’occasion de ressentir la chaleur du jour.
Il y a un léger vent déjà.
Je garde ma veste.

Je saute sur un DK vélo, avec mes galettes de son d’avoine et mes tranches de jambon.
On prend l’apéritif dans le jardin.
On grignote des légumes.
La maison est en travaux.

On papote et vient l’heure de regagner mes pénates.
Mes mainates.
Le réseau est bof.
Alors radio.
Je m’endors dans le grésillements des bruits roses.

Ce matin l’auberge est vide.
Je suis seul dans le réfectoire habituellement assourdissant.
Calme olympien.
Croissants Nutella.
Je ne me refuse rien.
Puis DK vélo, encore.

Les tories sont vaporisés.
Je repense à la dissolution de l’assemblée nationale par Chirac en 1997.
Ha, ha, ha, ha !
Donald Trump continue de s’enfoncer. 
Ca traine, cet impeachment.
Si ça continue à traîner ce sont les Républicains dans leur ensemble qu’il faudra dissoudre.
Bon, les nouvelles ne sont ni bonnes ni mauvaises.
La situation est donc idéale.

Hop, re DK vélo.
Rendez-vous, e mails, etc.

UNE ATTENTE

Livraison estimée le sept juin entre huit heures et dix sept heures qu’ils disaient.
A huit heures on y était.
A dix sept heures on y était encore.
Il y a bien eu des livraisons: l’écran de trois mètres soixante, la vitre de projection en verre extra-blanc trempé dix millimètres d’épaisseur sur trois cent par quatre cent millimètres, l’interface Avid Protools HD Native avec logiciel et clef iLok, des racks et des machins mais d’enceintes ATC point, nicht, nenni, que dalle…

Elles sont restées en rade à London.
Yes sir.
Faudra attendre lundi.
Grrr.
Et avec ça l’on s’était privé de déjeuner.
Un méchant sandwich sur la terrasse à quinze heures quarante cinq, je n’appelle pas ça un déjeuner, monsieur.
Même si c’était bon quand même.

Et les grues tournaient, tournaient et tanguaient, tanguaient.
On mangerait son sandwich sur ce toit, face à ces grues, tous les jours de la vie.
Il faut bien le dire.
Alors on le dit.
Et on tourne, on rit.

G. est arrivé.
On a vidé le camion.
La baie intérieure.
Le médium pour les parcloses. 

Et on a réorganisé le plateau.
Avant, nous avions soudé les prises XLR mâles pour les enceintes, le centre et le caisson de basse.
Notez bien.

L’on avait appris sur le tas.
Nous avions fabriqué notre propre porte-fer à souder avec une vieille canette, une rondelle de haltère, du scotch et des boulons.
Fiers de nous.
On peut.
Clap, clap.

G. a commencé à dessiner le meuble.
On a pris des mesures, des décisions.
Pour le meuble, la tablette, l’écran, la vitre de projection, la climatisation des racks et de l’ordinateur.

On pense mieux à deux, si l’on y réfléchit à deux fois ça fait quatre.
A. soigne son dos.
Dormira bien cette nuit, qu’il dit.
On verra.
Moi demain, c’est Dunkerque.
C’est plié.

On réforme le travail.

C’EST TENDU

Avant d’aller aider à la direction de deux classes de CE1 en vue d’un opéra fin juin, j’étais passé à la banque pour tirer du liquide.
Il y a des choses qu’il faut savoir payer en liquide, me dis-je.
Tout est décidément affaire de trésorerie, me dis-je.
Et il faut savoir que le client paye à quarante cinq jours, pensais-je.
Pas oublier, dans le prévisionnel, me dis-je.
Et G. m’appelle pour me demander si j’ai pensé à la trésorerie et je lui réponds que justement j’y ai pensé. 
Pas possible, qu’il me fait. 
Si, que je lui dis.
Avec toi, même pas la peine de demander, qu’il réplique.
C’est normal, que je lâche.
Si seulement, qu’il soupire.

L’important, c’est d’assurer la trésorerie, pensais-je, me dis-je.
Anticiper, me dis-je. Investir, me dis-je.
On est à flux tendus.
Tendus comme le tissu.
Et c’est beau.
Et le meuble nous promet treize unités de racks dix neuf pouces.
En plus d’un abri frais pour l’unité centrale.
Il faudra penser patch et pitch.

Et il pleut mais je ne sais jamais qui est celui dont on dit qu’il pleut.
Dieu pleut ?
Le ciel pleut ?
Ca pleut, me dis-je.
Comme vache qui pisse, me dis-je.
Comme Marcel Pagnol, me dis-je encore.

On reste jusqu’à dix-sept heures avec G. et je ne devrais pas parce qu’on bavarde et ce n’est pas comme ça que les travaux vont avancer mais en même temps, me dis-je, c’est en parlant qu’on avance, me dis-je.
Je fais un saut sur le toit dont nous avions arrosé la pelouse hier soir avec C.
C’est encore bien de la paille.
Il va falloir de l’eau et puis ratisser large, me dis-je.
Les roses sont presque fanées.
Le petit jardinet avec ses fraises semble bien se porter.
C’est beau tous ces chantiers aux alentours.

Bon, c’est ce soir pour la déclaration des revenus.

Une odeur de cordons bleus.
Une petite fille qui vient mâcher trop près de mon oreille et s’appuie sur mon fauteuil.
– Quoi ? C’est l’arnaque ! Tu vas pas noter tout ce que je dis, quand même ? C’est vrai quoi ! Arrête ! C’est pas vrai, là !

Bon allez, ça suffit.

DES CERISES SUR LE TOIT

En me réveillant, vers sept heures, je me dis: « Tiens, c’est bientôt le jour le plus long ».
Et je repense à ces tentatives des astrologues chinois pour essayer de faire coïncider les cinq éléments avec les quatre saisons. 
Cette idée, par exemple, que l’on pourrait inventer une saison inexistante au centre (élément de Terre). 
Une saison invisible. 
Une saison d’un instant.

Je file à la gym, après les deux parties d’échecs réglementaires.
Il me faut éliminer tous ces hydrates de carbone, tout ce Chardonnay.
Une semaine d’ascèse.
Perdre deux kilos.
Et puis reprend le cours de la vie.
Au secours, je me dis.
Steaks et haricots verts.
Yoghourt zéro pour cent.

Apprentissage de WordPress, pour le site de C.A. Studio.
F.V. m’envoie des propositions de logo.
C’est bien, mais rien n’est aussi bien que le logo de Life Design.
Alors, avec l’autorisation de H. et de F., je m’en vais utiliser le logo de Life Design.
C’est un logo générique.
Un logo total.
En tout cas pour l’instant.
J’ai une semaine pour trancher.

Vers seize heures quinze, on part pour Montreuil avec C.
On retrouve G. dans la salle associative.
Il est en train de peindre les plinthes.
Seconde couche.
Puis il se remet à l’installation du tissu.
C’est fou comme c’est beau.
C’est beau comme c’est fou.
J’ai hâte.
C’est bientôt.

On va acheter des cerises, des chips et de l’eau et on rejoint N., M. et L. sur la terrasse pour l’apéritif.
C. se fait des peintures de guerre avec le jus de cerises.
On va dire au revoir à G. et on rentre.
Encore un peu de tutoriel WordPress.
Il va me falloir des notions de CSS.
Il faut savoir tout faire.
Faire de tout.
Mais j’oublie tout immédiatement.

C. écrit son journal intime, m’apprend-elle, en traversant l’avenue de la Résistance.
– Comme toi, papa, me dit-elle.
– C’est bien… tu écris tous les jours ?
– Pas tous les jours. Juste quand il m’arrive quelque chose de spécial.
– Moi, j’essaye d’écrire tous les jours, mais ce n’est pas simple. On n’a pas toujours quelque chose à écrire, ni envie, ni la force, ni le temps.
– Oui… Et en plus parfois il y a une petite fille qui te dérange.
– Tu veux parler de la petite fille qui toujours veut absolument être citée ?
– Oui, celle là même…
– Ra la la…

Je regarde deux épisodes de House of cards, j’achète des câbles sur eBay et je crois que maintenant, il est temps d’aller me coucher.
Une heure cinquante.
Il est temps.
Demain, on verra.

ET PUIS NOUS SOMMES RENTRÉS

On avait eu chaud, bien chaud, derrière les rideaux noirs, les baies vitrées inondées de soleil, dans le ronronnement des vidéoprojecteurs.
Tout le monde avait eu chaud et, plus que tout le monde, les étudiants qui présentaient l’épreuve du DNAP.
Mais l’on avait finalement eu raison de la chaleur et l’on s’était rafraîchis, rassérénés.

J’avais mangé trop de sucres lents, trop de féculents, trop de gâteaux, de pain, de frites.
C’avait été une semaine somptuaire sous l’angle des hydrates de carbone.

Tout avait commencé par le potjevleesch sur la plage de Malo, jeudi soir avec S. et P.
Puis à midi, vendredi, C. me fait découvrir une nouvelle cantine, qui fabrique des hamburgers.
En engloutissant cette nourriture trop riche, nous discutons des mérites comparées des philosophies de l’action et de la contemplation et poursuivons une conversation entamée la veille avec P. quant à la difficulté de dire la différence – sexuelle en l’occurence – l’indifférenciation étant confondue avec l’égalité en droit.
Dire la différence comme condition du désir.

Mais trop de pain, décidément, trop de gâteaux.
Il fallait mettre un terme à cette débauche.
L’on se mettrait au régime sec.
L’on reprendrait un entraînement intensif.
Et les travaux s’achèveraient.
On savait qu’au loin, pas si loin, les travaux touchaient à leur fin.
L’on était régulièrement informé de la progression d’une certaine quantité de colis, acheminés en notre direction par différents livreurs.
Mercredi avait été indiqué par nos soins comme la journée de convergence de tous ces colis.

Et l’on installerait mercredi.
Et l’on souderait.
Et l’on assemblerait.
Et l’on visserait.
Et l’on monterait.
Et l’on fixerait.
Et l’on brancherait.
Et l’on écouterait.
Et l’on étalonnerait.
Et l’on ferait la balance.
Et l’on testerait l’installation.
Et l’on installerait les mises-à-jour.
Et l’on autoriserait en ligne.

Pour l’heure, les lignes convergent nettement.
Lentement mais sûrement.

Hier soir, donc, quittant l’école, P.G. et moi nous étions installés avec un nombre insuffisant de canettes de bière dans le train de 16h56 en direction de Paris, que nous avions atteint à 19h15 environ.
Le temps de déposer mes affaires à la maison, de passer embrasser L.B. et ses amis rue Tiquetone et j’avais rejoint le Silencio où se produisait Yolk.
J’assistai au concert dans un état de catalepsie avancé.
Agréable stupeur contemplative dans la transe musicale.
Bises aux amis et back home, je m’effondre instantanément.

Ce matin, grasse matinée jusqu’à 8h50.
Rapide petit déjeuner et je fais un saut à Montreuil où je tombe sur M.
Je fais des photos et je repars.
G. appelle.
Nous convenons de nous voir demain en fin d’après-midi.

Je fais des courses en rentrant.
Y. est allée chercher C. chez L.
Nous déjeunons et j’emmène C. à sa leçon de piano.
On achète de la crème contre les piqûres de moustiques (Onctose), un DVD (Les Pingouins) et des cerises avant de rentrer.

C. range sa chambre.
J’écoute Alfred Schnitke. Concerto Grosso n°1. Posté par M.S.
Merci.

ATTERRISSAGE

Atterrissage, disait la Région.
C’était la manière douce pour dire « les carottes sont cuites ».
Les carottes sont-elles cuites pour l’art et la culture en Région Hauts de France ? Non! 
Léguman !
T’es enfant de la Terre, le Soleil est ton père, tu fais mordre la poussière à tous ceux qui veulent la guerre…
Etc.

Et nous nous étions retrouvés, P.G. et moi, à 6h35 Gare du Nord.
Et nous nous étions aperçus qu’il avait réservé dans la voiture 18 la place 56 et que j’avais, pour ma part, réservé dans la voiture 18 la place 55.
Coïncidence…

La vie est bien faite, il n’y a personne dans la voiture et pour finir on s’installe absolument où l’on veut. 
Un soleil sans partage flotte dans l’azur.
Tout est bien.
Tout est lumineux.
Tout est illuminé.

On fait un arrêt à la pâtisserie, pour boire un café insipide servi dans des tasses Pantone® avec des viennoiseries qui ne font pas semblant d’être au beurre.
Puis, direction l’école, où P. doit remplacer au pied levé le président du jury de DNAP.
Je fais le porteur de chronomètre.
À midi, je n’ai pas droit à un plateau-repas et je suis bon pour le sempiternel menu à 11€80 du Tokyo.

Ensuite, je vais acheter des aiguilles et un spray antiseptique pour crever une ampoule sur la plante de mon pied gauche. J’en profite pour avaler une tarte au citron meringuée.
C’était pas le jour pour bouffer des protéines.
Retour à l’école.
Suite des passages.

C’est bien.
C’est fou.
Vers seize heure trente, le jury délibère.
Je fais des mails, des jeux.

J’attends.
C’est long.
Tout le monde attend.
J’attends toujours.
J’attends encore.

Viendra un moment où l’on n’attendra plus. Où l’on aura oublié avoir attendu.
On sera sur la plage.
On boira du vin blanc en regardant passer les filles.

C. ne voulait pas dormir hier soir parce qu’un jour la Terre allait exploser et alors, nous serions tous morts mais que deviendraient ses doudous ?
Sérieusement…

LE MONDE DU SILENCE

Et tout à coup il se dit qu’il n’avait rien posté depuis quatre jours.
Cela commençait à faire beaucoup, s’était-il dit.
C’était sans importance, mais cela commençait à faire beaucoup.
Et donc il se demanda pourquoi.
Il se demanda comment.
Comment se fait-il que ?
Pourquoi ce ?

Bref, il fallait rétablir le fil du récit, combler les manques, boucher les trous.
On pourrait commencer en partant de là où l’on se trouve et revenir en arrière de proche en proche.
Tout en écrivant cela, il pensait à la bouteille de Chardonnay qu’il venait de mettre au freezer quelques minutes plus tôt.
Attendre suffisamment pour que le vin soit frais mais ne pas l’oublier là.
Il avait reçu la poignée de remplacement commandée sur le site d’Electrolux-Arthur Martin le matin même, en conduisant sa fille à l’école.

Il aimait l’idée qu’un autre que lui, qui était le même pourtant, parlât de lui à la troisième personne du singulier.
Il trouvait ça chic et choc.
La bouteille, se dit-il.
Et, se levant pour l’aller quérir, s’apprêtant à se lever, quittant le clavier, il se dit que cette phrase pouvait bien s’arrêter là.

Et hop, tchin tchin. Ce n’est pas frais frais mais c’est tout de même bien agréable.

Bon, pas de chichi, que je me dis, assez de salamalecs.

Donc, cette journée avait commencé par une poignée de frigo suivie d’une séance modique de gymnastique, de la rédaction d’une lettre à l’intention du Président de la République, d’un aller-retour à Montreuil pour aller admirer le ouatage des murs et installer la Livebox, d’un certain nombre de coups de fils, e mails, envois postaux et virements bancaires, d’une dépose de C. au Conservatoire à 15h30, d’un retour pour l’aller chercher à 16h45, en compagnie de L., où nous retrouvons I. et A. pour aller au parc, s’étant arrêtés pour des glaces aux bonbecs.

Tiens, me dis-je, E.N. avait dit mercredi et puis plus de nouvelles.
E.N. était constante dans son absence, me dis-je.
E.N. était absente par définition, ajoutai-je.
Il fallait envisager E.N. en tant qu’absente, complétai-je.

Mais, que ce soit E., V., M., A. ou autre, je ne constatais finalement qu’absence autour de moi. Solitude et absence. Alors, me dis-je, oublions tout ça.
Oublions même le soleil, même les fleurs, même les promenades.
Concentrons nous sur le travail, me dis-je.
Rien d’autre, me dis-je.
Vivre et tout ça, c’est pour les couillons, me dis-je.
Travailler, me dis-je.
Et c’est tout, me dis-je encore.
C’était pour ça, me dis-je.
Pour ça, ce silence.
Silence de bon sens.

Et avant, il y avait eu mardi. 
Tourcoing, l’assemblée générale, comité de salut public d’où la lettre à E.M.
Content de recroiser I. et de repartir au quart de tour, comme en quarante.
Une double Grimbergen à la gare avec O.
Le train. Ecrire dans le train. Ecrire sur du vent.

Et avant, il y avait eu des jours.
Des jours vides remplis de projets.
Des heures à lire et à apprendre.
A regarder le plafond.
A se dire que bon ça suffit. 
Qu’il faudrait s’y mettre enfin.
Le dos, la fatigue mais ça va mieux.
L. m’a prêté un coussin de massage.
J’ai fait mon circuit dos.

Ca va mieux.
Ca va bien.
Et merde.