
Son jour de souffrance, mon jour de souffrance, nos jours de souffrance. De sous France.
Dunkerque, il fait beau.
Au moins, il fait beau.
Il n’y a pas grand-monde en cours ce matin.
D’abord personne, puis M., puis X., puis A.
Puis c’est tout.
Alors on fait des chansons.
Pour M., c’est une brute dans une cage sous la surveillance d’un sadique qui se venge et ça donne des coups sourds, une basse-drone et des raclements de métal.
Pour X., c’est une salade et on enregistre des sons de cuisine, dont on fait une rythmique.
Pour A., c’est un poème de Pouchkine, dont on fait de la country et on écoute des vendeurs aux enchères Amish, qui scattent comme des guimbardes folles.
Tout ça fait quatre heures.
Jour de souffrance.
Après c’est le menu 9 au Tokyo.
Toujours le menu 9.
Et le riz est toujours aussi mauvais.
Il faut que je trouve mes protéines ailleurs.
Ensuite, c’est corrections de la détection par X. de l’interview de C.B. puis un saut à la Plate-Forme pour voir Z.Y. et discuter avec elle au café de son projet de mémoire.
Il fait toujours beau.
Il fait toujours aussi beau, dans le coucher de soleil, en rentrant.
Toujours beau mais la nuit tombe.
Je termine d’écrire ça et je vais dîner en ville.
Je ne sais pas encore où mais ensuite j’irai boire un verre avec V.
Ce matin à cinq heures, quand je me réveille, un petit lutin m’attend dans le noir avec son peignoir de boxe à capuche pointue. C’est C., qui ne dort pas et reste près de moi jusqu’à mon départ à six heures dix, malgré mes remontrances et mes ordres d’aller se recoucher.
J’imagine son état à neuf heures du matin.
En fait non, je n’imagine pas.
On ne peut pas imaginer.