RÊVERIES DE TRAMADOL

J’avais mis le réveil à 7h00, dans l’intention d’aller faire un peu de sport ce matin, après avoir déposé C. à l’école et patatras, à peine ai-je roulé sur le côté que je comprends que ce n’était pas le jour. Torticolis et tout le haut du dos absolument bloqué.
Décontractant et Tramadol.

Je passe la journée entre des courses – à la recherche de « La vie impossible » de C.B., que je dois interviewer mardi pour le compte de J.X., et emplettes de protéines diverses – et des siestes méditatives provoquées par l’anti-douleur.
L’ankylose circule d’une épaule à l’autre, diffuse dans les bras.
Dans cet état chimique, les rêves ne parviennent pas à une consistance suffisante pour se solidifier en langage. C’est un état de rêverie sans rêves. Un dessin sans traits.
Proche, j’imagine, d’une ivresse d’opium. Il y a même une amorce de nausée – mais aussi j’avais bu du café – passagère, heureusement. 

J’essaye de me fixer sur des objets de réflexion mais rien ne tient et c’est donc ce rien que je considère. J’examine le rien et c’est plutôt rafraîchissant. 

Onglet, piment, alfalfa et pousses de roquette, fromage blanc, coriandre fraîche.

Quelques mails, John Dewey, lectures d’entretiens de C.B., jeux cognitifs, Sense 8 saison 2 mais j’ai du mal à m’y intéresser. J’ai du mal à m’intéresser à quoi que ce soit d’américain en ce moment. J’ai l’impression d’entendre s’entrechoquer de gros sabots.

Hier, dimanche, pluie et mixage avec P.G. Nous terminons les travaux pour l’exposition « Terra Data » vers 16h et je file à Montreuil pour une mini-AG extraordinaire où m’est accordé le droit de faire des trous dans les murs pour permettre le passage de conduits d’aération en vue de la climatisation du futur studio d’enregistrement. Halleluia. 

Je ne reviens pas forcément plus avant en arrière. Qu’il me suffise de dire qu’il y eut un samedi et qu’il y eut un dimanche.

En fin de journée, j’appelle C.B., comme prévu, et il est finalement décidé de reporter l’interview à mercredi 15h. 

Demain matin, je ne pense pas être encore en mesure d’aller faire de la gym, mais si je m’en sens capable, en tout cas, je ne serai pas loin puisqu’à 11h35 je me propose d’aller revoir le Hong Sang soo en prévision d’un article commandé par R.B. pour Trafic.