
Autant il y a des raisons de se lamenter, de se prendre la tête entre les mains pour pleurer, me dis-je, autant il y a de bonnes raisons de se réjouir et d’espérer, me dis-je encore.
Dans la vie faut pas s’en faire, me dis-je. Moi, je ne m’en fais pas, pourrais-je ajouter.
Encore que ça dépende des moments. Mais là, maintenant, à l’instant t, non.
Et pourtant, les allergies repartent comme en quarante. Je viens de prendre un antihistaminique et je dois me lever à cinq heures. Eh bien, même ça, non, n’arrive pas à entamer ma bonne humeur-meur-meur-meur-meur…
Et qu’avais-je donc fait de si merveilleux aujourd’hui ?
Bah, pas de quoi fouetter un chat.
Pas de quoi rappeler ses parents la nuit.
Pas de quoi gifler un pape.
J’avais accompagné S. à l’école, puis j’avais un peu travaillé sur les plans pour A.B., tout en écoutant une master class de l’acousticien J.H.B. et puis j’avais vu que l’heure tournait et qu’il était temps d’aller chercher K. pour notre rendez-vous chez A.B.
Je roulai dans les petits embarras de ce quartier du Pont Cardinet, pris en charge K., pendu au téléphone à propos de tables de mixages SSL ou NEVE, de câbles, de disques durs SSD et toute cette sorte de choses. En papotant, bien sûr, je rate la sortie vers Boulogne et je file sur Versailles. D’où quatorze kilomètres excédentaires.
La voiture vibre de manière inquiétante, surtout lorsqu’on est en sous-régime autour de 65-70 km/h. Probablement une fréquence de résonance. Je crois que c’est le basculeur-moteur qui doit être remplacé. C’est, du moins, ce que prétend le garagiste de Thouars et je n’ai pas de raison de mettre en doute son jugement éclairé sur cette question.
La maison de A.B. est un petit paradis mais il en est chassé par de tristes querelles de voisinage. On visite le studio actuel pour penser le studio à venir.
A 13h30 me voilà repartu.
Back home en mobile home, je me réchauffe les pâtes chinoises de l’autre jour et j’essaye de me mettre à travailler, un peu comme le Van Gogh de Pialat essaye de manger sa gratinée.
A chaque fois, il y a un truc qui m’empêche de m’y mettre.
Une fois, c’est une demande sur Airbnb, une fois c’est une conversation avec R., une fois c’est le chat qui réclame à manger, une fois, c’est sa caisse qui pue et qu’il faut vider, désinfecter, nettoyer, remplir de nouveau, une fois, c’est le sac poubelle qu’il faut descendre, une fois c’est encore autre chose et puis enfin, quand je m’y mets, je m’aperçois qu’il est 16h50 et que je dois aller chercher S.
C’est pas une vie.
Ben si, c’est une vie, ducon.
Hé ho, soyez courtois.