LEVERS ET COUCHERS DU SOLEIL

Le soleil sort de la vallée brillante et se baigne dans l’étang Universel. Il s’essuie au mûrier porteur, c’est ce qu’on appelle la lumière de l’aurore. Lorsqu’il grimpe au mûrier porteur commence son voyage, c’est ce qu’on appelle la lumière de l’aube. Lorsqu’il arrive à la colline Torse, c’est ce qu’on appelle la lumière matinale. Lorsqu’il arrive aux Sources étagées, c’est ce qu’on appelle le petit déjeuner. Lorsqu’il arrive dans la campagne des Mûriers, c’est ce qu’on appelle le déjeuner tardif. Lorsqu’il arrive au Zénith, c’est ce qu’on appelle être dans les régions. Lorsqu’il arrive à Kunwu, c’est ce qu’on appelle l’exact milieu. Lorsqu’il arrive à la Station des oiseaux, c’est ce qu’on appelle le petit retour. Lorsqu’il arrive à la vallée des Douleurs, c’est ce qu’on appelle l’heure du goûter. Lorsqu’il arrive à la Fileuse, c’est ce qu’on appelle le grand retour. Lorsqu’il arrive à la région des Abîmes, c’est ce qu’on appelle le pilon haut levé. Lorsqu’il arrive aux Pierres jointes, c’est ce qu’on appelle le pilon abaissé. Lorsqu’il arrive à la source des Douleurs, alors s’arrête la jeune femme, se reposent les chevaux, c’est ce qu’on appelle le char en suspens. Lorsqu’il arrive à l’abîme des Réflexions, c’est ce qu’on appelle le crépuscule jaunissant. Lorsqu’il arrive à la vallée Couverte, c’est ce qu’on appelle le crépuscule final. Le soleil pénètre alors dans les immensités aquatiques de l’abîme des Réflexions, puis darde ses derniers rayons sur les rives de la vallée Couverte.

Extrait de Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne textes choisis, présentés, traduits et indexés par Rémi Mathieu/ Coll. Connaissance de l’Orient / Gallimard 1989 / p.46

TRASH BUSINESS

Après les banquiers, les notaires, les assureurs… Les déchèteries. Et là, c’est comme chez les Soprano. On sent bien que le type à l’accueil est un tueur et qu’à moins de lui coller un flingue entre les yeux il n’y aura pas moyen de négocier quoi que ce soit. Dommage que j’ai été trop occupé à vider le camion, avec l’aide de S. et d’Y. parce qu’il y avait de belles photos à faire de cette ambiance de fin du monde. Et c’est vraiment ça: la fin du monde, tous les jours. L’odeur est à peine soutenable. Les camions d’ordures arrivent les uns après les autres, à la queue-leu-leu. Heureusement j’avais un masque. Au-dessus de la fange plânent corbeaux et moineaux. On dirait qu’eux seuls ont encore un peu d’espoir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *