MULHOLLAND DRIVE

J’avais oublié de parler de ce sentiment obscur au cinéma.
Non pas l’obscurité de la salle, jamais totale, bien sûr, mais une obscurité historique. Une obscurité liée au moment présent. Quelque chose de sombre traverse les bandes annonces des films. Quelque chose qui vient de l’Histoire, qui annonce la terreur, qui souhaite la terreur, qui souhaite la mort, le chaos, l’obscurité.
Quelque chose de sombre, qui désire le chaos, traverse même les écrans publicitaires, s’insinue dans les dialogues, dans la lumière, dans la respiration des acteurs.
Une brume inquiétante, une poisse.
Je ne saurais dire exactement en quoi cela consiste. C’est diffus.
Cela a à voir avec le point de vue choisi, l’articulation, les situations.
Cela communique de la peur, de l’anxiété, de l’intranquillité.

Cela se transmet aux spectateurs.
Il ne règne pas, dans la salle, de recueillement propre à la communion, ni de transe, ni de sentiment d’appartenance, ni de complicité discrète, ni même d’indifférence courtoise.
Entre tous ces corps assis circule la même peur, la même onde de choc sourde, la même tachycardie. 

Je pense à David Lynch, à cause de la bande annonce du film qui lui est dédié. Et en rentrant je télécharge Mulholland DriveBlue Velvet et Fire Walk with me, que je n’ai pas revus depuis leurs sorties respectives. Parce qu’il me semble me souvenir que ces films mettent en scène quelque chose qui ressemble à cela. Quelque chose que je n’aime pas beaucoup, que j’avais laissé de côté, mais qui pointe le bout de son nez. Une sorte de fascination morbide. En tout cas, je revois ça pour vérifier.

Donc ce matin, dans le train Paris-Dunkerque de 6h46, Mulholland Drive. J’avais totalement oublié ce pré-générique en forme de Happy Days psychédélique. Danseurs fifties en incrustation sur eux mêmes et sur/dans/à travers leurs ombres, le tout sur un fond mauve savonnette. 

Il y avait une autre raison pour revoir les Lynch: l’imminence d’Abduction. La question des drones. La musique de Badalamenti. Les corps arrêtés, ralentis.

À l’école, pas grand-monde. Nous sommes quatre à l’atelier Cinéma et Langage. On écoute des sons, de la musique et on commence à construire un morceau. Je passe commande aux étudiants d’un morceau pour la rentrée. 
Ensuite un rendez-vous cet après-midi puis quartier libre.

Je passe faire des courses chez Monoprix. Journée protéines oblige.
Je retrouve A.P. à la sortie du FRAC. On va boire un verre avant qu’elle n’attrape son train de 18h34. 

Retour à l’Escale. Il fait frais mais juste assez pour que ce soit agréable et vivifiant.

Décidément, à la revoyure, non je n’aime pas cela, les films de David Lynch. Je parviens à me laisser séduire par la direction artistique mais je ne suis jamais ému par rien, sauf par Kyle Mc Laghlan dans le rôle de l’agent Dale Cooper (mais dans la série seulement, pas dans le film). Je ne parviens pas à terminer Fire Walk with me ni Blue Velvet, c’est trop ennuyeux, trop désaffecté (le pire ce sont les vieux jeunes (des lycéens de trente ans) de Twin Peaks le film). Je préfère écouter France Culture et le bruit de la VMC en essayant de somnoler.

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